Lecture : Maman Léo - Paul Féval

Mar 01, 2018 15:57


"Les habits noirs tome 5: Maman Léo" de Paul Féval
roman historique - 315 pages
♥ ♥ ♥ ♥ ♥ 5/5



Rien de plus agaçant qu'un monarque ayant fait son temps mais s'accrochant toujours à son trône. Depuis plus de trente ans, le colonel Bozzo-Corona, chef des Habits Noirs, agonise tranquillement, ourdissant du fond de sa chambre de malade les plus odieuses machinations criminelles. Qui sait s'il n'agonisera pas toujours dans trente ans… Au sein de la bande de malfrats, les ambitions commencent à sérieusement s'aigrir. Le vieux coquin n'en finira-t-il jamais de crever ? Certains aimeraient bien pousser le vieillard vers la porte de sortie, mais la peur les retient toujours : c'était un bien terrible personnage que le colonel en son temps et, si son corps le trahit aujourd'hui, il n'en conserve pas moins une écrasante supériorité sur son entourage. Prenez sa dernière affaire par exemple ! N'était-ce pas divinement ficelé, merveilleusement organisé ? La justice aveuglée, les témoins assassinés, le brillant jeune procureur abattu, les vertueux amants emprisonnés et condamnés à mort… Du beau travail, on ne peut le nier. Mais la coupe est pleine, les patiences sont à bout : il faut que le vieux salopard y passe et vite !

Allez, j'arrête d'être chiche. Certes, « Les Habits Noirs », ce n'est toujours pas de la grande littérature, mais ce cinquième tome était si jouissif, si passionnant, si drôle et si flippant que je lui octroie sans remord ses cinq étoiles. Avec « Maman Léo », Paul Féval atteint le point d'orgue de la saga des « Habits Noirs » : pas de gras, pas de superflu, pas de digression oiseuse, que du bonheur ! Même la sempiternelle histoire d'amour passe à la trappe, Féval considérant surement qu'il s'était assez étendu dessus dans le tome précédent. Les gentils sont plus dégourdis que d'habitude, notamment la jeune première pour une fois agréablement volontaire, mais se font complétement manipulés par les méchants qui pètent littéralement la forme. Et le colonel ! Ah, le colonel ! Quel beau personnage que ce centenaire démoniaque aux apparences de bon grand père caressant, éternellement malade, éternellement agonisant, à la fois redouté et détesté par ses subordonnés terrifiés. Les derniers chapitres sont exceptionnels et je les ai dévorés avec un grand sourire béat sur la figure : les poignards frappent, le sang coule, les portes claquent dans l'obscurité, les morts ricanent et Lecoq, qui n'a pourtant rien d'une femmelette, a la trouille de sa vie. Ah ça, on ne l'y reprendra plus à comploter contre Papa !

Je finis cette critique sur cette charmante citation du colonel, souriant paisiblement parmi les cadavres de ses ennemis abattus : « Figure-toi que j'ai eu un drôle de rêve hier. Je me voyais dans cent ans d'ici et je disais à quelqu'un dont le père n'est pas encore né, mais qui avait déjà la barbe grise : il y a deux choses immortelles, le bien qui est Dieu, et moi qui suis le Mal. »

serie : habits noirs, coup de coeur, auteur : paul féval, theme : crime, rec : roman historique

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