Titre : Où jamais vous n’irez
Auteur :
soleil_ambrienFandom()s : Neverwhere + La Porte de Daath = original douteux ?
Persos: Michaël, Sammaël…
Rating : PG
Disclaimer : L’idée vient de Neil Gaiman. Je l’ai juste transposée à Paris. Par contre, les personnages de La Porte de Daath qui apparaissent sont à moi. Enfin, autant que des Public Domain Characters peuvent l’être…
Notes : J’appelle ceci une originale, et pourtant, il pourrait sembler honteux de qualifier ce texte d’original alors que son principe tout entier est recopié sur Neverwhere. XD Ceci dit, on peut tout à fait le lire sans connaître ce roman. À la limite, c’est même mieux, haha. Mais sachez que, même si ce monde est totalement inventé, le concept même d’imaginer une ville sous la ville, aux lieux et aux personnages nommés d’après les stations de métro, a été conçu par Neil Gaiman. ^__^ Mais moi, j'ai rajouté au concept des prières d'enfance, du vaudou haitien et les zombies qui vont avec, une archéologue indienne convertie au bouddhisme et même des dinosaures. Enjoy !
Note 2 : J'aimerais bien des reviews constructives, s'il vous plaît - même si c'est pour dire que le texte ne vous plaît pas du tout et pourquoi. J'adore le feed-back. :)
Avertissements: Pour ce prologue, yaoi, blasphèmes et mention de folie. Gros spoilers sur La Porte de Daath, aussi.
Chanson:
Leyrik, Plus jamais seul Où jamais n'irez
Prologue : Saint-Michel
Lorsque l’on considérait le métro parisien, l’un des éléments marquants, c’était le nom des stations. Peut-être pas chacun de ces noms, peut-être pas pour tout le monde non plus, mais quelques esprits curieux pouvaient se demander pourquoi tel lieu s’intitulait « Gobelins », « Blanche » ou encore « Chevaleret ». La plupart des gens n’y prêteraient jamais attention, cela ferait rêver quelques enfants, tandis que des spécialistes s’échinaient à ce propos.
Les plus curieux des usagers, en tout cas, chercheraient plus tard la réponse dans des manuels d’histoire - sans se douter qu’en fait, la vérité était totalement différente, issue d’un monde étrange, dangereux et sauvage. Sans savoir non plus que la plupart de ces endroits abritaient des créatures liées à leur dénomination. De véritables gobelins (rien à voir avec la manufacture de tapisseries éponyme) ; une jeune albinos du nom de Blanche, vestige de la plâtrière de Montmartre ; un titre de noblesse hérité du lointain XVIIème siècle…
La station Saint-Michel ne faisait pas exception, et portait bien son nom. Après tout, elle hébergeait un ange. Ou plutôt, un ancien ange. Le qualifier d’archange serait encore plus juste. Le deuxième archange à avoir failli. Le deuxième, en des siècles et des siècles, à avoir échoué lors de sa divine tâche. Un déchu.
Sur Terre, ce n’était pas le seul. On comptait des milliers d’anges perdus, des millions peut-être. Lui, il se démarquait tout simplement parce qu’il était le dernier d’entre eux. Le dernier à avoir vu la lumière céleste, et le dernier à avoir chuté, aussi - et surtout.
Et aussi, peut-être, parce qu’il avait été, non pas un simple ange ou un humain canonisé, mais un archange. Mais est-ce que cela comptait encore, lorsqu’on était traîné dans la boue, les ailes maculées de sang, hideusement transformées ?
*
Voix forte et errante, accent des cités, lueur de démence dans le regard égaré.
« Je sais que beaucoup d'entre vous, comme moi avant, vous z'en avez rien à battre de Dieu. Mais Dieu pardonne vos péchés. Absolution sur vous ! »
L’adolescent qui vient d’affirmer cette phrase est un jeune banlieusard, capuche sur la tête, baggie tombant et baskets aux pieds.
Micah n’écoute pas. Il est blasé de tous ces fanatiques lâchés en pleine nature, qu’ils soient passés par un hôpital psychiatrique ou pas. Dégoûté, il se lève brusquement de son siège étroit et va se réfugier dans son sanctuaire. La paume de ses mains lui font mal tant il y serre ses ongles sales.
Et il prie.
Au bout d’un certain temps, des bruits de pas nus résonnent dans la vaste salle. Michaël, qui tourne le dos au nouvel arrivant, ne tente même pas de se retourner. Il devine déjà de qui il s’agit.
Une seule personne sait où il s’est réfugié, lors de son bannissement. Et cette personne, elle se tient juste derrière lui.
« Tu viens te repaître du spectacle de ma déchéance ? » demande l’exilé d’un ton acerbe. Il ne devrait pas se montrer aussi amer, mais c’est plus fort que lui. Après tout, c’est de la faute de Sammaël s’il se retrouve ici. Indirectement, certes. Mais sa responsabilité reste là, et il ne peut l’oublier.
« Nullement, répond une voix douce, davantage que dans son souvenir. Je suis juste venu voir si tu ne manquais de rien.
-Oh, à tout hasard, de la lumière divine ? » ironise-t-il. Il se retourne brusquement. Sammaël lui fait face, vêtu comme un vulgaire adolescent terrien, une lueur de défi dans le regard. Il ressemble au bipolaire de tout à l’heure. Un peu, en tout cas.
« Ne sois pas ridicule, lui assène-t-il. On ne sait même pas si Dieu existe.
-Pourtant, je ne ressens plus Sa lumière, insiste l’ange déchu. Et c’est de ta faute.
-Tu ne ressens plus l’illusion que vous aviez créée de toutes pièces au Paradis, tu veux dire, rectifie-t-il, sans pitié. Ce n’est pas la même chose.
-Va-t-en », lui lance Michaël en lui tournant de nouveau le dos.
Il n’en fait rien. Au contraire, il s’avance de quelques pas et lui prend le bras.
« Écoute, lui murmure-t-il d’une voix pressante. Tu n’es pas comme moi. Les humains pensent que tu es toujours un archange. Ils continuent à te prier, à t’adorer.
-Tant pis pour eux, décide l’ancien ange.
-Tu ne comprends pas, insiste Sammaël. Toute cette foi, toutes ces prières t’envoient de l’énergie. Tu peux y puiser, si tu veux.
-Et toi ? lui renvoie-t-il. Je croyais que toi aussi, tu avais un culte à ton image.
-Maintenant, oui, admet le Porteur de Lumière. Justement. J’ai appris à me servir de leur force, et je peux te montrer comment faire, si tu le veux.
-Non. »
Le mot tombe, comme un couperet tranchant, et Michaël le pense de toutes ses forces. C’est sincère, autant que faire se peut. Il ne veut rien avoir à faire avec celui qui a causé sa chute. Indirectement, peut-être (encore une fois), mais il se sent trop en colère pour de telles distinctions.
De toute manière, ce dernier ne prend pas en compte son rejet. Il l’entoure de ses bras, protecteur.
« Je ferai tout pour que tu te sentes bien, ici », souffle-t-il tout contre son cou. Micah tremble encore. Qu’est-ce qu’il va lui sortir, cette fois-ci ?
« Tu ne peux pas m’accuser de t’avoir déchu, ajoute doucement l’Etoile du Nord. Ce serait totalement malhonnête. »
De nouveau, il se rapproche dangereusement.
« Et puis, d’ordinaire, on donne un autre sens à cette expression… »
Comment peut-il énoncer des horreurs pareilles en gardant son sourire faussement angélique ? Les yeux dorés, à la pupille fendue - des yeux impossibles - le caressent du regard avant de se planter à nouveau dans les siens.
Sam ne peut pas lui répéter qu’il l’aime, pas encore. Non seulement parce que c’est une évidence, mais aussi parce que ce serait le meilleur moyen de se faire chasser. Ce qui lui arrive d’ailleurs, sans qu’il n’ait rien de plus à dire. Michaël se dégage de son étreinte, mortifié.
« Va-t-en », redit-il simplement, d’un ton froid. Il n’est pas habitué à se comporter de manière cruelle, ou même indifférente. Au contraire, il a en quelque sorte été « programmé » pour la compassion. Du moins, c’était ce qu’il croyait.
Ici et maintenant, sur Terre, il doit apprendre à agir en humain. À repousser Sammaël, aussi. Ce n’est pas facile, même si cela s’avère nécessaire. Le démon (il n’arrive pas encore à penser à lui-même en se servant de ce terme); le démon, donc, essaie de l’attirer à lui, d’en faire son vassal. Il est aussi empêtré dans un réseau complexe de sentiments, qui mêle amour, sollicitude et commisération.
Il n’a pas besoin de sa pitié.
Les bras caressants l’ont quitté, mais il sent toujours cette respiration contre sa nuque. Pour s’en débarrasser, l’ange déchu réalise encore quelques pas en avant.
« Comme tu voudras », murmure derrière lui le Porteur de Lumière, avant de le quitter.
Le son mat des pieds nus sur la pierre s’éloignent, puis s’évanouissent tout à fait.
Ce n’est qu’à ce moment précis que Michaël éclate en sanglots.