Titre : Marionnettes
Auteur :
flo_nelja
Couple : Warren/Andrew
Fandom : Buffy contre les vampires
Rating : PG
Spoilers : Seulement l'épisode 4 de la saison 6, et un peu
l'évolution globale de la saison
Thème : 13-Liens
Disclaimer : Les personnages ne sont pas à moi, ils appartiennent
à Josh Whedon et Mutant Enemy.
Notes : Ca fait longtemps que je bosse sur cette fic, je n'en
suis pas vraiment satisfaite, elle n'exprime pas ce que je voudrais...
Mais je ne sais plus comment la modifier, et la deadline aproche,
alors...
Les gens sont connectés entre eux par des liens invisibles, mais plus
solides que des chaînes. Ils les appellent des sentiments, et ils en
sont fiers. Chacun est encombré par ces liens qui l'entraînent ou le
retiennent, et Warren ne fait pas exception. Mais lui peut les voir.
Il n'en est pas libre pour autant. Toujours, il est lié par la
rancoeur qu'il a envers ses anciens persécuteurs au collège et au lycée,
par la fascination et l'obsession qu'il a pour Katrina. Mais il sait, il
est lucide, et il pourrait résister, peut-être, en cas de nécessité
absolue.
Et surtout, il sait manier les liens des autres.
Il sait exploiter les faiblesses de ceux qu'il observe. Il peut dire
toujours la phrase qui blesse, parfois celle qui convainc, et parfois
même, en visant au hasard, il tombe juste, il déplace juste un peu le
bon fil. Il commence à être habitué aux gens. Malgré leur complexité
apparente, ils ne sont pas tellement plus difficiles à comprendre que
ses robots.
Il voit quels sont les liens qui étreignent Jonathan, ceux de
l'espoir et de la crainte, et du désir de reconnaissance. Il peut donner
un coup de pouce au bon endroit au bon moment, pas trop tout de même,
car il doit rester le seul à avoir conscience de la nature des relations
humaines. Juste un graphe immense, un mécanisme complexe, un jeu de
fils.
Et il a vu quels étaient les sentiments qui liaient Andrew à lui,
même s'il en a été le premier surpris. Quelque chose qui a pu être rendu
plus fort, plus irraisonné qu'il aurait jamais pu croire. De
l'admiration, de la dévotion, des liens solides, de ceux qu'il n'est
même pas délicat ni difficile de tirer.
Mais il n'irait pas jusqu'à dire que ce n'est pas intéressant.
Il y a toujours des moyens de rendre ce contrôle plus précis, plus
sûr. Il est si facile de créer de nouveaux liens avec Andrew. Des mots
mensongers, une caresse, un baiser, chacun lui offre un nouveau fil pour
faire danser sa marionnette. Andrew le regarde avec des yeux égarés,
soumis. Comment cela a-t-il pu être si facile de jouer avec lui ainsi
?
Comment cela peut-il être aussi agréable ?
Il savait à l'avance, bien sûr, qu'il voulait le pouvoir, la
puissance. Mais son plan de conquête de Sunnydale et de vengeance
contre ceux qui se croient supérieurs à lui - jolies filles, mecs cool -
était froid et raisonné.
Une fille lui avait dit, une fois : "Pourquoi tu traînes avec ces
louzeurs ? Tu sais que tu pourrais mener une vie normale !" Il lui avait
ri au nez. Elle s'était offensée, mais ce n'était pas une bien grande
perte, malgré ses forme généreuses. Elle n'avait pas compris que la
normalité n'est pas quelque chose de désirable. Il ne cherchait pas à
rejoindre les gens de ces imbéciles qui le méprisent. Il voulait leur
prendre ce qu'ils avaient, leur faire réaliser qu'il était supérieur à
eux.
Etre le chef (de fait, sinon de nom) de ceux qu'il avait recrutés
était une gloire, une ascension sociale confortable, réjouissante - et,
quand on voyait leur niveau, assez rassurante, il faut le dire. Cela le
rapprochait d'un de ces personnages de livres ou de bandes dessinées, un
de ces "méchants" qui savaient être cools sans se fondre dans les
masses, ni se mettre à leur service.
Et pour atteindre leur but, de façon parfois mûrement pensée, parfois
improvisée, il tirait les fils.
Pour ce démon qui voulait la peau de la Tueuse, une adresse
suffirait, il le devinait sans vraiment savoir comment. L'entêtement,
l'orgueil de son espèce les détournerait de son envie de les tuer.
Ensuite, quel que soi le vainqueur du duel, cela les arrangeait.
C'est peut-être là que cela a commencé.
"Tu es quoi?" a demandé Andrew, déconcerté par leur salut inespéré.
"Une espèce de... Jedi ?"
C'était un de ces fils qui servent à influencer les gens, relié à
rien de particulier, lancé dans l'espace. Warren l'a saisi avec une
réplique ironique et un sourire entendu.
Andrew parlait un langage qu'il comprenait. La Force des Jedi leur
donne le contrôle sur les esprit faibles. C'est un de leurs moyens - et
pas le moins classe - pour faire en sorte que rien ne se mette en
travers de leur chemin.
C'est bien pratique, se disait-il au début. Si Andrew était à moi, ce
serait un moyen facile d'avoir la majorité lors des votes, d'avoir un
appui stable. Cela s'est en effet révélé utile. De plus, avoir des
serviteurs dévoués est toujours élégant, pour un futur Grand Méchant, et
il ricanait. S'il fallait feindre un attachement qu'il ne ressentait
pas, eh bien c'était un faible coût à payer.
Mais la façon dont il joue avec Andrew maintenant n'a rien à voir
avec un contrôle discret, une supervision pour s'assurer que rien ne se
mettra en travers de son chemin.
C'est du pouvoir pur, qu'il n'exploite plus parce que cela peut être
utile, mais parce que cela l'enivre.
Une partie de lui avait compris à l'avance que son pouvoir sur les
fils était ce qu'il y a de meilleur dans sa vie ; une autre n'avait rien
vu venir. Le pouvoir est désirable en soi, pas seulement pour se défaire
des importuns et pour ne pas être entravé dans ses souhaits.
C'est pourtant ce que lui criaient tous les comics, les films et les
livres qu'il a aimés sans finir de les comprendre. Que ce soient les
pouvoirs de Jedi, l'Anneau de Tolkien, les talents des super-héros, tous
les mythes modernes ne parlent que de pouvoir, et des deux faces qu'il
peut prendre. Le côté obscur, ce n'est pas vouloir le pouvoir pour des
raisons mesquines ou personnelles - ce qui arrive d'ailleurs très
souvent aux "héros". C'est le vouloir pour lui même, sans raison, brut,
sans tache.
C'est ce qu'il ressent quand, par amusement plutôt qu'autre chose, il
fait naître à sa guise dans le coeur d'Andrew des joies, des douleurs,
des désirs ou des interrogations. Quelques mots, un sourire ou un
toucher subtil suffisent. C'est parce qu'il l'a lui, à ses pieds, qu'il
se rend compte à quel point ce début est insuffisant, à quel point il
veut le monde. Mais c'est parce qu'il l'a qu'il a pu comprendre à quel
point la suite serait intéressante.
Il pourrait même libérer le gamin, couper les fils, lui dire qu'ils
n'ont plus rien à faire ensemble. Andrew retomberait probablement,
éteint, car il n'a plus grand chose d'autre ces temps-ci. Peut-être s'en
remettrait-il, ensuite. Mais c'est trop tard. Plus Warren manipule
Andrew, plus il se rend compte que cette quête du pouvoir en soi est un
des liens indestructibles qui le mènent, lui. Il s'est emmêlé dans ses
propres fils, laisser tomber Andrew ne le libèrera plus, lui.
D'ailleurs, comment a-t-il pu même en avoir envie ?
Ses désirs de pouvoir l'attirent irrémédiablement, toujours plus,
peut-être trop loin, au-delà de sa propre sûreté. Il traîne Andrew
derrière lui, sans qu'aucun des deux ne veuille ou ne puisse stopper le
processus. Andrew ne comprend rien. Warren, lui, sait qu'il se laisse
porter au mépris de sa raison par un de ces liens qui réduisent les gens
en esclavage. Il s'en fout.
Peut-être sont-ils tous les deux des marionnettes, après tout.