Précipitation… Tout se précipitait, tout comme le battement de cœur d’une personne. La vie est constituée d’heures, de minutes faites de sable… et qui tombent doucement dans un sablier, cruel… mais tendre… comme une rose qui a des épines… douloureux…
Tic tac tic tac… L’horloge dans la main d’Akanishi Jin s’arrêta en même temps que le cœur du jeune comme qu’il tenait dans ses bras.
Et il réalisa la cruauté de ce fait… la vie n’est qu’une bulle… qui peut s’envoler et se briser si facilement. Comme une faible petite flamme, qui s’élève et qui brille seule dans le brouillard… de bonheur et de tristesse.
Elle brille encore et encore… Comme une bougie, une consumation lente, autodestructrice, qui devient plus courte à chaque seconde. Finalement, elle s’épuise et un simple souffle peut l’éteindre… Pour toujours.
Jin ressentait ce chagrin de tout son cœur et son âme. Ce n’était pas le moment, ça ne devrait pas être le moment de dire adieu… La froideur et le vide qu’il ressentait étaient insoutenables, comme s’il se tenait au milieu d’une tempête de neige… là où le vent glacial l’entourait peu à peu de glace et finalement le transformait en statue glacée debout les yeux ouverts, mais morts… Des yeux ensorcelés, emprisonnés, dans l’éternel champs de neige.
Il s’entendit hurler… un nom si important pour lui. Il ne savait même pas où il était, regardant le corps immobile dans ses bras, le sang coulant de partout. Il était plutôt choqué. La réalité le frappa seulement quand il entendit la sirène de l’ambulance et qu’il vit la couleur rouge… Rouge comme le sang…
Il vit les docteurs et les ambulanciers sortir du véhicule puis courir près d’eux lorsqu’il leva la tête, l’espoir remplissant ses yeux humides.
« Aidez le ! » murmura-t-il lorsqu’un docteur s’agenouilla pour vérifier le pouls de Kazuya tout en regardant sa montre. La seconde suivante… Quand le docteur regarda directement sans ses yeux tristement et secouant la tête, Jin pensa qu’il allait devenir fou.
« Putain aidez le !! » supplia-t-il « s’il vous plait ! »
Les mots du médecin le frappèrent alors brutalement « Nous sommes arrivés trop tard. Désolé, nous ne pouvons plus rien faire pour ce jeune homme. Il est mort. »
« Non !! » hurla Jin serrant Kazuya plus fort « Il n’est pas mort ! Il ne peut pas être mort ! »
Le médecin signala aux autres de mettre le corps sans vie de Kazuya dans l’ambulance mais Jin refusait de le laisser partir.
« Non ! » Il secouait la tête, tremblant de tout son corps. Il était désespéré et se baissa, essayant de ramener Kazuya à la vie en lui faisant du bouche à bouche, mais c’était inutile… Au fond de lui il le savait mais il devait le faire. Il pleurait bruyamment maintenant.
« Juste… S’il vous plait… Un essai ne peut pas faire de mal… Utilisez le défibrillateur !! » Supplia Jin et l’ambulancier était choqué par l’expression de son visage.
« Je vous en supplie… » continua Jin, de nouvelles larmes coulant le long du cou de Kazuya. « Il ne peut pas mourir… Pas maintenant… Pas si rapidement… Pas à ma place… » Il serra la main de Kazuya dans la sienne.
Le docteur soupira et signala aux autres de mettre la machine en marche. Ce n’était pas impossible de ramener quelqu’un à la vie dans les 3 heures suivant le moment où le cœur s’est arrêté de battre, mais il doutait fortement qu’ils pourraient réussir dans le cas de Kazuya. Il avait perdu bien trop de sang.
Deux hommes sortirent Kazuya de la forte étreinte de Jin et l’étendirent sur le brancard. Jin les suivit et prit la main de Kazuya, les yeux remplis d’espoir lorsque le médecin ordonna aux hommes d’être prêts à utiliser la machine.
« S’il te plait Kazu, s’il te plait ! » murmura Jin.
* * *
De la lumière… Une douce lumière l’entourait… Pure et chaleureuse, accueillante… blanche… Il se sentait bien, la chaleur emplissant son corps… mais d’un côté, une de ses mains était plus chaude. Kazuya regarda autour de lui, ne sachant pas où il se trouvait… Ne voyant qu’une blancheur aveuglante partout où il posait son regard. Lentement, la blancheur commença à disparaître, mais il y avait toujours comme un fin rideau de brume.
Ses yeux l’élargirent lorsqu’il regarda de nouveau autour de lui… Hurlements d’ambulances, des lumières rouges de partout, une foule de curieux voulant savoir ce qui s’était passé et… la chose suivante qu’il vit le surprit encore plus… Akanishi Jin était agenouillé à côté d’un brancard, serrant la main de quelqu’un et pleurant. Qui s’était ? Il voulu s’approcher mais s’arrêta quand il entendit un nom sortir de la bouche de Jin avec désespoir « Kazuya… Kazuyaaaa ! » Il était heureux qu’il s’adresse à lui avec son prénom mais triste de voir Jin dans un tel état de souffrance. Il était encore plus curieux de voir qui était cette personne, s’approchant de Jin et se stoppant, choqué. C’était son propre corps qui était étendu sans vie sur le brancard, sa main que Jin tenait désespérément. La même main qu’il sentait si chaude.
Soudain la lumière blanche apparue de nouveau. C’était aveuglant, mais il pouvait y voir nettement dedans… ça ne lui faisait pas mal aux yeux. Il pouvait sentir comment ça l’attirait et il commença à marcher dans sa direction, mais la chaleur dans sa main le ramenant en arrière et le faisant se souvenir… Il y avait quelqu’un qui l’attendait, il ne pouvait pas partir, et ce peu importe combien la lumière semblait plaisante et paisible. Jin…
Il restait juste là, au milieu, regardant la lumière puis Jin qui pleurait comme un fou, puis encore la lumière, puis de nouveau Jin. Il entendit son nom encore et encore et sentit la chaleur de la main le faire reculer un peu plus de la lumière.
Il écouta le docteur quand il parla « Akanishi-san… C’est inutile… Je suis désolé… Il faut le laisser partir…»
« Non, non non non ! Juste… Encore une fois ! » entendit-il Jin répondre et tout son corps commença à se réchauffer. Il ne voulait pas aller dans la lumière et il était heureux que cette main le retienne. Il savait maintenant qu’il était entre la vie et la mort et qu’une chance de choisir lui était donnée. Aller dans l’accueillante et attirante brillance ou revenir à la vie… pleine de stress et de travail… Mais aux côtés de Jin. Même si son amour pour l’autre n’était pas réciproque… oui, il avait toujours aimé Jin… Mais ne lui avait jamais dit.
« Kazuya ! Tu m’entends ?! » entendit-il à nouveau Jin parler « Tu ne peux pas mourir ! Tu ne peux pas ! Reviens… Reviens vers moi, avec moi ! Je te promets que je ne serais plus jamais froid, et que je ne t’éviterais plus ! »
« Akanishi-san, comprenez qu’il est… »
Jin ignora le docteur. « Bon sang Kazuya, je t’aime !! Ne me laisse pas… Je n’ai toujours pas eu l’opportunité de te le dire et de me prendre la baffe que j’aurais en retour après te l’avoir dit ! »
Le docteur soupira. « Une dernière fois, 400 ! » ordonna-t-il et Jin hurla le nom de Kazuya en même temps que le bouton du défibrillateur était pressé. Kazuya sentit une larme tomber sur son visage et l’emprise sur sa main se faire plus forte. Il ferma les yeux. Le désir de revenir à la vie, aux côtés de Jin était plus fort que la lumière. Il se sentit s’éloigner et puis une dure collision avec la douleur et l’obscurité. Mais la chaleur de sa main n’avait plus rien d’un touché fantôme, il la sentait dans sa propre chair.
Le moniteur de l’électrocardiogramme se mit alors à biper, montrant des signes de vie, le rythme cardiaque de Kazuya, et immédiatement Jin leva la tête de la main de Kazuya où il avait enfouit sa tête avec des yeux humides mais soulagés. Il était choqué mais heureux au-delà du soulagement. Kazuya était de retour !
« Kazuya ?... »
Le docteur était figé, il ne comprenait pas. Dès qu’il se remit de sa surprise, il ordonna rapidement aux ambulanciers de mettre le jeune homme dans le véhicule, ce qu’ils firent. A contrecœur, Jin laissa partir la main de Kazuya et les suivit avec sa voiture qu’était garée tout près.