[French/français] Un débarquement en règle

Apr 28, 2010 16:17

Titre : Un débarquement en règle.
Auteur/Artiste: maikichelorrain 
Personnage(s) et/ou pairing(s): fem!France/Écosse, mention de corsaire!Angleterre
Nombre de mots : 4350
Rating: NC-17
Avertissement: Sexe, sang. En même temps.
Résumé: 1589. Écosse savait qu’il n’aurait pas du venir, mais quand son roi lui demande d’accompagner les troupes anglaises en France pour être bien vu…

C'est un défi pour le challenge "Sex isn't the enemy". J'ai reçu une image dont je devais m'inspirer pour écrire :)

Matin du 26 septembre 1589, Dieppe, Normandie.

J’y noye tous mes soins, si ce n’est le désir
De donner à la France un utile plaisir.
Car le tant sacré-sainct de l’amour qui m’enflame
Ne peut mesme en dormant laisser dormir mon ame.

Elle n’avait pas la même odeur que d’habitude. Ce n’avait été qu’à peine perceptible, à peine détectable lorsqu’elle les avait accueillis, habillée en homme et en armes, alors que lui et Arthur venaient de débarquer à Dieppe.

Une once de sauvagerie au milieu du luxe et du raffinement incarné.

Cela frappa de nouveau James lorsqu'il croisa France au milieu d’un couloir, en sortant d’une réunion d’avec le roi Henri et le gouverneur de Chaste et tentant de rejoindre la garnison où il irait probablement dormir - mieux valait cela que de dormir à côté de la chambre d’Arthur. Rien que de rester dans la même pièce avait failli le faire devenir chèvre, alors qu’ils ne s’étaient pratiquement pas adressé la parole.

Elle semblait aussi contente de le voir que lui de la croiser. Vêtue d’une simple robe blanche aux motifs dorés, d’un corset rose et d’un manteau assorti, les cheveux défaits, elle le fixait d’un air sombre, sa bouche n’étant plus qu’un mince trait sur son visage et il ignorait si c’était de tomber sur lui ou d’étudier sa tenue qui la contrariait.

James se racla la gorge.

Il observa rapidement les cernes, le teint pâle, et le haut de ses seins, des seins légèrement, là aussi, plus petits - elle avait perdu du poids et l’affichait à la vue de tous sans plus s’en préoccuper. Mais, habituellement pratiquement inexpressifs, ses yeux luisaient d’un éclat qu’il ne connaissait pas. Puis il suivit la direction de son regard, qui fixait la porte dont il venait de sortir.

- La réunion n’est pas encore terminée, fit-il rapidement.

Et il n’avait envie d’expliquer qu’il s’était éclipsé car son frère et lui avaient été à deux doigts de s’égorger, sans même s’être adressé la parole de toute la rencontre.

Elle tourna lentement son visage vers lui, sans défroncer les sourcils et finit par enfin le regarder en face. Pour ce qui lui apparut comme la première fois depuis qu’il avait cessé leur relation en lui jetant à la figure le contrôle qu’elle avait tenté de garder sur lui -ou bien sur elle-même, il n’avait jamais été capable de trancher. Ils s’étaient déjà revus bien sur, mais à chaque fois…

James fit de son mieux pour ne pas baisser les yeux, mais il ne put rien contre son cœur qui s’emballa plus vite que celui d’un adolescent ni la rougeur qu’il sentait apparaitre sur ses joues. Il ne s’était jamais menti, et avait toujours été conscient qu’arriver à ne plus l’aimer serait une tache des plus ardues, mais maintenant qu’il était soumis à l’Inquisition, il n’avait pas pensé que cela serait si dur.

A son grand regret - soulagement ? France cessa vite son inspection, et ne fit aucun commentaire sur son breacan an fheilidh - kilt qu’il portait également à la base pour ennuyer Arthur. Son roi lui avait interdit de se battre contre son frère, il lui avait donc fallu utiliser les solutions de secours.

- Peu importe. Où dois-tu aller ?

James sursauta au changement de sujet, et préféra prétendre que cela n’était qu’une simple manière polie pour l’envoyer paître et s’occuper de ses moutons.

- Hm. Avec mes hommes. C’est là que je dors.

Les yeux de France s’ouvrirent légèrement, et James crut voir un frisson la parcourir. Non pas que la vie de guerre lui soit étrangère ou qu’elle la jugeât dégoutante, mais France était incapable de concevoir que l’on pût s’accommoder de telles conditions de vie quand on pouvait les éviter.

-Je croyais qu’on t’avait réservé une chambre.

Une chambre adjacente à celle d’Arthur, qu’Arthur, une fois saoul le soir, allait probablement confondre avec la sienne. Peut-être même avec elle entre les bras. Peut-être même cela s’était-il déjà produit la veille. Il avait cru bon de refuser quand on lui avait fait la proposition.

De toute manière, après être arrivé si tard et s’être assuré que ses mercenaires avaient bien été installés, il n’avait pas eu la moindre envie de quitter les officiers et avait passé la soirée à boire - et il s’était réveillé là où une brave âme avait bien voulu le déposer.

- J’ai ma place là-bas, et de toute manière, nous n’allons pas rester longtemps ici, grommela-t-il pour se justifier.

- Alors autant profiter d’un peu de confort, répliqua-t-elle. Je pourrais demander à Chastes de…

- Non, France, la coupa James.

Il n’avait pas envie que la jeune femme fisse courir l’ensemble du château par sa faute, pour quelque chose qui n’en valait pas la peine. Et il tenta encore de se rappeler, qu’à présent, c’était lui, et non plus la relation qu’il tentait vainement de s’expliquer et qui lui dévorait le cœur, qui passait en premier.

Elle plissa des yeux, et même si son visage se détendit quelques secondes plus tard, James savait qu’elle avait été piquée au vif. Pourtant à son grand soulagement, elle ne chercha pas à argumenter. Du moins c’est ce qu’il crut à la prime abord, car France finit par demander :

- Est-ce que Chaste est bien avec le roi ?

*************************************
- J’ai des affaires à lui rendre, expliqua France une fois qu’ils furent entrés dans sa chambre et qu’elle ait enlevé sa petite veste.

James avait hésité mais après avoir considéré que l’erreur avait été déjà commise en acceptant d’accompagner la jeune femme jusqu’au gouverneur de Dieppe, il ne servait à rien de refuser - car peu importe ce qu’on pouvait bien dire, James n’était pas assez rustre pour laisser une jeune femme malade sortir seule dans la ville, quand bien même la jeune femme était tout à fait capable de le tuer si elle le voulait.

Les draps du lit étaient encore défaits ; France, l’habituelle lève-tôt, toujours tirée à quatre épingles devait être réveillée depuis peu - et elle était sortie sans être habillée, la chambre non aérée, et la table pas encore débarrassée. Mais au moins avait-elle pris le temps de manger, songea-t-il en jetant un coup d’œil sur le pain et le miel étalés sur la table, à côté de ce qui paraissait être une bouteille de vin et en se rapprochant.

Lorsqu’il s’assit sur le banc, un léger toussotement le fit sortir de ses pensées et lui rappela que France n’aimait pas être ignorée quand elle parlait.

- Des affaires ? répondit James à tout hasard.

Hasard qui ne se révéla pas bon, mais France dut juger qu’il avait fait l’effort d’être un minimum attentif. Et elle se serait sûrement contentée de reprendre là où il avait perdu le fil, sauf qu’elle remarqua soudain son intérêt pour la bouteille posée sur la table à côté de lui.

- Tu veux du cidre ?

- Du cidre ? L’infâme chose pétillante qui se prend pour de l’alcool ?

- James !

Il en aurait presque ricané.

- Je ne vais pas non plus boire du vin alors que nous sommes en Normandie ! fit France, outrée comme elle devait se mettre à obéir au pape.

Ou alors le vin était-il trop fort pour elle, et avait-elle du se rabattre sur une boisson moins alcoolisée qu’elle pouvait encore tenir, James ne pouvait décider. Alors que l’Écossais ne se droguait vraiment qu’au rouge. A la bière et au whisky également, mais ça, il n’avait pas besoin d’en importer.

Elle se rapprocha de lui, déposant des livres et une autre coupe sur la table, attrapa la bouteille et d’un geste habile, remplit leurs gobelets, pour finir par s’asseoir presque violemment sur la chaise à côté de lui dans un geste pourtant très féminin.

James lui tendit son verre, puis but le sien d’un seul trait pour ne pas faire attention à la jeune femme près de lui. Avec toujours cette impression de quelque chose d’inconnu qui s’était emparée d’elle - il avait pourtant cru qu’elle l’éviterait, mais visiblement, elle ne disait pas non à boire en sa compagnie.

Quand il eut reposé sa coupe, France était toujours en train de siroter la sienne, et refusait de le regarder, préférant ignorer sans un mot le traitement qu’il avait fait subir à son cidre.

Reportant ailleurs son attention, son regard dévia vers les livres qui se trouvaient un peu plus loin. Curieux, il en attrapa un et une petite boule se forma à son estomac quand il découvrit qu’il s’agissait d’un recueil de poésie.

Il pouvait passer des heures à en lire, et il avait de la chance de pouvoir partager sa passion avec son roi. Seulement, quand il lisait, les mots, les sentiments, tout s’exprimait avec une clarté si limpide qu’il ne comprenait pas pourquoi, lorsque venait le temps de se déclarer, ces mêmes mots restaient coincés au fond de sa gorge, face à une barrière invisible qu’ils ne parvenaient pas à franchir.

Alors que l’humain qui le gouvernait, alors que la femme assise près de lui… Elle pouvait lui faire croire n’importe quoi, ne serait-ce qu’en récitant une stance et deux alexandrins.

Il ouvrit une page au hasard, et commença à lire, lui qui d’habitude lisait les traductions en anglais:

Quand le désir de ma haute pensée,
Me fait voguer en mer de ta beauté,
Espoir du fruit de ma grand' loyauté,
Tient voile large à mon désir haussée.
Et en entendant le bruit d’une coupe que l’on repose, il s’arrêta et fit face à France. Mais plutôt que d’attendre avec appréhension que le couperet tombe, il préféra attaquer de lui-même la jeune femme qui le fixait d’un air perplexe, avant qu’elle n’ait le temps de commencer à lui faire des reproches sur sa lecture.

Il était fatiguant d’être si imparfait. Et pourtant si étrangement rassurant de voir que certaines choses n’avaient pas changé.

- C’est mon accent, c’est ça ? soupira-t-il.

- Ton… accent ? répondit France, sans avoir l’air de vraiment comprendre.

- Tu vas encore me dire que j’ai écharpé ta langue avec mon accent

- Ma langue. Ma langue… Oh non, ton accent n’a rien de… Tu n’es pas Anglais de toute manière, qu’est-ce qui te fais croire qu’il y a un problème?

James haussa un sourcil.

France lui prit alors doucement le livre des mains pour le placer entre eux deux, puis se rapprocha de lui, se retrouvant pratiquement collée contre l’Écossais. James se raidit immédiatement à ce contact, et tenta de se concentrer sur les pages devant lui plutôt que sur la chaleur provenant de son côté droit.

Mais lorsqu’elle se pencha pour lui montrer une ligne, la magnifique vue sur son décolleté ne lui facilita pas la tâche.

- Ton accent n’est pas mauvais - mais il faudrait peut-être améliorer la diction et l’articulation, je te l’ai déjà répété mille fois : on te prend pour un ours des cavernes. Mais passons.

Comme pour confirmer, James grogna. De frustration face à son échec pour se contrôler. Il y avait, venait-il de réaliser, trop longtemps qu’il ne l’avait pas prise dans ses bras et le désir s’était réveillé en force.

- Il faut déjà apprendre les règles de prononciation d’un poème. Le e par exemple ne se prononce que devant les consonnes ; sinon il reste muet - et toi, tu les prononce tous comme s’ils étaient des bœufs. C’est pour cela qu’il y a une élision à « ma grand’ loyauté » d’ailleurs. Si l’on gardait le e, il y aurait un pied de plus et le rythme ne serait plus bon.

James opina du chef sans vraiment faire attention. Elle pourrait se mettre à l’insulter, ce qu’elle faisait déjà à moitié, et il ne remarquerait même pas. De toute manière, il ne voulait pas prendre le risque de parler. La poitrine de la jeune femme était pratiquement collée à la chemise de son bras, alors qu’elle pointait son doigt sur le « grand’ » et son esprit ne voulait se concentrer que sur cela.

- Ensuite, il faut grouper les mots, balancer le rythme, faire une pause à la césure. Le rythme est important pour dégager l’émotion du poème. Tu lis tout d’une seule traite, tu avales d’un coup, ce n’est pas beau, ou harmonieux.

Elle toucha son bras de sa main.

James saisit alors que toute la situation n’était peut-être pas le fruit du hasard, mais avec France, il était parfois difficile de discerner à quel moment le jeu arrêtait d’être innocent pour laisser place à la manipulation. Et si elle se rendait seulement compte quand elle franchissait la limite entre les deux.

Prenant la main de France entre la sienne, il toucha la feuille de papier, en sentit la texture en même temps que la peau de la jeune femme et murmura :

- Il faut que je marque un temps au milieu du vers ?

- Cela serait déjà une très bonne amélioration. On pourra voir après pour le reste, fit-elle et sa bouche s’était dangereusement rapprochée de l’oreille de l’Écossais.

- Le reste ?

La voix de James n’était plus qu’un murmure tandis que son corps s’inclinait instinctivement vers France. Soudain, une jambe s’enroula autour de ses genoux, venant remonter légèrement son kilt et découvrir ses cuisses. Il étouffa un grognement.

- L’émotion. La séduction. Le désir. La peur. La douleur. Il faut les exprimer. A travers la voix, le visage, le corps tout entier. La poésie ne se récite pas, elle se vit. Et toi tu t’endors, et tu m’endors car tu es aussi ennuyeux qu’une séance des finances au Parlement.

Elle caressa le visage de James, qui, sans aucune résistance, se pencha encore plus vers elle, leurs deux fronts se touchant presque. Les joues légèrement roses, la respiration plus profonde, France paraissait attendre quelque chose de sa part.

- Le poème est fait pour me séduire, pour me chambouler par la violence de ce que tu ressens pour l’être aimé. Alors fais-le. Séduis-moi.

Avait-elle vraiment besoin de demander ?

Mais tout cela était mal, si mal, à un tel degré.

Il s’était promis, avant de partir, de ne pas lui donner une seule occasion, de lui cacher ses failles. Faire semblant de fermer son cœur, d’être indifférent, comme toutes ces femmes tourmentant l’âme des poètes amoureux. Et il avait fallu un seul contact, une phrase, ingénus ou non, pour que toutes ses bonnes résolutions volassent en éclat et qu’il s’admit qu’elle lui avait manqué.

La question lancinante était de savoir si cela était réciproque ; James en doutait, mais il était déjà trop tard. Il venait de la prendre dans ses bras, et de l’embrasser, et c’était si bon que cela ne lui importait plus. Il regretterait, mais hé ! Carpe Diem.

Soudain France passa sa deuxième jambe sur les genoux de James, la faisant à moitié s’asseoir sur lui, dans un équilibre précaire qu’il maintenant par le bras derrière son dos. France passa la main dans ses cheveux, approcha ses lèvres des siennes, les survola un instant avant de fondre sur elles.

Trouvant enfin le nœud dans le dos après divers tâtonnements et tirant un fil après l’autre, il commença à défaire le corset, puis une fois que celui-ci fut assez lâche, le lui ôta. Pour se récompenser d’avoir réussi à garder sa concentration, malgré France qui mordillait son oreille, il se mit à tâter la peau tiède et chaude de son ventre à travers la chemise.

Ainsi que la cicatrice.

- Quelle bataille ? demanda James, en l’effleurant rapidement, puis en remontant sa main jusqu’au sein.

France prit une forte inspiration, se tendit, arrêta d’embrasser son cou, mais ne le repoussa pas.

- Pas une bataille, gémit-elle avant de reprendre là où elle s’était arrêtée et de sucer la peau de sa nuque. Saint Barthélémy. Ou autre… J’ai arrêté de compter les morts depuis bien longtemps.

Puis, la main toujours dans ses cheveux, elle l’embrassa à nouveau.

James ôta la sienne de la poitrine, la fit glisser le long de la robe et la remonta légèrement, pour enfin laisser ses doigts errer sur les genoux de France. Mais lorsqu’il voulut s’aventurer plus en avant, entre ses cuisses, il sentit quelque chose d’humide sur la peau, bien avant d’atteindre l’entre-jambe.

Se détournant à contre cœur de la Française et de sa bouche envoutante, une vague de froid le parcourut lorsqu’il découvrit que ses doigts étaient à présent teintés d’un rouge sombre.

Ho.

Une bouffée de gêne s’empara de lui, et ses joues prirent une teinte cramoisie. Il commença à remuer sur le banc, d’une façon qui n’avait plus rien à voir avec le plaisir de frotter son érection contre la jambe de France.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Tu as… Tu es…

Il n’arrivait même pas à le dire correctement tellement il était perdu - pire que de l’embarras, il ne savait tout simplement pas quoi dire, ni quelle était la bonne réaction qu’il devrait avoir, si bonne réaction il y avait.

C’était la première fois qu’il se trouvait dans une telle situation. Il n’avait jamais vraiment prêté attention à ce genre de problèmes féminins, et avait considéré que s’il en savait assez pour compatir avec ses hommes quand ils se plaignaient de leurs femmes, c’était qu’il était suffisamment informé ; pour le reste il préférait ne pas s’en mêler.

Et France, qui avait toujours été extrêmement discrète sur ce petit détail, n’avait jamais décidé d’aborder le sujet avec lui. De toute manière, c’était toujours elle qui disposait de lui à sa guise - au moins avait-elle été assez magnanime pour lui éviter de le confronter à ce genre de situation jusque là.

- Et alors ?

- Ce n’est pas… Je risque de te faire mal.

A défaut de pouvoir formuler une excuse valable, vu que son cerveau était parti se noyer dans le Loch Ness, l’argument de la sollicitude pouvait hypothétiquement marcher.

- Oh, voyons, James, comme si tu ne rêvais pas de ça ! Ne me dis pas que le sang t’indispose.

L’idée de voir son sexe se faire happer et ensanglanter par la même occasion provoqua un nouvel et étrange afflux de plaisir dans la région. Le sentant, France sourit d’un petit air satisfait. C’était qu’elle ne pouvait pas voir l’étrange panique qui commençait à s’insinuer en lui, ou l’insidieuse satisfaction de savoir qu’Arthur aurait été bien trop choqué pour engager un quelconque rapport avec la femme, ayant ses règles.

- Tu me baiserais au sortir des champs de bataille, pleine de boue et de boyaux, sans la moindre objection. D’ailleurs, tu l’as déjà fait.

-Mais là… c’est ton sang, tu n’es pas blessée, ce n’est pas normal et c’est… Dieu…

- Ne mêle pas Dieu à ça, fit-elle sèchement. N’invoque pas le Très Haut comme excuse pour ton manque de cran. D’un moins membré, je pourrai comprendre, mais venant de toi… Et il n’y en a pas tellement que ça, voyons.

James écarquilla les yeux, mais n’ajouta rien. Un silence étrange s’installa entre eux, mais France ne fit aucun geste pour descendre de son perchoir, sur les genoux de l’Écossais, où elle était visiblement à l’aise. Mais elle paraissait réfléchir, et James ne savait pas s’il valait mieux, dans son propre intérêt, continuer ou arrêter.

- Cela te dérange vraiment ? demanda-elle soudain.

- C’est toi que cela devrait déranger.

- Oh, pourquoi ? Si je n’avais pas envie d’être là, nous ne serions pas dans cette situation, non ? Je ne suis pas en sucre. Et ne cherche pas à éluder la question.

Elle paraissait pourtant bien fragile, entre ses bras, dans ses vêtements un peu trop grands et ces choses bizarres qui se passaient au plus profond de ses entrailles, déjà déchirées par la guerre qui se menait au dehors.

Mais si cela était bon pour elle, il n’allait pas nier qu’il n’avait envie que de lui arracher cette fichue robe. Seulement pourquoi lui ouvrir cette partie d’elle-même maintenant, maintenant que son propre roi faisait des courbettes pour s’attacher au trône anglais et -

James fut sorti de ses pensées par un rapide baiser et par un doux rythme mélodieux :

Nature de tes dons adore l'excellence,
Tu caches lés plaisirs desous muet silence
Une langue s’infiltra dans sa bouche, faussement timide, pour finalement s’enrouler avec ferveur autour de la sienne, tandis que France se collait désespérément contre lui. Il y répondit avec la même passion, toutes ses inquiétudes balayées alors qu’il tentait de se rapprocher encore plus, encore plus du corps contre le sien.

Il ne remarqua même pas, lorsque, déséquilibrés, ils tombèrent par terre, France allongée au dessus de lui.

Quand James voulut abaisser la tunique, ou la déchirer d’un geste vif comme l’aurait considéré tout individu le surprenant dans cette position, pour avoir enfin une vue dégagée de la poitrine à laquelle il rêvait, France s’empara de ses mains. Elle les posa sur ses seins, mais lui fit comprendre par un regard amusé et perçant qu’elle tenait à garder ses vêtements en état. Et qu’elle ne se déshabillerait pas.

Par contre, elle se redressa, le dos bien droit, attrapa sa jupe, et la souleva, de sorte à s’asseoir directement contre James, puis en profita pour remonter son kilt sur ses hanches.

- Très pratique, résuma-t-elle, avant de prendre son sexe dans ses mains et d’en tâter le gland.

James grogna. Il ne pouvait pas voir ; la scène lui était cachée par un amas de jupon, de tissus et autres choses inutiles qu’il aimerait pouvoir envoyer à l’autre bout de la pièce, mais il sentait les doigts effleurer, chatouiller tendrement, presque amoureusement, humidifiant son sexe. Il sentait aussi les fesses de France et cette chaleur d’entre ses cuisses.

Il en profita pour caresser l’arrondi des seins, et faire descendre ses mains sur les hanches de la jeune femme, l’agrippant brusquement et soulevant son bassin pour lui signifier que ce n’était pas assez. Pour lui. Pour elle. Il n’allait pas attendre qu’elle décide de venir à lui, ou alors il allait exploser.

Que l'amour jouissante
Donne, quand ton obscur étroitement assemble
Les amans embrassés, et qu'ils tumbent ensemble
Sous l'ardeur languissante.

France chantonnait son poème, se positionnant langoureusement au dessus de lui, prenant son temps, insistant sur les finales, sachant très bien que James en comprenait parfaitement le sens. Sa langue câlinait les mots, les gémissait même, et quand elle tomba littéralement sur lui, il comprit physiquement ce qu’elle avait voulu dire par se faire habiter, posséder par le poème.

Même si pour le moment, c’était elle, la Nation empalée sur son membre, le dos arqué, qui le possédait littéralement.

Lors que l'amie main court par la cuisse, et ores
Par les tetins, ausquels ne s'acompare encores
Nul ivoire qu'on voie,

Il serra ses mains encore plus fortement sur les hanches, contrôlant le rythme de la jeune femme, et souleva son propre bas ventre, d’abord doucement, puis de façon beaucoup vigoureuse. France tenta de désengager sa chemise de son kilt pour accéder à son torse, aussi souriante que lui, et sembla particulièrement ravie d’y arriver. James ne s’en plaignit pas.

C’était chaud, et c’était doux. C’était de la soie. C’était puissant, c’était délicieux.

Et c’était France qui se penchait à présent pour murmurer à son oreille la fin du poème :

Et la langue en errant sur la joüe, et la face,
Plus d'odeurs, et de fleurs, là naissantes, amasse
Que I'Orient n'envoie.

C’était une chanson, dont chacun avait la clé du langage de l’autre, un langage fait de grognements, de soupirs et de mots entremêlés.

Ils s’embrassèrent, et il imagina, plus qu’il ne sentit, deux bras frôler sa tête et les doigts de nouveau dans ses cheveux. Il remonta les genoux, projetant France légèrement en avant, dans un hoquet, une inspiration et un bruit de gorge à demi étouffé pour plonger sa tête dans sa poitrine et respirer son odeur, mélange de parfum, de sang et de femme. Il l’attrapa à pleine bouche, et commença à mordiller la peau, tout en continuant à guider -ou à se laisser guider ? par France qui ondulait frénétiquement du bassin.

Ils continuèrent leur danse et finirent par s’y perdre. James se sentit palpiter, le monde devient blanc et tout finit comme cela avait commencé, de façon totalement inattendue.

Haletant, James reprit doucement ses esprits, pour voir France à peu près dans le même état que lui. Les joues roses, les cheveux emmêlés et l’air un peu hagard de la personne ne sachant pas trop ce qui venait de se passer, même si cela avait été merveilleux, elle paraissait aux anges, toujours assise sur son abdomen.

L’Écossais se détendit contre le sol, attendant que la jeune femme descende de son perchoir ou d’avoir récupéré son souffle et ses forces pour l’en déloger lui-même. Les muscles relâchés, il laissa errer son regard, qui finit par se tourner paresseusement vers la porte. Il remarqua que celle-ci était largement entre-ouverte.

Intrigué, il tenta de se rappeler s’il l’avait bien fermée en arrivant dans la chambre, mais un frisson lui parcourut soudain tout le corps. Il avait cru, pendant une fraction de seconde, voir un manteau rouge, et peut-être entendre le bruissement d’un tissu, il ne saurait dire - France s’était relevée en même temps, agitant ses propres vêtements, et s’était assise à côté de lui.

Pourtant il n’eut pas le courage de la regarder, ni elle, ni les possibles traces qu’elle avait pu laisser sur son corps. Une petite voix au fond de sa tête s’était rallumée, le traitant d’idiot, et lui rappelant pourquoi il ne pouvait pas avoir confiance, au risque d’avoir à nouveau le cœur brisé.

Mais il ne put rien faire pour ne pas entendre sa voix, ni l’amusement qu’il y perçut lorsque France s’adressa à lui, alors que leur coït avait été bref et muet, animal:

- Oh, oui, il semble bien que les Anglais aient débarqués.

James sentit son ventre se nouer.

Quand avait-elle remarqué qu’Arthur les espionnait depuis le couloir?

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Poèmes
- La Sepmaine, Du Bartas, vers 511-515
- Quand le désir de ma haute pensée, Pontus de Tyard
- Hinne à la nuit, Pierre de Ronsard
- Le pont Mirabeau, Apollinaire

Notes :

- Je sais bien qu’il n’y a pas de canon pour le nom de fem!France mais 1) Marianne est trop connoté république, 2) Francine est vieillot (comme Marie-France d’ailleurs), et me fait penser à la marque de farine, donc France est le moins « bizarre » d’entre eux. Et Écosse s’appelle James, parce que j’avais envie.

- L’expression « Les Anglais débarquent » est anachronique ici, car elle date du 19e. Elle signifie « avoir ses règles » et fait référence à l’uniforme rouge que portaient les Anglais durant les guerres napoléoniennes.

- Du 21/23 au 30 septembre 1589 a lieu la bataille d’Arques. Le roi Henri IV, à son plus bas, retranché à Dieppe, repousse les attaques du duc de Mayenne, chef de la Ligue catholique (qui tient Paris), avec une armée de moins de 10 000 hommes au niveau du château d’Arques. Des renforts, anglais et écossais, envoyés par la reine Elizabeth 1ere lui permettent de reprendre confiance et de gagner le combat (le duc de Mayenne, n’ayant pas réussi à vaincre le roi, préfère renoncer une fois les renforts arrivés et se replier sur Paris, tenue par la Ligue).

- Le gouverneur de Chaste, qui s’occupait de la ville de Dieppe, soutenait le roi, bien que catholique.

- En 1560, la Auld alliance, l’alliance entre la France et l’Écosse contre l’Angleterre est rompue, l’Écosse la trouvant trop contraignante, surtout que l’Angleterre était vue comme de moins en moins dangereuse. En plus dans les années 1580-90, le roi Jacques VI était l’un des héritiers présomptifs d’Elizabeth 1e (et deviendra en effet roi d’Angleterre et d’Écosse à sa mort), essayant de se faire bien voir (il ne fit pas grand-chose pour que sa mère, Marie Stuart, ancienne reine d’Écosse et emprisonnée à Londres, ne soit pas exécutée).
Néanmoins l’influence française était encore forte, notamment au niveau culturel. Le poète du Bartas, ami d’Henri IV, était par exemple très apprécié par le roi ; Ronsard plus tôt dans le siècle y a vécu 3 ans.

- Les soldats écossais n’étaient pas directement envoyés par le roi - je n’ai pas pu trouver d’où ils venaient, mais ils devaient très probablement être des mercenaires.
De plus, la garde rapprochée du roi, les Gardes du Corps, étaient en partie composée d’Écossais depuis Charles VII

- La première mention dans les textes du Grand Kilt (breacan an fheilidh) date de 1594.

- Durant les guerres de religion, et plus particulièrement des massacres, dont la Saint Brathélémy est le plus connu, les Catholiques tentaient d’exorciser les Protestants en leur ouvrant le ventre, ou le sexe, car ils les pensaient habités par le Malin et les éventrer sauverait leurs âmes (la symbolique chez les Protestants était autre - dans leur logique de conversion, ils s’attaquaient en priorité aux objets du culte pour les désacraliser. Ce qui ne les empêchait pas non plus de tuer).

- Les femmes à cette époque ne portaient pas de sous-vêtements, même pendant leurs règles. Et c’était apparemment plus hygiénique que de mettre une culotte car avec l’hygiène de l’époque, le linge n’était pas aseptisé comme aujourd’hui et retenait encore plus les odeurs. Alors que simplement protégé de l’extérieur par la longue jupe, le vagin se nettoie de toute manière naturellement.

- La France est catholique, l’Angleterre anglicane, et l’Écosse calviniste. Cela ne veut pas dire uniformité du culte dans ces pays : l’Angleterre possède de très nombreuses minorités religieuses, une partie de la population écossaise est catholique, et la France… a un roi légitime qui est encore protestant :)

mature, français/French, c : écosse, f : hetalia, c : femme!france, échange, c : angleterre

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