1er octobre - Carence - House (première personne)

Oct 01, 2006 00:12

Titre: Cerveau déficitaire
Auteur: drakys
Jour/Thème: 1er octobre/Carence + première personne
Fandom: house
Couple: house/chase
Rating: PG
Disclaimer: heel & toe films, NBC universal television, bad hat harry productions, shore Z productions
Notes: aucun spoiler (j'espère), le contenu couvre surtout des révélations concernant chase qui se sont faites pendant la première saison.
Participation au vote de fin de mois: Non


Judas, lui aussi avait peut-être pensé bien faire en trahissant le Christ, ou peut-être avait-il simplement eu peur. Bien sûr, les conséquences de nos actions nous dépassent toujours et nous pouvons les accepter dans la grâce, ou nous pouvons les endurer en serrant les dents. Judas avait trahi pour trente deniers; j'avais trahi pour assurer mon salaire.

J'étais… Je n'étais que l'ombre de mon père, faible derrière la lumière qu'il émettait: ce respect que la communauté médicale lui portait. Comme Chase Junior pouvait-il briller quand l'éminent Rowan Chase détournait le feu des projecteurs? Comme il l'avait toujours fait, abandonnant derrière lui les deux boulets qui l'avait quoi? Étouffé? Ralenti? Et même ma mère avait trop l'alcool plus satisfaisant que ma présence. C'était risible, drame tellement cliché que quand j'y pensais, je ne savais même plus si j'y croyais et si mon ressentiment était encore vrai.

Je savais bien que j'avais fait quelque chose de stupide, mais à en croire les autres, réactions imaginées ou pas, je n'étais qu'un bon à rien. Intelligence passable, talent passable… Stupidité réelle. Mais faire confiance à Vogler? Comment avais-je pu être aussi crétin? Je m'étais fait roulé comme le pire des naïfs. C'était humiliant, après tant d'années, de réaliser que je n'avais pas changé. Que j'étais toujours le même gamin qui croyait à toutes les sornettes qu'on lui disait.

Oui, Robert, un dernier verre, promis et elle riait, presque charmante dans sa souffrance, et j'y croyais. J'y croyais, je voulais y croire. Quelle différence?

Peut-être que c'est pour ça que je bois parfois trop maintenant, que je me suis drogué, que j'ai abandonné ce que je voulais vraiment faire. Parce que mentir est plus facile que de ne pas se mentir. Et peut-être qu'être misérable, c'est tout ce à qu'on a droit quand on a regardé sa mère mourir et qu'on déteste son père.

J'avais relevé la tête quand il était entré dans la salle de diagnostique. Lui ne m'avait pas accordé un regard. Pas surprenant et pourtant… Je m'étais attendu à des récriminations, oubliant bêtement comment l'autre homme était si infiniment plus subtil dans son sadisme. Rapidement, ne pensant plus qu'à partir, j'avais fourré en bloc tous mes papiers ensemble et m'étais levé, raide, de ma chaise.

Je fuyais, quoi. Je fuyais encore la réalité.

La cane m'aurait assommé si je n'avais pas fait de justesse un pas de côté pour l'éviter, lançant un regard dépassé au propriétaire de l'objet qui se voulait soudainement meurtrier. Mal rasé comme toujours, me regardant de cet air supérieur qui ne le quittait jamais. Comme s'il n'était pas misérable et que tout le monde était aveugle à ce sentiment étalé sur son visage au grand jour.

"Bons les réflexes, pour quelqu'un d'aussi lent", laissa tomber House en ne bougeant néanmoins pas sa cane, m'empêchant de quitter la pièce. "Ils sont toujours aussi bons, quand il s'agit de protéger ses arrières?

- J'ai-"

Le regard de l'autre homme m'empêcha de continuer. Est-ce qu'il me narguait? Est-ce qu'il voulait simplement que je continue à m'humilier? Que je m'excuse? Ou pour son petit plaisir sadique personnel, est-ce qu'il voulait simplement que j'avoue que j'avais peur de lui? Peur de me faire foutre à la porte?

"Tût tût tût", fit-il avec un de ses demi-sourires qui annonçaient généralement que nous allions souffrir, Cameron, Foreman et moi. "Pas de justifications, avec deux heures de clinique dans le corps, j'ai déjà entendu assez de mensonges!

- Vous m'excuserez, j'ai des analyses à faire."

Une main sur la cane, je le forçai à la baisser. Ou plutôt, il me laissa faire. Un pas hors de la pièce et je m'étais aussitôt immobilisé en entendant sa voix.

"Ça va, tu sais. Je ne m'attendais pas à mieux d'un mec qui vient d'un pays qui a longtemps tenu lieu de dépotoir pour la lie de l'humanité. La trahison, c'est donc votre sport national ou c'est seulement toi qui a particulièrement rien dans le crâne, docteur Présente-Bien-Mais-Assure-Pas?"

J'avais les joues qui brûlaient et fait encore plus horrifiant, j'étais terrifié. N'importe qui d'autre l'aurait envoyé se faire foutre, il y avait des limites à se faire abuser sans rien dire, même par l'éminent et chiant docteur Gregory House. Sauf que peut-être que ça ne me dérangeait pas, de n'avoir rien dans le crâne.

D'être si dépourvu de bon sens.

Et d'être si incroyablement débile dès que House était dans les parages.

Alors je m'étais retourné. Et je l'avais regardé.

"Est-ce que vous allez me foutre à la porte?"

Ma voix était suppliante et c'était si parfaitement humiliant que j'avais envie de déguerpir sans demander mon reste. Sauf que j'étais resté planté devant lui, attendant sa réponse. Sa sentence. Son sourire m'avait glacé le sang parce qu'il n'était ni chaud, ni froid. Il ne semblait refléter qu'une vague curiosité, comme si j'étais une expérimentation de jusqu'où il pouvait repousser mes limites avant que je craque.

Et j'allais bien le laisser faire ça, hein? Il pouvait bien me faire craquer, qu'est-ce que ça changerait à sa misère, ou à la mienne?

"Oh, je sens que je vais m'amuser si tu ne te dégonfles pas et que tu ne me donnes pas une petite lettre de démission!", dit-il sur ce ton léger qui aurait dû me convaincre de donner ma démission sur le champ. "Et même si tu m'en donnes une, je lis si rarement mon courrier."

J'étais donc coincé ici, c'était ce qu'il voulait dire. Il avait raison, il avait tellement raison que s'en était enrageant. J'avais… J'avais besoin de ce travail, c'était ma bouteille à moi et ça ne me tuerait pas de m'y noyer à fond.

"À demain!", avait-il lancé, faussement guilleret en me faisant même un signe de la main que j'avais attrapé du coin dans l'œil, d'un regard lancé à son reflet.

J'étais stupide. Si stupide.

Et j'avais si désespérément besoin du peu que House pouvait m'apporter.

(01 octobre 2006)

theme du mois, house, octobre 06

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