Lecture : L'Enchanteur - René Barjavel

Jan 25, 2018 16:02


"L'Enchanteur" de René Barjavel
roman fantastique - 470 pages
♥ ♥ ♥ 3/5



« Il y a plus de mille ans vivait en Bretagne un enchanteur qui se nommait Merlin. Quand il quitta le monde des hommes, il laissa un regret qui n'a jamais guéri. » Longtemps regardée avec suspicion par les romanciers médiévaux et victoriens, la figure de Merlin a glissé progressivement au premier plan de la littérature arthurienne. On a oublié ou minimisé ses origines diaboliques pour le transformer en prophète sage, bienveillant et écologiste. Barjavel fait plus que cela, non comptant de le placer au centre de son récit, il le rajeunit, le transforme en jouvenceau juvénile et séduisant sur lequel les siècles glissent sans laisser de trace. Ce Merlin a un coeur d'enfant éternel, prompte à s'enflammer pour combattre l'injustice ou pour la beauté de Vivianne, svelte adolescente débordant de charme et d'innocence. Leur histoire d'amour impossible domine tout le récit de Barjavel, sans évincer complétement les autres personnages de la légende arthurienne : l'amoureux Lancelot, ce benêt de Perceval, le pur Galaad, le valeureux Gauvain… Paradoxalement, seul le roi Arthur est presque totalement éclipsé. Manque de chance, moi, je l'ai toujours beaucoup aimé Arthur, car je jugeais qu'il se tapait tout le travail ingrat tandis que ces preux chevaliers s'en allaient courir l'aventure dans les champs.

Barjavel est donc fidèle à l'imagerie traditionnelle héroïque qui consiste à reléguer le souverain au second plan par rapport à ses féaux. Vous me direz : il n'est pas le premier, on ne va pas en faire un fromage. Il nous offre également une légende arthurienne très marquée par la religion, voire franchement pudibonde par moment, la sexualité étant presque systématiquement associée à l'influence démoniaque - Morgane est forcément une femme maléfique et malheureuse puisqu'elle prend son plaisir librement auprès des hommes qui ont l'heur de lui plaire. Là aussi, il n'est pas le premier mais, sans lui jeter davantage la pierre, j'avouerai que cette vision du mythe n'est pas celle qui me séduit le plus. Pourtant, la plume de Barjavel ne manque ni d'élégance, ni d'un certain humour léger assez plaisant… Mais que voulez-vous ? Tant de beauté diaphane, de naïveté et de pureté candide, ça me fatigue les nerfs.

rec : roman fantastique, theme : roi arthur, theme : moyen-âge

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