Florence, l'hiver : matinée au palais Medici-Riccardi

Oct 03, 2017 12:45

Le jeudi 2 février, nous partons visiter le vieux fief des Médicis, dans le nord du centre-ville. Outre le palais Medici-Riccardi, nous visons aussi la bibliothèque Laurentienne et la chapelle des Médicis, mais la seconde ferme plus tôt que prévu et la première est fermée pour de bon. Tant pis, le palais à lui seul mérite très largement le détour et ce n'est pas comme si la ville ne regorgeait pas de mille autres merveilles à découvrir.
En chemin, d'ailleurs, nous nous laissons déjà détourner par le cloître de la Badia Fiorentina puis par l'entrée du Palazzo Pucci...





Santa Maria Assuntanella, dite Badia Fiorentina (abbaye florentine).
Une construction du Xe siècle, restructurée aux XIIIe et XVIIe siècle. Cette première cour n'est pas le vrai cloître mais plutôt le portique d'entrée de l'église.



Coup d'oeil sur une autre cour d'un autre palais, en passant...





Non loin du palais Medici, dernier détour par le palazzo Pucci - reconnaissable à la tête de maure , emblème de la famille, qui orne la grande fenêtre centrale.
Malgré quelques dissentions, les Pucci furent parmi les principaux alliés des Médici pendant la Renaissance. Ils connurent une destinée bien plus longue puisqu'ils possèdent toujours aujourd'hui le palais, et ont fondé dans les années 1950 une maison de haute couture, reprise dans les années 2000 par Christian Lacroix puis Matthew Williamson.





Et enfin, nous voici au palais Medici-Riccardi !



C'est avec Cosme de Médicis (Cosme l'Ancien) qu'au XVe siècle la famille s'envole vers les sommets de la fortune et du pouvoir politique. Malgré une tentative d'écartement par la famille des Albizzi, alors chef de l'oligarchie florentine, et après un bref exil à Venise, il revient à Florence en 1434, est élu gonfalonier comme son père avant lui et entreprend de faire de sa famille le maître semi officiel de l'Etat florentin.
A une telle ambition une simple maison bourgeoise, fût-elle luxueuse, ne pouvait plus suffire. La construction d'un nouveau palais est donc engagée, réalisée entre 1444 et 1459 par Michelozzo (élève de Ghiberti pour la sculpture et de Brunelleschi pour l'architecture). Un palais assez vaste, assez splendide pour mettre en scène les nouveaux conquérants de Florence, mais aussi pour abriter les collections d'art déjà commencées par Cosme.



Embelli de génération en génération, le palais ne reste fief de la famille que pour un siècle. En 1540, Cosme Ier, nouveau duc de Florence, abandonne les lieux pour le plus emblématique Palazzo Vecchio - dont les vieilles murailles aux fenêtre étroites conviennent mal à son épouse, Eléanor de Tolède, qui acquiert alors le palazzo Pitti, plus vaste et plus moderne, sur une colline de l'autre côté du fleuve. Celui-ci restera la résidence des grands-ducs de Toscane jusqu'à la fin de la dynastie alors que le vieux palazzo Medici est revendu à une autre famille de banquiers, les Riccardi, qui le conserve jusqu'au début du XIXe siècle et y aménage, encore, de somptueux décors.

Belle mise en scène des collections d'objets et sculptures antiques, dans le Cortile, sous le regard d'Orphée et Cerbère sculptés par Baccio Bandinelli (1519)













Du cortile, on passe dans un joli jardin clos















Nous voici à présent dans la merveilleuse chapelle des Mages de Benozzo Gozzoli (1459)... qu'il faudrait imaginer éclairée à la seule lueur des bougies.

Gaspard, en blanc, revêt les traits idéalisés du jeune Laurent de Médicis, le futur Magnifique, que suivent son père Pierre le Goutteux et son grand-père Cosme l'Ancien. Suivent Sigismondo Malatesta, seigneur de Rimini et Galeazzo Maria Sforza, bientôt duc de Milan, puis un cortège de florentins illustres dont Marcile Ficin et Benozzo Gozzoli, en chapeau rouge, regardant le spectateur de son oeuvre.



Balthazar, en vert, prend l'apparence de l'empereur de Byzance, Jean VIII Paléologue.



Enfin, le vieux Melchior, représenté par Sigismond de Luxembourg, empereur des romains, un peu relègué dans l'ombre au profit du plus flamboyant Julien de Médicis, le frère aîné de Laurent, qui finira assassiné lors de la conjuration des Pazzi.

La scène fait à la fois référence aux cortèges grandioses organisés pour l'Epiphanie par les Médicis, patrons de la confraternita dei Magi, et à un épisode historique plus précis : le concile de Bâle, transféré de Suisse à Ferrare puis à Florence, où les Médicis présidèrent à la tentative d'unification des églises latine et byzantine.



De l'effet d'ensemble ou de la richesse des détails, difficile de dire ce qui reste le plus fascinant...



















Suivent quelques pièces un peu plus classiques...









Puis on arrive dans la somptueuse galerie de Luca Giordano.
Réalisée à l'époque des Riccardi, dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, elle met en scène tous les dieux de l'Olympe encadrant l'apothéose des Médicis, toujours présents dans ces murs malgré leur désertion.

















La visite des lieux se termine, en annexe, par une petite expo intitulée "Firenze, 1966 - 2016. La Belleza salvata", mettant en scène divers objets d'art et d'archéologie sauvés des flots lors de la grande crue de 1966 et tant bien que mal restaurés pendant les décennies suivantes.
Mais ce post est déjà bien assez copieux, l'expo viendra avec la suite de la journée !

lieux : florence, musées, voyages, châteaux, art, photos

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