Les Aventuriers de la mer - intégrale, tome 3 - Robin Hobb
Robin Hobb - Les Aventuriers de la mer - intégrale, tome 3 (2000, J'ai Lu, 2016)
(962 pages, soit 200 km pour le challenge Tour du Monde. Total : 10 425 km et 42 145 pages pour 110 livres)
Alors que Tintaglia, le dernier dragon du désert des Pluies, prend enfin son envol au-dessus du fleuve, ses alliés humains se retrouvent en bien fâcheuse posture. Reyn et Selden sont à deux doigts de se faire engloutir par la boue dans l'ancienne cité détruite, Malta dérive sur les eaux acides en la compagnie douteuse du Gouverneur qu'elle a sauvé d'une mort certaine, et sur Vivacia, Hiémain reste suspendu entre la vie et la mort depuis la libération de Celle-qui-se-souvient. Ces fichues créatures à écailles, quelle que soit leur forme, ne sont pas faciles à aider - et les dragons surtout ne s'étouffent pas dans la reconnaissance !
Pendant ce temps, Ronica restée seule dans Terrilville détruite, tient tête comme elle peut face aux mille conflits d'intérêts qui déchirent un peu plus la ville. De leur côté, Althéa, Ambre et Brashen se confrontent à un équipage difficile et à un Parangon plus imprévisible que jamais...
En somme, si ça sentait le roussi pour les Vestrit dans le tome précédent, on frôle ici le carrément carbonisé.
Impression un peu mitigée à la lecture de ce dernier tome des Aventuriers, plein de rebondissements assez palpitants, relevé de quelques pages assez chouettes, mais où les défauts d'écriture sont plus sensibles que jamais et dont les dernières centaines de pages convergent vers une fin qui ne m'a pas vraiment emballée. (Attention, quelques SPOILERS dans la suite !) Trop de fils convergent en même temps au même endroit, sous le coup d'un destin quasi miraculeux que je trouve un peu facile. Et puis, moi qui désespère toujours de voir systématiquement zigouiller mes personnages préférés, j'ai regretté ici au contraire que l'auteur ne sache pas tuer ses personnages - d'autant plus que cela se sent assez tôt dans l'histoire pour qu'on ne s'inquiète plus vraiment pour eux, quoi qu'il leur arrive. Le suspense est toujours là, mais il finit par concerner le comment plutôt que le quoi, et il perd pas mal de force au passage. Les quelques morts sont ceux qui ne pouvaient guère finir autrement, ceux dont la survie risquait de gâcher le tableau final - encore une facilité - et j'ai trouvé franchement agaçante cette manière de tout boucler le plus heureusement possible pour tous les personnages positifs. Les ressorts psychologiques qui sous-tendent tout cela ne sont pas inintéressants, de même que le propos général de l'auteur - montrer la découverte et l'accomplissement de soi à travers les épreuves, l'éclosion d'un monde plus équilibré par la destruction d'un autre - mais la manière dont tout cela s'accomplit ne m'a pas vraiment convaincue. Tout est trop bien huilé, même les personnages secondaires qui auraient pu finir le coeur brisé se trouvent, youpitralala, une nouvelle amoureuse sortie de nulle part, les derniers égarements d'Althéa m'ont plus agacée que touchée et les... mettons 50 dernières pages de conclusion m'ont fait perdre une bonne part de mon empathie pour tout le monde.
Ce qui est fort dommage car la série, dans son ensemble, est franchement bien ficelée, avec un univers complexe et accrocheur et de bons personnages. Malgré mes quelques réticences, je reste bien contente d'avoir enfin découvert cet auteur qu'on me conseille depuis près de 10 ans !