May 03, 2008 18:33
Titre : Le lieu où toutes les chaînes peuvent se briser - 5
Auteur : darshion
Fandom : Nausicaä de la Vallée du Vent
Personnage : Nausicaä
Disclaimer : Qui ignore encore qu'il faut attribuer cette œuvre à Miyasaki?
Rating : PG
Liste/Thème : Liste 1 - Odorat
Avertissements : Spoilers tome 7.
Tandis qu'elle se redresse, le gardien l'observe avec un sourire bienveillant et amusé.
« Tu n'es pas une enfant facile, toi, n'est-ce pas ? Si je n'étais pas venue à temps, tu te serais fondue dans la roche. »
Mais Nausicaä l'écoute à peine, stupéfaite de remarquer qu'il ne s'agit pas d'un gardien comme elle l'avait cru, mais plutôt... d'une gardienne. Qui pour sa part continue à parler.
« Comment te sens-tu ? Ouvre la bouche. Sois gentille, montre-moi ta langue. »
Nausicaä sort de sa stupeur en sentant la main de la gardienne se poser sur son menton pour lui pencher doucement la tête en arrière.
Elle plonge son regard dans le sien, confiante. Obéissante, elle fait aaah, comme il le lui a été demandé. Sa mère lui sourit gentiment.
« Ça s'est bien arrangé, tu es guérie maintenant. Mais tu ne dois pas aller dehors, c'est compris?
- Pourquoi il ne faut pas ?
- Un vilain vent souffle à l'extérieur. Reste avec ta maman.
- Ici... Pour toujours ?
- Bien sûr. Dors maintenant. »
Une partie d'elle-même a envie d'écouter la voix de sa mère, une voix tendre et aimante, et de se fier à la sécurité procurée par les bras qui l'enlacent. Mais elle sait bien au fond qu'il s'agit d'une illusion, qu'il ne peut que s'agir d'une illusion.
Sa mère a été pour elle beaucoup de choses, mais jamais elle ne l'a aimée. Jamais elle ne s'est occupée d'elle avec une telle attention. Sa mère était trop perdue dans sa propre mélancolie pour cela.
C'est étrange, elle croyait avoir depuis longtemps fermé son cœur à ce regret, mais ce n'est manifestement pas le cas, sinon la gardienne n'aurait pas pu la tromper un seul instant.
Mais c'est à cause de l'odeur. Elle l'avait remarqué dès leur première rencontre : la gardienne dégage la même odeur que sa mère. Une odeur douceâtre, un peu âcre, difficile à identifier au premier abord, mais qu'elle avait fini par associer à la mort.
Sa mère était une femme sereine, qui souvent s'installait près de la fenêtre sans rien faire d'autre que se laisser dévorer par ses pensées. Elle devenait alors une étrangère pour tous, partie dans un monde où ils ne pouvaient la suivre. Nausicaä avait fini par comprendre en grandissant que sa mère était lassée de la vie au point de porter la mort en elle, et d'avoir transmis ce poison à ses dix autres enfants, décédés prématurément. Son odeur était donc celle de la stagnation, une odeur de mort.
Et la gardienne du jardin a exactement la même odeur. C'est sans doute pourquoi en l'approchant Nausicaä a pensé à sa mère, déclenchant une tentative de la gardienne de la piéger avec cette image.
« C'est le seul endroit où tu trouveras la paix que tu recherchais tant. »
Pendant ses réflexions, la voix de sa mère a poursuivi, cherchant toujours à la persuader de rester. Mais elle ne peut plus l'écouter. L'illusion est passée.
« C'est inutile. »
Elle reste encore un instant contre la gardienne redevenue gardien à présent que son emprise est brisée, puis se détache de lui. Aussi agréable que ce bref instant ait été, elle ne peut en profiter davantage.
Rester au jardin lui apporterait certes la paix. Coupée de son passé et du monde extérieur, elle pourrait vivre dans le présent et jouir de toutes les merveilles l'entourant sans souffrir d'aucune préoccupation.
Mais cela n'est pas vivre. Et elle ne peut abandonner ceux qui comptent sur elle. C'est pourquoi elle partira malgré tout.
1-3: odeur,
nausicaä de la vallée du vent: nausicaä