"Ça" de Stephen King
roman horrifique - 799 et 638 pages
♥ ♥ ♥ ♥ 4/5
C'est bien connu, les gosses croient en n'importe quoi… Ils croient qu'un monstre hideux se dissimule dans la cave, que des loups-garous affamés rôdent la nuit dans les bois, que d'épouvantables zombies se repaissent dans les égouts des petits enfants perdus. Les adultes, eux, ne s'en laissent pas compter. Ils savent que les monstres n'existent pas et que seuls les agents du fisc viendront leur dévorer la chair sur les os. Et si les adultes avaient tort ? Et si les monstres existaient vraiment ? Nous sommes en 1958 au tout début des vacances estivales et Bill, Eddie, Ben et leurs amis du club des « loosers » s'apprêtent à affronter l'horreur la plus pure. L'espace d'un été, ils vont connaître des épreuves que nul adulte n'aurait pu supporter et être confrontés à leurs terreurs les plus profondes. Ils ont ressortiront changés, blessés mais également grandis. Mais on a beau chasser l'épouvante, elle reste toujours présente, en marge de votre esprit comme un brouillard maléfique. Vingt sept ans plus tard, « ça » revient et les « loosers » reprennent le sentier de la guerre. Ils sont maintenant adultes, ont oublié leurs peurs et leurs rêves de gosses. Sauront-ils retrouver leurs âmes d'enfants pour affronter la créature qui a hanté leur jeunesse ?
Probablement le meilleur livre de Stephen King. Récit d'horreur efficace déjà et qui a rendu coulrophobique (la peur des clowns, si, si, il y a un mot pour ça !) toute une génération de lecteurs, mais surtout un des romans les plus justes écrits sur l'enfance. On y retrouve ce parfum tout particulier qui a marqué nos jeunes années : rêves et terreur mêlés, doutes et insouciance, souffrances et joies, tellement plus vives et colorées que les drames et réjouissances des adultes. Plus que de l'angoisse, c'est une puissante sensation de nostalgie qui se dégage de « ça ». Ils ont beau accumulé les tares et les handicaps - obésité, bégaiement, asthme… - on envie tout de même un peu ces « loosers ». On aurait tous voulu avoir une bande de potes comme la leur, des amis à qui faire confiance à la vie à la mort, avec qui affronter la vie et les adultes. « Les gars, je vous ai tellement aimés » confie Mike à ses amis vingt-sept ans plus tard. C'est exactement cela. Nous aussi, on aurait bien voulu aimer à ce point.
Bon, le roman lui-même n'est pas dépourvu de défauts. Comme chez la plupart des King, la fin montre une fâcheuse tendance à tourner à l'eau de boudin, nous entraînant dans un trip métaphysique plus amusant qu'effrayant. La construction assez décousue peut également surprendre, mais n'est pas un véritable obstacle à la lecture. Pas le plus flippant des romans de Stephen King, mais assurément un des plus émouvants. Et si ses 1400 pages vous font peur, vous pouvez toujours vous rabattre sur « Carrie », tout aussi pertinent sur le thème de l'adolescence et de ses angoisses.