La liste de bouquins dont je voudrais parler sur ce journal s'allonge d'environ deux titres par semaine, et il serait plus que temps que je me botte les fesses pour en présenter au moins quelques uns.
Celui-là, Caro
en avait parlé sur son LJ il y a un an, et m'avait fortement donné envie de le lire. Et puis, comme toujours, d'autres bouquins sont venus s'interposer et le temps a passé. J'y ai repensé en apprenant que Véronique Ovaldé n'était autre que la compagne de Joseph, le responsable de notre formation à l'EMI (lequel connait aussi Caro, et m'a encore reparlé hier du "mariage Harry Potter" dont le récit semble lui avoir fait beaucoup d'effet. Bref.) C'est alors que j'ai découvert la présence dudit bouquin dans l'une des bibliothèques de ma mère, et la petite histoire s'arrête, là où commence celle du roman.
Nous voici donc à Vatapuna, dans un pays d'Amérique du Sud - un pays sans nom, empreint de toute la saveur du réel réinventé. L'histoire, nous dit-on, est celle de trois femmes, mais deux se distinguent, surtout. Rose Bustamente, solide et indépendante, qui fut tour à tour la plus jolie pute de l'île puis sa meilleure pêcheuse de poissons volants. Vera Candida, sa petite-fille, fière et sauvage, qu'une blessure pousse à quitter l'île, à tenter sa chance dans le monde inconnu de la grande ville.
Deux destins souvent cruels, racontés dans un style enchanteur, léger, vivant et coloré, qui sait tirer de l'ombre la magie.
Un livre susceptible de plaire à beaucoup, quelles que soient leurs préférences littéraires.
Définitivement, je ne regrette pas d'avoir cédé à la tentation, lors de la
séance de dédicace à l'Arbre à Lettres Bastille.
Dans ce récit autobiographique, Patti Smith raconte l'histoire de sa relation avec Robert Mapplethorpe, dans le New York bohème de la fin des années 60 aux seventies. Une relation particulièrement belle sous sa plume : celle de deux gamins résolus à devenir artistes, qui se rencontrèrent par hasard, vécurent ensemble la misère, les doutes, les errances, le travail acharné et les premiers succès, et ne cessèrent jamais de s'aimer, malgré leurs différences, même lorsque leur couple eut disparu dans les bras d'autres amants.
Nul besoin de connaitre particulièrement les deux artistes pour être touché, et emporté dans cette histoire d'une belle richesse, à la fois humaine et artistique, sur laquelle planent les ombres tutélaires de Burroughs et de Warhol.
- Persepolis, Marjane Satrapi (L'Association, 2007 pour l'édition intégrale)
Encore une œuvre autobiographique, en bande dessinée celle-là, et bien plus connue du grand public, pour avoir fait l'objet d'une
adaptation au cinéma en 2007.
Née en Iran en 1969 dans une famille aristocratique de gauche, Marjane fait découvrir au lecteur, par un regard d'enfant, ces évènements qui pour la plupart ne sont qu'un écho de vu à la télé ou de cours d'histoire. Les derniers jours du shah, la révolution de 1979, les espoirs de démocratie détruits par l'émergence de la république islamique. Le durcissement du régime religieux, ses absurdités. La guerre contre l'Irak et ses horreurs, qui développe dans le pays un épuisant culte des martyrs.
Puis à 14 ans, déjà trop rebelle dans un pays où la contestation devient vite un crime, Marjane est envoyée par ses parents en Autriche, où elle affronte l'adolescence dans la solitude et le déracinement. Un échec formateur, jusqu'au retour en Iran... où les choses ne seront guère plus facile.
Le récit est à l'image de ce dessin monochrome, simple et percutant. Instructif aussi. A découvrir !