Titre: Ce n'est pas un "au revoir"
Auteur:
so_yuyu Jour/Thème: 6 juillet - Départ
Fandom: XXX Holic
Personnage/Couple: Yuko, Watanuki, Himawari, Domeki
Rating: PG
Notes: Scène qui se situerait après la série (si on suit juste la publication française). Réutilisation de deux drabbles écrits pour l'arbre à Drakys :
ici et
là.
Disclaimer: Tout est à Clamp.
Participation au vote de fin de mois: Oui.
Il obéissait sans broncher : il n'était que l'homme à tout faire de la patronne des lieux, et ce sort il l'avait accepté. Il subissait les sarcasmes, les missions périlleuses -et ô combien suicidaires- en espérant, chaque jour, être délivré de ses esprits qui s'accrochaient à lui.
Petit à petit, tout changea sans qu'il s'en rende compte. Petit à petit, les esprits se détachaient de lui, le laissant seul. Passé le sentiment de délivrance, Watanuki sentit un immense vide en lui. Un vide que rien ne pouvait remplir. Il avait du mal à l'admettre mais la présence de ces créatures surnaturelles lui manquait. Non pas ceux qui ressemblaient à un amas de fumée noire, dont l'odeur lui faisait tourner de l'oeil. Ceux-là sentaient le danger, la fourberie, la douleur. S'ils n'avaient pas existé, Watanuki n'aurait jamais souhaité d'abandonner ce don de médium. Ceux qui lui manquaient ce sont les créatures qui l'avaient vu comme un ami, lui avaient apporté une autre vision du monde. Comme ce fantôme qui avait continué à veiller sur lui, même après être allé au " paradis ". Ou le petit renardeau qui lui offrait des cadeaux en remerciement de ceux que l'humain lui avaient dédiés : entre eux avait eu lieu un échange éternel d'attentions. Enfin, il n'était plus éternel désormais.
Si encore, ce n'était que cela...
Comme à son habitude, Watanuki s'était rendu à la boutique. Ôtant ses chaussures et enfilant son tablier, il se préparait à s'armer de son plumeau quand Yuko apparut. Elle avait adopté une robe noire, moulant sa taille élancée, ses jambes vertigineuses se dévoilaient à travers les pans finement découpés. Son regard était encore plus indéchiffrable que d'habitude.
- Tu ne travailleras pas aujourd'hui, Watanuki.
- Pourquoi ? Il s'est passé quelque chose ?
C'était la première fois que sa patronne lui refusait une journée de travail, elle qui aimait tant lui rajouter des heures supplémentaires... Watanuki ne vit pas le regard empli de tristesse de la sorcière, sans cela, il aurait tout compris ce jour-là.
- J'ai un invité spécial qui doit venir aujourd'hui. Ta présence me gênerait.
Inconsciemment, l'adolescent sentit que la moindre parole qu'il prononcerait serait de trop. Il se contenta alors d'hocher la tête, de rependre son tablier avant de repartir à l'entrée. Yuko resta derrière lui, le regardant renouer les lacets de ses chaussures. Elle observait ce geste maintes fois répétés qui, pour elle, était le dernier maillon d'une longue chaine dont elle avait suivi l'ouvrage. Même pour nouer des lacets, Watanuki savait faire preuve d'une certaine dextérité.
- Je reviendrais après-demain, alors ?
La sorcière voudrait lui dire " non " d'un ton catégorique et sans appel. Toutefois, un accès de faiblesse la pousse à taire la vérité.
- Oui, après-demain ce sera parfait.
Comme toujours elle ne quitta pas la boutique. Après tout elle faisait parti de son être, son âme y était attachée. Jusqu'au dernier moment, elle regarde la silhouette de l'adolescent disparaître sur le chemin.
- Ce n'est plus un " au revoir " désormais.
Ces dernières paroles résonnent derrière la porte qu'elle vient de faire coulisser.
***
A la place de la boutique, il ne voyait plus qu'un terrain vague. Sur le coup il demeura choqué, les bras pendants. Il en avait lâché son sac qui était tombé sur le trottoir, renversant son contenu. Mais il n'en avait rien à faire. La boutique avait disparue. Ou plutôt, il ne la voyait plus.
Le jeune homme s'était avancé vers la barrière, un kekkai érigé par Yuko. Il fut repoussé. La magie de la boutique l'empêchait de revenir. Il n'avait plus besoin de la boutique car son voeu avait été exaucé. Mais dans son coeur, Watanuki était certain d'avoir encore besoin d'Yuko. Ramassant son sac, l'adolescent repartit, sans jamais se retourner.
Il évita avec soin de repasser par cette rue. La vision du terrain vague lui infligeait un coup au coeur. Il repensait à sa dernière entrevue avec Yuko : pourquoi ne lui avait-elle pas dit la vérité ? Il aurait voulu lui dire " adieu ", lui exprimer sa reconnaissance. Il n'avait aucune preuve que son séjour à la boutique soit réel. Hormis les discussions avec Domeki et Himawari.
Ce fut par coïncidence que Watanuki passa dans cette rue. Pour la première fois, Himawari l'accompagnait, mais Domeki était présent derrière eux. Il trouvait qu'il était toujours nécessaire qu'il soit présent, ainsi la malédiction d'Himawari ne pouvait pas toucher son ami. Les regards des trois adolescents furent hypnotisés par le terrain vague ; chacun d'eux avait connut la boutique et aperçut sa propriétaire. Mais aucun n'en avait été aussi intimement lié que Watanuki.
- Heureux que ce soit de vieux souvenirs maintenant, souffla Watanuki.
Sa voix était peu convaincante, sonnant faux. Domeki ne dit rien, mais son regard exprimait toute sa suspicion. Watanuki étant dos à lui, ne pouvait le voir. Himawari ne fut pas dupe, inclinant la tête sur le côté.
- Tu n'appréciais pas ta patronne ?
- C'était une mégère toujours à se plaindre. Elle a du être bien contente de me virer.
"Mensonge", souffla une voix, celle de sa conscience. "Illusion", soufflaient ses souvenirs. Le lycéen tâcha de les ignorer, portant toute son attention sur Himawari.
- Et puis, elle a du partir en voyage, voir d'autres magiciens. Elle doit bien s'amuser.
Le sourire qui lui offrait sonnait faux. Tout ce qu'il faisait était en désaccord avec son coeur. Les adolescents finirent par quitter la rue, sentant l'atmosphère nostalgique des souvenirs peser sur eux. Aucun d'eux ne put voir le sourire triste et brisé de Yuko.