Titre : La preuve d’existence
Auteur :
wayyaFandom : Kingdom Hearts
Personnage : Roxas (+ allusions à Axel/Roxas)
Rating : PG
Thème : Set C - Mort
Disclaimer : Kingdom Hearts est le fruit de l’improbable union de Disney et Square Enix
Wordcount : ~1000
Notes de l’auteur : A thème triste, fic triste D: Spoilers pour KHII ; j’utilise aussi un élément de 358/2 Days, mais ça reste très vague vu que très peu a été révélé.
Qu’est-ce que la mort, pour un Simili ? On ne peut pas cesser de vivre quand on n’existait pas déjà en premier lieu. Il n’y a pas de sang qui puisse s’écouler d’une blessure, ou de rides qui puissent vieillir un corps qui ne change pas. Il n’y a pas de cœur qui puisse s’arrêter de battre.
Il n’y a pas de cadavre à enterrer.
Roxas ne se trouvait pas au manoir Oblivion quand près de la moitié de l’Organisation y est tombée. Cependant, il sait que quand un Simili est tué, son corps se dissout dans l’air ambiant en une fine brume de ténèbres, et qu’il n’en reste rapidement plus rien. Comme pour un Sans-cœur.
Alors la nuit où il quitte Illusiopolis, la dernière pièce du château où il s’arrête est la Preuve d’Existence. L’ironie du nom lui arrache un sourire cynique. C’est une salle des étages supérieurs, mais avec ses séries de portails en forme de pierres tombales, elle ne déparierait pas dans l’atmosphère sinistre de la Ville d’Halloween. Les douze tombes sont anonymes ; elles n’indiquent qu’un vague surnom et la représentation de l’arme correspondante pour chaque subordonné de Xemnas. On ne nomme pas ce qui n’existe pas, on lui donne une fonction.
Et bien, il est fatigué d’être un outil. Il veut un nom, peut importe que ce soit Roxas ou Sora, il veut un sens à sa non-existence qui soit autre chose que se battre, tuer, amasser des cœurs et tourner en rond avec des flashs de souvenirs qui ne sont pas les siens.
***
Quand un Simili meurt, il n’y a pas de famille, d’amis, ou même de congénères pour le pleurer et entretenir sa mémoire.
Tout en invoquant un énième portail de ténèbres pour brouiller sa piste, Roxas se souvient vaguement qu’il y a eu un quatorzième membre dans l’Organisation. C’était… une fille, mais il n’arrive pas à se rappeler son visage. Ni son nom, bien entendu. Il ne se rappelle même pas comment elle a disparu. Est-ce parce que Xemnas ne lui a pas fait construire de tombe dans la Preuve que son souvenir et son nom se sont eux aussi dissout dans l’air ?
Probablement que Xemnas s’est déjà rendu compte de sa fuite et que son second ordre sera de détruire la tombe de la "clé du destin". Comme ça, quand ses poursuivants l’auront finalement acculé et éliminé, il ne restera aucune trace de traîtrise dans les archives de l’Organisation. Après tout, un outil qui a perdu sa fonction n’a plus de raison d’exister.
Il voudrait pouvoir vivre indépendamment de l'Organisation mais Riku ne lui laisse pas le temps de se trouver une autre existence.
***
Au cours du voyage de Sora vers Illusiopolis, Roxas meurt, petits bouts par petits bouts.
A travers les yeux de Sora, il voit la profonde complicité entre Hayner, Pence et Olette et admet définitivement qu’ils sont un trio et n’ont jamais formé un quatuor. Ils n’ont jamais connu un jeune garçon taciturne mais chaleureux qui s’appelait Roxas, qui aimait les glaces à l’eau de mer et a réussit à remporter le plus grand tournoi de la Ville du Crépuscule grâce aux encouragements de ses amis. En fait, ce garçon n’a jamais existé ; sa seule trace matérielle et tangible est une unique larme, rapidement essuyée par un Sora perplexe et un peu embarrassé.
Chaque combat entre Sora et un autre membre de l’Organisation se solde par la victoire du premier. A chaque fois, ce sont des souvenirs, les relations qui définissait ce numéro XIII qu’on avait nommé Roxas qui disparaissent avec les volutes sombres. Quand Roxas est arrivé à Illusiopolis, ce n’était qu’une enveloppe vide, sans mémoire, qui s’est remplie de ce qu’elle a pu trouver au château. Alors quand Xaldin disparaît, les longues heures d’entraînement, les bruits de métal quand Keyblades et lances s’entrechoquent au milieu du rugissement du vent, cette part de Roxas s’efface aussi. Les leçons de poker que lui a donné Luxord. Quelques notes hésitantes quand Demyx l’a laissé essayer sa sitare. Le crissement d’un gant de cuir qui ébouriffe des cheveux blonds et les vannes faussement méchantes avec lesquelles Xigbar l’accueillait toujours en retour de mission.
La courbe d’une hanche à la lueur d’une flamme, l’odeur de la sueur et deux respirations essoufflées qui se mêlent quand les lèvres se touchent. Axel.
Axel meurt, Axel se sacrifie pour que Roxas vive, mais ça n’a pas de sens parce que Roxas n’existe pas si Axel n’est plus là pour se souvenir de son amant, pour être furieux contre lui, pour vouloir à tout prix le récupérer. Axel n’a rien compris.
Idiot, laisse échapper Roxas du fond du cœur de Sora. Mais en même temps, il ne peut s’empêcher de se demander quelle part du chagrin de son double est la sienne. Peut-être peut-il continuer à exister dans les émotions de son Double ?
***
Maintenant la boucle est bouclée, tout là-haut au sommet d’Illusiopolis. L’air est rempli d’une impression grisante de victoire, comme si tous les futurs étaient possibles. Et pour la première fois, Simili et Double échangent un regard, yeux bleus plongés dans d’autres yeux bleus. Sans trop savoir pourquoi, Roxas a envie d’éclater de rire. Sora ne comprend pas très bien non plus, mais il l’accepte tout naturellement - parce que c’est Sora, et que le cœur de Sora est suffisamment grand et fort pour soulever des montagnes, sauver des mondes, et tendre les bras à tous ceux qu’il croise - et c’est tout ce dont Roxas a besoin pour exister.
« Tu ne disparaîtras pas. Tu redeviendras complet ! » C’est ce que lui avait promis Naminé, juste avant qu’il ne rejoigne Sora dans les sous-sols de la maison hantée.
Ils se tiennent là tous les quatre ; Naminé, Kairi, Sora, Roxas. Peut-être qu’il vivra encore un peu, après tout.