Titre: Matelotage
Auteur:
danceoffateJour/Thème: 14 juillet- "Détache-moi ! "+ Yaoi
Fandom: Axis Powers Hetalia
Personnage/Couple: France/Angleterre.
Rating: PG
Disclaimer: Tout appartient à Mr Himaruya
Participation au vote de fin de mois: Oui.
Matelotage. (*1)
France déposa le verre sur la table et s'étira longuement à la façon d'un vieux chat malade. Ça faisait beaucoup trop longtemps qu'il était assis ici, à présent, il était temps de partir. Il se leva doucement de sa lourde chaise de bois, s'empara du verre à moitié vide et se dirigea vers la cuisine en repensant à la discussion qu'il venait d'avoir.
Il se demanda, tout en vidant à regret le reste de vin dans l'évier, ce qui lui avait pris. Ordinairement, il appréciait beaucoup la compagnie des autres, et discuter avec quelqu'un nostalgiquement le jour de son anniversaire, ça n'avait rien d'étrange surtout à son âge. Mais il continuait malgré lui à trouver sa réaction bizarre. Il y a quelque jours, il avait eut dans l'idée d'organiser une fête, quelque chose de joyeux et de normal. Pas ça. Pourtant, ce matin même, il s'était levé avec la ferme intention de débuter la journée en décommandant tout les invités. Sur le coup, il n'en avait même pas été étonné. Il avait obéi aveuglément à son envie subite. Puis, dans l'après midi, il avait naturellement décroché son téléphone. Et voilà qu'il s'était retrouvé seul avec quelqu'un qu'il considérait comme son ennemi éternel. Bon, ce genre de sentiment, c'est jamais très sérieux: on s'insulte régulièrement, on se tape, puis on s'embrasse et c'est terminé, c'est pour ça que les histoires de rivaux sont à la mode. Mais tout de même, il n'aurait jamais pensé reparler de tout ça. Et certainement pas avec lui.
Il retourna dans le salon et observa Arthur qui dormait profondément, à présent. France ne put résister longtemps et le couvrit avec sa propre veste. Si cet idiot attrapait froid, ça risquait fort de retomber sur lui. Il fit le tour de la pièce plusieurs fois avant de se rendre compte que ça n'était pas du tout productif et se rassit alors en face d'Angleterre. Il regretta alors amèrement de s'être débarrassé de son verre de vin. Au moins son cerveau aurait été occupé par d'autres pensées que ces vagues insondables qui lui traversaient l'esprit.
Ces vagues... il repensa à leur discussion avec un pincement au cœur. Elles lui manquaient terriblement, ce soir. Il ne résista pas à la tentation et se resservit un verre de bordeaux.
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"France ? Mais qu'est-ce qui t'as pris de m'appeler ? Je croyais que tu avais organisé une fête, et là tu décommande tout le monde ? Mais qu'est-ce qui se passe dans ta tête, mon pauvre...
-Tu ne pourrais pas juste entrer et te taire ? lui répondit France en souriant.
-C'est ça...et puis quoi encore ?" rétorqua Angleterre en claquant la porte derrière lui.
Il remarqua la jolie table qui ornait le milieu de la pièce, les bibliothèques fournies, la bouteille de vin sur la table et bien sûr, la corde pendue à la chaise.
"France...c'est quoi cette corde ?" demanda Arthur d'une voix quelque peu inquiète.
Francis ne répondit pas immédiatement. Il servit deux verres de vin rouge bordeaux et s'assit dans une immense chaise de bois. Il croisa les jambes et enjoignit Angleterre à s'assoir.
"Tu ne te souviens pas ?" l'interrogea Francis avec un sourire malicieux.
Son ami et rival fixa longuement le cordage d'un air perplexe avant d'arborer une expression gênée. Si il se souvenait de cette corde, comme si c'était hier, en fait.
"Pourquoi tu ramène ça sur le tapis ?
-...c'est mon anniversaire, j'ai tout les droits. murmura-t-il d'une voix qui en disait long.
-Pas TOUS les droits, protesta énergiquement Arthur, et puis...franchement."
Il n'avait pas trouvé de meilleure réplique dans son répertoire pourtant immense. Surtout lorsqu'il s'agissait de faire taire France. Seulement là, il venait de perdre tous ses moyens.
"Allez, sers moi un verre, et plus vite que ça." ordonna-t-il en s'asseyant, ses yeux émeraudes étincelant d'une lueur joueuse.
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L'océan était magnifique. Il s'étendait de part et d'autre des continents, ne semblait connaitre aucune limite, restant impitoyable et mystérieux aux yeux des humains, si petits, insignifiants par rapport à la grandeur de ses profondeurs abyssales.
Et ce vent, ce vent salé, dur, si fort qui vous prenait aux narines et vous transportaient dans un univers qui n'avait que la mer pour reine. Ce vent si attirant et qui pourtant ne cherchait qu'à vous détruire.
Les mers étaient et seraient toujours une source magnifique et sublime et mystère et d'attrait aux yeux des mortels tout comme des êtres qui avaient l'éternité devant eux.
C'était ça qu'Antonio aimait par dessus tout lorsqu'il naviguait, comme tout marin qui se respecte. Sentir le bruit du navire, son gémissement lors d'effroyables tempêtes, son gazouillement lorsque le temps était clément, comme aujourd'hui.
Espagne regretta un peu d'être seul maitre à bord, mais il avait eut envie d'être seul, alors autant qu'il l'assume jusqu'au bout.
Il commençait à rêvasser lorsqu'un immense bruit se fit entendre. Il eut un mauvais pressentiment et son œil averti de marin remarqua un immense navire non loin.
Il orienta légèrement la barre à tribord et ralentit le moins brutalement possible. Il déglutit d'angoisse lorsqu'il aperçut France et Angleterre, se tenant côte à côte, debout sur le pont de leur bateau. Rien que l'idée qu'ils aient pu s'unir le fit frissonner.
"Antonio, jette l'ancre, on a quelques petites choses à te dire !" hurla France à son adresse.
Espagne soupira. Il aimait bien cette période, mais il sentait les ennuis débarquer avec de gros sabots, d'un seul coup. Mais il n'avait pas vraiment le choix ni de raison valable pour refuser, alors il jeta l'ancre et s'avança sur le pont.
Quelques instants de manœuvre plus tard, Arthur et Francis se tenaient fièrement, l'air conquérant et amusé, sur son pont, sur son bateau. Antonio ne put retenir un petit mouvement de recul lorsque France le tint par l'épaule et annonça:
"Mon cher ami, es-tu au courant ?"
Espagne fit non de la tête. Au courant ? Qu'est-ce qu'ils avaient encore manigancés ?
"Les Frères de la Côte Français et Anglais ont décidé de piller tes navires !" annonça Angleterre dans un accent français inimitable et un brin démoniaque. Espagne se demanda alors si cette histoire de magie noire que colportait France il y a quelques temps était réelle.
Ils avaient tous deux l'air radieux. Espagne se retint de hurler. Ils ne s'alliaient jamais ! Pourquoi fallait-il que le seul moment où ils fassent une alliance tombe maintenant ? Et sur lui en plus ! Il rumina un moment, que France et Angleterre passèrent à discuter à voix basse, se comportant comme... comme... comme un vieux couple. Oui c'était exactement ça. L'espagnol sourit machiavéliquement.
"Eh, vous n'êtes toujours pas mariés ?" leur demanda-t-il, un sourire sarcastique se dessinant sur ses lèvres.
Comme prévu par l'espagnol, les réaction des deux concernés furent rapides, vives, et outrées. Enfin, surtout du côté anglais. France arborait un visage ravi comme si on lui avait annoncé son avènement en temps que roi du monde. Tout le contraire d'Angleterre qui avait l'air plus énervé qu'une abeille au pôle nord.
"QU'EST CE QUE TU RACONTE ENCORE L'ESPAGNOL ?!" hurla-t-il en se jetant sur Antonio.
Celui-ci le repoussa sans difficultés et se releva, le laissant s'énerver tout seul dans son coin. Il était tout de même content de lui, vu comme ils étaient partis, ils en avaient pour des heures de disputes.
"Et ça te fait rire Francis ?!
-Plutôt oui.
-TUVASVITEMEXPLIQUEROUESTLABLAGUE !
-Détache les syllabes déjà.
-FJNFIH4845@@@ !"
Ca finissait souvent comme ça entre ces deux là. Antonio s'éclipsa discrètement et s'empara d'une barque. Il avait déjà son plan en tête et riait intérieurement. Finalement tromper ces deux là n'était pas une entreprise difficile.
Il regretta un peu de ne pouvoir assister au spectacle, mais il se consola en pensant au magnifique navire qu'il allait gagner dans quelques minutes.
"Qu'est-ce que tu fais Francis ?!
-Je prépare une corde, comme tu l'as remarqué, mon ami. répondit France d'un air concentré.
-UNE CORDE ?
-Arrête de hurler, tu perturbes toute ma concentration.
-....................!!!
-Aurais-tu l'obligeance de m'expliquer l'origine de cet air outré ? demanda-t-il avec un sourire victorieux.
-TU VEUX M'ATTACHER ! s'égosilla Angleterre.
-Oui.
-Pervert !
-Allons. le calma France en terminant sa préparation, ce ne sera pas long."
Le vent porta la conversation animée aux oreilles d'Antonio qui ne put réprimer un rire. Ces deux là étaient vraiment drôles. Il continua à ramer jusqu'à arriver à leur somptueux navire. Il monta lentement, prenant soin de ne pas se faire repérer, puis constata avec joie qu'il n'y avait pas l'ombre d'un matelot sur l'engin. Il s'accouda à une barrière et regarda dans la direction de son ancien bateau, souriant à la dispute de ses collègues.
"DÉTACHE MOI ! criait Angleterre comme si sa vie en dépendait.
-Tu me prends pour qui, ria France en tournant autour du mat auquel il avait attaché Arthur, je ne suis pas un horrible pervers, je veux simplement te proposer quelque chose."
Angleterre dont l'expression passa de la colère pure à l'intérêt refoulé leva un sourcil faussement intéressé.
"Ah, et c'est quoi ?
-Le matelotage, mon ami.
-Ah ah ah. renchérit sarcastiquement Arthur, le matelotage ? Et puis quoi encore ? Plutôt mourir ! Et puis d'ailleurs, je ne vois pas en quoi ça t'intéresse.
-Juste pour marquer le coup d'une de nos rares alliances, et puis avoue que tu meurs d'envie de devenir mon heureux mari. lui répondit France en le fixant de ses yeux bleus un peu trop amusés.
-Ton heureux mari ! Ah ! Mais oui bien sûr, Francis, je n'attend que ça depuis ma naissance ! NAN. Pas question ! trancha l'anglais.
-Tu vas être obligé, parce que tu sais à quoi sert la corde ?
-.... ! Pervert.
-Mais non, c'est toi qui a les idées mal tournées. répliqua Francis retenant un rire nerveux, c'est un chantage ! Si tu ne dis pas oui, tu ne partira jamais.
-Bravo l'éthique, mon ami.
-Alors ?
-Non."
France pouffa le plus silencieusement possible par soucis de dignité (a-t-on déjà vu un pirate pouffer ? Franchement ?) et s'approcha d'Angleterre.
"Je pourrai te faire subir un châtiment bien pire !
-Pervert, pervert, pervert." répondit Arthur dans une simplicité toute anglaise, tout en essayant de garder son calme.
Francis ne put pas résister à la tentation de lui voler un baiser (c'était une expression qu'il utilisait de plus en plus souvent, en général, les gens avaient tendance à trouver ça mignon et pas horriblement pervers.), ce qui ne plu pas des masses à Arthur.
"Don't rape meeeee in public places !!!!
-Ah parce que sinon t'es d'accord ?
-NOOOOOOOOOOOO !" hurla Angleterre dans un cri tout à fait épique.
France ne put s'empêcher de rire. C'en était trop, il devenait vraiment trop mignon, à force. Il se demanda vaguement s'il faisait exprès et si tout cela faisait parti d'un plan visant à le faire tomber, mais il décida de passer par dessus aujourd'hui.
"France...je veux bien pour le matelotage." murmura Angleterre soudainement alors que Francis était en train de plonger dans des pensées de moins en moins correctes pour le grand public.
Il ouvrit ses deux grands yeux cyan dans une expression de surprise totale.
"Tu es d'accord maintenant ? demanda-t-il en essayant d'avoir l'air sarcastique.
-...à une condition d'accord ? "
France eut un mauvais pressentiment, mais d'un côté, si c'était le seul moyen il voulait bien. Il esquissa un geste qui voulait dire "vas-y, mon ami, parle, je t'écoute.", un peu à regrets.
"Tu me laisse décider de la suite du programme. dit Angleterre en regardant France droit de ses beaux yeux anis.
Francis se sentit tiraillé un instant entre l'euphorie totale et le désarroi sans fin. Tout dépendait de ce que son ami avait en tête, là en ce moment.
"D'accord. Entendu." lui répondit-il en souriant. Il fit le geste de l'embrasser (chose que Angleterre ne connaissait que trop bien), mais Arthur le repoussa en lui jetant un regard froid.
"Ah oui, il faut que je te détache." chuchota France d'une voix déçue que son ancien prisonnier remarqua immédiatement.
"Ne t'en fais pas la suite du programme n'est pas barbante." Il avait un sourire machiavélique sur son visage. "Et puis je vais la garder ta corde...."
Antonio se décolla de la barrière de bois. Il ouvrit de grands yeux lorsque ils les virent partir tous deux en direction de l'intérieur de son bateau. Puis il se rapella qu'il venait de voler le leur et qu'il serait peut-être temps d'en profiter. Il largua les amarres, s'empara du gouvernail et repartit en mer tout en se demandant vaguement en quoi consistait la "suite du programme". Mais après tout ça n'était pas ses affaires. Il eut un petit pincement au cœur lorsqu'il se rendit compte qu'ils l'avaient complètement oublié. Ils sont vraiment uniques ces deux là.
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Le soleil de minuit éclairait à présent le petit salon où France s'était assis, il y a de ça plusieurs heures. Se souvenir de tout ça ne l'avait pas rajeuni, mais il s'était soudainement rappelé qu'il avait encore toute l'éternité devant lui et que ces disputes enfantines étaient encore d'actualité.
Angleterre avait un peu exagéré sur l'alcool. Il ne le tenait pas bien, c'était une vérité générale, pourtant...
Maintenant, il était affalé sur la jolie table de bois, son verre de vin à la main, et chantonnait comme au bon vieux temps.
"Le corsaire... Le-Le Grand Coureur
Est un navire de mal-mal...heur
Quand il s'en va croisière
Pour aller chasser l'Ang-ang...lais
Le vent, la mer et la guerre !!!
Tournent contre le Fran-..Fran çais
Allons les gars gai, gai
Allons les gars gaiement !"
Francis sourit pensivement tout en ne cessant de fixer Angleterre. Il n'avait pas beaucoup changé, mais ça n'était pas plus mal. France ne regrettait qu'une seule chose en fait, c'est qu'il n'ait pas conservé ses apparats de pirate.
Il se resservit un verre de vin. Puis une pensée lui traversa l'esprit et lui fit reposer son vin. Il se releva, alla discrètement dans la cuisine et remplit soigneusement un récipient d'eau. Il s'en retourna alors dans le salon, un sourire démoniaque se traçant sur ses lèvres. Sans hésitation aucune, il renversa dans un flot généreux le bocal d'eau sur Angleterre qui se réveilla instantanément (faites la même chose avec votre chat, vous aurez une réaction simlilaire, quoique moins violente.).
"QU'EST-CE QUE TU FICHES????"
Francis sourit d'un air qui se voulait très mystèrieux et se rassit.
"J'ai une question à te poser.
-Ca t'arrive souvent de réveiller les gens comme ça ?" répondit Arhur, visiblement pas très enclin à une discussion à tête reposée.
Francis continua et afficha un visage faussement innocent.
"Pourquoi est-ce que c'est moi qui suis en possession de la corde ?"
Arthur n'eut pas de réaction immédiate. On peut le comprendre, ce qui le préoccupait à présent c'était cette sensation d'être...peu libre de mouvement. Un peu lorsque qu'on est attaché.
"FRANCEDETACHEMOITOUTDESUITEDECETTECHAISE !" s'offusqua-t-il comme si on venait de lui annoncer que l'Australie était le pays le plus civilisé au monde.
"Et puis quoi encore ?"
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Quelque part, Antonio riait, mais il ne savait pas trop pourquoi.
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THE END. :)
NOTES:
(*1) Le matelotage était une sorte d’union homosexuelle entre boucaniers (qui vient du français "matelot" et pourrait bien être la racine du mot anglais "mate" qui signifie compagnon), mettant en commun ce qu’ils possédaient, le survivant héritant alors de la part de son compagnon. Même lorsque les femmes eurent rejoint les boucaniers, le matelotage continua, un matelot partageant alors sa femme avec son partenaire. Louis Le Golif dans ses Mémoires d’un Boucanier se plaignait de l’homosexualité à Tortuga, où il dû s’engager dans deux duels afin de tenir à distance deux prétendants plein d’ardeur. Finalement, le Gouverneur Français de Tortuga fit venir des centaines de prostituées, dans l’espoir de détourner les boucaniers de leurs pratiques.
A ne pas confondre avec l'art de faire des noeuds, bien que la racine puisse être la même.
Un petit tag Hetalia ? ^^