Titre : (n/a)
Auteur :
ylgJour/Thème : 23 janvier/scout
Fandom : FullMetal Alchemist, anime
Personnages : l’équipe Mustang
Rating : PG
Disclaimer : Arakawa Hiromu, Square Enix, studio BONES pour FMA ; le scoutisme est © Robert Baden-Powell 1907 pour notre monde, mais il peut avoir été inventé un peu plus tôt à Amestris, pour les besoins de la fic :p
Participation au vote de fin de mois : sans doute pas.
Timeline/Spoil éventuel : fin de série, épisodes 48-50.
***
Le soleil se lève sur les tranchées du Nord. Le camp est toujours en place, n’a pas été rasé pendant la nuit. Toujours ça de pris.
Dans la tente des officiers, le second-lieutenant Breda peste contre le café encore plus dégueulasse qu’au bureau. L’adjudant Farman n’en pense pas moins, mais garde toutefois le silence. On fait ce qu’on peut, en temps de guerre, tant pour la popote que pour garder le moral. L’un n’aidant pas forcément l’autre…
Dehors, les équipes fraîches relèvent celles de la nuit. L’un après l’autre, les chefs de section font leur rapport.
Rien à signaler, tout est calme.
Tout ?
Tout.
C’est presque trop calme, même… et ce calme en lui-même est une ombre au tableau :
« Je crains que certains hommes hésitent à tirer sur le camp adverse, chez nous comme en face. J’ai l’impression qu’ils ne se résignent à tirer que si une cible reste vraiment longtemps visible. Et à côté.
-À ce point ?
-C’est une minorité, cependant. La plupart de nos hommes n’ont pas autant de scrupules.
-Hmm… »
Les informations transmises, ils sont renvoyés chacun à leur poste. Sauf un, que ses supérieurs gardent auprès d’eux sous un prétexte quelconque. Une précision à apporter ici, un coup de main technique à donner là…
Le temps passe pendant qu’ils mettent à jour leurs plans.
Dans un coin de leur tente, à force d’attendre la suite, petit Fury s’est endormi, épuisé par les événements. Malgré l’entraînement, la charge physique écrase bien des hommes, et la charge émotionnelle dépasse ses capacités.
Tout autre que lui se ferait secouer sans ménagement et sermonner. Lui en revanche, ses supérieurs ont du mal à lui faire des remontrances. Ils sont tous dans la même galère, tout le monde ici souffre autant du conflit en cours, mais est-ce une raison pour insister encore un peu plus côté cruauté ?
À contre-cœur, Breda s’approche pour le réveiller.
La main d’Armstrong sur son bras l’arrête.
« Laissez-le dormir. »
De son geste héroïque habituel, Armstrong ôte sa veste. Il émet moins d’étincelles que d’ordinaire, remarque cependant Breda. Le Lieutenant-Colonel s’agenouille et en drape les épaules du petit sergent endormi.
Juste au moment de la poser, il a un léger temps d’hésitation. Les trois étoiles sur l’épaule du jeune homme brillent fièrement. Trois petites étoiles sur une seule bande : sergent-major, juste assez gradé pour devoir encadrer les hommes sur le terrain, pas assez pour faire partie de l’état-major. Complètement coincé par la hiérarchie ; il cumule le travail sur le terrain et les responsabilités. Et Fury n’a pas l’étoffe d’un leader.
Le petit frère de l’équipe… à force de le voir avec eux, ils ont fini par en oublier les différences de grade. Ça se paie aujourd’hui.
Contrairement à eux tous, lui était trop jeune, pour la campagne d’Ishbal. Il n’a pas vu le massacre. Ce qu’ils ont croisé jusque là, ils s’en sont toujours tirés à bon compte ; même à Lior, ils ont échappé au pire. Cette campagne-ci, c’est son baptême du feu. Pas étonnant qu’il résiste moins bien.
« Pourtant, ce qu’on a ici n’a rien à voir avec Ishbal, remarque Breda.
-Effectivement. Au lieu d’avoir en face de nous des civils insurgés, nous avons d’anciens camarades. »
Tous y pensent, aucun ne le formule à haute voix : Je me demande lequel est le pire.
*
Fury se réveille en sursaut. Il panique. L’ordre de roulement, les tours de garde, les tranchées : où en est-il ? n’était-il pas censé y être en ce moment ? Ce n’est pas le moment de jouer les planqués !
On le rassure, il a encore un peu de temps avant de devoir y retourner. Le voilà soulagé. Toute la reconnaissance du monde se lit dans ses yeux quand Havoc lui fait part de cela. Comme s’il venait de lui sauver la vie, une grâce miraculeuse.
Saloperie de guerre, si c’est à ce point que monter au front le terrorise…
C’est alors qu’il remarque la veste qui l’enveloppe. Avant même de regarder les grades sur les pattes des épaules, sa taille la trahit :
« Et le Lieutenant-Colonel Armstrong ?
-Là-bas, il voulait se rendre compte lui-même de l’avancée -ou pas- du problème. »
Que ça soit son tour de repos ou pas, Fury estime qu’il a déjà trop dormi quand il ne fallait pas et se met en devoir de la lui rapporter. Et de toute façon, il faudra bien qu’il rejoigne les tranchées avant à un moment ou l’autre.
L’endroit où il le retrouve, heureusement, n’est pas trop exposé, il peut s’y aventurer sans risque et sans qu’on vienne lui demander ce qu’il fait là.
« Lieutenant-Colonel, votre veste…
-Ah, merci. »
Pas une question n’est faite à propos de cela, comment Armstrong a pu « l’oublier » et pourquoi Fury plutôt qu’un autre prend la peine de s’en occuper. Les soldats en faction ont d’autres chats à fouetter que les excentricités d’Armstrong, et Armstrong lui-même a le tact de ne pas prendre de nouvelles en public de ce que devient Fury quand il n’est pas au front.
Alex Louis Armstrong est un roc au milieu du paysage. Il domine fièrement les troupes. Ça semblerait complètement incongru de lui demander s’il n’a pas peur de prendre froid, torse nu par ce temps. Tout autant que s’il ne craint pas les balles ennemies.
*
Le temps n’a que ça à faire, il finit par passer. Un peu de calme se fait.
Dans leur tente privée, ses collègues finissent par questionner Fury.
« Qu’est-ce que tu fais dans l’armée, déjà ? Pourquoi tu t’étais engagé, en premier lieu ? »
Il hésite un peu avant d’expliquer. Si c’est pour qu’on trouve qu’il n’a rien à faire là à la base… mais enfin, autant être honnête :
« La discipline, l’organisation. La famille… je veux dire, la façon dont la vie est structurée, euh, non, « camaraderie » c’est pas le bon terme, ça porte trop à confusion, mais…
-« Fraternité » ?
-Quelque chose comme ça, oui. Une société bien ordonnée. Et puis vraiment, cette idée de « famille »…
-Je vois… »
Cain, lui, ne voit rien du tout. Ce à quoi cette information l’avance, ça lui échappe. Mais bon… À lui, ça semble une raison tout à fait valable d’avoir voulu s’engager, sinon d’ailleurs il ne serait pas là aujourd’hui.
« Tu as été scout, plus jeune ?
-Non, jamais. »
Mais puisqu’il semble y voir un rapport : « C’est peut-être ça qui m’a manqué, qui sait. Si j’avais pu… »
Il pourrait demander « Et vous ? », mais enfin, ça ne se fait pas. Il attend que son supérieur alimente la conversation sans rien oser demander lui-même.
« Tu n’aurais pas été plus à ta place comme technicien dans le civil ?
-Peut-être. Je ne sais pas.
De toute façon, voudrait-il dire, je me plais ici. Enfin, jusqu’à ce qu’on commence à s’entretuer…
« Si tu avais eu cet encadrement que tu cherchais, plus jeune, si tu avais pu passer par les scouts… tu ne serais pas dans l’armée aujourd’hui ?
-Je n’en sais rien. Comment savoir ? »
Son père refusait : après tout, à l’origine, cette branche de jeunesse forme les adolescents à la discipline. Elle en vaccine certains, et ne fait que renforcer la vocation des autres. Ça n’aurait peut-être strictement rien changé, juste son grade à la sortie de l’Académie militaire ?
Ils ne sauront jamais ce qui aurait pu se passer différemment. Ils ont déjà bien assez avec ce qui se passe ici et maintenant, avec ce qui se profile encore, ce qui menace et ce qu’ils voudraient éviter.
Des plans sur le passé, il est inutile d’en tirer, c’est déjà bien assez dur d’en faire sur le présent, pire encore sur l’avenir. S’ils se sortent vivants de cette guerre, ils en reparleront peut-être.