Titre : Du Désordre aux Enfers
Fandom : Bible/Mythologie chrétienne/Angel!verse de
modocanisPersonnages : Les Archanges, Lucifer, des démons, quelques anges et des Saint(e)s qui traînent...
Couples : Lucifer/Michael, Raphaël/Asmodée, Michael/Raphaël si vous regardez bien.
Disclaimer : Rien à moi !
Note : Ce chapitre comprend une référence à l'histoire
Ornithorynque, et s'est légèrement inspiré de
L'Annonciation, quatrième partie. Je me suis aussi basée sur la description que
modocanis m'a donné sur l'ange Raguel et le Purgatoire.
Sur ce, bonne lecture !
Chapitre 2 - Archanges sans abris recherchent logement à tout prix.
Michael avait tout fait.
Il s'était envolé dans l'espoir de franchir les portes, avait essayé de forcer la serrure à coups d'épée enflammée, avait haussé sa voix dans l'espoir de se faire entendre, avait tenté de détruire les barreaux des grilles, et attendu des heures qu'un ange passe pour rentrer. Malheureusement pour lui, les portes demeuraient toujours aussi infranchissables et personne dans les parages. Pas même les secrétaires qui aimaient, lors de leur pause café, traîner près des grilles à boire leur café et à s'échanger les derniers potins.
Raphaël supposa que c'était normal, un vendredi après-midi. Tout le monde, du moins dans les services administratifs, s'arrangeait pour finir avant l'heure et s'en aller fissa pour profiter du week-end.
Il observa son collègue alors que celui-ci s'était agrippé aux grilles dorées qu'il secouait de façon frénétique, dans l'espoir de les briser. Sans succès.
- Pourquoi tu te fatigues ? bailla Raphaël, que le spectacle - pourtant fort divertissant au début - commençait par lasser.
Michael se retourna pour le fusiller du regard.
- Moi au moins je fais quelque chose. Contrairement à toi.
Raphaël sentit le ton de reproche dans sa voix.
- Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? On est pas plus avancés qu'avant…
- Tu n'as pas ton téléphone portable sur toi, histoire d’appeler Uriel pour qu'il vienne nous chercher ?
Raphaël lui montra ses poches vides.
- Non, je n'ai rien sur moi. J'ai du l'oublier lorsqu'Uriel est venu me voir.
Michael lâcha un sifflement de dégoût.
- Bravo ! Et qu'est-ce que tu proposes qu'on fasse ?
- Je ne vois pas d'autres solutions. Il faut crécher ailleurs le temps que quelqu'un s'aperçoive de notre disparition.
- Sûrement pas !
- Oh ? Tu préfères attendre ici à ne rien faire ?
- … Qu'est-ce que tu proposes ?
- On peut toujours faire le tour des environs, on trouvera forcément un endroit où rester pendant quelques jours.
Michael ne paraissait pas convaincu, mais suivit pourtant Raphaël. Ce n'est pas comme s'il avait quelque chose d'intéressant à faire et qui sait, ils auraient peut-être la chance de croiser sur un ange sur lequel Michael pourrait défouler sa mauvaise humeur et qui les ferait entrer au bercail.
*
Uriel s'estimait être un archange patient. Après tout, il avait le mérite de travailler - bien que travailler ne fut pas le mot exact, si Uriel osait sortir les grands mots, il aurait corrigé avec supporter - quotidiennement et depuis le début de l'Humanité avec Raphaël (dont le flegme n'avait d'égal que sa paresse), Michael (Saint Je-Cogne-D'abord-Et-Je-Pose-Les-Questions-Après) et Gabriel (une puissance nucléaire à lui tout seul) que plus rien n'étonnait l'archange. Mais depuis quelques temps, les facultés de téléportation et de disparition de Tweedle Dee et Tweedle Doo (à comprendre Michael et Raphaël, comme on les voyait souvent ensemble, ce qui signifiait la plupart du temps que - peu importe ce qui se tramait - il allait y avoir du chaos) l'étonnaient.
Exaspéré, il ouvrit violemment la porte menant au niveau des Vérités - ou des Vertus comme elles étaient plus fréquemment nommées. Des troupes d'anges sous la juridiction de Raphaël (sur le papier, du moins) qui étaient chargées des missions d’espionnage et de renseignements.
Il était dommage, selon Uriel, que Raphaël les utilise surtout pour être au courant des derniers potins sans avoir à trop bouger, et que les Vertus aient pris goût à découvrir les derniers potins et surtout à les diffuser et parfois même en créer.
Habitués au caractère d'Uriel, ou alors le caractère flegmatique de Raphaël avait dépeint sur eux, la plupart des anges présents relevèrent à peine la tête de leurs bureaux. Seul Hamariel, le responsable, avait l'air préoccupé en le voyant.
- Hamariel ! Où est passé Raphaël ?
- Parti chercher Monseigneur Michael... sur Terre je crois, répondit l'intéressé.
- C'est ce que je pensais aussi, mais il n'y a personne sur Terre ! Une troupe de Séraphin vient de revenir sans avoir vu de traces d'eux.
- Ah... je sais pas alors...
Uriel eut alors son visage des jours mauvais. Hamariel s'étonnait que les Archanges Michael et Raphaël ne l’aient pas déjà rendu fou. Hamariel voyait bien qu'Uriel ne trouvait plus ses coéquipiers têtus là où il avait l'habitude de les trouver. Uriel finissait toujours par trouver l'un ou l'autre au bout d'un moment, mais ces derniers temps, il semblait que le don d'Uriel était dépassé par ses collègues relativement souvent indisponibles. Cela ne plaisait pas à Uriel qui, aussi insupportables pouvaient-ils être, voulait garder à portée Michael et Raphaël, ses atouts majeurs. Car il fallait avouer que, si on exceptait la paresse ou la mauvaise volonté qu'ils avaient souvent, Michael et Raphaël étaient doués dans ce qu'ils faisaient. L'un au tabassage de démons, et l'autre dans la guérison.
Mais voilà, comment les convoquer en réunion quand les deux disparaissaient ? L'un pour échapper à ses responsabilités, l'autre parti taper du démon à l'autre bout de la Terre. Uriel avait parfois honte, il l'avouait, de penser à eux comme à des as qu'il sortait pour impressionner les divinités païennes lors des conférences, ou pour prouver aux autres anges et aux démons de l'efficacité du Paradis, certains avaient l'habitude de penser le contraire, mais hélas, c'était bien ce que Michael et Raphaël étaient : des as.
Uriel lâcha un soupir exaspéré avant de se diriger vers le bureau d'Haniel, le secrétaire particulier de Raphaël, qui avait droit à son propre bureau indépendant, situé dans une salle située à côté du bureau des Vertus et des appartements de l'Archange guérisseur.
- HANIEL ! beugla Uriel, faisant sursauter le pauvre intercepté. Vous savez où se trouve votre entêté de supérieur ?
- Aucune idée, ça fait des jours qu'on ne l'a plus vu chez les Vertus. Il passe rarement nous voir, vous savez... On a l'habitude...
- Rah ! Il va me rendre FOU ! Lui et ce Michael de malheur !
- Si c'est pas déjà fait... marmonna Hamariel, dans sa barbe.
Malheureusement pour lui, il s'avérait qu'Uriel avait une très bonne ouïe alors qu'il se retourna violemment vers Hamariel qui partit presque en courant vers la sortie tant le regard de l'Archange était révélateur d'une humeur massacrante.
Excédé, Uriel tourna les talons.
- S'ils ne sont pas revenus d'ici demain, je fais un malheur ! s'écria-t-il, pour faire bonne mesure.
- Tu crois qu'un jour il finira par abandonner l'idée que les Archanges Michael et Raphaël viendront un jour à chacune de ses réunions ? demanda Moriel à son voisin de droite.
- Le jour où Monseigneur Michael rejoindra l'Enfer, sans doute, lui répondit Rahuel.
*
De l'opinion générale, il n'existe aucun monde surnaturel intermédiaire entre le Paradis et l'Enfer.
L'opinion générale a tendance à oublier que le Purgatoire existe.
Le Purgatoire souffrait en effet d'une méconnaissance générale. D'une part, nul ne saurait dire où était situé exactement le Purgatoire, mais il s'agissait plus d'une indifférence générale que de l'ignorance. Parmi les êtres surnaturels, la plupart ne s'intéressait ni se préoccupait du Purgatoire. Un peu comme la Pentecôte. Tout le monde savait que ça existait, mais ignorait en général la date et la signification de cette fête.
C'était assez similaire avec les sentiments que l'opinion générale avait du Purgatoire. Tout le monde savait où ça se trouvait et à quoi ça servait, mais tout le monde préférait l'ignorer.
Le Purgatoire était à un monde à part. À l'instar de l'Enfer, il n'avait pas été crée dès la Création, mais peu de temps après. Lorsque les Enfers commençaient à s'étendre et que les humains apprenaient la notion de péché. Pourtant, tout le monde sur terre ignorait l'existence du Purgatoire, et il se passa plusieurs siècles avant que l'on s'affole enfin au Paradis et qu'ils n'envoient un ange (qui a préféré taire son identité) apparaître auprès de quelques autorités ecclésiastiques vers le XIIe siècle qui eurent, pour un temps, beaucoup de mal à croire à l'existence du Purgatoire jusqu'à ce que l'ange en question, excédé, n'ait décidé de les envoyer faire un petit tour au Purgatoire qui eurent tôt fait de taire les doutes que pouvaient avoir les humains.
Depuis, l'existence du Purgatoire avait enfin été reconnue par tous… mais avait vite finie par être oubliée ou ignorée de tous, sauf par quelques-uns ayant quelques notions religieuses.
De ce fait, le Purgatoire souffrait toujours d'une méconnaissance ou d'une ignorance générale. Ce qui, au final, n'était pas plus mal pour Raguel, l'ange qui gardait ces lieux, qui affirmait qu'ainsi, on lui fichait la paix et que personne n'était susceptible de venir jouer les troubles faits, contrairement à un certain lieu céleste qu'il n'a pas voulu dévoiler.
Le Purgatoire était situé sous le Paradis, il se révélait comme une immense montagne pourvue de sept grandes terrasses qui correspondaient chacunes aux sept péchés capitaux, soit : la luxure, la gourmandise, l'avarice, la paresse, la colère, l'envie et la fierté.
Il disposait de deux entrées. Une au sommet qu'empruntaient ceux venant du Paradis, et l'une au bas de la montagne. Ces entrées disposaient de portes gigantesques, d'un écriteau doré où étaient gravés les mots : « Bienvenue au Purgatoire. Veuillez respecter la pénitence des défunts et le mauvais caractère du gardien ». Et, non loin de là, un panneau portant le titre « Personnes interdites d'accès au Purgatoire » et sous lequel on pouvait trouver des photographies de Luther, Calvin, Asmodée et Gabriel.
Raguel, le gardien du Purgatoire, était le seul être surnaturel à peupler ces lieux. La grande majorité des êtres restants étant les âmes des pénitents qui avaient suffisamment péché pour ne pas être automatiquement accepté au Paradis, mais pas assez pour se voir offrir un séjour éternel aux Enfers.
Ainsi, à l'attente d'un jugement particulier, ces âmes faisaient pénitence au Purgatoire. Pour ce faire, elles devaient parcourir les sept terrasses et subir des épreuves aussi nombreuses que diverses dans l'espoir d'être admises au Paradis, telles que : du sport, du développement personnel, de la survie à l'état sauvage.
Ce fut un peu par hasard que Michael et Raphaël se trouvèrent au Purgatoire.
Dépités de n'avoir pu rentrer au Paradis, ils avaient poursuivi leur chemin jusqu'à se retrouver sous le Paradis, plus précisément au sommet de l'immense montagne. Sans faire attention à ce qui les entouraient, les deux archanges poursuivaient leur chemin vers le bas, ignorés des défunts, jusqu'à ce que l'un d'entre eux se détache de la file pour venir les saluer.
- Messires Michael et Raphaël! s'exclama un défunt avec une joie naissante. Quelle surprise de vous voir ici !
- Oh croyez-moi, ce n'était pas prévu du tout, grommela Michael.
- Est-ce que Monseigneur Gabriel est venu avec vous ? demanda le défunt avec un espoir mal dissimulé.
- Non.
L'expression sur le visage du défunt commença alors à s'assombrir quelque peu.
- Oh, je vois… C'est dommage. Nous autres au Purgatoire nous souvenons encore avec plaisir de la dernière visite de Monseigneur Gabriel et de la fête qu'il a organisé, ou plutôt ramené, au Purgatoire. Ce fut un moment fort plaisant. Nous avons pour ainsi dire jamais l’occasion de nous divertir ici.
- C'est un lieu de pénitence ici ! Pas un lieu pour se divertir ! Monsieur Dupont, retournez faire vos exercices de développement personnel ! intervint une voix dure et sinistre.
Le Monsieur Dupont en question soupira avant de se confondre en excuse et de s'éloigner, non sans un « Vous passerez le bonjour à Monseigneur Gabriel de notre part ! », que les anges ignorèrent pour faire face à la personne les ayant rejoints.
Raguel était ange assez austère et effrayant. Vêtu d'une longue toge brune, le crâne rasé, les yeux vitreux, il possédait des ailes couvertes d'yeux pour voir toutes les faiblesses. Ce qui ne manquait pas de dégoûter ou d'effrayer certains, même chez les anges.
- Qu'est-ce que deux Archanges viennent faire dans mon domaine ? leur demanda Raguel en guise de salutations. Monseigneur Gabriel vous accompagne ? il ajouta ensuite avec une once, très légère, de crainte, une tension dans ses épaules.
- Non, c'est juste nous, lui répondit Raphaël.
La tension quitta les épaules de Raguel alors qu'il laissa échapper un très faible soupir de soulagement.
- C'est fort heureux. Le Purgatoire a gardé des séquelles de la dernière fête que Monseigneur Gabriel a organisé ici. Il a été fort difficile de ramener le calme et aux pénitents de reprendre leur tâche, il secoua la tête comme pour se débarrasser d'un souvenir perturbant avant de se reprendre et de se tourner vers les deux Archanges. Si Monseigneur Gabriel n'est pas avec vous, je peux savoir ce que vous faîtes ici ? il demanda mais non sans une once de méfiance.
- On passait juste dans le coin, répondit vaguement Raphaël.
- On ne peut plus rentrer au Paradis, finit par avouer Michael, l'air sombre.
- Oh ? Dois-je en conclure qu'Il vous a enfin jeté dehors ?
- Jamais de la vie ! siffla Michael, outré que Raguel puisse penser une telle chose.
- Vous avez déchus alors ? Cela ne m'étonne pas. Vu les échos que j'entends sur vous, je me disais que ce n'était plus qu'une question de temps…
Raphaël se dépêcha de poser une main sur le poignet de Michael, en signe d'apaisement, voyant que celui-ci avait commencé à dégainer son épée de son fourreau avec des intentions claires sur le visage.
- Non, il y a eu une erreur informatique et depuis, il nous est impossible de rentrer, révéla Raphaël.
Raguel haussa d'un sourcil.
- Je ne vois pas en quoi ça me concerne.
- On cherche un endroit où loger en attendant que la situation ne s'arrange.
- Ce ne sera certainement pas ici ! Le Purgatoire est un lieu de pénitence où les âmes prennent très à cœur leur devoir. Il ne sied pas à un lieu sacré de devenir chambre d'hôte. De toute façon, nous organisons demain très tôt une nouvelle série d'épreuves comprenant un marathon sur plusieurs kilomètres le long de la montagne, séances de psy intensives, concours de la plus longue rédaction philosophique sur l'homme, ses péchés et les meilleurs moyens d'y remédier. Je n'ai vraiment pas le temps ou les moyens de vous héberger.
Raphaël leva comiquement un sourcil fasse à l'étendue et l'originalité des épreuves.
- Ce n'est pas prévu, grommela Michael, on ne fait que passer.
Raguel les examina de ses yeux vitreux, et les yeux sur ses ailes suivirent le mouvement d'une manière qui pourrait presque donner la chair de poule.
- Faites, mais veuillez poursuivre dans le silence. Je ne tiens pas à ce que mes pénitents soient perturbés.
Les deux archanges s'en allèrent sans demander leur reste, peu désireux de poursuivre leur conversation avec le agrdien du Purgatoire.
*
Après le Purgatoire, l'étape suivante fut tout naturellement la planète Terre.
Raphaël et Michael descendirent d'abord sur le continent européen.
- On va en France ? J'ai très envie de déguster un petit vin blanc devant la Tour Eiffel !
Qui se termina par un :
- Je n'arrive pas à croire que tu aies essayé d'attaquer le Président de la République avec une baguette ! C'est un symbole national, pas une arme !
- Il l'a cherché !
Après cette fâcheuse visite, ils se rendirent sur le continent africain :
- All the old paintings on the tomb, they do the sand dance don't you know, if they don't move quick -
- Raphaël, si tu n'arrêtes pas tout de suite de chanter, tu vas vite faire connaissance avec le Nil.
L'Afrique n'offrant pas plus de chances que la France, ils essayèrent à nouveau le continent européen auprès d'un pays très apprécié des anges :
- Je n'arrive pas à croire qu'ils nous aient jeté dehors !
- Tu as rajouté plusieurs litres d'alcool dans leur service à thé. Pour les Anglais, ça équivaut à de l'agression.
- Ce n'est pas de ma faute si leur thé était si fade…
Deux échecs sur le même continent, ils ne tentèrent pas de pousser jusqu'à la troisième tentative et s'envolèrent jusqu'aux Amériques.
- Tu sais, les crocodiles de Floride, je suis presque sûr qu'on a pas le droit d'y toucher. C'est une espèce protégée.
- Ils ont un petit côté dragon. C'est perturbant.
Qui ne connurent pas non plus un succès grandiose auprès des deux Archanges, ainsi Raphaël proposa ensuite le vaste continent asiatique.
- … Le Japon, c'est hors de question.
- Oh, allez ! Ils font un saké d'enfer ! Et ils ont des karaoké !
- … je vois où tu veux en venir, et c'est toujours non.
Qui ne fit pas l'unanimité. Ils se tournèrent ensuite vers d'autres pays inexplorés.
- Et en Australie ?
- Tu as l'intention de faire tous les continents sur Terre ?
- Oh ? Tu n'as pas envie de voir des ornithorynques à l'état sauvage ? Si je me rappelle bien, c'est toi qui les as crée.
- … Non.
- Michael, tu rougis ?
- Ce ne sont pas tes affaires.
Face à cela (et à l'expression peu engageante de Michael), les deux compères décidèrent de stopper temporairement leurs recherches.
*
Leurs recherches de logement temporaire ne s'étant pas révélé fructueux, les deux archanges avaient décidé de se poser dans le bar le plus proche - en l'occurrence, un bar situé en plein cœur de New York, la Grosse Pomme, qui était fort fréquenté et bruyant, ce qui était l'idéal lorsqu'on voulait boire un verre en paix - en attendant de trouver une solution à leur problème.
Assis sur des chaises hautes, près du bar, Raphaël savourait son martini tandis que Michael qui, après une journée aussi pénible pour lui, avait décidé de commander quelque chose de fort.
Cependant, même la vodka la plus forte n'était en mesure de calmer son irritation de plus en plus grimpante.
- Pourquoi on n'irait pas voir Saint Pierre ? Il nous fera entrer sans problème, lança soudain Michael.
S'il tient à son immortalité fut la suite et fin de la phrase que Michael ne prononça pas mais que Raphaël comprit.
- Saint Pierre est en congé exceptionnel pour soigner son stress. Il n'a pas voulu donner son adresse pour être sûr d'être tranquille jusqu'à son retour.
- Vraiment ? Et qui s'occupe des morts en son absence ?
- Ils ont installé un système d'ordinateur tactile. Il suffit au défunt de noter son nom et d'attendre que sa demande d'entrée soit validée. C'est juste temporaire, mais je ne crois pas qu'on ait plus de chance avec cette machine, répondit Raphaël en faisant distraitement tourner le liquide alcoolisé dans son verre.
Michael soupira.
- On est donc condamnés à moisir ici en attendant que quelqu'un s'aperçoive de notre absence ?
- Ce n'est pas si terrible que ça sur Terre, il y a des choses très bien comme -
- Je t'arrête tout de suite. Je n'ai pas envie d'entendre tes délires de geek.
Raphaël fit la moue.
- N'empêche, tu pourrais faire un effort, il lui reprocha doucement pour ne pas s'attirer ses foudres. On ne peut plus rentrer au Paradis, tu ne veux pas rester sur Terre et le Purgatoire, c'est hors de question. On a donc aucune place où crécher en attendant...
- Cela peut s'arranger…, intervint soudainement une voix doucereuse.
Comme synchronisés, Michael et Raphaël tournèrent la tête en direction de la personne qui venait de parler. Sitôt qu'il le reconnu, Michael se raidit.
- Bien le bonsoir, leur lança, avec un sourire trop aimable pour être honnête, Lucifer.
- Et moi qui croyait que cette journée ne pouvait pas être pire, répliqua Michael en guise de bonjour.
- C'est mon rôle, lui répondit le Diable.
- C'est étrange de te croiser ici, se contenta de dire Raphaël.
Il n'avait jamais eu de discussion poussée avec Lucifer. Ils n'avaient jamais été proches, même avant la Chute, contrairement à Gabriel et par extension Michael, et ils l'étaient encore moins maintenant qu'il avait chuté. Il n'y avait que Gabriel pour ne pas voir la différence ou n'accorder aucune importance au fait que Lucifer se présentait parfois avec des cornes, des sabots et une queue fourchue, et à toujours accueillir « Lulu » avec un enthousiasme non dissimulé, Malin ou non.
- Un peu trop étrange, renchérit Michael qui jeta un regard méfiant à Lucifer.
- Et pourquoi donc ? demanda Lucifer avec l'air de quelqu'un à qui on donnerait le bon Dieu sans confession. Vous autres là-haut n'êtes pas les seuls à pouvoir vous balader sur Terre quand bon vous semble. On dit même que l'enfer est vide et que tous les démons sont sur Terre.
- Arrête d'essayer de faire ton intéressant, et dis-nous ce que tu fais là ! feula Michael.
- Est-ce donc un crime de vouloir savourer un bloody mary dans un bar, lorsque la nuit est si jeune ?
- Le fait que tu sois dans ce bar et à cette heure en sachant qu'on s'y trouve est trop louche pour que ça soit une simple coïncidence, répliqua Michael.
Lucifer finit par soupirer, comme s'il capitulait, puis repoussa lentement son verre.
- J'ai entendu parler de votre… petit soucis, finit-il par révéler.
- Comment est-ce que tu es au courant de ça ? demanda Michael, méfiant.
- J'ai mes sources, lui répondit Lucifer avec un clin d’œil taquin.
- Tu nous espionne en fait ?
- Espionner… tout de suite les grands mots. Je me tiens simplement au courant, il n'y a pas de mal à cela.
- Aucune de tes actions n'est innocente, fit remarquer Michael.
- C'est vrai, pourtant tu trouveras que j'ai une offre intéressante à vous proposer.
- Quelle offre ? finit par demander Raphaël.
- Je vous propose l'hospitalité.
- L'hospitalité ? Où ? demanda Michael, avec dédain.
- Dans ma demeure bien-sûr, aux Enfers !
Raphaël lâcha soudainement un rire qui s'éteignit très vite lorsqu'il vit l'expression sérieuse de Lucifer.
Il fixa Lucifer, incrédule, et il était pratiquement sûr que c'était également le cas de Michael.
*
Uriel était excédé. Cela faisait maintenant plus de six heures qu'il cherchait Raphaël et Michael, sans succès. Il avait pourtant l'habitude de ne pas retrouver ses collègues têtus, et cela pouvait durer plus de six heures, comme la fois où Raphaël s'était octroyé des vacances de plusieurs mois et que, le lendemain de son départ de vacances, la grande peste de 1348 était apparue en Europe. Cependant, Uriel était déterminé. Habitude ou pas, cela ne l'empêchait pas de continuer à chercher et à insister auprès de ses collègues pour qu'ils daignent venir en réunion ou accepter une mission. Il avait le goût du travail bien fait, et s'il arrêtait d'harceler ses collègues, plus rien ne serait comme avant, il ne se reconnaîtrait plus. C'est pourquoi il persistait.
Une troupe d'ange était revenue de la Terre, sans avoir trouvé personne. Idem pour les anges stagiaires à qui il avait demandé de fouiller le Paradis.
Uriel soupira profondément.
- Aux grands maux les grands remèdes ! s'écria-t-il pour lui-même.
Avec l'air de quelqu'un à qui on avait demandé de faire quelque chose de désagréable, il se dirigea vers son bureau, ouvrit l'un des tiroirs, et sorti son téléphone portable flambant neuf, dont il ne s’était pratiquement jamais servi.
Se rappelant des explications de Raphaël, il l'alluma avec précaution puis l'éloigna de son visage, comme s'il s'attendait à le voir exploser, et observa avec méfiance l'appareil se mettre en route.
Il chercha le nom de Raphaël parmi ses contacts, et appuya pour appeler. Puis, doucement, avec méfiance, il porta l'appareil à son oreille et attendit le bruit familier de la sonnerie. Lorsque cela sonna, Uriel sortit de son bureau, le téléphone à l'oreille, et se mit à la recherche de la sonnerie téléphonique de Raphaël.
Il suivit la source du bruit, qui devint de plus en plus fort au fur et à mesure qu'Uriel s'approchait.
Uriel exaltait. Un sourire satisfait vint orner ses lèvres.
- Enfin… Si tu croyais pouvoir te cacher éternellement, c'est mal me connaître !
Il tourna enfin au coin d'un angle et se prépara à faire une arrivée surprise, prêt à prendre Raphaël par surprise.
- Te voilà enfin Rapha -
La fin de sa phrase fut cependant coupé par la surprise qui vint le prendre de cours.
Sur le nuage précédemment occupé par Raphaël, près d'un magazine de mots croisés, se tenait le téléphone portable - encore vibrant et sonnant par l'appel d'Uriel - de Raphaël.
Uriel le fixa, interloqué, et en oublia presque de raccrocher.
- D'accord, là c'est inquiétant…, murmura-t-il.
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* La chanson que Raphaël chante est Walk Like an Egyptian (choisissez l'artiste de votre choix, moi j'écoute la version OST Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre)
* A l'occassion, j'écrirais une petite fic sur la machine qui accueille les morts pendant les vacances de Saint Pierre, ça peut promettre d'offrir quelque chose d'intéressant ^^
* Lucifer à New York n'est pas un choix anodin. Je me suis amusée avec l'idée que le Diable se trouve dans celle qu'on appelle la Grosse Pomme ^^
* Pour avoir une petite idée du Purgatoire, voici un tableau représentant les trois mondes : l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis.