Titre: Désir inassouvi
Auteur: drakys
Jour/Thème: 5 août/sécher
Fandom: original > demon princes
Pairing: sakari/mika (avec avertissement d'inceste)
Rating: PG-13
Disclaimer: tout à mouaaah!
Participation au vote de fin de mois: non
Notes: je crois qu'à la base je voulais faire un truc avec des personnages un peu plus principaux. mais comme d'habitude, je contrôle rien. pfft. stupide cerveau.
"Merci", murmura Mika en prenant la serviette que lui tendait son cadet.
Leurs doigts s'effleurèrent, juste une seconde, et Mika baissa la tête en rougissant. Il se cacha aussitôt sous la serviette, épongeant lentement ses cheveux trempés. Il leva les yeux juste pour suivre son frère du regard, l'entendant chantonner. Sakari épongea ses propres cheveux avant de laisser la serviette tomber autour de son cou.
Mika rougit encore plus en l'observant à la dérobée, ses yeux ne pouvant se détacher de la poitrine nue et parfaitement tannée de son cadet, de sa musculature parfaite et de ses nombreux tatouages tribaux. Il baissa la tête, mains plaquées contre sa tête en essayant à peine d'éponger l'eau.
"Tu vas attraper la crève", râla Sakari et son frère étouffa une exclamation de surprise en sentant ses mains contre les siennes.
Sakari lui épongea vigoureusement les cheveux avant de tirer avec insistance sur sa tunique.
"Enlève-moi ça, c'est trempé."
Son frère aîné hésita, détachant lentement les boutons de son vêtement. Sakari roula des yeux et se pencha au-dessus de lui, ses larges mains venant remplacer celles de Mika. Il défit l'attache de son sabre à sa ceinture et posa l'arme contre le mur et continua à défaire la tunique.
"Ils vous rendent bêtes là-bas au Temple?", demanda-t-il en faisant sauter le dernier bouton. "Où est-ce que vous rester terrer à l'intérieur à étudier la magie si longtemps que vous avez oublié ce qu'est la pluie?"
Mika se releva brusquement avant qu'il lui retire la tunique alourdie par l'eau.
"Tu- tu ne devrais pas plutôt t'occuper des provisions?", demanda-t-il.
"Whouaaa~h!", s'exclama Sakari en se donnant un coup de paume sur le front. "Idiot idiot idiot!", répéta-t-il en reportant soudainement toute son attention sur les sacs qu'ils avaient à grand peine rapportés du marché sous la pluie aussi soudaine que torrentielle.
Mika en profita pour échanger discrètement ses vêtements mouillés pour ceux, bien secs, que Sakari lui avaient abandonnés sur le banc près de l'entrée. Il passa une main dans ses cheveux blancs mi-longs, ses doigts restant pris dans les nœuds et lentement, il les rendit lisse à nouveau. Puis il reprit son sabre et le passa sous la bande de tissu qui lui tenait provisoirement lieu de ceinture.
Le temps qu'il étende leurs vêtements et qu'il se rende dans la cuisine, Sakari finissait d'étaler les vivres sur le comptoir, sur des couvertures pour les laisser sécher. Il se retourna en entendant le pas léger de son aîné et pointa la bouilloire.
"Le thé sera prêt dans deux minutes", sourit-il.
Mika hocha la tête et se laissa tomber sur un des bancs, s'appuyant sur ses avant-bras.
"Je n'aurais pas dû revenir", soupira-t-il en cachant sa tête dans ses bras repliés.
"T'en fait pas, tu devrais te rappeler que c'est pas comme ça tous les jours! T'es juste arrivé avant que la saison des pluies soit terminée!
- C'est pas- c'est pas à cause de la pluie.
- Qu'est-ce qu'il y a alors, Mika?"
L'interpellé frissonna en entendant son nom passer les lèvres de son frère, sur ce ton-là, presque inquiet, réellement intéressé à savoir ce qui torturait l'esprit de Mika. C'était pour ça qu'il l'aimait, parce qu'il n'était pas exactement comme les autres. Qu'il ne pensait pas tout à fait que tout sentiment était une marque de faiblesse. Bien qu'il ne semblait souvent n'exploiter qu'exubérance ou colère.
"Je croyais que j'avais changé, avec le temps", murmura-t-il en guise de réponse.
Sakari fronça les sourcils, lui servant le thé. Ils restèrent en silence, le temps que le liquide bouillant remplisse deux tasses et que les deux hommes furent assis face à face.
"Tu n'as jamais voulu me dire ce que tu fuyait! Tu n'as jamais expliqué à la famille pourquoi tu voulais soudainement devenir prêtre. Père aurait dû te refuser ce privilège sans une explication valable!", s'écria Sakari, énervé.
Il frappa du poing sur la table et son frère aîné le dévisagea, ayant l'impression de mourir lentement sous le regard rempli d'incompréhension et d'irritation. Je t'aime!, voulait-il hurler. Père m'a laissé partir parce qu'il voyait bien comment je te regardais!
Et même s'il avait essayé, pendant son exil volontaire, de tromper ce désir qui le brûlait, rien n'y avait fait. Pas une seule femme n'avait pu lui faire oublier son frère. Mika s'en voulait amèrement d'être si faible, si ridicule. Il n'était pas digne de son peuple.
"J'avais mes raisons", répondit simplement Mika, cœur serré, repoussant la tasse dont il n'avait bu qu'une gorgée et inclinant la tête. "Merci pour le thé."
Il s'éloigna, tirant nerveusement sur le bas du large chandail d'emprunt.
"Je vais repartir demain, finalement", dit-il lentement en s'immobilisant à la sortie de la cuisine, une main posée légèrement sur le cadre de porte.
"Mais tu viens à peine d'arriver!", s'exclama Sakari. "Et les funérailles de père!? Tu dois être présent pour les rites-
- Juste pour ça alors. Je ne peux pas rester plus longtemps", souffla son frère aîné.
"Mika!", insista Sakari. "C'est toi l'héritier! Tu dois-
- Non Saka, j'ai déjà fait en sorte que tu hérites de ses droits.
- Quoi!? Mika, qu'est-ce que tu racontes? Tu dois revenir! Tu ne peux pas-
- Ne me demande pas de rester", supplia Mika en lui lançant un regard désespéré. "Comment peux-tu être aussi aveugle!? Tu ne vois pas ce que ça me fait d'être ici!?"
Il plaqua une main sur sa bouche, réalisant que c'était presque un aveu et son cadet ne sut comment réagir. Mika profita de sa perplexité pour sortir vivement de la pièce, rejoignant sa chambre et refermant la porte derrière lui.
"Je ne peux vraiment pas rester", répéta-t-il pour lui-même en se laissant glisser contre la porte.
Il resta immobile, humilié. Ses poings se resserrèrent sur le fourreau de son sabre et il pencha la tête en avant, serrant les dents. Malgré tout, il savait que chez lui ou ailleurs, il allait toujours rêver de son frère. Au moins, loin de lui la tentation était moins grande.
Il n'était pas digne d'être un Northend; il n'était pas digne du sang qui coulait dans ses veines. Par ses simples sentiments, Mika savait qu'il méritait la mort et il devait les étouffer pour ne pas amener le déshonneur sur sa famille. Il savait que sa faiblesse ne pouvait pas être partagé.
Son frère était pur, était fort. Il était un véritable guerrier et Mika n'avait jamais pu le regarder sans d'abord éprouver trop d'affection pour lui, puis du désir. Ils partageaient le même sang et si cela n'avait été que le seul tabou, s'ils n'avaient pas été du même sexe, il aurait peut-être eu une chance auprès de Sakari. Mais deux frères, deux hommes, deux fiers guerriers Northend. S'il avouait, Mika savait qu'il se condamnait lui-même à mort et bien pire, il condamnerait également son frère.
Il avait bien vu comment au Temple, Ulric de Sèarte et son mentor avaient été traités et encore, sur de simples suspicions. Pire que des chiens, maître Ke pendu comme un rustre et Ulric n'avait été protégé du même sort que par le pouvoir d'une famille qui l'avait ensuite promptement renié.
"Je ne peux pas continuer à vivre comme ça", murmura-t-il.
Mika poussa du pouce sur la garde de son arme, la tirant du fourreau de quelques centimètres. Il réalisa rapidement que son geste serait un sacrilège dans la maison en deuil et il repoussa la lame dans son fourreau. Mais il faudrait bien qu'il se résolve à laver son déshonneur dans le sang. Personne ne comprendrait, mais au moins il ne serait plus hanté par les remords, qui étaient toujours bien moins pires que le terrible désir.
"Pourquoi?", grinça Mika. "Pourquoi m'avez-vous fait homme, maudits dieux?"
(05 août 2006)