6 juin/Renouveau - Original/Chris&Frank - Fix me

Jun 06, 2006 15:13

Titre: Fix me
Auteur: drakys
Jour/Thème: 6 juin/Renouveau
Fandom: chris & frank
Personnage/Couple: françois x christian
Rating: R
Disclaimer: drakys et spider
Participation au vote de fin de mois: nope, du tout
Notes et avertissements: not worksafe: drugs and m/m sex. et plutôt vaguement beaucoup dépressif. ce qui va comme un charme avec mon état mental du moment, w00t.
cette fic-ci est moins que plus représentative de 'l'univers', qui est généralement plus con que ça (ce qui est étonnant, vu les thèmes dans lesquels on patauge) et qui est né de quelques séances de RP plutôt moches.


Il n'en a jamais demandé autant, toujours entre deux fix et l'incroyable sensation de planer une fois que la drogue fait effet sur son système. Libérée dans son corps, la cocaïne est fantastique. Il n'a plus à se soucier de rien et il ne sait même plus trop pourquoi il a commencé.

C'est vraiment ça le mieux, l'oubli. Il se retire lui-même de la vie et c'est bien, tellement bien.

Sa famille?

Rigoureusement catholique romaine et parfaite, ses frères sont des gens biens, si parfaits aussi. Un architecte, un notaire, un docteur, un avocat. Et un prêtre même, comme pour le condamner un peu plus et Christian n'a pas besoin de ça.

Pour eux, il est missionnaire, toujours parti vers d'autres ailleurs à aider les plus démunis. Une mission au Pérou, des allers-retours en Afrique qui le gardent constamment loin de chez lui. Christian sert notre Seigneur, amen, chante sa mère à qui veut l'entendre et il ne la contredit pas. Elle croit même que quand il revient au pays, il anime une petite émission à la radio religieuse.

Elle n'écoute même pas la radio, religieuse ou non, trop de vulgarité et de violence. Elle est bien dans son cocon de prières et dans l'ignorance béate. Elle n'a pas besoin de savoir qu'il ment, qu'il ment tellement.

Ce sont des mensonges pieux, ce sont aussi des mensonges très lâches, mais il ne peut pas avouer. Que s'il a quitté la maison, sac à dos sur l'épaule, c'était pour échapper à l'œil du Seigneur, lourd et coupable de par la morale qu'on lui servait toujours. Avant le souper les prières, avant d'aller au lit les prières. Une prière ici, une prière là, une prière pour un oui ou pour un non.

Les Voies du Seigneur sont impénétrables, prie, prie, prie très fort pour le salut de ton âme.

Aime notre Seigneur et n'implore pas son nom en vain. La voix grave et solennelle de son père sur les inépuisables discours concernant les relations avant le mariage et celles contre-nature. L'Enfer pour les contrevenants, leurs épaules pour l'éternité lacérées et des souffrances infinies pour leurs travers. Ils ne sont pas humains, Dieu ne les aime pas. Ce sont des monstres qui devraient être persécutés et chassés comme les bêtes qu'ils sont.

Christian est parti parce qu'il n'était pas comme eux et qu'il n'avait ni le besoin ou l'envie de porter une croix écrasante. Avouer qu'il aimait les garçons était presque comme signer son arrêt de mort. Il s'en sentait déjà assez coupable, d'être un monstre et de ne mériter que la mort. Et la drogue? Il ne pouvait pas aussi avouer combien il en abusait. Oh, ils ne l'auraient pas tué, mais d'arpenter les couloirs de la maison ignoré par tous aurait été presque aussi terrible.

Il ne veut plus de sa propre famille, il ne veut que le goût de la drogue et la fausse paix dans son corps, cette fausse impression que tout va bien tant qu'il peut se poudrer le nez. L'oubli, la rédemption enfuie à jamais entre les bras d'autres hommes qui ne lui font pas la morale du tout.

Comment le pourrait-il s'ils ne connaissent même pas son nom et qu'ils oublieront son visage en lui tendant son argent? Il suit aussi les femmes au lit si elles le payent bien, parce qu'il a toujours besoin d'argent, plus d'argent pour un fix, et le fix suivant.

Les fix le répare de tout ce qui va mal.

Ils le vident de tout ce qui va bien.

***

Il ne se rappelle même pas la première fois qu'il a rencontré François. Il était gelé, tellement gelé que tout ce qui lui importait, c'était son prochain fix et surtout trouver l'argent pour l'acheter. Il ne se rappelle pas l'avoir eu dans son lit.

C'est peut-être parce qu'il ne l'a jamais eu dans son lit, pas comme client.

François lui payait le café, lui payait le tarif régulier juste pour l'avoir assis en face de lui et pas dans une quelconque ruelle sombre avec un autre visage anonyme. Il était payé pour juste être regardé, pour qu'on lui parle comme à quelqu'un d'encore humain. Juste pour être légèrement effleuré en le quittant, avoir les doigts de l'autre homme qui glissaient dans ses longs cheveux blonds.

Son regard un peu triste et entendre la même question silencieuse à laquelle il ne pouvait jamais répondre: pourquoi?

Il sait pourquoi il se détruit ainsi, c'est pour l'oublier qu'il a besoin de la drogue. C'est parce qu'il est différent et ses parents l'ignorent. Si seulement ils pouvaient comprendre, si seulement ils n'avaient pas mis en lui la peur de Dieu et la peur de leur opinion. Si seulement ils n'avaient pas fait de lui un monstre de culpabilité.

Mais il ne parle jamais de ça, mort dans l'âme et laissant lentement mourir son corps. Il ne répond jamais à la question silencieuse de l'autre homme, parce qu'il a besoin de lui. Il a besoin de réaliser, même à travers le nuage confortable et artificiel créé par la drogue, qu'il est encore humain et qu'il a encore des désirs parfaitement humain.

Il n'a jamais désiré personne autant que François.

Lentement, il arrête de prendre de la cocaïne juste avant de le voir. Le fix peut attendre après, parce que François le répare mieux. Et le goût du moka est encore meilleur sans cocaïne. Le regard de l'autre homme est plus beau sans la drogue.

Et il peut enfin entendre Je t'aime sans paniquer complètement, parce que, après tout, c'est tout à fait normal d'aimer. Même si c'est d'aimer un autre homme et Dieu, dans le fond, n'en a rien à foutre de qui il aime ou qui il n'aime pas.

***

Christian ne consomme plus autant qu'avant. Il n'a plus autant besoin de ne pas vivre, parce qu'il a François. François qui l'a tiré de son enfer personnel et qui l'a ramené à la vie. François pour qui la religion n'a pas d'importance et qui ne lui fait pas de longs sermons.

François qui ne le fait pas sentir coupable d'être comme il est, qui ne lui promet pas l'Enfer et la souffrance éternelle. François dont la jalousie a quelque chose de réconfortant. François, riche François qui veut tellement le garder auprès de lui qu'il paye pour sa drogue.

François qui l'embrasse si tendrement s'il se réveille au milieu d'un cauchemar causé par le manque de cocaïne et qui sait comment le nicher contre lui pour qu'il se rendorme, tremblant et halluciné. François qui ne le force jamais, ses mains sont douces et attentives et il sait l'aimer.

François à qui il ne refuse jamais rien, parce que c'est son sauveur. Et il semble injuste qu'il lui refuse son corps alors qu'il ne l'a jamais refusé à personne. Mais François n'en abuse pas, jamais il n'a mal entre ses bras. Jamais il n'a besoin de la drogue pour oublier qu'il a été avec lui.

François est trop bon, François est son miracle secret et s'il n'en a jamais demandé autant, c'est parce qu'il n'a jamais cru qu'il avait le droit de le faire. Si ces parents savaient, il serait un monstre, mais avec François, il n'est qu'humain et ça fait toute la différence du monde.

Il n'en a jamais demandé autant, parce qu'il n'avait jamais su qu'il avait droit de tout recommencer à zéro. De tout effacer, de rendre absolument tout nouveau pour une deuxième fois. Maintenant qu'il sait qu'il n'a pas besoin d'être parfait, Christian peut enfin réapprendre à vivre sans la drogue.

(06 juin 2006)

original, juin 06

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