9 avril - Lunettes de soleil - Antique Bakery (Premier baiser)
Titre: Idiot
Auteur: drakys
Jour/Thème: 9 avril/lunettes de soleil + premier baiser
Fandom: antique bakery
Couple: chikage/tachibana
Rating: PG
Disclaimer: fumi yoshinaga
Participation au vote de fin de mois: non
Le cauchemar est le même, toujours le même. Le goût du gâteau sur sa langue lui donne envie de vomir et il n'arrive pas à se souvenir de rien. Seulement de l'étranger au visage imprécis et des gâteaux sucrés. Des lèvres de l'inconnu qui bougent pour former des mots qu'il a oubliés.
Il se réveille en sueur et Chikage est là, agenouillé près de son futon.
"Milord", dit-il doucement et Tachibana, s'il n'avait pas trente ans passés, s'il était encore un gamin, éclaterait en sanglots contre lui.
Il se contente de se réfugier entre les bras ouverts, de refermer les poings dans le tissu du pyjama jusqu'à ce que sa respiration retrouve enfin sa régularité. Et il ferme les yeux, encore secoué, les images derrières ses paupières défilent, s'effacent et il a aussi peur qu'avant.
Rien n'a changé.
"Merci", marmonne Tachibana en le lâchant.
Il ne relève pas la tête pour croiser son regard, de toute façon, il ne le verrait pas derrière les lunettes de soleil. Il ne verrait que son propre reflet, cheveux ébouriffés et dans ses yeux encore cette même terreur qui le hante depuis son enlèvement quand il était gamin.
***
Le lendemain matin, la routine reprend et les terreurs de la nuit deviennent enfin des spectres lointains et irréels. Tellement que Tachibana en rirait, si ils ne lui laissaient pas l'échine glacée. Il est sous la douche quand il entend le cri complètement paniqué.
"Milord! Je n'arrive pas à faire fonctionner le cuiseur de riz!"
Tachibana soupire, mais il y a bientôt un sourire sur ses lèvres. Il ferme l'eau et lui répond:
"Occupe-toi du reste, j'arrive!"
Quand il sort finalement de la salle de bains, les cheveux encore humides, Chikage termine de placer les couverts sur la table et il lui fait un grand sourire, fier de son accomplissement.
"J'ai réussi, Milord!", lui annonce-t-il en ouvrant le cuiseur pour servir le riz dans deux bols.
"Tu vois, tu y arrives très bien quand tu prends ton temps."
Le sourire de Chikage s'agrandit encore un peu presqu'au risque de lui déchirer le visage, comme électrisé par le compliment. Tachibana ne doute même pas que derrière ses verres foncés, ses yeux pétillent de joie. Ils s'installent à la table et Tachibana jette rapidement un coup d'œil aux journaux.
"Bon appétit!", s'exclame l'autre homme devant lui avant de s'attaquer avec enthousiasme au repas.
Tachibana répète la formule tranquillement et ils mangent en silence. Il trouve l'omelette trop sucrée, mais ne dit rien, noie le goût avec de généreuses bouchées de riz blanc. Le poisson est un peu trop grillé, mais il ne passe aucun commentaire, coupe le goût avec la soupe miso.
"Merci pour la nourriture!", s'exclame Chikage à la fin du repas avant de déposer ses baguettes.
Il va se relever quand Tachibana remarque la nourriture restée collée sur son visage.
"Attends un peu", dit-il et il se lève aussi, se penche par-dessus la table et tend la main vers l'autre homme.
Ses doigts enlèvent les grains de riz collés au coin de sa bouche et il soupire bruyamment en pensant qu'il n'est encore qu'un gamin, au fond. Ramène lentement son pouce à ses lèvres pour y cueillir le riz. Il le regarde, sourcils froncés, et s'immobilise.
Chikage a toujours été là pour lui, même si parfois il lui semble que l'inverse est tout aussi vrai. Ils sont amis, depuis toujours. Depuis bien avant les cauchemars et l'enlèvement. Il connait ses incertitudes, sait pourquoi il cache ses yeux pâles et surtout fragiles derrières des lunettes fumées. Ils sont amis, depuis toujours. Amis, pas...
"Chikage?
- Milord?", demande l'autre homme, aussitôt soucieux.
Tachibana hésite, sait que c'est idiot. Il tend à nouveau la main vers lui, se penche un peu plus au-dessus de la table et hésite, bras suspendu, geste arrêté. Leurs visages sont si près, derrière le verre foncé, il devine le regard qui le fixe. C'est idiot.
C'est Chikage qui étend ses grands doigts fins pour les fixer autour du visage de Tachibana, c'est lui qui unit leurs lèvres. Maladroitement, comme le sont chacun de ses gestes, mais quand même avec cette assurance tranquille qui le caractérise.
Tachibana se détourne. Idiot. Joues échaudées.
"Dépêche-toi à m'aider à débarrasser la table, sinon nous allons arriver en retard!"
Il s'éloigne un peu précipitamment avec les plats attrapés rapidement, il lui reste sur les lèvres un goût sucré. Celui de l'omelette que Chikage aime tant. Il soupire à peine quand il entend derrière lui un bol se casser quand il tombe par terre.
"Je suis désolé, milord!", s'exclame l'autre homme en se penchant pour ramasser les dégâts.
"Prends ton temps. Fais attention à ne pas te blesser", lui conseille Tachibana en déposant la vaisselle dans le lavabo de la cuisine.
"Mais vous venez de dire qu'il faut nous dépêcher!"
Tachibana le rejoint et s'accroupit près de lui, lui sourit en lui rapportant un linge où mettre les morceaux brisés de terre cuite colorée.
"Je partirai devant, c'est tout. Fais les choses à ton rythme", dit-il en se relevant pour continuer à vider la table. "Mais fais les par toi-même."
Il s'immobilise brutalement, ses doigts se crispent au-dessus des verres quand des bras l'enlacent sans prévenir et qu'une tête se pose sur son dos. Son cœur s'agite, pris dans la chaleur douce et contre le poids réconfortant. Idiot, idiot, idiot.
"Merci, milord."
Et Tachibana ferme les yeux. Les remerciements, c'est lui qui devrait les faire, parce que Chikage ne l'a jamais abandonné. Parce qu'il est toujours là quand il a besoin de lui, au creux de la nuit, quand les cauchemars referment sur lui leurs griffes glacées. Il sourit doucement pendant quelques secondes avant de redevenir lui-même, sachant très bien qui est le plus idiot d'eux deux.
"Je vais être en retard, si tu ne me lâches pas!", le chasse-t-il de son ton autoritaire. "Ramasse le bol brisé! Nettoie le plancher! Termine de nettoyer la table!", enchaîne-t-il les ordres et Chikage s'empresse bien sûr de lui l'obéir sans la moindre plainte.
(9 avril 2007)
Auteur: drakys
Jour/Thème: 9 avril/lunettes de soleil + premier baiser
Fandom: antique bakery
Couple: chikage/tachibana
Rating: PG
Disclaimer: fumi yoshinaga
Participation au vote de fin de mois: non
Le cauchemar est le même, toujours le même. Le goût du gâteau sur sa langue lui donne envie de vomir et il n'arrive pas à se souvenir de rien. Seulement de l'étranger au visage imprécis et des gâteaux sucrés. Des lèvres de l'inconnu qui bougent pour former des mots qu'il a oubliés.
Il se réveille en sueur et Chikage est là, agenouillé près de son futon.
"Milord", dit-il doucement et Tachibana, s'il n'avait pas trente ans passés, s'il était encore un gamin, éclaterait en sanglots contre lui.
Il se contente de se réfugier entre les bras ouverts, de refermer les poings dans le tissu du pyjama jusqu'à ce que sa respiration retrouve enfin sa régularité. Et il ferme les yeux, encore secoué, les images derrières ses paupières défilent, s'effacent et il a aussi peur qu'avant.
Rien n'a changé.
"Merci", marmonne Tachibana en le lâchant.
Il ne relève pas la tête pour croiser son regard, de toute façon, il ne le verrait pas derrière les lunettes de soleil. Il ne verrait que son propre reflet, cheveux ébouriffés et dans ses yeux encore cette même terreur qui le hante depuis son enlèvement quand il était gamin.
***
Le lendemain matin, la routine reprend et les terreurs de la nuit deviennent enfin des spectres lointains et irréels. Tellement que Tachibana en rirait, si ils ne lui laissaient pas l'échine glacée. Il est sous la douche quand il entend le cri complètement paniqué.
"Milord! Je n'arrive pas à faire fonctionner le cuiseur de riz!"
Tachibana soupire, mais il y a bientôt un sourire sur ses lèvres. Il ferme l'eau et lui répond:
"Occupe-toi du reste, j'arrive!"
Quand il sort finalement de la salle de bains, les cheveux encore humides, Chikage termine de placer les couverts sur la table et il lui fait un grand sourire, fier de son accomplissement.
"J'ai réussi, Milord!", lui annonce-t-il en ouvrant le cuiseur pour servir le riz dans deux bols.
"Tu vois, tu y arrives très bien quand tu prends ton temps."
Le sourire de Chikage s'agrandit encore un peu presqu'au risque de lui déchirer le visage, comme électrisé par le compliment. Tachibana ne doute même pas que derrière ses verres foncés, ses yeux pétillent de joie. Ils s'installent à la table et Tachibana jette rapidement un coup d'œil aux journaux.
"Bon appétit!", s'exclame l'autre homme devant lui avant de s'attaquer avec enthousiasme au repas.
Tachibana répète la formule tranquillement et ils mangent en silence. Il trouve l'omelette trop sucrée, mais ne dit rien, noie le goût avec de généreuses bouchées de riz blanc. Le poisson est un peu trop grillé, mais il ne passe aucun commentaire, coupe le goût avec la soupe miso.
"Merci pour la nourriture!", s'exclame Chikage à la fin du repas avant de déposer ses baguettes.
Il va se relever quand Tachibana remarque la nourriture restée collée sur son visage.
"Attends un peu", dit-il et il se lève aussi, se penche par-dessus la table et tend la main vers l'autre homme.
Ses doigts enlèvent les grains de riz collés au coin de sa bouche et il soupire bruyamment en pensant qu'il n'est encore qu'un gamin, au fond. Ramène lentement son pouce à ses lèvres pour y cueillir le riz. Il le regarde, sourcils froncés, et s'immobilise.
Chikage a toujours été là pour lui, même si parfois il lui semble que l'inverse est tout aussi vrai. Ils sont amis, depuis toujours. Depuis bien avant les cauchemars et l'enlèvement. Il connait ses incertitudes, sait pourquoi il cache ses yeux pâles et surtout fragiles derrières des lunettes fumées. Ils sont amis, depuis toujours. Amis, pas...
"Chikage?
- Milord?", demande l'autre homme, aussitôt soucieux.
Tachibana hésite, sait que c'est idiot. Il tend à nouveau la main vers lui, se penche un peu plus au-dessus de la table et hésite, bras suspendu, geste arrêté. Leurs visages sont si près, derrière le verre foncé, il devine le regard qui le fixe. C'est idiot.
C'est Chikage qui étend ses grands doigts fins pour les fixer autour du visage de Tachibana, c'est lui qui unit leurs lèvres. Maladroitement, comme le sont chacun de ses gestes, mais quand même avec cette assurance tranquille qui le caractérise.
Tachibana se détourne. Idiot. Joues échaudées.
"Dépêche-toi à m'aider à débarrasser la table, sinon nous allons arriver en retard!"
Il s'éloigne un peu précipitamment avec les plats attrapés rapidement, il lui reste sur les lèvres un goût sucré. Celui de l'omelette que Chikage aime tant. Il soupire à peine quand il entend derrière lui un bol se casser quand il tombe par terre.
"Je suis désolé, milord!", s'exclame l'autre homme en se penchant pour ramasser les dégâts.
"Prends ton temps. Fais attention à ne pas te blesser", lui conseille Tachibana en déposant la vaisselle dans le lavabo de la cuisine.
"Mais vous venez de dire qu'il faut nous dépêcher!"
Tachibana le rejoint et s'accroupit près de lui, lui sourit en lui rapportant un linge où mettre les morceaux brisés de terre cuite colorée.
"Je partirai devant, c'est tout. Fais les choses à ton rythme", dit-il en se relevant pour continuer à vider la table. "Mais fais les par toi-même."
Il s'immobilise brutalement, ses doigts se crispent au-dessus des verres quand des bras l'enlacent sans prévenir et qu'une tête se pose sur son dos. Son cœur s'agite, pris dans la chaleur douce et contre le poids réconfortant. Idiot, idiot, idiot.
"Merci, milord."
Et Tachibana ferme les yeux. Les remerciements, c'est lui qui devrait les faire, parce que Chikage ne l'a jamais abandonné. Parce qu'il est toujours là quand il a besoin de lui, au creux de la nuit, quand les cauchemars referment sur lui leurs griffes glacées. Il sourit doucement pendant quelques secondes avant de redevenir lui-même, sachant très bien qui est le plus idiot d'eux deux.
"Je vais être en retard, si tu ne me lâches pas!", le chasse-t-il de son ton autoritaire. "Ramasse le bol brisé! Nettoie le plancher! Termine de nettoyer la table!", enchaîne-t-il les ordres et Chikage s'empresse bien sûr de lui l'obéir sans la moindre plainte.
(9 avril 2007)