Titre: Mon rêve impossible
Auteur: drakys
Fandom: spirou et fantasio
Pairing: spirou/fantasio
Rating: PG
Disclaimer: éditions dupuis
Thème: 13. Les rêves impossibles
Les rêves impossibles sont nombreux, infinis, comme des soupirs fantomatiques de l'esprit sur la réalité. Ils murmurent ce qui ne sera jamais lieu d'être, comme des demi-regrets oubliés quand le sommeil se termine. Au limite de la conscience, ils hantent l'esprit et font voler haut dans les airs, crever le ciel sur les ailes des anges.
Ils permettent de découvrir de nouvelles planètes à la vie si différente et variée, d'anciennes civilisations enfouies sous les sables du temps et oubliées des yeux des hommes. Les rêves impossibles ne seront jamais réalisés parce qu'il faut trop de courage et parfois de créativité pour les dompter.
Ils s'éloignent quand on essaie de les retenir. Ils rient quand on essaie de les prendre au filet et de les garder juste pour soi. Ils ne partagent pas leur pouvoir, n'aiment pas les doigts avides qui tentent de les agripper, mais en vain.
Les rêves impossibles sont ce qu'il y a entre toi et moi.
Un monde infranchissable, une montagne si haute au sommet cachée éternellement dans les nuages que même moi, j'ai peur de me risquer à l'escalader. Je ne sais pas ce que je pourrais trouver au sommet. Les neiges éternelles, divines parce que tu répondrais à mes espérances ou un terrible précipice parce que tu n'y répondrais pas.
Un seul faux pas et c'est la fin du rêve. Je tomberais, brisé contre les escarpements et les remblais, et je n'aurais plus envie de me relever.
Un seul faux pas, un seul mot de travers et c'est la fin du rêve. J'avouerais malgré moi et me sentirais stupide, je ne pourrais affronter ton regard parce que ta réaction, les milles possibilités d'une simple réaction, la tienne, ne laisse pétrifié et sans voix.
Les rêves impossibles ne sont pas possibles.
C'est pour ça qu'ils sont si nombreux, parce que chacun est abandonné par quelqu'un qui manque de courage, de force, de volonté. Les rêves impossibles le sont parce que personne ne peut être toujours parfait. Je ne peux pas toujours être parfait, jouer le rôle qu'on me demande de jouer.
Mon rêve impossible, c'est toi.
Parce que ton amitié m'est si précieuse, je-
***
Le curseur reste coincé, clignotant après le e et attendant, patient, la suite qui ne vient pas. Spirou regarde la page à moitié remplie et baisse la tête avec un sourire qui se mue lentement en petit rire. Il passe une main sur son visage.
"Je peux pas écrire ça", se morigène-t-il. "Je sonne comme un parfait imbécile", continue-t-il en penchant la tête jusqu'à ce que son front touche la surface du bureau.
Il relève aussitôt la tête, juste un peu, de quoi voir l'écran. L'annulaire sur la touche retour, il efface d'abord le je, puis le précieuse disparaît. Il laisse son doigt enfoncé jusqu'à ce que chaque paragraphe s'envole de la page comme s'il ne l'avait jamais écrit.
"Café express!", annonce une voix derrière lui et le rouquin enfonce successivement Alt et Tab pour changer d'écran. "Caféine format géant pour monsieur!", continue Fantasio en posant le verre de styromousse sur le bureau.
Il fixe soudainement l'écran et hausse un sourcil.
"Tu travaillais sur…", commence-t-il, penchant la tête vers l'écran. "C'est pas le Wiki sur la Palombie ça? Mais qu'est-ce que tu fous au lieu de bosser?", lui demande le blond avec un sourire.
Spirou ne lui répondit pas immédiatement, préférant plutôt se concentrer sur le café pour camoufler son inconfort.
"J'ai euh…", commença-t-il. "J'ai juste voulu corriger une ou deux erreurs."
Dubitatif, le blond n'hésita pas à aller cliquer sur l'onglet Historique. Son sourire menaça de lui fendre le visage en deux.
"Je peux pas croire que Spip c'est ton nom d'utilisateur!", rigola-t-il avant de se redresser et de lui faire signe. "À la prochaine pause, vieux!", annonça-t-il avant de détaler pour retourner à son bureau.
Spirou le regarda s'éloigner et revint à son éditeur de texte.
"Mon rêve impossible...", murmura-t-il en secouant la tête, avant de fermer la fenêtre sans sauver le document. "Je pourrais toujours juste le lui dire..."
(08 juin 2006)