Aujourd'hui, nous partons visiter Belém. Sa tour, bien entendu, mais surtout le grand monastère des Hiéronymites, merveille de l'art manuélin que je voulais voir absolument.
Mais d'abord, il faut descendre de notre perchoir pour aller prendre le tram sur le Rossio. Nous choisissons un autre itinéraire que la veille, un entrelacs de ruelles et d'escaliers un peu plus au nord, où nous découvrons encore quelques pittoresques façades.
Sur le Rossio, nous devons patienter un bon moment avant d'attraper notre tram. Ca se bouscule pour grimper dedans, un groupe de touristes français commence à se prendre le bec avec quelques vieux lisboètes, personne ne voulant céder la place à l'autre et tout le monde redoutant de rester en arrière... mais enfin, nous y sommes, quelque peu entassés.
Bêtement, je n'avais pas vraiment anticipé que Belem était une destination aussi touristique et lorsque nous arrivons devant le monastère, il y a foule ! Les bâtiments sont toutefois bien assez beaux vus d'extérieur pour nous faire affronter une première demi-heure de queue au soleil pour acheter les billets, puis une seconde pour entrer.
L'histoire officielle raconte que c'est pour célébrer le retour de Vasco de Gama de son premier voyage en Inde que le roi Manuel Ier fit édifier ce monastère, à partir de 1502. En réalité, le pape avait autorisé sa construction avant le départ de Vasco et il faut plutôt voir là un acte politique, dû à la volonté de Manuel de se rapprocher des rois catholiques. Les Hiéronymites étaient en effet un ordre espagnol, voué à entretenir le culte funéraire de la dynastie royale de Castille.
Ce sont toutefois les richesses rapportées des grands voyages de découverte du XVIe siècle qui servirent à financer le chantier - jusqu'à 750 tonnes d'or englouties chaque année !
Commencé en style gothique par l'architecte Doigo Boitaca, il évolua ensuite vers d'autres influences - plateresque, renaissance, classique, en un mélange devenu caractéristique du style ultérieurement appelé manuélin.
Une fois à l'intérieur, la foule se disperse assez pour nous laisser profiter à peu près tranquillement des lieux. Le plus beau est sans doute le cloître, dont la riche ornementation sculptée nous retient un bon moment.
Nous n'aurons pas le courage d'affronter une troisième demi-heure de queue pour entrer dans l'église (Sainte-Marie), mais depuis le cloître on accède à une loggia qui en donne un bon aperçu.
C'est là qu'est enterré Vasco de Gama, ainsi que Manuel Ier, ses trois successeurs et de nombreux membres de la famille royale.
Bon. Après avoir observé toutes les pierres sous toutes les coutures, il est peut-être temps de resssortir !
Sur le parvis, une cavalerie panachée fait sa parade entre monastère et jardins. Cela retient tous les touristes : fuyons !
Attirées par les jardins et voulant nous rapprocher de la tour de Belém, nous ne partons pas du bon côté pour trouver à manger ! C'est assez tardivement que nous finissons par trouver pitance à la terrasse du centre culturel de Belem - c'est cher pour ce qu'on a dans l'assiette, le service est détestable, mais le lieu assez agréable, ombragé de grandes canisses avec vue sur le fleuve.
Bon, les bords du fleuve, par ici, ne sont pas passionnants - il y a surtout cette grande route et cette voie ferrée à traverser pour se rapprocher de l'eau et il faut marcher un bon moment pour trouver une passerelle qui enjambe le tout.
Mais enfin, nous voici devant la tour de Belém !
Construite entre 1515 et 1521 par l'architecte militaire Francisco de Arruda, elle faisait partie du système de défense protégeant l'embouchure du Tage et forme un autre exemple typique du style manuélin.
De l'autre côté de l'estuaire, le port industriel de Trafaria, avec ses grues et ses silos, forme un contraste assez frappant avec cette vieille proue de pierre dressée sur l'eau depuis des siècles.
Notre salade au demi-crevettes du déjeuner nous ayant assez peu sustentées, nous ne sommes pas mécontentes de pouvoir nous poser à la terrasse d'un café au bord de l'eau pour goûter avant de prendre le chemin du retour. Côté fleuve, cette fois, ce que nous permet une meilleure vue sur le monumental Padrão dos Descobrimentos, édifié pour célébrer le 500e anniversaire de la naissance d'Henri le Navigateur, grand mécène des explorations maritimes portugaises du XVe siècle.
Je voulais pousser jusqu'au jardin botanique tropical, situé par derrière le monastère, mais il se révèle fermé. Nous nous contentons donc d'un tour dans les rues adjacentes et du joli square situé devant le Palais National de Belém.
Le tram - en réalité plutôt un bus - que nous empruntons pour revenir vers le centre de Lisbonne s'arrête moins loin que prévu, ce qui nous vaut une belle balade au bord de l'eau dans le soleil déclinant jusqu'à la place du Commerce.
Pleines d'enthousiasme, nous repartons vers l'ascenseur de Santa Justa, que nous espérons emprunter pour aller passer la soirée sur le Bairro Alto. Sauf que là encore, nous n'avons pas anticipé la foule et la queue qui n'avance pas finit par nous dissuader. Une photo, et l'on repart visiter quelques boutiques avant de chercher un restaurant dans les rues animées du centre-ville. De toute façon, c'est déjà officiel : il va falloir revenir à Lisbonne, où il nous restera au terme de ce séjour encore mille choses à découvrir !
♠