[Fic] Neverwhere - L'Emissaire - chapitre 4 - PG [partie 2]

Mar 17, 2013 15:00

Titre : L’Émissaire (chapitre 4/15), partie 2
Auteur : soleil_ambrien
Fandom : Neverwhere
Persos/Couple : Richard, le Marquis de Carabas, personnages de Shakespeare
Rating : PG
Warning : Un brin de slash et de détournement de mineure hintés.
Disclaimer : Tout appartient à Neil Gaiman et à Shakespeare.
Prompt : Richard apprend à vivre et non plus simplement survivre dans London Below... en s'inspirant plus qu'un peu de la technique du Marquis.


Puck venait de clore la pièce par sa célèbre tirade. Richard était tout à fait satisfait du spectacle. Certes, ce n’était pas les conditions de représentation auxquelles il était habitué, mais c’était agréable. Shakespeare aurait été heureux de voir que la tradition se perpétuait, au moins dans l’En Dessous.

Le jeune homme chercha le Marquis à ses côtés et ne le trouva guère. Nerveux, il attendit que le parterre soit vide, en pensant qu’il s’était peut-être déplacé, mais ce n’était pas le cas. L’anxiété grandit en lui. Il n’osait pas sortir, de peur qu’on ne lui permette pas de revenir. Seulement, s’il avait eu besoin d’aller aux toilettes, le Marquis était forcément dehors : dans cette ancienne version du Théâtre, il fallait se contenter d’un petit bâtiment à part pour faire ses besoins.

C’était ennuyeux. Richard aurait pu aller voir les dirigeants des lieux et commencer la mission, mais il n’avait tout simplement aucune idée de ce qu’il fallait dire. Il comptait justement sur son compagnon pour parler à sa place, au moins dans un premier temps.

Il finit par errer un peu partout, puis, ne trouvant rien, il se résigna. Il faisait les cent pas dans le hall lorsqu’une main noire se posa sur son épaule.

« Trouvé ! » s’exclama le Marquis, très content de lui.

Furieux, il allait l’apostropher lorsqu’il remarqua la petite silhouette qui le suivait. C’était une enfant au visage émacié et aux yeux d’opale, semblables à ceux de Porte. Elle aussi, elle ressemblait à un lutin dépenaillé - en version haute comme trois pommes.

« Je te présente dame Accès, proclama-t-il en la désignant d’un geste empli de panache. Dame Accès, voici Sir Richard. On l’appelle parfois pompeusement le Guerrier mais il n’aime pas ça.
-Pourquoi on l’appelle comme ça ? s’enquit la petite fille, d’une voix claire.
-Parce qu’il a tué la Bête de Londres, révéla Carabas. Il n’a pas vraiment fait exprès, mais il l’a tuée quand même. »

Malgré la précision un tantinet humiliante qu’avait faite le Marquis, le respect emplit les yeux d’Accès.

« Vous êtes vraiment très fort, alors… »

Le Marquis coupa court aux effusions admiratives de la fillette en déclarant :

« Je crains que la séance diplomatique ne soit ternie par un léger problème.
-Et c’est quoi ? l’interrogea Richard.
-Titania et Obéron voudraient tous deux garder cette enfant à leurs côtés.
-Oh. »

*

Ils se dirigèrent vers la cour du Théâtre du Globe, là où siégeaient Titania et Obéron. Surpris, Richard reconnut le Thésée et l’Hippolyta de la pièce de tout à l’heure. Les personnes qui peuplaient leur cour semblaient s’être échappés d’une société de reconstitution historique passionnée d’histoire élisabéthaine.

Le Marquis rivalisa d’adresse et de ruse pour convaincre les souverains que l’unité de la Londres d’En Bas était nécessaire, et que le meilleur moyen de prouver qu’ils étaient d’accord avec dame Porte, c’était de lui rendre sa jeune sœur. Obéron, qui voulait faire de l’enfant un page mais qui n’y était jamais parvenu, était d’accord. En revanche, Titania était plus difficile à convaincre.

« Vous pourriez la laisser partir, mais la faire escorter par l’une de vos fées, tenta Carabas. Ainsi, vous pourriez la revoir quand vous le voudriez. »

C’était un homme de compromis.

« Et si je ne la laisse jamais repartir lors de l’une de ces visites ? nuança la reine.
-Dans ce cas, vous ne seriez plus considérée comme une alliée de la Maison de l’Arche, expliqua-t-il. Vous seriez immédiatement radiée du Consortium, vous et le Théâtre du Globe. »

Elle parut réfléchir, puis donna son accord.

« Je suis lasse de cette guerre inutile avec mon époux. Prenez l’enfant. Je rejoins le Consortium. »

D’une écriture fluide et penchée, elle signa le parchemin que le Marquis lui présenta, en se servant d’une plume d’oie.

« Consortium ? releva Richard à voix basse, circonspect.
-C’est le premier mot qui m’est venu à l’esprit », se défendit-il.

Richard trouvait qu’il convenait davantage à un groupement d’entreprises qu’à une confédération d’états.

« Et quand cet arrangement prend-il effet ? s’enquit la souveraine.
-Tout de suite, si vous le voulez bien.
-Bien, alors, dans ce cas… Phalène ! », invoqua-t-elle.

Un garçon-fée se matérialisa aussitôt à ses côtés.

« Accompagne cette enfant où qu’elle aille, lui commanda la reine. C’est la plus jeune fille de la Maison de l’Arche. Ramène-la-moi quand je le désirerai, mais n’oublie jamais de la rendre à sa sœur ensuite. »

L’être évoqué s’inclina devant la petite Accès, les deux autres en firent de même devant dame Titania, et ils se retirèrent. Leur mission avait été un succès total. Le Consortium comptait désormais un fief de plus à son actif.

Ils durent attendre devant la loge de Groin, parce qu’Accès n’avait pas fini de se changer et qu’elle devait empaqueter les cadeaux de la reine. Pas ses affaires, évidemment. Elle était arrivée dans ce fief en n’emportant que ce qu’elle avait sur le dos.

Ses trois protecteurs s’ennuyaient un peu. Le Marquis sortit des osselets de l’une de ses poches et se mit à y jouer tout seul. Richard pensa lui demander de le rejoindre, mais il y renonça vite lorsqu’il constata qu’en plus des vieilles pièces de monnaie, le jeu comportait de petits os d’animaux. À la place, il s’intéressa au nouveau venu.

« Rappelez-moi votre nom, déjà ? » se renseigna-t-il.

Le garçon-fée fit une gracieuse révérence.

« Phalène, pour vous servir. »

Richard fronça les sourcils. Aujourd’hui, il n’avait pas revu la partie où Titania et ses fées intervenaient. Du coup, il devait faire appel à des souvenirs très anciens de pièces de théâtre vues avec Jessica et de pièces montées à l’école, aussi vagues que s’ils appartenaient à une autre personne. Finalement, il comprit ce qui n’allait pas. Il s’éclaircit la gorge, un peu gêné.

« Mais j’ai toujours cru que vous étiez… »

Il n’osait pas dire le fond de sa pensée, de peur de sembler vexant. Finalement, il acheva sa phrase, si bas que même le Marquis, qui se tenait pourtant tout près de lui, ne l’entendit pas.

« Une fille. »

Le garçon-fée partit d’un grand éclat de rire. Manifestement, l’ouïe fine des fées n’était pas une légende.

« Tout le monde se fait avoir ! le rassura-t-il. C’est à cause des mises en scène contemporaines, je pense. »

Soudain, il fut dangereusement proche de lui. L’une de ses mains vint lascivement suivre le tracé de sa mâchoire. Il eut un grand sourire, où l’on discernait des canines un peu trop aiguës.

« Mais je suis bien un garçon, ne vous y trompez pas. »

Richard hocha la tête, les joues en feu. Vivement qu’ils mènent Accès à sa sœur.

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11

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