Lecture : Les Compagnons du Trésor - Paul Féval

May 24, 2018 16:27


"Les habits noirs tome 7 : Les Compagnons du Trésor" de Paul Féval
roman historique - 542 pages
♥ ♥ ♥ ♥ ♥ 5/5



Vincent Carpentier était un brave hommes, ancien architecte reconverti en maçon suite à des revers de fortune et père d'une adorable fillette. Rien ne le destinait à être mêlé aux crapuleuses affaires des Habits Noirs, mais le destin pervers en a décidé autrement. Pour satisfaire son bienfaiteur, le colonel Bozzo-Corona, il a accepté de construire une cache secrète dans la muraille d'une maison anonyme. A quel contenu mystérieux cette cache était-elle destinée ? Vincent n'en savait rien et ne se souciait pas de le savoir. Mais les années ont passé et le mystère a pris dans l'esprit de l'honnête artisan des proportions considérables. Et si la cache contenait un trésor ? Un trésor formidable, incalculable, celui de la plus puissante organisation criminelle qui ait jamais sévi en Europe ! Dans le coeur loyal de Vincent, l'avidité est née et, avec elle, une obsession dévorante : mettre par tous les moyens la main sur ce fantastique magot. Hélas, Vincent n'est pas le seul à rôder autour du Trésor de la Merci… Alors que le colonel s'en va mourant, ses associés se rassemblent autour de lui comme des charognards, le plus redoutable de tous étant son petit-fils venu tout droit d'Italie pour assassiner son aïeul et s'accaparer ainsi son prodigieux héritage.

Si Féval a toujours été à l'aise dans le registre de l'humour et du suspense, il faut reconnaître qu'il ne jouit pas de la même habileté dans celui du drama. Il a fallu attendre ce septième tome des “Habits Noirs” pour que le cycle atteigne enfin une vraie grandeur tragique. C'est que, jusqu'ici, “Les Habits Noirs” restaient d'une moralité sans faille. Si les méchants n'étaient pas systématiquement punis - normal, c'est eux les véritables héros - les gentils accédaient toujours au bonheur et à la prospérité. Jamais on avait assisté à ce spectacle fascinant et macabre : le pourrissement inexorable d'une âme pure et bienveillante. Sans surprise, la lente déchéance morale de Vincent Carpentier s'avère mille fois plus intéressante que les déchirements sentimentaux qui alourdissaient les tomes précédents.

Ajoutez à cela une aura fantastique, presque mystique, qui nimbe tout le roman. C'est celle de l'Or, bien sûr. L'Or adoré, redouté, divinisé ! Dans “Les Compagnons du Trésor”, l'avidité prend des allures de culte ou de psychose collective. Plus puissant que l'amour ou la vengeance, ce sentiment renverse tout sur son passage, transforme tout en cendre et en métal clinquant, rappelant irrésistiblement la malédiction du roi Midas. Les coups de théâtre sont nombreux et certains pourraient paraître tirés par les cheveux, mais, s'ils ne sont guère vraisemblables, ils ont le mérite d'être parfaitement cohérents avec le reste de la saga. L'introduction du petit-fils du colonel est un coup de génie et permet à Féval de revitaliser la figure de ce terrible patriarche en lui créant un double tout aussi machiavélique mais jeune et énergique. Et que dire de cette tradition terrible : le fils tue le père, le père tue le fils, mais Fra Diavolo reste immortel !

Le huitième et dernier tome des “Habits Noirs” étant, dans mon souvenir, un des moins réussis, je pense que je vais sagement abandonner la saga sur cette excellente dernière impression. A la revoyure, les gens et en espérant vous avoir donné envie de vous plonger dans cette passionnante série de Féval !

serie : habits noirs, auteur : paul féval, theme : crime, rec : roman historique

Previous post Next post
Up