12 Avril - Endormi - Les Chroniques de Narnia
Titre: Intrigues de cour
Auteur: Lily Rae (lily.kohai@gmail.com)
Jour/Thème: 12 Avril/Endormi
Fandom: Les Chroniques de Narnia
Personnage/Couple: Lucy
Rating: G
Disclaimer: C'est pas moi, d'abord, c'est Lucy!! Pas de ma faute s'ils lui racontent tout, hein...
Bien que n'avoir aucun secret soit impossible, il y avait peu, fort peu de choses que les frères et soeurs Pevensie, Rois et Reines de Narnia, se cachaient entre eux.
Edmund le Juste, par exemple, ne taisait plus aucune de ses pensées ; sans doute était-ce pour lui une manière de s'assurer que ses frères et soeurs pourraient l'empêcher de faire quelque chose d'inconsidéré, si lui-même ne s'en rendait pas compte. De ce fait, il parlait souvent avec le Roi Peter ; et ce qu'il ne lui disait pas, quelle qu'en soit la raison, il s'en ouvrait à la Reine Lucy, dont il était très proche. Quant à ses opinions, eh bien, Edmund était celui des quatre qui s'embarassait le moins de protocole et de diplomatie ; et ceux que sa franchise outraient, la gentillesse de la Reine Susan ainsi que la sympathie de Lucy et Peter leur faisaient oublier le manque de tact d'Edmund.
Peter le Magnifique, lui, avait pour seuls secrets ceux qui pouvaient selon lui nuire à ses frère et soeurs ; et encore, la plupart, s'ils n'étaient pas connus des quatre, étaient bien souvent partagés avec au moins l'un d'entre eux. Malgré leur différence d'âge, la Reine Lucy n'était pas la moindre de ses confidents.
Susan la Douce avait, elle, la meilleure et ma foi la plus sûre des raisons pour n'avoir aucun mystère envers ses proches : exception faite peut-être de quelque secret partagé, comme dit plus tôt, avec le Roi Peter, elle n'avait rien à cacher. Sans doute sa chambre ou celle de Lucy étouffaient-elles de temps à autres quelques discussions de demoiselles, mais rien de plus.
Lucy la Vaillante enfin était probablement celle des Pevensie qui dissimulait le plus de choses, sans aucune mauvaise intention, bien entendu. Il y avait plusieurs explications à cela. Déjà, elle était la confidente favorite de ses frères et soeur, pour des raisons qu'aucun d'eux n'aurait été en mesure d'exposer clairement. Sans doute Lucy savait-elle écouter, rester objective, ne pas juger hâtivement, ne pas trop en faire pour réconforter, ou peut-être était-elle simplement trop adorable pour qu'on lui résiste -et après réflexion, c'est probablement la raison que le Roi Edmund vous donnerait si vous lui posiez la question. Mais rien de ce qu'on lui avouait n'était divulgué par elle, quelle que soit la personne concernée ; et cela, même si parfois certains de ces secrets semblaient à toutes forces vouloir sortir de sa gorge.
Comme à cet instant, où elle se tenait aux côtés de son frère Edmund et du Faune Tumnus, lors d'une réception au château de Cair Paravel, et qu'Edmund fixait d'un air absent Peter dansant avec quelque princesse de quelque pays voisin dont, sans offense, Lucy se fichait éperdument. Elle discutait depuis quelques minutes avec son ami, ayant renoncé à sortir son frère de sa torpeur, et se contentait de l'empêcher de prendre un des nombreux verres de vin trônant sur la table la plus proche.
Mr Tumnus, en ami attentionné, cherchait avec Lucy une solution à son problème. Elle ne lui avait parlé de rien, mais le secret qui la taraudait n'était pas de ceux qui échappent à un Faune. Aussi tentaient-ils depuis le commencement de la soirée, à mots couverts pour n'attirer l'attention de personne, de trouver quelque idée salvatrice.
Néanmoins leurs efforts conjugués restaient vains, comme toujours depuis les deux années que Lucy avait passées à oeuvrer dans l'ombre. La réception commençait à se fatiguer, la plupart des invités avaient gagné leur chambre ; et la Reine décida soudainement qu'elle en avait assez.
"Mr Tumnus" dit-elle, "pourriez-vous patienter une dizaine de minutes, puis dire à Monsieur l'Aîné que j'aurais besoin de lui, je vous prie? Edmund et moi serons dans ma chambre."
"Entendu, ma Reine."
Sur ce, Lucy passa son bras à celui de son frère et lui fit un joli sourire.
"Edmund, viens-tu avec moi?"
Le Roi eut un léger sursaut au toucher et se tourna vers sa cadette, un peu confus.
"...Où ça?"
"Je veux te montrer quelque chose. Mais tu devras garder le secret, entendu?"
Edmund n'était pas vraiment dupe ; après tout, la volonté de sa soeur de lui changer les idées était assez évidente, et il la connaissait assez pour supposer qu'elle avait quelque chose à plus long terme derrière la tête. Néanmoins, elle lui était précieuse, avait toute sa confiance, et un adorable sourire ; il accepta donc et la suivit hors de la salle de réception.
Elle l'entraîna jusqu'à sa chambre dont elle ferma soigneusement la porte après qu'ils y soient entrés, et envoya Edmund s'asseoir sur un des confortables fauteuils rouges pendant qu'elle ouvrait un grand coffre en bois. Elle sortit un étui de cuir et en sortit une jolie flûte en bois clair, puis alla s'installer dans un fauteuil en face de son frère.
"Tu sais jouer de cette flûte étrange?"
"Oui, on m'apprend depuis quelques temps" sourit-elle avant de souffler quelques notes pour se re-familiariser avec l'instrument. "Seulement, j'attends de savoir vraiment bien jouer avant de le montrer à Peter et Susan. Mais j'aimerais tout de même te faire écouter une musique que j'ai mis longtemps à maîtriser. Tu veux bien?"
Edmund haussa imperceptiblement les épaules.
"Bien sûr, petite soeur. Mais tu sais que je ne suis pas un expert en musique, mon avis n'aura pas un très grand poids."
"Ne t'en fais pas, je m'en rendrai compte moi-même si je la joue mal."
Lucy souffla les premières notes et la musique s'éleva doucement, charmeuse et envoûtante ; la Berceuse de Narnia ondulait littéralement dans l'air de la chambre. Edmund s'y laissa prendre. Ses paupières se fermèrent peu à peu et il finit par poser la tête sur le dossier du fauteuil, assoupi. La Reine cessa de jouer, occultant volontairement la fin, et se releva pour passer sa main devant les yeux clos de l'adolescent qui n'eut pas de réaction.
Une autre des explications aux secrets que dissimulait Lucy était qu'elle aimait avoir des atouts cachés pour être en mesure d'aider plus efficacement ses frères et soeur si le besoin s'en faisait sentir, ou pour les situations compliquées. La plupart du temps ces situations n'étaient pas bien dramatiques, car même en étant Reine de Narnia, elle restait une enfant pourvue d'une grande soeur trop sérieuse et d'un grand frère surnommé le 'Magnifique' -un bonheur pour les espiègleries les jours d'ennui. Elle n'avait jamais dit à ses frères et soeur que Mr Tumnus lui apprenait à jouer, non seulement pour la raison qu'elle avait déjà évoquée à Edmund, mais également parce que le talent du Faune à la flûte leur rappelait à tous deux leur première rencontre et certaines intentions premières qui n'étaient pas à mentionner devant Peter, si protecteur. Et aujourd'hui elle remerciait le Lion que son plus jeune frère ne se soit pas méfié outre mesure de la flûte.
Elle rangeait l'instrument dans son coffre quand on frappa à sa porte. Le Roi Peter entra, une expression intriguée sur le visage, se demandant manifestement ce que pouvait bien vouloir sa soeur à cette heure où ils devaient prendre congé des invités -et où, soit dit en passant, sa présence était requise dans la mesure du possible.
"Ah, Peter, te voilà" sourit-elle tout en refermant son meuble, imperturbable.
"As-tu besoin de quelque chose, Luce?"
"Eh bien, c'est juste que..."
Elle se tourna vers le fauteuil où était Edmund et le désigna.
"Edmund s'est endormi ici, et il ne peut pas finir la nuit dans ce fauteuil, ce serait très inconfortable..."
"...Lucy..." fit le Roi, encore moins dupe que son frère. "Ne crois-tu pas en faire un peu trop?"
"Oh, grand frère, je pensais juste te demander de l'amener à sa chambre, pas de le réveiller d'un baiser..."
L'aîné sentit ses joues rougir et maudit ses cheveux clairs.
"Ne joue pas les innocentes, Lucy. Je trouve ça louche qu'il se soit justement endormi dans ta chambre, alors que vous n'aviez aucune raison de quitter la réception."
"Nous nous ennuyions, il n'y a rien de plus... Et Edmund semblait un peu mélancolique, j'ai pensé qu'une discussion lui changerait les idées."
"Mélancolique?" releva Peter en haussant les sourcils. "Pourquoi diable?"
"Eh bien, comme tu peux le voir, il s'est endormi, donc..."
"..."
"Oh, Peter, je t'en prie... Réveille-le et guide-le jusqu'à sa chambre, j'ai bien peur qu'il soit trop fatigué pour y arriver sans heurter quelqu'un. On penserait qu'il a trop bu, ce serait peu gracieux."
Peter soupira, décidant de remettre la discussion à plus tard.
"Entendu, entendu... Mais ne crois pas m'échapper comme ça."
Lucy sourit de nouveau, regardant le Roi secouer l'épaule de son frère qui ouvrit vaguement les yeux, encore pris par le pouvoir de la Berceuse. Il fallut quelques minutes pour qu'Edmund ne se lève, un bras passé autour des épaules de Peter qui le soutenait.
"Bonne nuit, petite soeur" lança celui-ci à Lucy avant de sortir de la pièce.
"Bonne nuit!"
Mr Tumnus toqua à la porte un moment plus tard et Lucy lui ouvrit, joyeuse.
"A voir votre joie, je devine que vos efforts ont porté leurs fruits..."
"Eh bien, même si l'image de Peter portant Edmund comme une mariée aurait été fort plaisante, au moins l'a-t-il mené jusqu'à sa chambre. Avec un peu de chance, l'air endormi d'Edmund décidera Peter à avouer quelque sentiment tu depuis trop longtemps..."
"Vous n'avez pas l'air très convaincue, Lucy..."
"Non, effectivement" confirma-t-elle avec un petit rire. "Je crois surtout que Peter va aider Edmund à s'étendre sur son lit, va le regarder pendant quelques instants, puis que la Berceuse va lâcher son emprise et laisser Edmund se réveiller, et que le temps qu'il s'aperçoive de la présence de Peter, celui-ci aura déjà marmonné quelque invité à saluer avant de sortir précipitemment. Et demain nous en serons au même point..."
Elle sourit encore, preuve qu'elle n'abandonnerait pas. Un jour, les toutes petites confrontations qu'elle occasionnait régulièrement auraient un résultat. Après tout, ce n'était pas à elle de forcer ses frères à se dire quoi que ce soit ; mais elle pouvait quand même les y décider. Les voir se morfondre chacun de leur côté, et ce pour rien en plus, était au-dessus de ses forces.
"Mr Tumnus?"
"Oui, Lucy?"
"Me jouerez-vous une Berceuse pour m'endormir, ce soir?"
FIN.
Auteur: Lily Rae (lily.kohai@gmail.com)
Jour/Thème: 12 Avril/Endormi
Fandom: Les Chroniques de Narnia
Personnage/Couple: Lucy
Rating: G
Disclaimer: C'est pas moi, d'abord, c'est Lucy!! Pas de ma faute s'ils lui racontent tout, hein...
Bien que n'avoir aucun secret soit impossible, il y avait peu, fort peu de choses que les frères et soeurs Pevensie, Rois et Reines de Narnia, se cachaient entre eux.
Edmund le Juste, par exemple, ne taisait plus aucune de ses pensées ; sans doute était-ce pour lui une manière de s'assurer que ses frères et soeurs pourraient l'empêcher de faire quelque chose d'inconsidéré, si lui-même ne s'en rendait pas compte. De ce fait, il parlait souvent avec le Roi Peter ; et ce qu'il ne lui disait pas, quelle qu'en soit la raison, il s'en ouvrait à la Reine Lucy, dont il était très proche. Quant à ses opinions, eh bien, Edmund était celui des quatre qui s'embarassait le moins de protocole et de diplomatie ; et ceux que sa franchise outraient, la gentillesse de la Reine Susan ainsi que la sympathie de Lucy et Peter leur faisaient oublier le manque de tact d'Edmund.
Peter le Magnifique, lui, avait pour seuls secrets ceux qui pouvaient selon lui nuire à ses frère et soeurs ; et encore, la plupart, s'ils n'étaient pas connus des quatre, étaient bien souvent partagés avec au moins l'un d'entre eux. Malgré leur différence d'âge, la Reine Lucy n'était pas la moindre de ses confidents.
Susan la Douce avait, elle, la meilleure et ma foi la plus sûre des raisons pour n'avoir aucun mystère envers ses proches : exception faite peut-être de quelque secret partagé, comme dit plus tôt, avec le Roi Peter, elle n'avait rien à cacher. Sans doute sa chambre ou celle de Lucy étouffaient-elles de temps à autres quelques discussions de demoiselles, mais rien de plus.
Lucy la Vaillante enfin était probablement celle des Pevensie qui dissimulait le plus de choses, sans aucune mauvaise intention, bien entendu. Il y avait plusieurs explications à cela. Déjà, elle était la confidente favorite de ses frères et soeur, pour des raisons qu'aucun d'eux n'aurait été en mesure d'exposer clairement. Sans doute Lucy savait-elle écouter, rester objective, ne pas juger hâtivement, ne pas trop en faire pour réconforter, ou peut-être était-elle simplement trop adorable pour qu'on lui résiste -et après réflexion, c'est probablement la raison que le Roi Edmund vous donnerait si vous lui posiez la question. Mais rien de ce qu'on lui avouait n'était divulgué par elle, quelle que soit la personne concernée ; et cela, même si parfois certains de ces secrets semblaient à toutes forces vouloir sortir de sa gorge.
Comme à cet instant, où elle se tenait aux côtés de son frère Edmund et du Faune Tumnus, lors d'une réception au château de Cair Paravel, et qu'Edmund fixait d'un air absent Peter dansant avec quelque princesse de quelque pays voisin dont, sans offense, Lucy se fichait éperdument. Elle discutait depuis quelques minutes avec son ami, ayant renoncé à sortir son frère de sa torpeur, et se contentait de l'empêcher de prendre un des nombreux verres de vin trônant sur la table la plus proche.
Mr Tumnus, en ami attentionné, cherchait avec Lucy une solution à son problème. Elle ne lui avait parlé de rien, mais le secret qui la taraudait n'était pas de ceux qui échappent à un Faune. Aussi tentaient-ils depuis le commencement de la soirée, à mots couverts pour n'attirer l'attention de personne, de trouver quelque idée salvatrice.
Néanmoins leurs efforts conjugués restaient vains, comme toujours depuis les deux années que Lucy avait passées à oeuvrer dans l'ombre. La réception commençait à se fatiguer, la plupart des invités avaient gagné leur chambre ; et la Reine décida soudainement qu'elle en avait assez.
"Mr Tumnus" dit-elle, "pourriez-vous patienter une dizaine de minutes, puis dire à Monsieur l'Aîné que j'aurais besoin de lui, je vous prie? Edmund et moi serons dans ma chambre."
"Entendu, ma Reine."
Sur ce, Lucy passa son bras à celui de son frère et lui fit un joli sourire.
"Edmund, viens-tu avec moi?"
Le Roi eut un léger sursaut au toucher et se tourna vers sa cadette, un peu confus.
"...Où ça?"
"Je veux te montrer quelque chose. Mais tu devras garder le secret, entendu?"
Edmund n'était pas vraiment dupe ; après tout, la volonté de sa soeur de lui changer les idées était assez évidente, et il la connaissait assez pour supposer qu'elle avait quelque chose à plus long terme derrière la tête. Néanmoins, elle lui était précieuse, avait toute sa confiance, et un adorable sourire ; il accepta donc et la suivit hors de la salle de réception.
Elle l'entraîna jusqu'à sa chambre dont elle ferma soigneusement la porte après qu'ils y soient entrés, et envoya Edmund s'asseoir sur un des confortables fauteuils rouges pendant qu'elle ouvrait un grand coffre en bois. Elle sortit un étui de cuir et en sortit une jolie flûte en bois clair, puis alla s'installer dans un fauteuil en face de son frère.
"Tu sais jouer de cette flûte étrange?"
"Oui, on m'apprend depuis quelques temps" sourit-elle avant de souffler quelques notes pour se re-familiariser avec l'instrument. "Seulement, j'attends de savoir vraiment bien jouer avant de le montrer à Peter et Susan. Mais j'aimerais tout de même te faire écouter une musique que j'ai mis longtemps à maîtriser. Tu veux bien?"
Edmund haussa imperceptiblement les épaules.
"Bien sûr, petite soeur. Mais tu sais que je ne suis pas un expert en musique, mon avis n'aura pas un très grand poids."
"Ne t'en fais pas, je m'en rendrai compte moi-même si je la joue mal."
Lucy souffla les premières notes et la musique s'éleva doucement, charmeuse et envoûtante ; la Berceuse de Narnia ondulait littéralement dans l'air de la chambre. Edmund s'y laissa prendre. Ses paupières se fermèrent peu à peu et il finit par poser la tête sur le dossier du fauteuil, assoupi. La Reine cessa de jouer, occultant volontairement la fin, et se releva pour passer sa main devant les yeux clos de l'adolescent qui n'eut pas de réaction.
Une autre des explications aux secrets que dissimulait Lucy était qu'elle aimait avoir des atouts cachés pour être en mesure d'aider plus efficacement ses frères et soeur si le besoin s'en faisait sentir, ou pour les situations compliquées. La plupart du temps ces situations n'étaient pas bien dramatiques, car même en étant Reine de Narnia, elle restait une enfant pourvue d'une grande soeur trop sérieuse et d'un grand frère surnommé le 'Magnifique' -un bonheur pour les espiègleries les jours d'ennui. Elle n'avait jamais dit à ses frères et soeur que Mr Tumnus lui apprenait à jouer, non seulement pour la raison qu'elle avait déjà évoquée à Edmund, mais également parce que le talent du Faune à la flûte leur rappelait à tous deux leur première rencontre et certaines intentions premières qui n'étaient pas à mentionner devant Peter, si protecteur. Et aujourd'hui elle remerciait le Lion que son plus jeune frère ne se soit pas méfié outre mesure de la flûte.
Elle rangeait l'instrument dans son coffre quand on frappa à sa porte. Le Roi Peter entra, une expression intriguée sur le visage, se demandant manifestement ce que pouvait bien vouloir sa soeur à cette heure où ils devaient prendre congé des invités -et où, soit dit en passant, sa présence était requise dans la mesure du possible.
"Ah, Peter, te voilà" sourit-elle tout en refermant son meuble, imperturbable.
"As-tu besoin de quelque chose, Luce?"
"Eh bien, c'est juste que..."
Elle se tourna vers le fauteuil où était Edmund et le désigna.
"Edmund s'est endormi ici, et il ne peut pas finir la nuit dans ce fauteuil, ce serait très inconfortable..."
"...Lucy..." fit le Roi, encore moins dupe que son frère. "Ne crois-tu pas en faire un peu trop?"
"Oh, grand frère, je pensais juste te demander de l'amener à sa chambre, pas de le réveiller d'un baiser..."
L'aîné sentit ses joues rougir et maudit ses cheveux clairs.
"Ne joue pas les innocentes, Lucy. Je trouve ça louche qu'il se soit justement endormi dans ta chambre, alors que vous n'aviez aucune raison de quitter la réception."
"Nous nous ennuyions, il n'y a rien de plus... Et Edmund semblait un peu mélancolique, j'ai pensé qu'une discussion lui changerait les idées."
"Mélancolique?" releva Peter en haussant les sourcils. "Pourquoi diable?"
"Eh bien, comme tu peux le voir, il s'est endormi, donc..."
"..."
"Oh, Peter, je t'en prie... Réveille-le et guide-le jusqu'à sa chambre, j'ai bien peur qu'il soit trop fatigué pour y arriver sans heurter quelqu'un. On penserait qu'il a trop bu, ce serait peu gracieux."
Peter soupira, décidant de remettre la discussion à plus tard.
"Entendu, entendu... Mais ne crois pas m'échapper comme ça."
Lucy sourit de nouveau, regardant le Roi secouer l'épaule de son frère qui ouvrit vaguement les yeux, encore pris par le pouvoir de la Berceuse. Il fallut quelques minutes pour qu'Edmund ne se lève, un bras passé autour des épaules de Peter qui le soutenait.
"Bonne nuit, petite soeur" lança celui-ci à Lucy avant de sortir de la pièce.
"Bonne nuit!"
Mr Tumnus toqua à la porte un moment plus tard et Lucy lui ouvrit, joyeuse.
"A voir votre joie, je devine que vos efforts ont porté leurs fruits..."
"Eh bien, même si l'image de Peter portant Edmund comme une mariée aurait été fort plaisante, au moins l'a-t-il mené jusqu'à sa chambre. Avec un peu de chance, l'air endormi d'Edmund décidera Peter à avouer quelque sentiment tu depuis trop longtemps..."
"Vous n'avez pas l'air très convaincue, Lucy..."
"Non, effectivement" confirma-t-elle avec un petit rire. "Je crois surtout que Peter va aider Edmund à s'étendre sur son lit, va le regarder pendant quelques instants, puis que la Berceuse va lâcher son emprise et laisser Edmund se réveiller, et que le temps qu'il s'aperçoive de la présence de Peter, celui-ci aura déjà marmonné quelque invité à saluer avant de sortir précipitemment. Et demain nous en serons au même point..."
Elle sourit encore, preuve qu'elle n'abandonnerait pas. Un jour, les toutes petites confrontations qu'elle occasionnait régulièrement auraient un résultat. Après tout, ce n'était pas à elle de forcer ses frères à se dire quoi que ce soit ; mais elle pouvait quand même les y décider. Les voir se morfondre chacun de leur côté, et ce pour rien en plus, était au-dessus de ses forces.
"Mr Tumnus?"
"Oui, Lucy?"
"Me jouerez-vous une Berceuse pour m'endormir, ce soir?"
FIN.