Fandom : Whistle!
Personnages/Pairing : Tatsuya, Shigeki, Sho. Tatsuya/Shigeki.
Rating : T
Mots : 2812
Notes : Y a une seconde partie qui doit venir, parce que je l'ai en tête mais que je suis pas inspirée pour le moment (et puis, il faut bien l'avouer, elle est moins intéressante à écrire XD).
Sur la une d’un quelconque torchon exposé dans la librairie, on pouvait voir Shigeki, l’air complètement ivre, avec à son bras d’une jeune fille vêtue d’une robe très courte et l’air aussi peu fraîche que son compagnon, le tout accompagné d’un titre racoleur et peu flatteur.
Merde ! Fut la première pensée de Shô. Immédiatement suivie par : Tatsuya va le tuer.
Puis il se rappela que Shigeki et Tatsuya s’étaient séparés il y avait genre deux ou trois semaines, parce que comme d’habitude Shigeki avait flippé pour une raison ou l’autre (généralement, la difficulté d’être deux garçons et deux joueurs de foot célèbres dans une relation que beaucoup de gens malheureusement réprouveraient) et avait eu besoin d’espace (comprendre, fuir très loin pour se remettre les idées en place), et que, contrairement à d’habitude, Tatsuya avait décidé d’arrêter de se prendre la tête et de se sentir mal à cause de ça et qu’il avait refusé de pardonner à Shigeki. Ceci expliquait cela.
(Shô avait arrêté d’essayer de saisir quelque chose à la façon dont Shige et Tatsuya fonctionnaient, parce qu’il n’arrivait pas à comprendre comment on pouvait autant s’aimer et autant se faire mal en même temps.)
On était au début de l’été, presque à la fin du championnat japonais, et l’entraînement des joueurs de l’équipe des moins de 19 ans pour la coupe continentale des U19 allait bientôt commencer. Shô jeta un regard morne au magazine. Shigeki et Tatsuya étaient suffisamment professionnels pour ne pas ramener leurs problèmes sentimentaux sur le terrain (les kamis en soient loués !) mais si leur relation ne s’arrangeait pas, l’ambiance dans l’équipe n’allait pas être drôle.
(Au moins, ça ferait des sujets de cancanage et de paris pour les autres, pour Tsubasa tout particulièrement. Il n’en avait pas l’air, mais le petit défenseur était une vraie commère et adorait s’intéresser à la vie sentimentale - et sexuelle - de ses coéquipiers.)
Shô sortit de la boutique sans rien acheter, le cœur un peu au bord des lèvres. Il shoota dans une canette jetée sur le trottoir, les pensées malheureuses. Tatsuya allait forcément voir ces images et elles le feraient souffrir parce que, malgré tout ce qu’il pouvait dire, il aimait encore Shigeki. Shô poussa un soupir. Tatsuya et Shigeki étaient ses meilleurs amis et l’idée de les savoir tristes suffisait pour rendre Shô malheureux. Son portable vibra dans sa poche et il décrocha sans regarder le numéro qui s’affichait.
« Allo ? Shô Kazamatsuri à l’appareil.
- Tu fais vraiment jamais gaffe à qui est en train de t’appeler, pas vrai ? fit la voix joyeuse de Tsubasa.
- Tsubasa ?
- Ouais, c’est moi. Tu fais quoi, là ?
- Je suis dans la rue, je faisais des courses.
- Dans ce cas, ricana Tsubasa, je devrais raccrocher pour éviter que tu te prennes le prochain poteau.
- C’est pas vrai ! protesta-t-il. Je ne suis pas si maladroit ! Holà ! »
Shô faillit rentrer dans un arbre et il entendit Tsubasa rire à l’autre bout du fil. Pas fâché, Shô se mit à rire avec lui. Après quelques minutes et un bon fou rire, ils se calmèrent.
« Bon, déclara Tsubasa, beaucoup plus sérieux d’un coup. Est-ce que tu as vu les derniers journaux ?
- Avec Shigeki ? demanda Shô
- Au moins, ce n’est pas à moi de t’annoncer la mauvaise nouvelle, soupira Tsubasa. Plusieurs d’entre nous ont essayé d’appeler Shige, mais il n’a pas décroché et, bon, on s’inquiète un peu. Tu pourrais passer le voir, tu penses ? Il prendra peut-être mieux si c’est toi qui vient mettre le nez dans ses affaires.
- En quoi c’est si grave de le voir avec une fille ? l’interrogea Shô. Bon, à part que ça va pas arranger sa dispute avec Tatsuya mais…
- Bénis soient les simples d’esprit, murmura Tsubasa avant de reprendre plus haut. Shô, je ne sais pas si tu as lu les articles ou regarder les photos, mais il était complètement bourré. Et apparemment, y a des rumeurs sur le fait qu’il était aussi défoncé.
- Shige ne se drogue pas ! s’indigna Shô.
- Je sais. Sauf que Tatsuya ne lui a pas pardonné pour la dernière fois. »
Shô soupira et il entendit Tsubasa faire de même de son côté. C’était bien là le nœud du problème. Quand Shigeki faisait une connerie, le meilleur moyen d’arranger les choses était d’envoyer Tatsuya lui parler. Sauf que là, eh bien, ce n’était pas possible puisque c’était à cause de Tatsuya que Shige avait fait cette connerie monumentale.
« Je vais appeler Shigeki, promit Shô à Tsubasa. Et je vais essayer de parler à Tatsuya.
- Merci. Je vais le dire aux autres, histoire qu’ils n’harcèlent pas notre couple préféré. »
Après un dernier adieu, Tsubasa raccrocha et Shô rentra chez lui. Il essaya à plusieurs reprises d’appeler Shigeki sans succès et il soupira. Il comprenait l’inquiétude de ses coéquipiers et il se sentait lui aussi angoissé. Il finit par laisser un message sur le répondeur de l’autre attaquant, lui demandant de le rappeler dès qu’il pouvait.
Shige le rappela deux jours plus tard, après son match. Même si le blond tentait d’avoir un ton joyeux, Shô pouvait très bien entendre son abattement.
« Tu n’as pas l’air d’aller, lui déclara-t-il de but en blanc.
- Bof, soupira Shigeki. Disons que le staff de mon équipe n’a pas été vraiment très heureux des photos de mon exploit nocturne, ni de sa diffusion dans les journaux.
- Aïe, compatit Shô. Ça a donné quoi ?
- Disons que je me suis sévèrement fait sonner les cloches et qu’on m’a bien fait comprendre que j’avais intérêt à me tenir à carreau jusqu’à la fin du championnat, dans une semaine. Et de pas leur faire honte pendant la coupe continentale. Pff. ‘Fin, bon, je suis leur meilleur buteur, donc ils me laissent une seconde chance sur le terrain.
- Tu ne penses pas que tu devrais… parler avec Tatsuya ? » lui proposa Shô d’une voix timide.
Il y eut un long silence et Shô craignit que Shigeki ne décide tout simplement de lui raccrocher au nez. Finalement, il entendit un soupir à l’autre bout du fil.
« Pochi, c’est gentil de vouloir aider mais Tatsuya m’a bien fait comprendre qu’il ne voulait plus entendre parler de moi en dehors du foot pour le moment.
- Mais… vous êtes encore amis, non ?
-Oui, non, je ne sais pas ? C’est compliqué, Pochi. J’imagine qu’on a encore besoin d’un peu de temps. »
Shô eut une grimace de compassion devant la voix triste et assez désespérée de Shigeki. Les deux amis papotèrent encore quelques minutes sur des sujets plus joyeux (Eh ! T’as vu Pochi ? On va pouvoir rejouer ensemble d’ici quelques semaines ! Et on va la gagner, cette foutue coupe asiatique des moins de 19, je te le promets !) avant de raccrocher. Shô regarda son téléphone, une boule au ventre. Malgré toutes les assurances que Shigeki lui avait données, Shô était toujours inquiet pour lui. Il hésita à appeler Tatsuya pour discuter de ça avec lui avant de renoncer. Il avait déjà parlé au téléphone avec son ancien capitaine la veille et Tatsuya n’avait rien dit au sujet de Shigeki ou des photos.
OoOoO
Shô passa chez Shigeki pendant la semaine suivante et il put bien sentir que le blond était profondément malheureux - et pas à cause de ses photos qui circulaient dans la presse à scandale.
Bien que Shigeki lui eût demandé de ne pas se mêler de ça, Shô alla quand même voir Tatsuya le week-end d’après, quand le championnat fut enfin fini. Le châtain lui ouvrit la porte et le salua d’un large sourire. Shô put néanmoins noter les cernes sous les yeux de Tatsuya et un mal-être qui semblait profondément inscrit sur son visage. Sagement, le petit attaquant ne dit rien et s’assit sur le canapé. Un magazine de foot était ouvert sur la table basse et Shô jeta un coup d’œil à l’article avant de se raidir. Il parlait de la virée nocturne de Shigeki. Tatsuya, qui revenait à ce moment avec deux tasses de thé, soupira et rangea son journal avec un haussement d’épaules.
« Tu sais… commença Shô avec une certaine hésitation, je pense que Shigeki regrette vraiment ses bêtises ?
- Lesquelles ? demanda Tatsuya avec un rire las. Son exploit dans ce bar ou m’avoir plaqué encore une fois avec un prétexte totalement bidon, parce qu’il est juste trop lâche pour assumer quoi que ce soit ?
- Tu es dur avec lui, l’accusa Shô.
- Dur ? Non, j’en ai juste assez.
- Je parle souvent avec lui. Il est vraiment malheureux sans toi. »
Tatsuya pinça les lèvres, une lueur triste dans les yeux. Sa grimace ne dura qu’un instant mais elle n’échappa pas à Shô.
« Je ne comprends vraiment pas comment vous fonctionnez, soupira ce dernier.
- Pour être honnête ? Moi non plus.
- Tu l’aimes pourtant. »
Tatsuya s’assit à côté de Shô, sa tasse de thé entre ses deux mains. Il regarda la fumée faire des spirales dans l’air avant de soupirer.
« Tu sais, s’aimer ça ne suffit pas toujours pour qu’une relation tienne. » Tatsuya eut à nouveau l’air profondément malheureux. « Je pense que Shigeki et moi, on n’a juste pas des personnalités qui vont bien ensemble. Mais je… Enfin, ça n’a plus d’importance, maintenant.
- Est-ce que tu peux quand même passer le voir ? lui demanda Shô. Tout le monde est vraiment inquiet pour lui.
- J’essayerais de le faire, » promit Tatsuya avec un sourire fatigué.
Lorsque Shô repartit, il avait le cœur un peu plus léger. Tatsuya n’avait pas l’air vraiment en colère contre Shigeki et avait accepté d’aller le voir pour lui parler. Shô avait bon espoir que les choses s’améliorent très vite entre eux. Il n’aimait pas se mêler de ce qu’il ne le regardait pas mais… Shigeki et Tatsuya n’étaient pas très doués pour discuter.
OoOoO
Entre la fin du championnat et le début de l’entraînement de l’équipe des moins de 19, les joueurs avaient une semaine de repos bien méritée. Tatsuya savait, par Shô, que Shigeki restait à Tokyo pendant ses vacances et décida de passer le voir le mardi, en toute fin d’après-midi. Personne ne lui répondit quand il toqua à la porte et Tatsuya utilisa le double des clefs - qu’il n’avait pas rendu à Shige après leur dispute - pour rentrer. Il plissa le nez devant l’odeur de renfermé qui régnait dans la pièce. De toute évidence, Shigeki n’avait pas beaucoup aéré ces derniers jours. Le salon était dans la pénombre, les rideaux étaient tirés. Faisant attention de ne pas se heurter à un meuble et de ne pas se prendre les pieds dans un quelconque objet qui traînait par terre, Tatsuya traversa la pièce et ouvrit les rideaux et les fenêtres. Quand il se retourna, il eut un sursaut. Dans le noir, il n’avait pas vu que Shigeki s’était endormi dans le canapé.
Tatsuya se demanda vaguement comment Shigeki avait fait pour ne pas se réveiller avec tout ce bruit et cette lumière. Puis il vit les bouteilles d’alcool vides et il leva les yeux au ciel, agacé. Quel crétin ! Tatsuya soupira et s’approcha de l’endormi. Shigeki s’était vautré, à moitié allongé, à moitié assis, dans le canapé. Ses cheveux lui retombaient sur le visage et, pris d’une impulsion, Tatsuya tendit la main pour les enlever. Au passage, il lui caressa du bout des doigts le visage et il sentit une chaleur naître dans sa poitrine. Malgré tout, Shigeki lui avait affreusement manqué et le revoir faisait vaciller ses convictions. C’était pour cette raison que Tatsuya ne voulait pas le rencontrer juste après leur rupture parce qu’il savait que s’il voyait Shige, il lui pardonnerait tout sur le champ.
Tatsuya se mit à jouer avec les cheveux de Shigeki, s’amusant à enrouler de longues mèches autour de ses doigts et à le décoiffer en général. Ça ne réveilla pas le jeune homme mais il sourit dans son sommeil. A cette vue, Tatsuya sentit la chaleur dans sa poitrine croître davantage et un sourire tendre fraya un chemin jusqu’à ses lèvres. Finalement, au bout d’un moment, il secoua gentiment Shigeki par l’épaule pour le réveiller.
Le blond cligna des paupières comme un hibou et se redressa en s’étirant. Puis il le regarda et ses yeux s’écarquillèrent.
« Tatsuya ! »
Shigeki dévisagea le châtain comme s’il n’arrivait pas à croire qu’il était bien là. Tatsuya eut un petit sourire amusé devant la tête que tirait l’attaquant - elle était très drôle à voir.
« Présent.
- Qu’est-ce que tu fais là ? balbutia Shigeki sans cesser de regarder Tatsuya comme s’il devait disparaître à l’instant, ce qui était assez agaçant au bout d’un moment.
- Les autres s’inquiétaient pour toi. Et… ajouta-t-il après un instant de réflexion, moi aussi. »
Tatsuya se mordit l’intérieur des joues juste après. Il savait qu’il n’aurait pas dû dire ça. Shigeki détourna le regard et fixa le mur derrière Tatsuya.
« Tu m’as manqué, lui avoua-t-il. Je suis désolé pour tout.
- Je sais, acquiesça Tatsuya. Tu as bu ? demanda-t-il en regardant les bouteilles.
- Oui, euh… » Shigeki tenta de se lever et perdit l’équilibre. Il se rattrapa à l’épaule de Tatsuya avant de se dégager brusquement, comme si le contact l’avait brûlé. « J’ai pas eu des idées très intelligentes, depuis notre dispute.
- Oui, je sais ça aussi, répliqua Tatsuya en haussant les sourcils, pas du tout impressionné. J’ai vu tes exploits dans les journaux. »
Shigeki se mordit la lèvre et regarda ses pieds, l’air penaud, comme un enfant pris en faute, et Tatsuya sentit ce qu’il restait de sa colère partir en fumée. Shigeki était juste trop adorable, trop mignon, trop tout ce qui l’avait fait tombé amoureux de lui au début de leur relation.
« Tu m’en veux beaucoup ? » lui demanda Shigeki d’une petite voix.
Tatsuya soupira une énième fois avant de franchir la distance qui les séparait et d’embrasser Shigeki sur les lèvres. Puis les deux jeunes gens restèrent longtemps enlacés et Tatsuya posa sa tête contre l’épaule de Shige.
« Tu m’as manqué.
- Tu me pardonnes ?
- Je suis incapable de ne pas te pardonner, murmura Tatsuya. Même si je dois avoir encore mal après.
- Je suis désolé. J’ai été nul avec toi. Et puis j’ai complètement merdé. Et… »
Tatsuya resserra son étreinte autour du corps de Shigeki quand celui-ci se mit à trembler et à pleurer. Petit à petit, la boule de tristesse, de dégoût de soi-même qui bouffait Shigeki depuis leur rupture se délia enfin. Le blond s’accrochait à son amant de toutes ses forces, comme un noyé à une ancre en pleine tempête. Tatsuya lui traça gentiment des cercles dans le dos, attendant la fin de la crise. Enfin, Shigeki se calma et Tatsuya lui tendit un mouchoir.
« Tu devrais prendre une douche, lui conseilla Tatsuya.
- Mais…
- Va prendre une douche. Ça te fera du bien. »
Une fois sûr que Shigeki était à la douche après avoir entendu l’eau couler, Tatsuya s’assit sur le canapé et composa le numéro de Shô sur son téléphone portable. Après quelques sonneries, son ami décrocha.
« Salut Shô. Je suis chez Shigeki.
- Tu es passé le voir ! s’exclama Shô d’une voix joyeuse. Alors, comment il va ?
- Il… déprime un peu, expliqua Tatsuya en grimaçant (il se sentait tellement horrible de parler de l’état de Shigeki à quelqu’un, même si ce quelqu’un était Shô). Tu pourrais appeler les anciens de Sakurajōsui et ceux de l’équipe des U19 ? Je pense que s’il pourrait jouer au foot avec les autres, ça lui remontrait le moral.
- Ok, je vois le problème ! Ne t’inquiète pas, je réunirai tout le monde. Pour demain après-midi ?
- Oui, parfait. » Tatsuya releva la tête en entendant la porte de la salle de bain s’ouvrir. « Je te laisse. A demain. »
Il ferma vite le portable et le rangea dans sa poche. Shigeki vint se blottir contre lui, mouillant au passage son tee-shirt avec ses cheveux humides. Tatsuya claqua sa langue en signe de contrariété mais ne fit rien pour le déloger. Il sentit Shigeki l’embrasser sur l’épaule, dans le creux du cou, sur le menton et il dut retenir un gloussement de rire, un peu chatouillé. Il lui ouvrit les bras et Shige s’installa contre lui, corps contre corps, peau contre peau, souffle contre souffle, lèvres contre lèvres. Tatsuya savait très bien qu’il ne devrait pas céder ainsi mais sa raison avait peu de poids contre son cœur, quand il pouvait sentir les lèvres et les mains de Shigeki parcourir son corps. Enlacés, ils arrivèrent jusqu’à la chambre de Shigeki et ils se laissèrent tomber sur son lit, sans cesser de s’embrasser, de se caresser, de se déshabiller. Fermant les yeux, avec un sourire de bonheur, Tatsuya attira Shigeki contre lui, entremêlant leurs corps et leurs sentiments, pour se sentir enfin entier.