Darker than Black - Amber - C.4 : Glace

Mar 05, 2015 22:02

Titre : Avec le temps (chapitre 2)
Auteur : flo_nelja
Fandom : Darker than Black
Personnages : Amber (et, dans ce chapitre, November 11)
Rating : PG-13
Thème : C-4. Glace
Disclaimer : Tout appartient au studio Bones.
Notes : Spoilers sur toute la saison 1.



Le jeune homme en costume blanc se présente sous le nom de November 11, accompagné de la Doll qu'elle n'a pas tué. L'enfant hoche la tête, semble assurer que personne ne les surveille.

"Vous me recruteriez ?" demande-t-elle, moqueuse en apparence, méfiante en-dessous.

"C'est plus compliqué que cela." répond November 11. "S'il n'en tenait qu'à moi, j'aimerais travailler avec vous, mais nos chefs ont décidé que vous nous seriez infiniment plus précieuse en n'étant pas un membre officiel de notre organisation. Nous avons besoin de quelqu'un pour infiltrer le Syndicat - quelqu'un qu'on ne puisse pas relier à nous."

"Comment pouvez-vous avoir confiance en moi ?"

"Nous ne pouvons pas." répond-il suavement. Mais ce sera toujours mieux que pas de renseignements du tout, et un agent mort, n'est-ce pas ? Vous seriez évaluée selon vos résultats."

"Savez-vous seulement ce que je peux faire ?"

"Vous figez le temps. Nous sommes bien renseignés."

Elle approuve. C'est un mensonge par omission. Pourquoi lui en dire plus ? Non, ce n'est pas pour lui faire payer son sentiment de supériorité. Elle ne sait rien sur lui. Elle suppose que ses chefs savent. Peut-être même Wilhelm savait-il. "Et vous ?"

"Je peux geler les liquides. Je vous ferais bien une démonstration, mais il faudrait que je fume une cigarette en tant que rétribution, et ce serait terriblement mauvais pour votre santé ?"

La trompe-t-il ? Plaisante-t-il ? Elle n'en est pas certaine.

"Même en acceptant votre proposition, je ne serais pas un membre du MI-6."

"Vous seriez February. Il est notoire qu'aucun membre du MI-6 n'est membre du MI-6. Nous sommes, dans le meilleur des cas, comment dit-on ? Garde du corps de l'attaché culturel. Je recommande les costumes qui vont avec."

"J'irai." dit February. "Mais vous devriez craindre de me faire découvrir de nouvelles choses. Je ne sais pas encore si j'ai l'intention de trahir le Syndicat pour vous, ou vous pour le Syndicat."

"Je n'en attendais pas moins de vous. Ce serait un serment de fidélité qui serait suspect. Ne limitez pas vos options." Il sourit. "Mais vous ne tuez pas les enfants." La Doll lève les yeux, et pendant un instant, on dirait qu'il lui sourit.

***

L'agent du Syndicat est un humain sans signes distinctifs. Soit il est bas dans la hiérarchie et remplaçable, soit il fait bien semblant.

"Pourquoi être ici après votre passage aux Services Secrets ?" demande-t-il. S'il est bien renseigné, il doit savoir que le BND veut la tuer. Mais bien sûr, cela pourrait être une couverture pour les infiltrer.

"Vous me voyez tous les deux comme un outil." répond-elle. "Mais pour vous je suis un investissement, que vous ne sacrifierez que si une forte somme est en jeu. Alors que les Services secrets pourraient me laisser mourir pour sauver juste une vie humaine. Voilà ce qu'ils sont."

Ici aussi, sait-elle, il y aura du mépris, mais aucune implication qu'elle devrait - pourrait - être plus.

On lui pose quelques questions sur le BND pour tester ses compétences et sa sincérité. On lui en pose d'autres pour obtenir des renseignements qui pourraient être utiles aux Syndicats. Elle répond la vérité sans sembler faire la différence. Cela ne lui coûte rien.

Elle rejoint leur équipe, et on lui donne le nom d'Amber.

February ne contacte pas de nouveau le MI-6 avant d'avoir établi, par plusieurs missions, son utilité et sa fidélité. Tuer, protéger, récupérer des objets en rapport avec une des Portes. Puis vient le moment où, comme prévu, elle voit passer November 11 sur le trottoir d'en face. Elle arrête le temps, et le fait rentrer dans la boucle.

"February ! Vous semblez chaque jour plus jeune." dit-il, réprimant presque parfaitement un sursaut.

C'est la vérité. Elle réalise avec surprise que l'homme semble à peine plus jeune qu'elle, plus adulte que dans son souvenir.

"Mon pouvoir est utile," répond-elle, "mais plus encore les moyens que j'ai de m'en passer."

"Vraiment ? Mon associé sera déçu. Depuis que vous avez sauvé sa vie, il en pince pour vous, mais il vous faudrait quelques années de moins..."

February se retient de sursauter. Non, une Doll, comme un Contractant, n'a pas de sentiments, et moins encore celui-là, qui est le plus irrationnel de tous.

"Redevenir une enfant rendrait mon corps moins performant, et ne m'aiderait pour l'infiltration qu'aux yeux des amateurs." répond-elle, se forçant au calme. Elle ne mentionne pas qu'elle sentirait aussi venir sa fin. Quel jeu joue-t-il ? Pourquoi veut-il la faire réagir ? Qu'espère-t-il d'une Contractante, et qu'a-t-il obtenu ?

"Je plaisantais." reprend November 11 avec un petit rire. Elle ne sait toujours pas ce qu'il voulait, ni s'il l'a eu.

Elle lui fait son rapport. Elle transmet les différentes opérations auxquelles elle a participé, les différents trafics. Bien sûr, tous ne seront pas interrompus - cela donnerait aux Syndicats une certitude sur sa trahison - mais un ou deux d'entre eux peuvent sembler un hasard, et les autres peuvent être infiltrés. Ce n'est pas elle qui s'occupe de cela, et probablement pas November 11 non plus.

"Aussi," ajoute-t-elle, "j'ai interrompu le temps plusieurs fois pour lire certains documents qui semblaient protégés. Il semblerait que quelque chose se prépare, en rapport avec la Porte du Paradis."

Il a un sifflement admiratif. "Votre pouvoir est réellement impressionnant."

"Ma façon de geler mon entourage est certainement plus efficace que la vôtre." Cet homme a une façon de plaisanter qui est contagieuse. Elle pourrait y prendre goût. "Au fait, êtes-vous capable de créer votre glace inégale et rugueuse, plutôt que brillante ?"

"Bien évidemment."

"Nous avons une Doll qui peut voir dans les miroirs. N'importe quelle surface réfléchissante. Aussi, je vos conseille de surveiller ce que vous faites."

"C'est, là aussi, un renseignement utile."

"Et nous en avons un autre qui peut lire dans la fumée. Surveillez vos cigarettes."

Il a un moment d'ébahissement, et pour ne pas le laisser s'envoler seul, February ajoute très vite "Je plaisantais."

"Vous n'êtes pas mauvaise." reconnaît-il.

Une impression étrange affleure sur le visage de February. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas souri sans le faire exprès.

***

February ne saurait dire si elle sourit davantage parce qu'elle fréquente November 11, ou tout simplement parce que le temps passe. Elle le voit rarement, après tout. Et elle a du mal à le comprendre. A vrai dire, elle ne le comprend pas du tout.

C'est un rendez-vous de routine. Elle doit juste servir de garde du corps pour un humain qui récupère des documents.

Mais au lieu de rendez-vous, ils ne trouvent qu'un humain gelé. Son chef regarde son visage. C'est bien leur contact. Il jure bruyamment.

La ruelle est sale, une averse commence à tomber.

February réalise en un instant. Le sol est déjà mouillé, il n'a pas plu quand ils venaient - elle ne comprend pas tout, mais assez pour sentir le piège, assez pour arrêter le temps.

Oui, elle a bien fait. La puissance de November 11 est dans son habileté et ses méthodes imprévisibles, pas dans son pouvoir, mais les jours de pluie, il est redoutable. Et si les anglais, à force de parler du temps qu'il fait, ont fini par pouvoir prévoir exactement la météo, ou si...

Elle explore lentement les alentours. November 11 est sur un toit - poseur - accompagné de la Doll qu'elle connaît, et d'une adolescente à la peau sombre et aux cheveux bleu ciel. A en juger par son expression, figée en pleine concentration, c'est elle qui a fait venir la pluie. Une équipe efficace.

Elle choisit de le faire rentrer dans sa boucle, juste lui. Elle ne sait pas à quel point son existence et ses allégeances sont secrètes pour la jeune fille. Ni si elle pourrait être dangereuse.

"February !" s'exclame-t-il, son sourire habituel un peu forcé.

"Je devrais te tuer." dit-elle.

"C'est probablement ta mission." dit-elle. "De même, je devais te tuer. J'ignorais que ce serait toi. Mes chefs aussi, sinon ils auraient évité de donner cet ordre. Tu es trop précieuse. Sans me vanter, on pourrait en dire autant de moi."

"Si je vous laisse partir," dit-elle, "dans le meilleur des cas, mon efficacité sera remise en doute. Au pire, ma fidélité aux Syndicats sera soupçonnée, avec raison."

"C'est vrai. Et pourtant, il doit y avoir une raison pour laquelle je suis en train de discuter avec toi au lieu d'avoir une balle dans la tête. Tu avais besoin de m'avouer ton amour avant de m'assassiner ?" Il a un rire bref. "Je plaisante, bien sûr."

"Je vous laisserai partir." dit Ambre. "Mais en échange, je veux des informations. Cela fait trop longtemps qu'elles ne circulent que dans un seul sens. Pourquoi avoir tué cet homme ?"

"Pour récupérer une enveloppe qu'il transportait." répond November 11. "Je n'en sais pas plus. Contrairement à ce que je laisse croire, je ne connais pas tous les secrets du MI-6."

"Ouvrez-la." dit-elle. Puis "Vous ne voulez pas, mais vous voulez encore moins que je vous tue."

C'est incontestable. Il déchire lui-même l'enveloppe, puis lui tend les documents.

"Ne voulez-vous pas savoir aussi ?" demande-t-elle.

Lui aussi sait que, dans ce métier, les informations sont précieuses et peuvent souvent s'échanger pour une vie. La curiosité n'est plus pour eux. (Mais alors, pourquoi maintenant ?)

"J'espère que vous aimez la verdure." dit-il, parcourant le premier texte.

February découvre avec étonnement les rumeurs d'une prophétie : ceux qui contrôleront la Porte du Paradis contrôleront le monde. Le complexe scientifique qui l'étudie, d'après ses documents, est déjà lourdement infiltré par les Syndicats, mais aussi par la CIA, et quelques autres services. Mais de telles révélations rendront l'infiltration obsolète. Ce sont des armées qui se préparent à s'affronter, en pleine forêt Amazonienne.

"Je suppose que le MI-6 devra choisir un camp." murmure November 11. "Le climat équatorial est bon pour mes pouvoirs, mais mauvais pour ma santé."

Quand elle a fini de consulter les documents, elle dit "Je retourne prendre ma place. Vous pouvez faire en sorte de ne pas nous tuer, mais de nous recouvrir d'un dôme de glace qui me donnera un prétexte pour ne pas vous poursuivre. N'essayez rien d'ambigu."

Il ne connaît pas sa capacité à revenir dans le passé. S'il ne tient pas sa parole, il la découvrira, et ne pourra jamais en parler à personne.

"Vous est-il déjà arrivé ?" demande-t-elle, "de préférer que quelqu'un ne meure pas ?"

"Bien sûr que non." répond-il en s'inclinant. "C'est bien connu, mon coeur est de glace."

February est partie avant de pouvoir entendre si c'était une plaisanterie ou pas. Elle ne saura jamais.

La coupole les isole, comme prévu. Son patron, isolé avec un cadavre, ne retient plus sa nervosité. Elle attend que le temps passe. Chaque seconde écoulée est du pouvoir pour elle. Elle ne se rappelle plus comment cela fait d'être humain, et de sentir le temps constitué de fragments de mort, à la place.

Quand ils parviennent enfin à briser leur prison, son patron grelotte. February sait que les curieux qui se sont amassés autour de la construction auront la mémoire effacée ; aussi elle se permet de leur montrer son visage et de leur faire son plus charmant sourire.

darker than black, c#4 glace

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