Fic sans titre Big Bang Theory (Blaine/Sheldon), première partie

Aug 01, 2010 19:17

Titre :Y en a pas

Auteur :Moi

Source : The Big Bang Theory

Rating :PG-13

Genre : humour

Pairing :Sheldon/Type de la cafèt (commodément renommé Blaine Summers -ne dérogeons pas au fanon)

Spoilers : deuxième saison jusqu'au troisième épisode



- Excusez-moi, Dit Sheldon au premier type qu'il vit, et qui se trouvait être un homme plutôt séduisant, assis à la table à côté, plongé dans la lecture d'un magazine. L'homme se retourna, intrigué.

Satisfait d'avoir son attention, Sheldon mit son plan à exécution.

- Êtes-vous engagé dans une relation sexuelle en ce moment ?

- Non.

L'homme semblait assez décontenancé.

- Voudriez-vous en entamer une ?

L'homme le regarda et esquissa un sourire.

- Heu, oui, pourquoi pas ?

- Heu, Sheldon... Hasarda Léonard, pressentant l'énorme catastrophe à venir.

- Hep hep hep, fit Sheldon en refusant l'intervention de son ami. Puis-je avoir votre numéro de téléphone ?

- Heu... Ouais, fit l'homme avec un sourire, en reluquant Sheldon de haut en bas, et plus particulièrement son entrejambe. Ouais.

Il sortit un stylo du col de son polo, prit la main de Sheldon et y inscrivit son numéro de téléphone. Léonard ne savait plus où se mettre. Leslie était assez amusée. Quant à Raj et Howard, ils semblaient, à des degrés divers, partagés entre le désarroi et l'embarras le plus épais. Sheldon montra sa main à l'assistance alors que l'homme retournait à son magazine.

- Là. Problème résolu.

Leslie se replongea dans le contenu de son assiette.

- Crétin.

oOo

- Heu, Sheldon...

- Oui ?

- Heu, tu sais, le type de la cafétéria...

- Léonard, l'appellation "type de la cafétéria" est vraiment trop nébuleuse pour que je puisse me faire une idée précise de la personne à laquelle tu fais référence. En limitant le périmètre de recherche à notre seule ville de Pasadena, nous disposons de 346 établissements de restauration correspondant à cette appellation pour 139.712 habitants. En circonscrivant les recherches aux établissements de restauration que toi et moi fréquentons de manière habituelle, nous arrivons à 9 lieux potentiels, et même dans ce périmètre réduit, il reste tout de même approximativement 69.856 individus de sexe masculin pouvant correspondre aux critères fort vagues que tu as indiqués. Alors pourrais-tu, je te prie, être plus précis ?

- Cafet' du boulot. Penny droguée aux jeux vidéo la semaine dernière. Type à qui tu as demandé son numéro de téléphone.

- Bon. Là je peux me faire une idée. Qu'as-tu à me dire au sujet de cet homme ?

Léonard se passa la main sur la nuque, embarrassé.

- Heu, hé bien... Je l'ai croisé hier, et... Heu...

Sheldon le fixait d'un air neutre, quoique teinté d'une très légère impression d'impatience.

- Il... Il m'a demandé pourquoi tu ne l'avais pas appelé.

Sheldon haussa un sourcil. Il s'entraînait pour la prochaine fête médiévale, étant donné que ses amis lui avaient donné la permission de se costumer en Mr Spock, et afin de parfaire son interprétation, il avait passé beaucoup de temps à maîtriser ses muscles faciaux. Il était particulièrement fier de ses haussements de sourcils, égalant presque ceux du grand Leonard Nimoy.

- Et pourquoi devrais-je appeler cet homme ?

- Pour clarifier la situation. Nous t'avons déjà expliqué le malentendu que tu as provoqué à cause de ta manière de l'aborder.

- Je sais.

- Si tu lui avais dit tout de suite que tu voulais le présenter à quelqu'un d'autre, tu n'en serais pas là.

- Oui, bon, fit Sheldon, énervé. Mais comment pouvais-je savoir qu'il comptait entamer une relation sexuelle à but récréatif avec moi ?

- Ben, peut-être parce que tu lui plais.

Sheldon haussa les sourcils.

- Je lui plais ?

- C'est l'hypothèse la plus plausible.

- C'est bien ou pas ?

- Tout dépend de ce que tu comptes faire maintenant. Si tu ne comptes pas pousser cette relation plus avant, dit Léonard avec précautions, je te conseille de l'appeler et de lui expliquer l'affaire. Ce sera plus délicat. D'autant plus qu'il travaille lui aussi à l'université, tu pourrais le recroiser, et ça serait embarrassant pour toi comme pour lui.

Sheldon réfléchit un instant, puis se décida.

- Tu as raison. Cette situation mérite d'être clarifiée, ou autrement, dans l'hypothèse où je serais amené à travailler à un projet en collaboration avec cet homme, il pourrait y avoir des désagréments sociaux à l'évocation de cette affaire entraînant des manifestations telles que regards fuyants, incapacité à s'adresser la parole, transpiration excessive des mains et bégaiement, ce qui serait fort déplaisant. Je vais l'appeler.

- Allô ?

- Oui ? Dr Blaine Summers à l'appareil. A qui ai-je l'honneur ?

- Bonjour Dr Summers. Dr Sheldon Cooper à l'appareil. Vous m'avez donné votre numéro de téléphone il y a huit jours. A la cafétéria.

- Oh ! C'est toi, Sheldon ! Tu vas bien ?

- Heu... Les normes sociales m'imposent de répondre "oui" de préférence à cette question en général rhétorique, mais considérant mon état moral actuel et celui de ma santé, cette affirmation est en effet avérée sur ces points.

Silence. Sheldon dut faire un effort pour se rappeler les conseils de Léonard, et se souvint qu'il était bienséant de lui rendre la pareille sur cet interrogatoire rituel, même s'il n'accordait que peu d'intérêt à la réponse.

- Hem. Et comment allez... Comment vas-tu ?

- Je vais bien ! Je me demandais pourquoi tu ne m'avais pas rappelé.

- Ho. Heu... Je crois qu'à ce sujet, il y a un malentendu à éclaircir.

- Je m'en doutais un peu. On en parle autour d'un café demain, au restaurant de l'université ?

- Cela me paraît être approprié. Quelle heure ?

- Je finis mon cours à seize heures. Disons.. Seize heures dix ?

- Bien.

- Très bien, Sheldon. A demain !

- A demain.

Au moment où Sheldon raccrochait le combiné, Léonard arrivait du travail. Il posa ses clés dans le saladier, son sac et sa veste sur le canapé et se dirigea vers le frigo en quête de jus d'orange. Il salua son colocataire d'un signe de tête.

- Alors, Sheldon ? Tu l'as appelé ?

- Oui.

- La situation a été enfin démêlée ?

- Pas tout à fait. Je dois en parler avec lui demain.

- Oh ! Fit Léonard, un peu inquiet. Pourquoi ne pas avoir réglé l'affaire au téléphone ?

- A vrai dire, je ne le sais pas. Il veut que nous en discutions autour d'un café au self-service de l'université.

- Tiens, tiens.

- Et par ailleurs, comme il a dit que nous devions nous retrouver autour d'un café, je crains que seulement deux personnes ne puissent pas former une figure géométrique suffisamment étendue pour parler de se trouver littéralement autour d'un café, dit Sheldon en appuyant sa démonstration en faisant des guillemets avec ses doigts au mot "autour". Deux, voire trois personnes supplémentaires seraient à mon avis plus indiquées si on veut créer par l'intermédiaire de personnes assises une figure indiquant effectivement être formée autour d'une table supportant elle-même un café.

- En gros, tu voudrais que Raj, Howard et moi-même t'accompagnions à ce rendez-vous ?

- C'est cela, Léonard. Bien que dans le cas présent, parler d'un rendez-vous laisse supposer une forte connotation d'une réunion romantique destinée à faciliter les échanges amoureux entre deux personnes en vue de relations sexuelles, comme celles que tu espères provoquer avec Penny et ce, sans succès. Là, il s'agit juste d'expliquer à un homme visiblement intéressé à l'idée d'engager avec moi un coït non tarifé que la raison pour laquelle je lui ai demandé son numéro de téléphone n'était manifestement pas celle à laquelle il s'attendait.

Léonard préféra ne pas relever l'allusion blessante, jugeant bon de la mettre sur le compte d'une certaine nervosité qui venait de prendre son ami. En effet, Sheldon avait le visage secoué de tics et il triturait le rebord de son tee-shirt Superman entre ses longs doigts.

- En gros, tu as peur d'aller à ce rendez-vous tout seul.

- Pas du tout.

L'expression terne de Sheldon était suffisamment éloquente pour qu'il n'ait rien à ajouter. Léonard poussa un gros soupir.

- Laisse tomber. Bon. Je viendrai avec Howard et Raj, mais je te préviens, nous resterons à distance. Règlement de non-intervention de StarFleet.

- Le règlement de non-intervention de StarFleet n'entre en compte qu'en cas d'observation de civilisations extra-terrestres en voie d'évolution ! C'est complètement différent !

- Pas du tout. Tu vas régler cette affaire tout seul comme un grand. Nous serons là uniquement si les choses tournent au vinaigre, mais à mon avis, tout va très bien se passer. Le Dr Summers passe pour être un chic type.

- Léonard, je...

- Pas de discussion !

oOo

- Salut les mecs.

- Salut Léonard, firent Howard et Raj en laissant leur ami s'installer. Sheldon va bientôt arriver ?

- Il n'est pas trop nerveux ?

- Pourquoi il le serait ? S'enquit Howard. Il s'agit juste d'expliquer un malentendu avec un collègue.

- Heu, vu comment leur première entrevue s'est passée, je crois que c'est plus compliqué que ça, fit Léonard.

- Où il est ? Il va être en retard.

- Oh ! Le Dr Summers arrive !

Les trois garçons baissèrent ensemble la tête dans un mouvement parfaitement synchronisé, mais pas très discret. L'homme s'assit à une table, posa son sac, et attendit. Au bout de quelques minutes, Sheldon se présenta à l'entrée de la cafétéria. Son œil gauche tressautait avec enthousiasme, il tripotait ses doigts et grattait le sol du bout de sa basket. Blaine sourit en le voyant et lui fit un signe de la main. Sheldon ne pouvait plus l'ignorer davantage et approcha en grimaçant un sourire. Raj, Howard et Léonard le regardèrent s'asseoir avec mille précautions face au Dr Summers. Celui-ci continuait à lui sourire, les coudes sur la table, la tête appuyée sur ses mains jointes. Ils commencèrent à parler. Le brouhaha de la cafétéria empêchait les trois compères de comprendre ce qu'ils se disaient.

Leslie arriva à son tour et s'approcha des trois garçons, intriguée.

- Qu'est-ce que vous faites ? Où est le crétin ?

- Chut !

- Sheldon est là-bas.

- Oh ! Fit Leslie en remarquant les deux hommes. Qu'est-ce qu'il fait ?

- Sheldon est en train d'expliquer le malentendu de la dernière fois à Blaine, expliqua Léonard. Baisse la tête, ils vont te remarquer !

Leslie jeta un regard à la table de l'autre côté de la cafétéria, et fronça les sourcils d'incompréhension.

- Ca ne ressemble pas à une explication.

- Ah ? Demanda Howard.

- Vous vous en rendriez compte si vous regardiez vous aussi. Bon ! Pour résumer, Crétin discute avec le Dr Summers, et vu la façon dont il rit, sans doute à une de ses théories foireuses en matière de physique quantique, je dirais qu'il s'agit d'un rendez-vous. Un rendez-vous galant, précisa-t-elle, charitable.

Raj ouvrit des yeux grands comme des soucoupes. Léonard, voulant en avoir le cœur net, se retourna et constata que Sheldon, assis, raide comme un piquet, venait visiblement de dire quelque chose de désopilant, puisque Blaine se mit à rire. Puis ce dernier lui répondit quelque chose en penchant la tête sur le côté et en lui adressant un sourire que même Léonard devait qualifier de fort attractif. Il ne put s'empêcher de noter que le Dr Summers avait les pupilles vaguement dilatées, qu'il ne quittait pas Sheldon des yeux et qu'il se mordait souvent la lèvre inférieure en l'écoutant. Les oreilles et la nuque de Sheldon étaient écarlates, mais il avait arrêté de tripoter ses doigts et semblait un poil plus à l'aise. La discussion reprit, animée et de toute évidence passionnante.

- Si je ne connaissais pas mieux Sheldon, je dirais qu'il est en train d'emballer grave, dit Howard avec une solide note de désespoir dans la voix. C'est pas juste ! Il n'a jamais fait ça de sa vie et la première fois qu'il essaye, il réussit !

Raj, étant donné sa proximité avec Leslie, ne pouvait pas parler, mais hocha vigoureusement la tête.

- Dis donc, Léonard, Crétin ne devait pas juste lui expliquer sa bêtise de la semaine dernière ? Demanda Leslie.

- Heu, oui... Mais j'ai l'impression que les choses ne se passent pas comme prévu.

Leslie haussa les épaules.

- Bon, je vous laisse. Textotez-moi s'il se passe quelque chose d'intéressant. A plus ! Fit-elle en s'éloignant.

- A plus, murmura Léonard, les yeux fixés sur son ami en train de bavarder avec le Dr Summers, dans ce qui était sans doute la scène la plus déroutante, la plus bizarre de tout l'Univers ; plus étrange que Mr Spock en train de rire aux éclats en se tapant les cuisses ou une longue chevelure ondoyante sur la tête du Professeur Xavier, plus improbable que Maître Yoda en bikini ou la date de sortie prochaine de Duke Nukem Forever, plus dérangeant que Bilbo Baggins décimant un bataillon d'Orques à coups de AK-47 en déclamant du Byron, ou Stephen Hawking bondissant de son fauteuil roulant pour entonner des chansons paillardes tout en assommant le chat de Schrödinger à coups de noix de coco : Sheldon en plein rendez-vous galant. Avec un homme. Et où ledit homme semble apprécier sa présence. Complètement irrationnel. Illogique ! Dirait le grand Spock.

Le continuum espace-temps allait forcément se rompre et le monde s'effondrer sur lui-même devant une telle étrangeté.

Mais le cataclysme attendu n'arriva pas. Blaine et Sheldon se levèrent et partirent ensemble de la cafétéria tout en bavardant, sous les yeux ronds de Léonard, Raj et Howard.

oOo

Howard, debout sur une chaise au-dessus de l'ascenseur, finissait d'installer la caméra. Raj réglait le canal sur son portable avec un frénétique enthousiasme.

- Tu as l'image ? Lança Howard en tirant la langue à l'objectif.

- Beuh, elle est chargée ! Fit Raj avec une moue de dégoût. Je te reçois cinq sur cinq ! Je peux même compter tes papilles !

- Super. Le son, ça va ? Demanda l'ingénieur en tapotant délicatement le micro sur l'objectif.

- Limpide comme du cristal.

- Howard, Raj, arrêtez ça tout de suite !! S'écria Léonard, exaspéré, en montant les dernières marches, chargé de sacs en plastique remplis de plats chinois. C'est une violation de la vie privée ! Je n'ai pas aimé quand vous avez fait ça à mon premier rendez-vous avec Penny !

- Oh, tu ne vas pas remettre ça sur le tapis, Léonard ! s'exclama Howard d'un air exaspéré, en descendant de sa chaise. On s'est excusés et tout !

- Et Sheldon n'a rien fait pour nous en empêcher, non plus !

- Sauf que lui, c'est parce que ça ne l'intéressait pas.

- Hé bien, tu n'as qu'à ne pas regarder, alors, proposa Raj en se poussant pour laisser un peu de place à Howard sur le canapé (tout en laissant respectueusement vide la place de Sheldon, évidemment). On a fait un sacré boulot ! Je ne pensais pas qu'on arriverait à réinstaller tout le bazar en moins de deux heures !

Les deux compères se tapèrent dans la paume, les doigts écartés comme pour un salut Vulcain. Léonard, lui, posa ses victuailles sur la table de la cuisine en soupirant.

- En fait, Léonard, tu ne devrais pas voir ça comme de l'indiscrétion de notre part, mais comme une mission scientifique de haute importance.

- Qui est ?

- L'observation des rites matrimoniaux du Sheldonicus Vulgaris dans son habitat naturel, lança triomphalement Raj.

- Une observation que peu de gens peuvent se vanter d'avoir effectuée, renchérit Howard.

- Nous sommes un peu les Dian Fossey du comportement nerd, en quelque sorte.

- Vous êtes dégoûtants. En plus, j'avais l'impression que le fait que Sheldon puisse sortir avec un homme vous mettait plutôt mal à l'aise...

- Au début, je dois avouer que j'ai eu un peu de mal à m'y faire, fit Raj.

- Mais finalement, une fois qu'on s'est habitué à l'idée, ça va, conclut Howard. Et j'y vois l'immense avantage d'un concurrent en moins dans ma quête infinie du mystère féminin !

- Ouais !

Léonard sortit les boîtes en carton des sacs en plastique et mit la part le Sheldon de côté, puis prit ses propres plats, qu'il installa sur les trente centimètres carrés de la table basse qui n'étaient pas encombrés par des ordinateurs, câbles et autres composants. Howard et Raj l'imitèrent lorsqu'ils jugèrent que la caméra était réglée de façon optimale et après moult essais son et vidéo.

Au bout de plusieurs heures, les trois amis commencèrent à s'inquiéter.

- Ca fait combien de temps qu'il est parti ? Demanda Raj en constatant qu'il venait de perdre une nouvelle partie de Super Mario sur son émulateur.

- Environ cinq heures, soupira Léonard après un coup d'œil à la pendule. Je ne sais pas pour vous, mais je commence à me faire un peu de souci.

- Moi aussi, répondit Howard.

- Il a quand même raté la rediff de 2001, l'Odyssée de l'Espace sur le câble, fit Raj. On appelle la police ?

- Holà, on ne panique pas aussi vite ! Je suis sûr que...

- Chut !! Chuchota Howard. J'entends quelque chose !

Raj se précipita sur l'ordinateur portable et la caméra s'alluma sur le palier. La "curiosité scientifique" de Raj et Howard avait fait équiper la caméra d'un micro haute définition, d'un détecteur de chaleur et d'un téléobjectif infrarouge, afin que rien ne puisse échapper à leur œil d'aigle. Les trois garçons observèrent un silence religieux tout en écoutant des pas dans l'escalier. Deux personnes. Deux voix masculines. L'une d'elles était Sheldon. Léonard se sentit rassuré, bien qu'il ne voulût pas le laisser paraître.

Howard se dirigea vers le canapé sur la pointe des pieds et se pressa contre Raj pour voir ce que filmait la caméra. Léonard allongea le cou pour pouvoir regarder lui aussi, l'air de rien.

Sheldon et Blaine arrivèrent sur le palier. Le Dr Summers était un peu essoufflé.

- L'ascenseur est souvent en panne, comme ça ?

- Oui, depuis trois ans, quatre mois, deux jours, six heures, dix-huit minutes et trente-deux secondes. Un accident regrettable, répondit Sheldon.

- C'est là que tu habites ?

- Oui.

- Je peux entrer un moment ? Demanda Blaine d'un air séducteur.

Dans l'appartement, une panique silencieuse prit les trois compères qui cherchèrent aussitôt un endroit où se cacher en regardant frénétiquement de tous côtés. Hélas, derrière le canapé, sous la table de la cuisine ou dans les toilettes n'étaient pas des options envisageables. Léonard pria pour que Blaine change d'avis.

- D'après mes recherches, inviter la personne à entrer chez soi après un rendez-vous, et à fortiori à une heure avancée de la soirée, sous-entendrait fortement la promesse d'actes sexuels.

Blaine sourit largement.

- Je ne pensais pas en arriver là si vite, mais si tu y tiens...

- Justement, l'interrompit Sheldon. Selon mes informations, une telle proposition dès le premier rendez-vous sous-entendrait de ma part une forte capacité à engager le coït avec des gens que je connais à peine, et par là même, m'attirer une réputation connue sous l'appellation vulgarisée de "garçon facile", qui est considérée comme socialement négative.

- Heu... Si tu le dis, fit Blaine.

- Aussi, je préfèrerais que cela ne soit pas le cas, fit Sheldon. J'ai passé un moment fort plaisant en ta compagnie, mais je ne souhaite pas le conclure par un coït récréatif.

- C'est un râteau ? Demanda Blaine, l'air un peu déçu.

- Un râteau ? Je ne vois pas ce que cet instrument de jardinage vient faire dans notre conversation, dit Sheldon, poussant les trois compères dans la pièce à côté à se frapper le front en chœur.

- Flanquer un râteau, c'est quand quelqu'un refuse les avances qu'on lui fait, expliqua patiemment Blaine. C'est de l'argot. Et si je n'ai pas compris de travers, je viens d'en prendre un d'excellente facture. Bon, ben à plus tard à l'université, Sheldon, fit Blaine en se retournant, sur le point de repartir.

- Attends !

Léonard, Raj et Howard dressèrent les oreilles.

- Oui ?

- Je ne te flanque aucun râteau, dit Sheldon. J'estime simplement qu'engager des relations sexuelles dès le premier rendez-vous est exagérément précipité. Je n'ai pas totalement exclu cette éventualité dans le futur.

Blaine sourit.

- J'ai aussi appris qu'il était d'usage de conclure un premier rendez-vous par un baiser, et ce geste, bien qu'à forte connotation intime, me paraît grandement plus approprié qu'un échange de fluides corporels avec participation des organes génitaux.

- C'est juste.

- Cependant, je dois te prévenir que mon expérience en ce domaine est hélas totalement théorique et que...

Sheldon ne put finir. Blaine s'était approché, l'avait pris par les épaules et l'avait embrassé. De l'autre côté du mur, Raj et Howard étaient partagés entre un enthousiasme hystérique contenu à grand-peine, et l'admiration mêlée de malaise qu'on ressent devant des cas d'école de tératologie. Léonard avait un peu de mal à croire ce qu'il voyait. Sheldon, l'être humain -enfin, visiblement humain- le plus asexué qu'il connaisse, en train de se faire embrasser par un homme, et un fort bel homme, et appliquant à la lettre les préceptes qu'il avait sans doute appris sur Wikipédia en la matière, comme on applique des normes de sécurité lorsque les alarmes annoncent poliment que ceci n'est pas un exercice : il ferma les yeux, ses bras se levèrent automatiquement pour enlacer Blaine, et il opéra un rapprochement significatif en se serrant contre lui. Au bout de deux bonnes minutes, Blaine consentit enfin à le lâcher, et l'embrassa une dernière fois sur le bout du nez.

- On se revoit quand ?

- Mercredi prochain me paraît approprié. Je t'envoie les modalités de notre prochain rendez-vous par mail ?

- Très bien. A bientôt, Sheldon.

- A bientôt.

Blaine lui sourit une dernière fois et repartit. Sheldon resta sur le palier environ dix secondes, puis ouvrit la porte. Raj et Howard refermèrent aussitôt le portable et sifflotèrent en regardant le plafond.

- Tiens, Sheldon ! S'exclama Léonard avec un ton sonnant magnifiquement faux. Tu as passé une bonne soirée ?

slash, fandom:big bang theory, fic

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