Titre: Oublie-le
Auteur: chibi_usagui
Jour/Thème: 3 février - oublie
Fandom: Saint Seiya
Personnages : Aiolia, Milo, Camus mort mais bien présent quand même
Rating: PG 13
Disclaimer : Tout à Masami Kurumada, Shueisha, Toei.
Participation au vote de fin de mois : Oui
Oublie-le
Il y a plus de morts que de vivants et ce sont les morts qui dirigent les vivants. Auguste Comte, Catéchisme positiviste (1852)
***
Oublie, Milo.
Oublie que tu as perdu ton ami. De toute façon, qu'avait de spécial ce garçon asocial, pédant, perdu dans ses bouquins et froid comme les glaces de sa chère Sibérie ? Moi, Aiolia, je suis vivant à tes côtés.
Oublie, Milo. Oublie un être qui s'est laissé aduler par toi sans lever le petit doigt, qui subissait ton amitié plus qu'il ne la désirait, qui ne se préoccupait pas de tes sentiments parce qu'il était incapable d'aimer comme de haïr.
Oublie le gamin pleurnichard qui jouait déjà hypocritement les insensibles, oublie-le, toi qui laissait tout le reste tomber quand sa petite figure pâle entrait dans le champ de vision de tes orbes si claires.
Oublie cet étranger qui m'avait volé mon meilleur ami.
C'est moi ton meilleur ami, ton frère, ton compatriote, ton alter-ego.
Sors de ce onzième temple où tu te complais dans ta douleur incompréhensible, arrête de t'enterrer dans des souvenirs passés, accompagne moi vers ce nouveau monde dans lequel Athéna est de retour au Sanctuaire.
Un monde meilleur Milo, plein de soleil et d'espoir.
Oublie la mort, Milo, pense à la vie, au rire des femmes, à la musique des boîtes de nuit d'Athènes où je vais t'entraîner.
Mais cela ne sera pas encore aujourd'hui que je réussirai à te tirer dans ton désespoir si intense, un désespoir que je ne comprends pas.
Soit, je te laisse pour cette nuit, pleurer et te détruire à force de substances alcoolisées et stupéfiantes, à recenser la bibliothèque effrayante de ton cher glaçon d'ami, à t'endormir comme une masse dans un lit qui est celui d'un mort.
Mais demain je serai à nouveau là, avec mon cri inlassablement réitéré.
Oublie Camus, Milo, il est mort pour toujours.
Tu ne vas pas laisser un cadavre diriger ta vie, non ?
***
…Que ce soit dans la nuit et dans la solitude,
Que ce soit dans la rue et dans la multitude,
Son fantôme dans l'air danse comme un flambeau…
Baudelaire, Les Fleurs du mal, XLII
***
Oublie, Milo.
Tel est en substance le message d'Aiolia.
Oublier quelqu'un dont il n'a jamais compris la beauté intérieure, encore plus éclatante que la perfection de ses traits extérieurs.
Oublier un être dont il a toujours été stupidement jaloux, alors que mes sentiments pour chacun d'entre eux ne sont pas de ceux qu'on peut comparer.
D'un côté l'amitié fraternelle, de l'autre la passion inconditionnelle.
Oublier Camus ? Mon âme sœur, mon amour, mon amant ?
Tu es sage Aiolia, tu veux m'aider, mais tu n'as aucune idée de la profondeur de mon désespoir.
Mais il me répète tous les jours la même chose.
Oublie Camus.
Oublier les mèches de cheveux indigo fuyant sous mes doigts, oublier le grain si tendre de sa peau sous mes lèvres, oublier chacun de tes gestes et soupirs…
Oublier nos conversations si intimes que personne ne pourra jamais l'imaginer, car ils te prennent pour un être sans cœur.
Oublier un homme si inébranlable en apparence, si timide et peu sûr de lui en réalité. Oublier mes privilèges d'amant, oublier que j'ai été le seul assez chanceux pour bénéficier de ton amour.
Oublier, non, je ne peux pas ! Ton fantôme est là, partout autour de moi.
Oublier que tu rirais avec ton esprit scientifique de mes visions.
Oublier que j'entends ta voix continuer à me parler, ton rire continuer à m'enchanter, que tes prunelles bleutées me suivent partout où je vais.
Que tu me regardes m'enfoncer dans la dégradation la plus abjecte.
Et l'autre avec sa litanie monotone et tellement injuste pour toi, mon Camus…
Oublie-le, Milo. Il est mort pour toujours.
Aiolia, sais-tu que les morts ne sont vraiment morts que quand personne ne se souvient plus d'eux, ne parlent plus d'eux ?
En attendant de te rejoindre, Camus, je m'efforcerai que personne ne t'oublie, fais-moi confiance. Je ne les laisserai pas enfouir ton existence trop brève dans les limbes de l'amnésie.
La seule chose que je vais essayer d'oublier, c'est la douleur, pas ton souvenir.