J'en reviens pas de n'avoir pas posté pendant si longtemps, une honte....

Mar 28, 2014 17:36

...vu que la dernière fois, j'avais tiré une carte bingo et que voilà, j'ai tracé un X. Vive bingo-livres!

Et donc je suis pas morte, la preuve, je me traîne encore jusqu'à la bibliothèque!

Prompt 1: Humour
Titre : Redshirts
Auteur : John Scalzi
Éditeur : L'Atalante (2013)

Mon avis :Parodie pleine d'humour au scénario plaisamment troussé et tarabiscoté, Redshirts a reçu en 2013 à la fois le prix Hugo du meilleur roman et le prix Locus du meilleur roman de science-fiction. Ma foi, il méritait les deux !
Ce qui est agréable, c'est qu'il peut être lu tout autant par un novice du genre que par un vieux baroudeur de la SF parfum space-opera , les deux l'apprécieront mais pas forcément pour les mêmes choses.
Space-opera jouant beaucoup sur la mise en abyme, Redshirts s'intéresse aux grands oubliés habituels du genre: les malheureux sous-officiers anonymes qui se font descendre/dissoudre/boulotter par une improbable bestiole spatiale pour augmenter la tension dramatique avant que le valeureux héros trouve la façon de triompher de l'épreuve et sauve l'épisode!
En l'honneur de la très célèbre Enterprise et de ses uniformes, l'Intrépide est donc peuplée de malheureux Redshirts, au destin généralement tragique et incongru...jusqu'à ce que notre héros, l'un d'entre eux donc, se mette à poser les questions qui fâchent. Là où on aurait pu imaginer un simple complot, ou une malheureuse aberration statistique, l'auteur nous propose un solution bien plus tordue, et donc marrante.
Notons à la fin la présence de trois excellents codas s'intéressant aux personnages secondaires (pas les Redshirts, donc, justement. Les Redshirts des Redshirts ???) et leurs destins après tout cela. Cela aurait été dommage quand même de mettre les personnages secondaires à l'écart dans ce genre de livre, non?
Un excellent roman, pas le Pullitzer, non, mais vraiment épatant!

Prompt 2 : Art
Titre : Félicie de Fauveau: L'amazone de la sculpture
Auteur :Collectif
Éditeur : Gallimard (2013)

Mon avis : A l'origine, je n'avais acquis cet ouvrage que par esprit de contradiction: l'exposition sur Félicie de Fauveau au musée d'Orsay avait fermé ses portes avant que je puisse la découvrir et je voulais rattraper cet oubli...et puis comme souvent dans ce genre de cas, j'avais regardé les images et puis basta!
L'occasion s'étant présentée, j'ai corrigé cet erreur avec application, et avec beaucoup de plaisir. Ce catalogue ne s'arrête en effet pas à une série de photos de l'oeuvre de Félicie de Fauveau:les très nombreux textes sont un éclairage épatant non seulement sur l'artiste elle-même mais surtout sur l'époque, les différents remous qui l'agitent, les mouvements artistiques ou politiques, mais aussi sur la Florence de l'époque, par exemple, où la sculptrice passa la fin de sa vie.
Un excellent ouvrage que je suis bien contente d'avoir enfin rouvert!

Prompt 3 : JOKER /Un livre en rapport avec la guerre
Titre :A l’ouest rien de nouveau
Auteur :  Erich Maria Remarque
Éditeur :Le Livre de Poche (1973)

Mon avis : A l'Ouest rien de nouveau est l'un des plus célèbres, voire le plus célèbre, roman allemand traitant de la première guerre mondiale. Ayant lui-même été au front pendant la guerre, l'auteur offre au narrateur, Paul Bäumer, une justesse de ton des plus troublantes. Comme une grande majorité de sa classe, Paul s'est engagé sur les insistances et recommandations de leur professeur, fervent patriote tant que ce n'est pas lui qui se retrouve sous l'uniforme. Quand le lecteur le découvre, Paul est déjà un soldat avec de l'expérience, sachant survivre dans les tranchées et profiter de chaque moment à l'arrière du front et le lecteur découvre par ses yeux et les horreurs de cette guerre, mais aussi l'impossibilité de reprendre sa vie d'avant, de communiquer avec ceux qui n'ont jamais mis les pieds dans une tranchée. (Les chapitres où il part en permission dans sa ville natale sont parmi les plus marquants). Au fil des chapitres, le lecteur voit le pire des hommes, parfois aussi le meilleur dans la camaraderie, l'aberration des faits et la dépression insidieuse qui ronge les jeunes soldats et se trouve incapable de lâcher cet oeuvre jusqu'à son final.
Dénonciation de la guerre, de son imbécilité, empli de vies gâchées et rendu encore plus marquant par son emploi du Je, A l'ouest rien de nouveau fait partie de ses romans qu'un lecteur n'oublie jamais. C'est un roman extraordinaire, à recommander de toute urgence, à offrir, à faire découvrir, à conseiller encore et encore.

Prompt 4: Un livre donc vous aimez beaucoup la couverture
Titre :Des choses fragiles : Nouvelles et merveilles
Auteur : Neil Gaiman
Éditeur : Au Diable Vauvert (2009)

Mon avis : Des choses fragiles contient tellement d'univers différents qu'il faudrait pouvoir mettre une note pour chacun des textes! C'est d'ailleurs souvent le cas pour les recueils de nouvelles.... Le plus marquant , tout du moins pour moi, c'est la superbe réécriture d'"Une Étude en rouge", "Une étude en vert" où quand Doyle rencontre Lovecraft. C'est brillant, bien écrit, parsemé de petits indices qu'un lecteur attentif et au fait du canon holmésien relève, plutôt à la seconde lecture d'ailleurs, une fois que la révélation finale lui ouvre les yeux!
Celle-ci, donc, de nouvelle, est géniale mais ça ne veut pas dire que le reste du recueil ne m'a pas plu: certaines étaient un peu moins prenantes que d'autres, mais c'est , à mon avis, empli de suffisamment de perles pour satisfaire les lecteurs les plus difficiles.
C'est la première fois que je lisais un ouvrage de Neil Gaiman nouvelliste et je l'ai trouvé à la hauteur de ses romans.

Prompt 5 : Un livre sorti il y a moins d'un an
Titre : Récif
Auteur :Juan Villoro
Éditeur : Buchet-Chastel (2014)

Mon avis : Récif a pour narrateur Tony Gongora, ancien bassiste de hard-rock, ancien junkie, que son ami d'enfance Mario a remis sur pied pour travailler avec lui dans le complexe hôtelier la Pyramide, un endroit proposant des vacances des plus originales: si vous voulez vous sentir vivants à grand coups de sports extrêmes & faux guérilleros, c'est l'endroit idéal!
Tony passe ses journées à créer des bandes sons à partir des mouvements des poissons de l'aquarium, à tenter de se réapproprier avec l'aide de Mario les souvenirs manquants/délirants/possiblement imaginaires de sa période camé et à se demander pourquoi Mario le tire encore et encore des soucis...et c'est à peu près à ce moment là qu'un cadavre avec un harpon planté dans le dos est retrouvé à l'aquarium et que les narco-trafiquants du coin commencent à se sentir vexés par cette histoire de faux enlèvements.
C'est un étrange roman, mi-mélancolique, mi-ironique, qui , entre deux psychédéliques reconstructions des années rock de Tony et Mario , dresse un portrait peu flatteur de l'industrie hôtelière sur la côte mexicaine, entre les aléas climatiques, le blanchissement de monnaie des pays occidentaux, la cupidité des uns et la corruption d'un grand nombre des autres. Malgré cela, cela n'a rien d'un ouvrage déprimant et je reconnais m'être attachée à ce personnage revenu de ses illusions de jeunesse et s’efforçant de son mieux de crapahuter dans les désillusions de la maturité. Un roman que je recommanderais sans hésitation, donc.

Prompt 6: Religion et spiritualité
Titre : Sur les traces des chrétiens oubliés
Auteur : Charles Guilhamon
Éditeur : Calmann-Lévy (2012)

Mon avis : Sur les traces des chrétiens oubliés est un livre qu'il est difficile de noter: génial à certains moments, mais souffrant parfois de longueurs et d'un style un peu plat...jusqu'au moment suivant où l'auteur est emporté par l'enthousiasme et entraîne le lecteur avec lui!
Le sujet en lui-même est très intéressant, plutôt original et peu couru.A force de vivre dans un pays laïque où chacun est libre de ses choix religieux, on en oublie que ce n'est pas le cas partout, et à force de simplification dans la presse, on en oublie aussi la fabuleuse diversité qu'on peut trouver dans quelque chose qu'on nous présente toujours comme monolithique: ici, l’Église Catholique. Qu'est-ce qu'on sait par exemple de l’Église grecque catholique, rattachée de nos jours à l’Église catholique, mais célébrant dans le rite byzantin et où les prêtres peuvent être mariés? Qu'est-ce qu'on sait des chrétiens chaldéens d'Irak, priant dans une langue descendant directement de celles du Christ? De ces régions de l'Inde où baptiser un hindou est un crime puni par la loi ou encore de ces chrétiens tibétains qui ne peuvent recevoir le ministère d'un prêtre?
L'ouverture sur le monde qu'offre ce livre est fascinant , se rendre compte des extraordinaires diversités humaines unies dans une même foi a quelque chose d’extrêmement touchant et l'auteur se tire très bien d'un sujet pas toujours facile: il avoue ses doutes , par exemple dans la partie sur le Brésil, ses émerveillements, ses difficultés, se dépouille de son mieux de ses préjugés d'européen et compose finalement un ouvrage à recommander. Alors, oui, c'est parfois un livre un peu déprimant, se rendre compte qu'à notre époque, la liberté de culte est loin d'être acquise, que des gens sont persécutés pour leur religion (parfois même entre deux confessions chrétiennes, le chapitre sur la Roumanie est frappant pour cela), mais c'est aussi plein d'espoir, d'enthousiasme, de dépaysement et de fraîcheur et on pardonne les quelques maladresses de style ou le fait que tous les chapitres ne soient pas du même niveau.
Un excellent bouquin, pour tous les curieux, pas forcément uniquement pour les lecteurs ayant la Foi!

Prompt 7 : Un grand classique
Titre : Le Joueur d'échecs
Auteur : Stefan Zweig
Éditeur : Flammarion (2013)
Mon avis : Est-il possible d'écrire quelque chose d'original sur une oeuvre aussi célèbre, aussi lue et critiquée, analysée, au fil des décennies? Peut-être, mais en tout cas, c'est loin d'être à ma portée.
Ce que je pourrais, voudrais dire, c'est simplement que Le joueur d'échecs est un texte délicieux que j'ai dévoré avec beaucoup de plaisir. Je n'oublierais pas de sitôt Czentovic, Monsieur B. et leur partie maritime! La pitié dangereuse conserve sa place en tant qu'oeuvre de Zweig que je préfère , mais Le joueur d'échec un texte auquel tous les lecteurs devraient donner sa chance, même ceux à qui les mots classique de la littérature font peur!

Prompt 8 : Joker 2 Un livre de l'Antiquité
Titre : La Guerre des Gaules
Auteur : Jules César
Éditeur : Flammarion (1993)
Mon avis : De la Guerre des Gaules, je ne connaissais que les fragments étudiés en cours de latin, il y a bien longtemps, une vision donc très partielle et déformée par le fait que j'étais plus préoccupée des notes en résultant que de la valeur intrinsèque du texte... Résultat, j'étais curieuse de voir l'ensemble.
Reconnaissons le tout de suite: c'est à la gloire de César et il ne va pas laisser l'oublier au lecteur! Le valeureux Jules est sans peur et sans reproche, vole au secours des légions en mauvaise posture et fait la morale aux Gaulois comme s'ils s'agissait d'un groupe de mécréants en culottes courtes ! Si c'est certainement intéressant d'un point de vue historique, n'oublions donc pas que c'est un outil de propagande, écrit par le vainqueur. Bien écrit, d'ailleurs,dans un style que le lecteur moderne appréciera.
Je suis contente d'avoir enfin pris le temps de lire cet ouvrage, qui était dans mes listes d'envie depuis un certain temps ; mais j'avoue ceci dit avoir eu un peu de mal au milieu: je trouvais ça un peu répétitif. César trouve un prétexte plus ou moins cousu de fil blanc, tombe sur tel ou tel peuple comme la vérole sur le bas clergé breton, puis leur reproche de s'être défendu et leur explique pourquoi c'était vraiment très mal venu et agressif de leur part. Et puis il passe à la région d'à côté!
J'exagère peut-être un brin, mais si peu...
Ceci mis à part, c'est une lecture assez intéressante, un pan d'événements importants dans l'histoire de ce qui deviendra la France et si César est très certainement quelque peu de mauvaise foi, les amateurs d'histoire, d'antiquité, de batailles y trouveront tous leur compte.

Prompt 9 : Littérature d'Asie
Titre :Six Récits de l'Ecole des Cadres
Auteur : Jiang Yang
Éditeur : Christian Bourgois Editeur (1993)

Mon avis : Il ne faisait pas vraiment bon vivre sous la grande révolution culturelle prolétarienne quand vous étiez , par exemple, professeur de littérature étrangère ou une autre de ses professions considérées suspectes de droitisme, révisionnisme ou simplement de sympathie envers la culture traditionnelle chinoise !
Délaissant les implications plus politiques, l'auteur présente simplement son expérience personnelle, la vie qu'elle mène quand à presque 60 ans, son mari et elle se retrouvent expédiés à la campagne pour y cultiver la terre. Autant dire, d'ailleurs, que l'expérience n'est apparemment pas concluante: les paysans locaux devant servir de modèle jugent durement ses nouveaux arrivants et volent les maigres récoltes, sans parler de manque d'outils ou de matériel !
Avec beaucoup d'humanité, de simplicité, elle raconte d'une façon qui touche bien plus que ne l'aurait fait un pamphlet virulent, sans jamais verser dans l'auto-apitoiement ou la vengeance. L'édition est de plus agrémenté de suffisamment de notes de bas de pages pour venir en aide au lecteur peu au fait des subtilités de l'époque, ou de la culture traditionnelle littéraire chinoise... C'est un texte vraiment intéressant sur un sujet très dur mais qui rappelle aussi par son ton et la bonté qui s'en dégage que même des périodes les plus terribles et des atrocités si fréquentes dans l'histoire les personnes et les peuples se relèvent.

Prompt 10: Science-fiction
Titre :Station solaire
Auteur : Andreas Eschbach
Éditeur : L'Atalante (2000)

Mon avis : Où qu'on aille, le danger, c'est l'humain. Voilà ce qu'on pourrait coller en sous-titre pour Station solaire! En 2015, précisons que le roman a été écrit dans les années 90, la station Nippon tourne autour de la Terre et accumule l'énergie solaire, ensuite réexpédiée au sol. Depuis quinze jours, justement, impossible d'expédier quoi que ce soit et le commandant voit sa panne technique se muer peu à peu en soupçon de sabotage. Seulement, qui? C'est à cette question là qu'il attelle le narrateur qui, dès le lendemain, trouve un de ses collègues assassinés!
Pas de vilains petits hommes verts ici, c'est les conflits géopolitiques, les opinions humaines, les mensonges et les fanatiques qui se trouvent concentrés, sublimés, dans une petite merveille de technologie flottant dans le vide. Cela n'empêche pas d'ailleurs le suspens, on tourne les pages avec avidité tant le climat qu'arrive à instiller l'auteur est prenant.
Un excellent roman, dont on comprend qu'il ait été récompensé (Prix Kurd-Laßwitz).

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