… Tout était silencieux. Kazuya se sentait comme s’il se balançait encore, la tête vide, mais rapidement il réalisa qu’il était étendu par terre. Comme quelqu’un qui venait tout juste de faire une sieste, prêt à se lever et affronter le monde, il se sentait comme ça. Mais quelque chose était étrange. Il ne pouvait pas ouvrir les yeux. Peu importe combien il essayait, il n’y arrivait pas. Ses paupières ne répondaient pas, couvrant ses yeux comme des rideaux.
Où était-il ? Qu’est ce qui s’était passé ? Pourquoi son corps lui faisait mal ? Il se sentait bizarre ; il savait qu’il n’était pas vraiment conscient mais pas inconscient non plus. Ne se souvenant plus de pourquoi il était comme ça, il commença à paniquer, pourquoi son corps ne répondait pas aux commandes que son cerveau lui donnait ? Il essaya de se dire que c’était un rêve. De longues minutes passèrent et ses organes commencèrent à marcher, mais juste assez pour qu’il puisse ressentir à nouveau des choses, pas plus, et entendre des bips.
Il ressenti de la douleur et pendant une brève seconde il continua de se demander qu’est ce qui se passait. C’était futile d’essayer d’ouvrir les yeux, il ne pouvait pas. C’était comme s’il dormait en même temps que d’être éveillé. L’obscurité l’entourait comme un mur épais et il continua de se répéter encore et encore qu’il devait se réveiller, que ce n’était qu’un cauchemar. La noirceur était inquiétante et il se sentait mal à l’aise, un peu seul et effrayé. Peu de temps après il entendit une porte s’ouvrir brusquement et quelqu’un parler.
« Je suis désolé Akanishi-san. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir mais nous ne pouvons pas garantir qu’il se réveilla de son coma. »
Quoi ?! Coma ?! Les pensées de Kazuya se brusquèrent, s’agitèrent. Ça ne pouvait être qu’une erreur, il ne pouvait pas être dans le coma, il pouvait entendre, il pouvait sentir… Juste il était simplement trop fatigué pour ouvrir les yeux. Oui, c’était sûrement ça… juste fatigué. Juste fatigué… Il se le répéta encore dans sa tête et espérait ouvrir sa bouche pour parler.
Avec l’obscurité qui l’entourait, il se sentait comme enfermé dans une boite étroite sans place pour simplement bouger le petit doigt. Peu importait combien il voulait en sortir, plus il essayait de se libérer, plus il était épuisé et paniqué lorsqu’il comprit que le moindre essai lui faisait perdre conscience de ce qui l’entourait. Ce sentiment était insoutenable, comme s’il était aveugle et paralysé.
Il était tellement effrayé lorsqu’il se vit assit dans un coin de la boite, dans laquelle il avait plus de place maintenant, mais il ne pouvait toujours pas bouger, ce qui rendait la situation encore plus désespérante. L’image mentale de Kazuya était juste assise là, les jambes remontées contre son torse, attendant pour qu’une porte qui n’existait pas s’ouvre, regardant les ténèbres sans fin. Qui pourrait lui apporter la lumière ?
« Je crois en Kazuya. » Il entendit cette courte réponse et cette voix sembla peu à peu faire disparaître son désespoir.
~ Jin ?... Jin !! ~ Il voulait crier, hurler, faire savoir à Jin qu’il était là, mais il ne pouvait pas. Il entendit la porte se fermer de nouveau et recommença à paniquer, il ne voulait pas que Jin parte. Il était parti ?
~ Non Jin ne mais laisse pas tout seul !! ~ il essaya de tendre la main mais c’était impossible, tout ce que Jin pouvait voir était un Kazuya immobile, endormit devant lui.
Puis il sentit sa main se réchauffer, des doigts s’entrelacer avec les siens tandis que sa main était tenue si amoureusement.
« Kazuya… » C’est seulement à ce moment là que Kazuya comprit où il était et qu’est ce qui s’était passé. Un accident… Il avait protégé Jin et fini… mort. C’était pour ça que ses organes étaient si engourdis et son esprit toujours embrumé. Il savait que de la même façon qu’il avait sauvé la vie de Jin, Jin avait sauvé la sienne… Kame se souvint des mots qui l’avaient ramené à la vie et son cœur commença à s’affoler.
« Tu peux m’entendre Kazuya ? » demanda l’homme à côté de lui d’une voix douce mais triste.
~ Oui je peux t’entendre… Jin, je peux te sentir. Ça fait tellement de bien… Jin !... S’il vous plait mon dieu, s’il vous plait !! Je veux lui faire savoir que je suis là !~ mais peu importe combien il priait, combien il essayait, il ne pouvait pas le dire à haute voix.
« Je suis désolé Kazuya. J’étais tout le temps si froid avec toi, me comportant comme un salaud à cause de ma lâcheté et des sentiments que j’avais pour toi. Pourquoi est-ce que tu m’as sauvé ? Je devrais être celui qui est étendu là, pas toi. »
Il n’avait jamais entendu Jin parler sur ce ton. Si désespéré et triste, mais en même temps si affectueux et amoureux.
~ Non Jin, ne t’excuse pas. Ce n’est pas de ta faute, c’était ma décision. Je ne regrette pas de t’avoir sauver. Même si je dois rester comme ça pour le reste de ma vie. Parce que je t’aime Jin. J’aimerais tellement pouvoir te le dire… ~
« T’es tellement bête Kazuya… Tellement stupide… »
~ Hmm ! Et c’est toi Bakanishi qui dit ça… ~ Il essayait de diminuer la tension qu’il ressentait mais échoua.
« Qu’est ce que je t’ai fais ? A l’homme que j’aime plus que tout… Oui Kazu-chan, je t’aime. Est-ce que tu m’entends ? Je suis AMOUREUX de toi ! Même si je suis un homme aussi. Maintenant lève toi et baffe moi pour avoir dit des trucs comme ça. T’es sûrement furieux. Allez, vas y ! » l’exhorta Jin, regardant son visage avec des yeux humides, tirant sa main avec précaution.
Kazuya ressentait tout, c’était tout ce dont il avait toujours rêvé, Akanishi Jin… lui disant ces mots. Il n’avait jamais pensé que Jin l’aimait. N’est-ce pas ironique ? Maintenant qu’il le savait, il ne pouvait pas se déclarer, lui dire qu’il ressentait la même chose… Effacer la tristesse de Jin en le prenant dans ses bras… L’embrasant… Quand est-ce qu’il allait se réveiller ? Et pourquoi il pouvait sentir et entendre comme s’il était en pleine forme mais seulement endormi ?
Jin regardait le garçon toujours silencieux. Il sentait la main dans la sienne non réceptive, immobile, comme le reste du corps de Kazuya. C’était une torture pour lui de voir l’autre comme ça et quelques larmes coulèrent de ses yeux.
~ Non je ne te frapperais pas Jin… Je ressens la même chose pour toi… Oh, quels bakas nous avons été pendant tellement d’années… Vivre dans le refus comme ça. ~
Si Kazuya pouvait pleurer, il l’aurait fait. L’obscurité et l’impossibilité de répondre le rendaient fou. Il sentit une goûte tomber sur sa main et il savait que c’était une larme de Jin. Il espérait tellement pouvoir sécher ses larmes d’un baiser.
~ Ne pleure pas Jin, s’il te plait !~
Le Kazuya assit dans la boite sombre serra un peu plus fort ses jambes contre lui, pleurant dans l’obscurité.
« C’est pas juste… Pourquoi toi ? » Jin regarda le visage endormi, en étudiant chaque millimètre et murmurant « T’es tellement beau. » A ces mots, le cœur du plus jeune fondit.
Le A des KAT-TUN resta silencieux pendant un moment, serrant juste la main de Kazuya, lui donnant un sentiment de sécurité.
~ Si chaud… ~
Dans un moment pareil, Kazuya ne se préoccupait pas de l’obscurité qui l’entourait comme un océan infini, il se sentait bien et en sécurité. Mais le désir de répondre était toujours là, comme un couteau planté dans son cœur pour être incapable de le faire.
« Qu’est ce que je peux faire pour toi ? J’échangerais nos places si je pouvais. » dit tristement Jin tout en regardant leurs mains entrelacées.
Qu’est ce que dirait Kazuya s’il voyait comment il tenait sa main ? Jin se sentait un peu coupable, maintenant il avait égoïstement décidé de prétendre que Kazuya ressentait la même chose pour lui et d’être son amoureux. Mais il était certain que si Kazuya était conscient, il le rejetterait sûrement.
~ Baka… Reste juste à mes côtés. C’est l’aide la plus précieuse pour moi en ce moment. Je reviendrais vers toi, je te le promets, de toute manière… Jin, juste, reste toujours auprès de moi. ~
Après un petit moment, la porte s’ouvrit et quelqu’un parla.
« Akanishi-san, l’heure des visites est terminée. S’il vous plait, rentrez chez vous, laissez le se reposer. Nous ne savons pas comment il pourrait réagir à la présence de quelqu’un pour le moment, ne l’épuisez pas. Sa condition n’est pas stable et nous pensons qu’il a besoin de silence. » C’était le docteur bien sûr. C’était un homme dans la cinquantaine avec toujours un sourire gentil, désireux d’aider les gens malades à n’importe quel moment. Seulement, parfois il était trop anxieux et réagissait de façon excessive. C’était un bon docteur, mais sans trop d’expérience et qui prenait le temps des visites ainsi que d’autres règles bien trop au sérieux. Parfois trop sérieusement.
~ Quoi ?? ~ Kazuya paniqua à ces mots. ~ Du silence ? Non, j’en n’ai pas besoin ! ~ Il ne voulait pas être seul dans le noir, pas maintenant, c’était trop tôt, il venait juste de se ‘réveiller’, pas physiquement je veux dire. Et il devait s’adapter à ça, or il ne pouvait être calme que lorsqu’il y avait quelqu’un auprès de lui. Si Jin était près de lui.
C’est là qu’il réalisa le peu que les médecins savaient au sujet des patients dans le coma et à propos des maladies en général. Bien sûr qu’il y avait une tonne de livres, de dictionnaires au sujet de comment soigner les maladies, comment faire un diagnostique ou quels médicaments utiliser contre telle maladie, mais tout n’était que théorique. Ce n’était pas les livres qui décidaient combien le médecin était bon, il devait naître comme ça.
Il se demanda si les expériences des gens sortis du coma étaient notées dans ces livres. Ce n’était pas le premier à être dans une telle situation, n’est ce pas ? Tout était différent pour chaque personne ? Ou pareil, ils étaient effrayés de parler par peur que les gens les prennent pour fous ? Ou peut être qu’aussitôt réveillés ils oubliaient tout ? Des questions dans ce genre envahissaient l’esprit de Kazuya et il se sentit comme un gamin, venant tout juste de naître dans ce monde.
Peu importe combien c’était dur, il ne voulait pas oublier ça. Aucun des doux mots de Jin, de ses touchés rassurants. Y allait-il avoir un moment où il pourrait y répondre ? Ce moment allait-il arriver ?
Il connaissait Jin, il savait que l’autre lui parlait de ses sentiments seulement parce qu’il pensait qu’il ne les entendait pas. Et ça le rendait vraiment triste, de voir que Jin pensait qu’il ne pouvait pas entendre ses mots, mais heureux en même temps parce que Jin les lui disait sincèrement.
Il sentit Jin lâcher sa main et il voulu protester, hurler ~ Jin ne me laisse pas ! ~
C’était tellement bizarre. Il ne pouvait rien voir mais il sentait que ses oreilles étaient plus sensibles que d’ordinaire. Il pouvait tout entendre, même un simple mouvement qui ne faisait aucun bruit. C’était ce que les gens aveugles ressentaient ? Ils vivaient comme ça ?
Il sentit Jin s’arrêter et retourner son regard vers lui sachant que le docteur l’attendait à la porte. Mais il l’ignora, il retourna auprès de Kazuya comme s’il avait entendu les cris intérieurs du jeune homme. Ça se pouvait ? Leur lien était déjà si fort ?
Il sentit des lèvres douces sur sa joue et le souffle de Jin sur sa peau. Il espéra qu’il rougissait, comme ça Jin pouvait voir qu’il était conscient de ce qui se passait.
« Je reviendrais demain Kazuya. Je viendrais tous les jours et le dernier jour que je viendrais ici, on quittera l’hôpital ensemble. Peu importe combien de temps ça prendra, je serais là à t’attendre. » Jin souriait mais son cœur était dévasté. Il était plus triste que confiant et se sentait coupable, il savait que si Kazuya ne se réveillait pas il ne pourrait jamais se le pardonner.
Kazuya se noya dans les ténèbres et les bips des machines lorsqu’il entendit Jin se relever doucement et s’en aller, fermant doucement la porte derrière lui.
La froideur et le mal-être commencèrent à envahir son corps de nouveau, il essayait de reconnaître le fait qu’il était ici, mais d’un côté son esprit le refusait et n’arrêtait pas de lui dire qu’il allait bientôt se réveiller de ce cauchemar.
~ Jin, revient vite… J’ai tellement peur… Emmène moi loin d’ici… Tu es ma seule lumière dans ce monde clos maintenant… Comme tu étais mon unique lumière quand j’étais réveillé et dans le monde réel… ~
Le Kazuya dans la boite ferma doucement les yeux, toujours dans la même position et s’endormit.