Lecture : Le chariot des damnées - Glendon Swarthout

Sep 24, 2013 10:30


"Le chariot des damnées" de Glendon Swarthout
western - 300 pages
♥ ♥ ♥ ♥ 4/5



Blizzards, tempêtes de sable, sécheresses, meutes de loups hurlants et affamés… Vers la moitié du XIXe siècle aux Etats-Unis, l’existence est rude sur le Frontière pour les colons malavisés venus y chercher une vie meilleure. Si rude que pour certains - et surtout certaines - elle en devient insupportable. C’est le cas de Théoline Belknapp, femme de fermier et mère de trois enfants, qui, un matin, jette son nourrisson dans les latrines de la ferme familiale… Elle n’est pas seule et nombreuses sont les malheureuses dont l’esprit se brise aux rigueurs de la vie dans l’Ouest sauvage. Que faire alors de ces pauvres femmes, si ce n’est les dissimuler le plus rapidement possible aux regards de peur que leurs destins tragiques ne terrorisent les futurs colons ? C’est ici que rentrent en scène les « homesmen », des aventuriers payés à prix d’or pour ramener les femmes atteintes de démence dans des terres plus civilisées (de celles où l’on trouve des asiles et des camisoles de force par exemple).

Mais en cette année 1850 dans une petite ville de la Frontière, le « homesman » local sera une « homeswoman ». Une vielle fille hommasse et volontaire, Mary Bee Cuddy, a pris sur elle la responsabilité de conduire un groupe de quatre démentes jusqu’au Colorado. Une décision courageuse mais téméraire, car Cuddy n’a jamais entrepris un voyage aussi long - et, a fortiori, jamais avec une aussi sinistre cargaison. Las, personne ne semble particulièrement pressé de lui prêter main forte et la seule aide qu’elle parvient à obtenir est celle d’un nommé George Briggs, une canaille grossière et dépourvue de scrupules qu’elle a sauvé de la potence. Commence alors un voyage de cinq semaines à travers les terres desséchées de l’Ouest, ses terres féroces et hostiles, si promptes à vous arracher vos derniers lambeaux de santé mentale. Mary Bee Cuddy et ses protégées en verront-elles la fin ?

J’avais déjà lu cet été l’excellent « Le Tireur » de Glendon Swarthout et c’est donc avec de très bons a priori que j’ai commençais son deuxième roman - et, à ce jour, dernier - traduit en français. Ô joie, ce deuxième essai comble toutes mes attentes ! On y retrouve le réalisme cru, l’ironie amère et l’ambiance oppressante qui caractérisait déjà « Le Tireur ». Même finesse dans l’analyse psychologique également et mêmes protagonistes abîmés et touchants. Le personnage de Mary Bee Cuddy est particulièrement réussi, avec ses allures de femme forte et indépendante, sous lesquelles se dissimulent de terribles fêlures et d’obscures terreurs. Au fur et à mesure de l’avancée du récit, on tremble pour elle tant elle nous semble semblable, par bien des aspects, aux pauvres femmes qu’elle convoie… De nouveau un fort beau roman. Espérons que d’autres œuvres de Swarthout ne tarderont pas à être traduites !

(Et ô joie de nouveau ! Je viens d’apprendre qu’une adaptation était prévue pour 2013 avec et par Tommy Lee Jones - dont je ne sais rien des talents de réalisateur, mais qui est indubitablement un acteur du tonnerre de Zeus.)

theme : western, auteur : glendon swarthout, rec : roman historique

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