The Wire, les règles du jeu de Ariane Hudelet
essai - 198 pages
♥ ♥ ♥ ♥ 4/5
« The game is the game, motherfucker ! » Mais de quel jeu s'agit-il ? le jeu, dans « the Wire », c'est l'ensemble de règles qui contrôle le petit monde de dealers de Baltimore, mais pas seulement… Saison par saison, le terme de « jeu » s'élargit, incluant petit à petit le monde politique, le monde judiciaire, le monde des médias et même le monde économique. Ces univers, aussi indépendants semblent-ils les uns des autres, présentent nombre de points communs, de parallèles et de ponts. La pègre nourrit l'économie qui nourrit la politique qui nourrit la justice qui nourrit les médias, etc. Les règles en sont fluides, traitresses, sans cesse en mouvement, mais le jeu, lui, perdure contre vents et marées et bien malin qui - flic, dealer, juge, journaliste ou politicien - parviendra à s'extraire de ses rets.
« The Wire » est une série difficile à abandonner. Une fois la dernière minute visionnée et la série arrivée à son inévitable et parfaite conclusion, on peine à passer à autre chose. Toutes les autres séries semblent trop artificielles, trop travaillées. Pour combler le manque, on fait ce que tout bon fan ce doit de faire, à savoir, lire des livres sur le sujet. Et c'est qu'elle a fait couler beaucoup d'encre, cette série ! Articles, études universitaires, sociales, économiques… Ce petit volume d'à peine 200 pages n'est donc que la partie émergée de l'iceberg. Avec clarté et une absence réconfortante de vocabulaire jargonneux, Ariane Durelet nous donne quelques clés pour mieux découvrir - ou redécouvrir - la série. En réponse aux critiques acerbes qui déplorent son pessimisme et son ton désespéré, Durelet met en avant son habilité ludique, l'humour et l'intelligence de ses dialogues et la virtuosité de sa mise en scène. Elle rappelle que « The Wire » est, avant tout, une série sur l'engagement et souligne son message principal, loin d'être pessimiste finalement : certes, le salut ne viendra du système, trop pourri et cynique pour être réformé. C'est donc au jour le jour qu'il faut s'engager, individuellement et courageusement, pour que demain soit un jour meilleur. Une belle leçon de vie et une fabuleuse série que j'ai, maintenant, furieusement envie de revoir. C'est grave, docteur ?