13 décembre - (500) jours ensemble - Saint Seiya

Dec 13, 2009 18:28


Titre: Requiem pour un ange (Partie deux, fin)
Auteur: chibi_usagui
Jour/Thème: 13 décembre - (500) jours ensemble
Fandom: Saint Seiya
Couple : Milo x Camus

Rating: PG 13

Disclaimer : Tout à Masami Kurumada, Shueisha, Toei.

Participation au vote de fin de mois : Non

Warning : Univers Alternatif, guimauve, parodie de divers films d’anges.Lire d'abord la partie un pour s'y retrouver.


***

Milo a dû se rendre à l'évidence. Camus s'affaiblit au fil des mois.

Il n’en a pas parlé à Camus, mais Camus sait. L’autre ange a dû tout lui dire.

Souvent Camus culpabilise de faire vivre à son Milo une relation aussi compliquée.

Il ne peut pas sortir au soleil sous peine de se brûler gravement. Il est incapable de marcher trop longtemps sans perdre sa respiration. L'air terrien est très lourd pour ses poumons angéliques. Il doit faire attention au froid aussi, car il attrape très vite des rhumes. Il ne doit pas se blesser, vu ses difficultés de cicatrisation.

Et il sait que bientôt, il devra abandonner Milo à sa solitude et à son désespoir. L'écrivain a beau le dorloter et le rassurer, Camus sait qu'il est inexorablement en train de mourir à petit feu.

Il passe beaucoup de temps à lire, même s'il a déjà énormément de connaissances. A aider Milo avec son roman, aussi. A regarder la télévision.

Milo le maintient amoureusement en vase clos. C'est parfois difficile pour Camus de passer du statut d'ange immortel et intouchable à celui de plante fragile, mais il sait bien que Milo agit ainsi pour le garder en vie dans les meilleures conditions possibles.

Milo, lui, s'incrimine d'avoir souillé la pureté d'un ange. Son Camus souffre tellement.

Trois cent-trente jours.

Noël arrive. Bien emmitouflé, Camus a suivi Milo dans les décorations et les illuminations de l’Avent, et a bien ri parce que le jeune Grec a tenu à décorer son sapin avec tout ce qu’il pouvait trouver de figurines d’anges.

- Ben quoi, c’est un beau sapin, non ? Et puis c’est notre premier Noël ensemble, mon amour.

Pendant qu’il déballe les cadeaux sous les lumières colorées du sapin, avec les cris enthousiastes de Milo, l’ange pense un peu amèrement que c’est certainement aussi le dernier.

***

Milo a barré le cinq-centième jour de sa vie avec son ange. Son roman est fini, mais il est soucieux. Camus n’a pas quitté leur lit depuis une semaine. Il ne veut pas aller à l’hôpital, et Milo n’a aucune envie d’y retourner non plus.

Pour voir cet affreux ange blond qui n’arrête pas de pontifier comme s’il était Dieu en personne, merci.

- Milo ? l’appelle la voix ténue de Camus.

Le Grec s’empresse de venir tenir compagnie à son ange sous les draps. Il serre tendrement contre lui le corps émacié de Camus, qui tremble un peu malgré la chaleur de juin.

- Ce ne sera plus très long, Milo… Je ne peux plus tenir le coup…

- Non ! se rebelle immédiatement l’écrivain, resserrant son enlacement. Ne dis pas ça !

- C’est la vérité. Nous le savions bien, hein ?

- C’est pas juste ! Tu m’as sauvé, et moi je t’ai condamné…

- Je me suis très bien condamné tout seul… Je suis coupable aussi. Je n’ai pas fait ce que je devais… Milo ?

- Oui mon ange ?

- Fais-moi encore l’amour, Milo…

- Mais… s’inquiète son amant. Tu es malade… Je ne veux pas te faire du mal…

- Je t’en prie !

Milo a cédé, bien sûr. C’est à la fois merveilleux et atrocement douloureux. Milo lit dans les prunelles embuées de Camus que c’est leur dernière étreinte, et s’applique à la faire durer un maximum.

Après, il lui a bien fallu revenir à la cruelle réalité, celle de voir son Camus qui étouffe de plus en plus.

- J’ai mal, Milo…

- Je vais appeler une ambulance, se résout à contrecœur le Grec, déchiré en dedans par cette décision.

- Milo !

- Ils te donneront quelque chose au moins, pour t’aider à respirer… Je ne supporte pas de te voir souffrir comme ça…

Camus n’a pas eu le choix, et a attendu avec Milo qui lui caresse les cheveux.

***

Comme il s’y est attendu, Milo a croisé Shaka dans les couloirs de l’hôpital.

- C’est le moment, dit simplement le blond.

Milo foudroie Shaka du regard, sous l'expression inquiète de Camus perdu sous son masque à oxygène.

- C'est un cas médical incroyable, pour eux, renifle le blond. Un mélange d'hémophilie, d'insuffisance respiratoire et de photodermatose…

- Ta gueule, Shaka.

L’ange blond n’a pas le temps de protester de l’insolence de Milo, car le médecin de garde les a rejoints, avec une mine funèbre de circonstance.

- J'avoue que le cas de votre ami nous dépasse totalement. Son cœur est usé comme celui d'un centenaire, et ses poumons presque entièrement détruits. Nous l'avons placé sous respiration artificielle, mais cela ne sert pas à grand-chose. Son cœur… ne tiendra pas bien longtemps.

- Vous ne pouvez pas l'aider alors ? chevrote encore Milo, anéanti, bien que préparé depuis des semaines au drame.

- Dans les possibilités actuelles de la médecine, non. Cela ressemble à un cancer généralisé, mais cela n'en est pourtant pas un. Je suis désolé.

- Ce sera… long ? se force à demander le Grec.

- Pour être tout à fait franc avec vous, hésite le médecin. Il ne passera probablement pas la nuit.

- Il va souffrir ?

- Il ne sent plus rien, nous lui avons injecté de la morphine pour ça.

- Merci, souffle Milo, avant de blanchir en voyant s'avancer à nouveau paisiblement Shaka le long du couloir.

Il est accompagné d'un autre être diaphane aux prunelles douces et vertes, aux longs cheveux lilas, que Milo soupçonne immédiatement et avec crainte être un autre ange.

Le médecin s'en est allé avec un visible soulagement. Avertir les proches de la mort prochaine de l'être aimé lui reste désagréable, même après toutes ces années d'hôpital.

Milo est resté plaqué contre le mur, barrant le passage aux deux anges qui s'avancent inéluctablement en direction de la chambre où son amant agonise.

Il recule, jusqu'au lit, suivi par les anges qui s'arrêtent à quelques centimètres de lui.

- Tu ferais mieux de sortir, Milo, conseille Shaka, nez retroussé sous les faibles gémissements d’agonie de Camus dont la poitrine se soulève de plus en plus erratiquement. .

- Jamais. Je resterai jusqu’au bout.

- C'est donc vrai, souffle l'inconnu. Camus est…

- C'est sa faute, Mü, le coupe Shaka. Il nous faut maintenant cacher son erreur.

Révolté par la froideur de Shaka, le jeune Grec abandonne la contemplation de son Camus pour défier les envoyés célestes.

- Vous vous dites des anges, crache Milo au milieu du sifflement des appareils. En fait, vous n’êtes que des coquilles vides, incapables de partager nos malheurs et nos souffrances. Et parce que mon Camus a été le seul assez bon pour éprouver un peu de cette humanité, vous le laissez crever comme un chien dans des tortures abominables.

Ni Mü ni Shaka ne trouvent rien à répondre à cette attaque, et après s’être consultés du regard, sortent de la pièce, au grand soulagement de Milo, qui se repenche sur le lit de Camus qui tente de lui parler.

- Ne sois pas triste, Milo… J'ai vécu des centaines d'années, mais ce sont ces cinq cent jours qui ont de la valeur pour moi…

Milo sourit brièvement. Camus a compté, aussi.

- Tu iras voir cet éditeur, pour publier ton livre, tu me promets ?

C’est si important. Il doit insister, malgré qu’en fait il n’en ait pas du tout envie. C’est vilain, il le sait. Il a très mal quelque part d’imaginer que Milo sera heureux avec un autre que lui. La jalousie est un horrible sentiment humain.

- Oui, ne t’inquiète pas mon Camus… Je te l’ai déjà promis…

- Mais tu le feras, hein ? articule faiblement Camus, qui sent que bientôt il ne saura plus du tout parler. Tu ne te laisseras pas aller quand… sinon mes souffrances ne serviront à rien…

- Je te le promets, sanglote le Grec, la figure ravagée

- Pardon Milo… Je t’ai détourné de ta route… Tu dois la reprendre sans moi, maintenant.

Milo est resté jusqu’au bout, jusqu’à l’arrêt du cœur blessé de son ange. Il n’a pas pu se recueillir longtemps, les anciens collègues de Camus ayant envahi son espace de deuil avec célérité.

- C’est bon, murmure Shaka, nous pouvons y aller.

- Ne le touchez pas ! éructe Milo, à qui Shaka trouve soudain l'allure d'un démon assoiffé de sang.

- C'est fini, Milo.

- Justement. Vous n'avez plus rien à faire ici ! Laissez-moi tranquille ! Laissez-moi seul avec lui !

Shaka se rapproche à nouveau, un peu agacé.

- Tu ne comprends pas, Milo. Camus ne peut pas rester ici. Je dois faire disparaître son corps et effacer la mémoire des médecins. Notre existence ne peut pas être révélée, et vu qu'il est mort d'une maladie que les médecins ne connaissent pas, ils voudront… l'autopsier. Et découvriront trop d'anomalies.

Milo a recommencé à pleurer. Mais il ne cède pas un pouce de terrain.

- Non. Je me fous de vos règles. Mon Camus, je veux qu'il ait une belle tombe, comme un être humain normal. Je veux pouvoir porter des fleurs dessus et lui parler. Alors arrangez-vous pour bricoler l'un de vos petits tours de passe-passe.

L'ange blond pince ses lèvres fines, sidéré par l'outrecuidance malpolie de ce mortel. Se rend-t-il compte qu'il n'est qu'un fétu de paille insignifiant et faible ? Qu'eux ont le pouvoir de juger son âme ? Comment Camus a-t-il pu mettre en jeu son statut angélique pour fauter charnellement avec un simple humain et finir par agoniser à la façon misérable de ces vers de terre bourrés de vices ?

L'ange mauve baisse la tête, remué dans ses convictions justes et rigides par tout ce que ce garçon qui a aimé follement Camus leur lance à leur auréole.

- Non, confirme le Grec, toujours accroché à la main inerte et froide de Camus. J'ai pas peur de vous ! Je vous emmerde !

- Shaka, décide Mü. Shaka, faisons comme ça… Il est trop malheureux.

- Mais, les ordres…

- Nous pouvons obéir aux ordres en effaçant la mémoire des médecins, en falsifiant un papier ou deux pour enterrer légalement Camus à la mode humaine. Cela ne change rien, l'essentiel est que l'on ne découvre pas la vérité.

- C'est vrai, finit par admettre Shaka, au fond satisfait de pouvoir concilier règlement et compassion.

Incrédule, Milo a essuyé ses larmes.

- Merci ! Oh, merci, merci…

***

Milo a eu droit à sa sépulture pour son ange, une tombe que les collègues de Camus ont fait surgir avec leurs pouvoirs. Une belle tombe toute blanche et entourée d'un rosier grimpant, avec juste le nom de Camus et la date de sa mort, et même une statue d'ange le représentant tel qu'il est apparu à Milo, au temps de ses ailes.

- Ça te va ? a interrogé un peu ironiquement Shaka. Elle n'est pas terriblement discrète, mais j'ai cru comprendre que la discrétion t'importait peu.

- Elle… elle est parfaite, renifle Milo, qui a irrésistiblement envie de rejoindre Camus sous la froide et pesante dalle de pierre.

- Dans ce cas nous pouvons rentrer, a dit Mü, une main posée amicalement sur l'épaule de Milo. Je suis désolé de t'avoir rencontré dans ces circonstances.

- Dites… fait l'écrivain.

- Oui ?

- Où est-il, mon Camus, maintenant ? Que va-t-il lui arriver ?

Shaka et Mü échangent un regard embarrassé.

- Nous ne savons pas, répond finalement Shaka. Je crois que c'est un cas rare. Il y a des anges déchus, comme Lucifer, qui sont précipités en enfer, mais pour un ange gardien qui a fauté avec un humain, je ne sais pas.

- Peut-être que son âme est restée assez pure pour revenir au paradis, mais plus en tant qu'ange gardien naturellement, essaye de le consoler Mü. Il a beaucoup souffert après tout.

- Nous ne pouvons rien t'affirmer, je suis désolé, clôture Shaka. Il est temps de te laisser maintenant.

Milo est resté seul devant la tombe fraîche, immensément vide et malheureux.

***

Milo a quand même été déposer son roman à l’adresse de la maison d’édition que Camus avait gardée pour lui. Après tout, c’étaient ses dernières volontés, à son ange. Il n’a pas fait attention quand il a croisé dans l’escalier de l’endroit un homme grand, passablement débraillé et doté d’une longue chevelure océane. L’autre, lui, s’est retourné comme piqué par un scorpion et a suivi longuement le beau Grec du regard. Un aspirant romancier, sûrement, comme ils en voient tant. Fébrile, il s’est précipité dans le bureau de son frère jumeau et aîné.

- Saga !

***

Kanon a insisté pour que son frère le laisse prendre lui-même contact avec le jeune écrivain qui va sûrement être leur prochain tirage à succès.

Saga a ajusté sa cravate, amusé.

- Vraiment ? Tu t'impliques rarement autant avec de jeunes auteurs, hein ? Ce serait plutôt ma partie de travail.

- Il a vingt-deux ans, il n'est pas si jeune. Je n'en ai que trente, ce n'est pas…

- Tiens, tu en es déjà au stade de calculer votre différence d'âge ?

Kanon a rougi brièvement. Il s'est trahi lui-même.

- Bon, okay, il m'attire, t'es content ?

- J'espère que ça ira. Tu sais, on m'a raconté que ce garçon avait perdu son petit ami dans des circonstances difficiles, après une longue et douloureuse maladie, et… D'ailleurs c'est à lui que son livre est dédicacé.

Le jumeau a haussé les épaules, et téléphoné à ce Milo pour passer chez lui - encore une entorse à leurs méthodes habituelles -, mais il s'est empressé de vérifier le manuscrit une fois dans sa voiture.

- " A Camus, mon ange gardien, qui m'a tant apporté… " lit-il. Pffffff…

L'éditeur trouve ça un peu trop mièvre et dégoulinant de sentimentalité à son goût, mais paradoxalement cela lui rend encore Milo plus intéressant. Le garçon a l'air tellement aimant et sincère… Kanon aspire enfin à un peu de stabilité. Lui qui rigolait du coup de foudre avant, maintenant il ne ricane plus du tout.

***

Incrédule, Milo a raccroché le téléphone. Kanon Twining en personne. Juste la maison d'édition que Camus voulait. Une maison d’édition très en vogue, dirigée par des frères jumeaux.

Et ce Kanon veut faire publier son livre. Il sera là dans à peine une demi-heure et Milo sourit mélancoliquement à l’une des nombreuses photos de Camus qui tapissent son appartement.

- Tu le savais, hein ?

Il aurait tant voulu que Camus voit son succès. En tout cas, Milo se jure que si son ange lui a apporté la réussite littéraire, il se trompe pour le reste. Personne ne remplacera Camus dans son cœur, Milo se l’est juré un nombre incalculable de fois depuis le drame. Qui pourrait remplacer un être merveilleux comme son ange, de toute façon ?

La sonnette retentit déjà.

Kanon s’est assis, a eu droit à un café, et a regardé le salon de Milo, et surtout les photos. Enfin, essayé. Il y en a trop. Partout où il pose les yeux, il tombe sur le visage blafard et aux traits angéliques du petit ami de Milo. Milo qui le serre dans ses bras et le couve farouchement des yeux. Pourtant, bizarrement, c’est le jeune malade qui a l’air de veiller sur lui.

- C’est Camus, explique soudain l’écrivain, nerveux. Il… il a donné un sens à ma vie. Il était tout pour moi.

- Il y a longtemps que… commence Kanon, embarrassé.

- Deux mois.

- Il a été malade… longtemps ?

- Presque deux ans. Cinq cents jours.

Les deux hommes ont mis au point les détails du contrat, et Milo, bizarrement soulagé de parler de Camus à un parfait inconnu, a accepté de revoir Kanon. Pour les détails de son livre, bien entendu.

***

Kanon rejette sa chevelure en arrière.

Il aura du mal à repousser l’ombre de ce Camus, il le sait d’entrée de jeu. La relation que Milo avait avec lui devait être passionnelle, rarissime, Kanon en a conscience.

Mais l’éditeur n’a pas l’habitude de s’avouer vaincu d’avance. Le jeune écrivain perdu lui plaît tellement qu'il se sent prêt à énormément de patience et d'efforts.

Il fera retrouver le sourire à Milo, Kanon se le jure.

Et ça prendra le temps qu’il faudra.

Fin

decembre 09, saint seiya

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