Titre: Tentation
Auteur: drakys
Défi: 11
Temps utilisé: 43 minutes
Fandom: vampire hunter d
Pairing: très vague dracula/d (donc très vague inceste)
Rating: PG-13
Disclaimer: hideyuki kikuchi
La scène était horrifiante. Au centre de la pièce, deux corps desséchés comme si toute vie avait été volée de leur chair, comme deux momies retrouvées après des siècles d'oubli. Pourtant, les momies avaient été la veille deux jeunes femmes fraîches comme le printemps, avec leurs joues rouges et leurs yeux remplis des étoiles déposées là par leurs espoirs et leurs rêves.
Chaque corps comme une fleur flânée trônait au milieu d'une marre de sang. Le carmin liquide était encore tiède quand il avait poussé la porte. D n'avait pas cillé en le constatant. Ses yeux avait détaillé les cadavres avec froideur et pas la moindre parole n'avait franchi ses lèvres.
L'odeur, seule l'odeur avait un instant modifié ses traits en agressant son odorat de son parfum. Un parfum qui pour tout autre aurait été suffoquant, si riche qu'il était des effluves de la mort. Un nuage avait passé sur son visage, comme une hésitation et le jeune homme avait en une fraction de seconde retrouvé sa beauté pâle et tragique.
La voix le caressa, comme un rêve.
Tu es parfait, imparfait. Tu es ma seule réussite.
La contenance du jeune homme sembla une seconde se fissurer, ses yeux brillant d'une terrifiante lueur rouge. Le sang Noble qui coulait dans ses veines reprit le dessus. Des mots semblèrent sur le point de fleurir sur ses lèvres d'un écarlate parfait, entrouvertes sur les canines pointues, et la figure toute de noir vêtue recula d'un pas comme pour effacer la tentation.
Des mains, légères comme la brume, se posèrent sur ses épaules et il y eut des lèvres, ou l'ombre de lèvres à son cou. Pour le pousser à bout peut-être. Une figure se matérialisa-t-elle vraiment dans l'air? Ou était-ce un simple jeu de lumière qui fit apparaître un instant à peine le visage à la beauté inhumaine? D pencha la tête pour recevoir le murmure, sa propre volonté complètement écrasée comme si rarement elle pouvait l'être.
C'est ta nature, ce que tu es. Résiste et souffre, cède et souffre.
De sa bouche enfin s'échappa un son, une plainte faite à moitié de rage. Seul son père pouvait le mettre dans cet état, lui qui était autrement taillé dans la glace éternelle. Les mains glissèrent sur son torse, la voix coula dans son oreille comme un poison fulgurant derrière un sourire innocent.
Tu n'as pas à être malheureux. Viens, reviens à moi…
D trembla, ou peut-être n'était-ce qu'une illusion car qui avait jamais vu le Chasseur de vampires D faillir? Sa silhouette plus noire que la nuit se raidit et un grognement sembla forcer son chemin hors de sa bouche. L'odeur du sang l'appelait, murmurait son nom de son parfum séducteur.
Oui, insista la voix et son contact se fit plus réel.
Le visage de l'Ancêtre Sacré brilla une seconde près, si près de celui du jeune homme déchiré et sa bouche était un sourire cruel. Ses mains transparentes comme un songe attira son fils à lui, ses lèvres effleurèrent le cou d'un baiser ou d'une prière.
N'en as-tu pas envie?
Ses yeux encore rouges et les canines meutrières dépassant de ses lèvres, D bougea. Si vite que l'œil humain perdit le mouvement et un éclair blanc brilla. Le Chasseur avait tiré sa lame du fourreau. Elle s'était abattu sur l'illusion qui s'était dissipée avec un rire. Ou peut-être le rire n'était-il qu'une autre création de son psyché.
Les cadavres dispararurent, s'étirant et se tordant en longs filaments qui s'envolèrent comme le reste de l'attaque psychique. Il ne resta plus que la salle noire et abandonnée au temps et à l'obscurité. La main fine aux doigts longs et gracieux de D était encore posée sur la poignée de la porte qu'il venait de pousser.
"D?", demanda une voix rauque et étrange, brisant le charme.
"Ça va", répondit le jeune homme à cet invisible interlocuteur. "Il était ici, autrefois, son souvenir est resté", ajouta-t-il après une longue pause.
"Et il t'a laissé une autre jolie petite surprise, hein?", rit la voix, qui semblait provenir de sa main gauche. "C'est pas heureux d'être ce que t'es! Surtout quand il sait si bien où t'attaquer! Tout ce bon sang, l'aurais-tu vraiment gaspillé?"
Le rire vulgaire se répercuta en écho comme les murs gris et fissurés. D ferma serré son poing droit et le rire devint exclamation de douleur avant de s'étouffer et disparaître. Il ne répliqua rien, mais dans ses yeux brilla une seconde ce foudroyant éclair rouge.
Il sentait encore l'odeur du sang, fraîche dans l'air même si elle avait été irréelle. Même si elle aurait dû être irréelle.
D lança un dernier coup d'œil à la pièce vide avant de sortir et de refermer la porte. Combien de fois encore le rencontrerait-il en souvenirs ou en rêves? Et combien de temps encore le destin lui accorderait-il avant qu'il ne succombe aux ténèbres qui coulaient dans ses veines? Qui pouvait dire au fond de qui gagnerait entre le temps inlassable et le jeune homme à la volonté incassable?
"Si je cède, un autre me chassera", murmura-t-il d'une voix à peine audible.
Et jusque là, que pourrait-il jamais faire d'autre que chasser?
(2 janvier 2007)