Constantin Virgil Gheorghiu -
Le Grand Exterminateur (Plon, 1978)
(214 pages, soit 50 km et un pays de plus (Roumanie) pour le challenge Tour du Monde. Total : 1575 km et 10 pays pour 19 livres.)
Bucarest, la ville de la Joie, porte particulièrement mal son nom en ces temps de dictature communiste, temps gris, tristes et pauvres, au spirituel autant qu'au matériel. Elévé dans la misère et l'amour de Dieu par un père prêtre orthodoxe, jeté à la rue après la fermeture de son séminaire, Trajan Roman n'a pourtant jamais perdu la foi. Une foi candide, simple et puissante, qui lui vaut l'estime d'un digne professeur et l'amour de sa fille, et l'entraîne par là même dans un complexe complot pour déjouer un grand concile visant à soumettre la religion aux visées soviétiques.
Sauvé de justesse de la police politique par sa jeune voisine - une irrésistible petite danseuse étoile, fille d'un haut dignitaire et d'une chanteuse populaire - le voici embarqué pour la France, où ne tarde pas à le suivre le grand exterminateur, exécuteur officieux et très redouté du Parti. D'autant plus redouté qu'il lui suffit, dit-on, de regarder ses victimes pour les expédier ad patres...
Critique implacable des régimes communistes, satire savoureuse de Ceauçescu et de son entourage, proclamation de foi orthodoxe, le Grand exterminateur est un roman original, grinçant, glaçant, et pourtant plein de fantaisie.
Sans doute un peu trop centré sur le thème de la religion pour totalement me parler, mais la vision qu'en donne l'auteur n'en est pas moins belle, celle d'un rempart de l'amour, de l'abnégation et de l'humanisme, contre la bêtise doctrinaire et la violence des dictatures. Point de vue subjectif ? Sans doute, Gheorghiu était lui-même prêtre orthodoxe et il est assez normal qu'il prêche pour sa paroisse, mais il n'ignore pas pour autant les failles que les faiblesses humaines percent dans ce bel idéal, et le point de vue est d'autant plus intéressant que non dénué d'humour.
Ma totale méconnaissance de l'histoire roumaine m'a parfois un peu perdue, et lire ne serait-ce qu'un bout de page Wikipédia sur Ceauçescu n'aurait pas été inutile avant de commencer le roman, histoire de saisir à quel point il sonne juste, mais la faiblesse, en l'occurrence, vient de moi, et nullement de l'auteur.
A découvrir !