L'Inconnu

Jan 08, 2010 23:22

Titre : L’Inconnu
Type : Fanfic
Genre : SF
Fandom : Doctor Who
Personnages : Ten, mentions d’Eleven, de Wilf, Donna, Rose, Martha et des personnages marquants depuis la résurrection de Doctor Who en 2005.
Communauté/Défi : Méli_Mélo. Les regrets/Les remords. Team Angst
Rating : G
Disclaimer : Tout appartient à la BBC, Terry Nation, Russell T. Davies, etc.

Note : Spoilers jusqu’à l’épisode The End of Time Part II inclus.


                Ainsi, c’était fini.

Le Doctor ressentait une sensation étrange dans l’estomac, dans tout le corps en fait. Quelque chose de froid comme s’il se noyait sous un lac gelé, emprisonné par une couche de glace traîtresse. Le chant des Oods qu’il entendait dans sa tête, de façon lancinante et quasi insupportable comme autrefois lorsqu’il les avait sauvés en compagnie de Donna, le renvoyait à cette planète de glace magnifique. Une civilisation qui s’était développée trop vite, dans un Univers qui changeait, aux règles qui se redéfinissaient à présent que ses Princes s’étaient éteints pour toujours et qu’il ne restait plus que lui.

Il arrivait à la fin de sa vie et il ne pensait pas seulement à sa régénération, qui commençait. Il lui restait … quoi … Deux essais après ça ? Des essais qu’il consommait si vite. De plus en plus vite. Et qui l’aiderait à présent ? Il était désuet. L’Univers n’avait pas besoin de lui et le lui avait fait comprendre en le punissant, encore et encore, et en lui assénant une terrible leçon lorsqu’il s’était rebellé.

C’était aussi bien. Il avait vécu trop longtemps. Pas parce que c’était ce qu’il pensait _ oh non, il voulait vivre, encore, vivre vivre vivre toujours, il n’était pas prêt, vivre encore, cette incarnation était tellement assoiffée de vie, vivre, vivre ! Pourtant, revoir les Seigneurs du Temps lui avait fait comprendre l’ultime vérité. Les humains, il les aimait. Ils étaient des géants à ses yeux parce qu’ils avaient si peu et s’en contentaient tellement bien.

Les Seigneurs du Temps, eux, qui comprenaient les Lignes Temporelles, qui régissaient les Lois de l’Univers, qui regardaient de haut toutes les autres espèces, primitives, ne s’étaient jamais contentés de rien. Le Doctor avait eu beau garder pour lui, comme un secret honteux, les derniers jours de la Guerre du Temps, préférant se montrer comme un monstre ayant détruit sa propre civilisation que de raconter la vérité. Cela n’avait servi à rien. Ils s’étaient acharnés à vouloir vivre, à montrer leurs visages monstrueux.

Et il se refusait à finir comme eux.

Toute sa vie, depuis sa naissance considérée indigne, il avait été rejeté par son peuple ou pressé à se fondre dans la masse. Malgré les humiliations, malgré ce qui avait été fait à son nom, malgré les trahisons dans sa propre famille, il était parvenu à faire sa place pour s’en dégoûter rapidement et fuir. Au tout début _ oh il était si jeune _ il était amer, pestait qu’à Gallifrey on le prenne pour un criminel et dédaignait l’Univers qui s’offrait à lui.

Il s’était bien vite rendu compte que sa nouvelle vie était nettement meilleure que celle qu’il aurait pu avoir parmi les siens. Il avait compris, bien mieux que les Seigneurs du Temps, les secrets de l’existence. Il avait vécu, il avait couru, il avait ri, il avait pleuré, et cela l’avait amené à ce moment, où seul sage au milieu d’une civilisation dégénérée, il avait été forcé à mettre fin à leur décadence et simulacre de vie.

Il était le Survivant, le Sage, le Combattant, le Héros, le Dieu Solitaire, le Vagabond, le Sombre Seigneur, la Dernière Instance, tant de surnoms. Le Docteur. L’Homme qui guérissait les maladies pullulant dans un Univers hostile. Malgré tout cela, malgré sa puissance et sa science, malgré tout ce qu’il avait fait, tout ce qu’il avait donné, tout ce qu’il avait sacrifié pour rester ce sage qui comprenait tout mieux qu’aucune autre créature vivante de l’Univers, on lui avait signifié qu’il n’était toujours rien.

Et sa mort venait.

Il était terrifié. Le froid l’envahissait et ce n’était pas normal, vraiment, parce qu’il ne se noyait pas réellement dans un lac gelé, il avait absorbé un amas considérable de radiations et l’énergie artron de la régénération qui se concentrait dans ses cellules était normalement brûlante. Mais le froid … Il ne sentait que le froid. La poudreuse dans laquelle il s’était écroulée, le chant glaçant des Oods, la neige qui tombait sur son visage et sur celui de Rose, ses cœurs se serrant en regardant Donna pour la dernière fois et en évitant les questions de Wilf sur la femme en blanc _ il l’avait tuée, il l’avait tuée, encore, morte, encore _ et les visages de ceux qu’il aimait, qui disparaissaient. Ils disparaissaient tous.

Il comprit.

Il sut d’où venait le froid.

C’était lui. Il arrivait. C’était lui. Un homme si froid, si différent, qui allait lui voler sa vie. Un inconnu.

L’Inconnu ne verrait pas Wilf comme le père qu’il aurait aimé avoir _ et non ce Seigneur du Temps indifférent qui n’avait jamais réussi à assumer sa naissance. Il n’appellerait pas Donna sa meilleure amie. Martha Jones ne serait pas sa conscience. Il ne serait pas amoureux de Rose Tyler. Rose. Rose. Vivre. Vivre. Rose. Donna. Martha. Rose. Vivre. Jack. Joan. Jenny. Vivre. Non. Pas maintenant. Non. Il n’était pas prêt. Non.

« Je ne veux pas partir. »

Il n’eut pas le temps de verser une dernière larme pour l’homme qu’il était et qui allait cesser d’être. Il n’eut pas le temps de penser une dernière fois aux siens. Il n’eut pas le temps de dire adieu à son amour, à ses affections, à ses haines. Il n’eut pas le temps de regretter ce que l’Inconnu allait oublier ou seulement considérer, de temps en temps, dans cette toute nouvelle vie qui s’annonçait.

Il vit ce qu’il voyait toujours à chaque régénération mais qu’il oubliait une fois qu’elle était terminée, parce qu’il s’agissait là du secret des Seigneurs du Temps. Il vit cet Inconnu qui allait être lui. Il vit sa vie. Il vit ses ennemis, ses amis, ses amours. Il vit sa mort. Puis la suivante. Puis la dernière. Enfin, il vit, juste un instant avant que cela n’arrive, qu’il n’existait plus.

Et le froid se transforma en terrible brûlure.
                Et un nouvel homme naquit.

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