Argh, désolée, je ne poste qu'à presque 2 heures du matin Oo Si c'est trop tard dites-moi, je le supprimerai ici et j'attendrai sagement le poste d'amnistie, comme tout le monde ^^u
Titre : Un blanc et froid matin d'hiver
Auteur :
preskunange Jour/Thème : 2 décembre - Froid
Fandom : Original
Personnages/Couple : Martin et Emile (un soupçon de Martin/Emile)
Rating : G
Warnings : Martin est un râleur :P
Nombre de mots : un peu moins de 1 000 mots
Participation au vote en fin de mois : Non
Note : la scène se déroule au début du première hiver que Martin passe en Auvergne, à l'époque il n'avait pas encore lié d'amitié avec Emile (et il commençait à peine à le trouver mignon...)
Merci infiniment à
gabylc pour la bêta-lecture-d'une-heure-du-mat' <3
---
Un blanc et froid matin d'hiver naissait sur Creuzon-Sainte-Brune. Emile, tout en s'émerveillant de la beauté du tableau qu'avait peint le Seigneur - blanc le ciel, blanc le sol, les montagnes, la forêt, les toits, mais tant de nuances différentes de blanc ! - s'appliquait à pelleter la neige pour dégager la porte de l'église en sifflotant quelques quantiques.
Rien apparemment ne pouvait troubler une aube si calme.
Sauf peut-être, corrigea-t-il, les vociférations matinales d'un instituteur emmitouflé de pied en cap, en train de se frayer péniblement un chemin dans la neige.
- Mon père ! commença Martin sur un ton agressif en guise de salut - à ceci près qu'il était enrhumé et qu'un "Bonbère" prononcé par un petit homme dont seule la moitié du visage parait entre un bonnet et une épaisse écharpe en laine a quelque chose de plus comique, voire d'attendrissant, que de réellement agressif.
- Oui, Monsieur Delamarne ? répondit poliment Emile.
- Savez-vous ce que c'est ? demanda Martin en brandissant un encrier d'un air menaçant.
- Un encrier ?
- Exact. C'est l'encrier que j'avais laissé sur mon bureau dans la salle de classe hier soir. Je vais maintenant vous demander de regarder attentivement.
Les mains gantées, il dévissa maladroitement le bouchon et retourna le flacon, puis attendit quelques secondes en fixant le prêtre dans les yeux.
- Est-ce que quelque chose vous semble anormal ?
- A vrai dire...
- Voyez-vous quelque chose couler ? ("Boyez-bous guelgue chose gouler ?")
- Non.
- Savez-vous pourquoi ?
- Et bien...
- Parce que c'est gelé ! L'encre est gelée ! Comment suis-je censé faire cour avec de l'encre gelée ! Toute l'encre que j'avais laissée dans la salle de classe a gelé cette nuit, seule celle que j'avais laissée dans mon bureau est encore liquide !
- C'est regrettable, reconnut Emile. Mais en quoi ça me concerne ?
Martin ne sembla pas trouver la question pertinente car il l'ignora pour poursuivre sur un ton accusateur, comme s'il estimait Emile entièrement responsable de la situation :
- Tout ce que j'ai pu faire c'est apporter le bidon chez moi et le poser à coté du poêle dans mon bureau en espérant qu'il y en aura suffisamment qui aura fondu quand mes élèves seront arrivés. Et non, je ne l'ai pas posé à même le poêle, si je le faisais le verre casserais à cause de la différence de température. J'aime autant vous dire que je ne me fais pas d'illusion, une demi-heure ne suffira pas à transformer cet énorme bloc de glace noire en encre utilisable !
- C'est une très bonne idée de votre part - de ne pas avoir posé votre encrier sur votre poêle je veux dire. Mais je ne vois pas...
- En parlant de poêle, avez-vous la moindre idée de l'inefficacité de celui qui est dans la salle de classe ? Il chauffe le ciel, mais pas la pièce ! Chaque matin il faut des heures pour faire augmenter la température de quelques malheureux degrés au dessus du zéro, et chaque soir, quand la pièce a enfin une température raisonnable, je suis obligé de laisser mourir le feu parce que je n'ai pas assez de bois, en sachant pertinemment que la chaleur va s'envoler en un rien de temps pendant la nuit ! Et vous savez pourquoi ?
- Je ne...
- Comme ça ! vociféra Martin en écartant les mains d'environ un mètre (ce qui était sans doute excessif). Il y a un espace comme ça entre la porte d'entrée et le sol !
- Encore une fois je le regrette, grogna Emile sur un ton qui commençait déjà à se faire beaucoup moins conciliant, mais encore un fois je n'y peux rien et je n'y suis pour rien, donc puis-je savoir pourquoi vous vous en prenez à moi en particulier ?
- Pourquoi je m'en prends à vous ? répondit Martin d'un ton toujours aussi inquisiteur. Parce que vu l'humeur odieuse dans laquelle me met ce temps détestable, ce froid, ces conditions de travail catastrophiques, je risque d'être insupportable avec mes élèves. Certains de ces gamins parcourent plusieurs kilomètres avec de la neige jusqu'au nez pour venir à l'école, le moins que je puisse faire pour eux est de m'abstenir de leur faire subir ma mauvaise humeur donc trouver quelqu'un sur qui passer mes nerfs avant que la classe ne commence ; et quitte à passer mes nerfs sur quelqu'un j'aime autant que ce soit sur vous !
Emile resta silencieux un instant, hésitant à sourire, ne sachant s'il devait trouver le raisonnement de Martin adorable ou stupide.
- Mais pourquoi moi ? demanda-t-il à nouveau. Par pur anti-cléricalisme ?
- Entre autre, admit Martin. Mais également pour amoindrir le risque de recevoir un coup de poing en plein visage...
Emile pouffa, puis rit franchement - et Martin trouva son rire terriblement agréable, trop agréable pour être le rire d'un prêtre.
- Très bien, reprit Emile avec un large sourire après avoir repris son souffle. J'admets que c'est une noble cause de chercher à préserver les enfants de votre insupportable caractère. Disons donc que si vous avez à nouveau besoin de me crier dessus sans raison pour vous calmer, je me tiendrais à votre disposition, dans la mesure du raisonnable.
Martin sembla un instant déstabilisé par la proposition, ne sachant s'il convenait de remercier le prêtre pour son altruisme.
- Hum... à propos... Bonjour, finit-il par marmonner.
- Bonjour, Monsieur Delamarne, une belle journée qui s'annonce, malgré le froid, n'est-ce pas ?
Martin sourit.
- Espérons. Je vous dirai ce qu'il en aura été ce soir. Et... merci.
Emile hocha la tête avec un petit sourire et Martin tourna les talons pour retourner vers l'école autour de laquelle quelques silhouettes d'enfants commençaient à apparaître.
Il songeait en marchant à la teneur de la prochaine lettre qu'il écrirait à Elton et imaginait déjà les commentaires moqueurs de son meilleur ami face à ses tentatives pour décrire le sentiment qui le traversait - mais il ne voyait pas d'autre manière de le formuler que "Son rire m'avait réchauffé pour la journée"