Oct 15, 2011 18:41
I.
Le temps paxe (insert here jeu de mot pourri), je m'aperçois que je me laisse à nouveau emporter par son flux. J'ai toujours eu une relation étrange au temps et aux gens. La phrase "All things must pass" démontre bien d'une certaine manière le lien entre deux. Finalement j'ai fait mien cette phrase. Je sais de plus en plus qu'il me faut continuer mon bonhomme de chemin et que malheureusement je laisserais des amis sur le bord de la route. Ou bien ne pourront-ils plus me suivre, je ne sais pas. Il faut que je m'habitue à ça, que le monde change, que je suis en perpétuelle mutation, que je sais que la vie continue, envers et contre tout. C'est le plus tragique, c'est ce qui en fait sa beauté tout en étant son terrible prix.
II.
Ne blobisons point. Radicalisons nos démarches, allons sans faillir. Il ne nous faut plus s'attarder sur la molécule visqueuse qui faillit dévorer Steve McQueen, Kevin Dillon ou Shawnee Smith voire, votre serviteur. Que dit le Yi-King (*) ? Que dit le Tao (**) ? Le premier citerait un hexagramme correspondant à un arrondissement de la représentation de la réalité ou de faits réels. Le second dirait certainement la même chose par l'inversion constante de ses parallèles. Ce ne sont pas des éthiques qui donnent des réponses mais aident à mieux vivre en tirant parti de la réflexion produite par des sentences souvent abstraites. Mais de cette abstraction peut naître un sens toujours personnel et universel.
Un véritable chef militaire n'est pas belliqueux.
Un véritable guerrier n'est pas coléreux.
Un véritable vainqueur ne s'engage pas dans la guerre.
Un véritable conducteur d'hommes se met en dessous d'eux.
On retrouve là
la vertu de non-rivalité
et la capacité de conduire les hommes.
Tout cela est en parfaite harmonie avec la loi du Ciel. (***)
Revoir Incendies de Denis Villeneuve fut à nouveau un coup au plexus et un enseignement souterrain à dégager de l'œuvre. Fait fi de la colère, le vent l'emportera. Va de l'avant, montre tes qualités et de ça pourra naître des rapports harmonieux et différents avec les gens. Tout est dans le flux. Je ne répondrais pas à la souffrance par la compréhension, ce serait la placer sur un piédestal dont elle n'a pas forcément besoin. Son besoin de s'accrocher, je ne le veux plus, répondre ne serait que lui donner un nouvel appui.
III.
J'avais rendu mon travail pour la fac après une heure pitoyable de sommeil. C'était pas la joie à la base. Je ne reviens pas sur les détails, j'en ai souvent trop parlé sur facebook, je pourrais les redonner au pire si on me les demande cela dit. La situation avait atteint un certain paroxysme en fait. Il faut dire que j'ai tellement été dans mon truc qu'en somme, c'était comme refuser de le finir, et donc de le quitter. Je ne compte pas les jours où j'étais à bout de nerf. Deux jours avant de le rendre j'avais un gros mal de crâne mais je trouvais enfin une conclusion potable à même de me satisfaire et qui, tout en étant un résumé-synthèse des deux parties la précédant, ne prenait pas non plus le lecteur pour un con. Deux jours après, je terminais certaines parties, je relisais une énième fois le bidule, corrigeait encore et encore des fautes, rédigeai ma conclusion et finalement satisfait, lançai l'impression pour une version personnelle à deux heure du matin. Horreur et damnation. Bachi-bouzouk. Cthulhu. La mise en page des citations et surtout de ma table des matières était complètement décalée. Du coup, j'essaye de remettre en page. En vain. Je passe les deux heures suivantes à regarder des tutoriaux sur word tout en lançant des appels du pieds désespérés aux rares bédouins transitant sur fessebouk à 3,4h du mat'. A 5h, excédé et pétant un câble, je décide de faire la conception moi-même à la main. Et en fait, l'aspect conceptuel à part, ça avait pas mal de gueule.
Je dors deux heures à peu près. Puis vendredi au petit matin, je file à ma fac pour imprimer tout ça. Je grave l'un des films de mon corpus en 3 exemplaires en passant. Au service d'impressions de la fac, je passe une bonne heure pour imprimer ce qui fait au final 130 pages. Et 25 pages d'annexes. En 3 exemplaires. Si les photocopies noir et blanc ne prennent qu'une unité sur une carte, les photocopies couleurs en prennent 8. Et je m'aperçois que je referais bien quelques tirages noir et blanc comme si c'était de la couleur car le papier est meilleur. Cela vaut pour la couverture comme les pages séparant les parties. A 3 reprises, ma carte bleue chauffe quand je recharge les cartes de copies en plus des frais de reliures. Vers les 13h30, je file à l'UFR déposer fièrement le fruit de mes entrailles. Surprise, elle est fermée depuis 15 mn. Ha, ha. Du coup, je m'empresse de mettre les enveloppes en kraft dans la boîte aux lettres de l'UFR, à la barbare en poussant d'un coup sec (malgré ma sensibilité, je dispose d'un fort potentiel bourrin, eh oui). Peu après, je sentis sur moi/en moi, une grande fraîcheur.
Sur mon ventre j'écris ton nom au marker, Liberté.
IV.
J'ai revu K avant qu'elle reparte chez elle, loin au delà du continent. Journée chargée ce jour là puisqu'en plus de retrouver H, je fonçais voir L'Apollonide le soir même mais cela est une autre histoire (une grosse baffe néanmoins pour ce qui est devenu pour moi le meilleur film français de l'année). Revu K donc, pour en ressortir avec une grosse morosité et des au-revoirs qui me semblaient autant d'adieux irrémédiables. Le pire c'est que j'avais envie de la réconforter à un point qui transcende l'affectif (et pouvait aisément basculer dans le sezuel ! Faut dire qu'une fois j'avais fait un rêve érotique surpuissant avec elle, donc bon, hem). Je repartis le soir même les bras et le sac chargés de mille et une merveilles qu'elle ne pouvait emmener dans les cartons de déménagements. J'ai mon quota de soupes miso et de salades d'algues pour une année entière là ! J'avais aussi le moral pas très bien, non.
H à nouveau, encore. Mon ami, presque mon frère. Troublant. Et Л que je vis enfin. Combien de temps ? Trop à dire. Et je connaissais sa situation, je m'en étais douté. Les navires qui font vibrer nos organes nous restent inconnus mais nous les reconnaissons parfois au hasard d'un visage, d'une lumière volée à la nuit. Ce serait trop bête de perdre le contact avec ces gens là même si je ne peux empêcher le temps de faire son œuvre. All things must pass, comme j'ai écrit. K. Köhntarkösz, donc.
V.
Et puis, et puis encore ? (****)
VI.
Donc aller de l'avant. Le mois est propice à ce sentiment que j'ai appris à aimer, la mélancolie (le gris va à nouveau envahir mes œuvres. Et le sépia). Mais curieusement, je me sens bien, j'ai des projets, je veux, je dois, les mener à bien. Dans tout ça je m'aperçois que mes rêves, mes visions, mon inspirations me restent très chères. C'est toujours un amalgame de fusions, d'idées rattachées, d'organique dont moi seul ait les clés (suis-je seulement sûr que l'on me comprend à travers ce texte d'ailleurs ? J'en doute fort). Mais je ne peux à chaque fois tout noter, tout concrétiser. Je suis content d'avoir tout ça avec moi quand même. Les illusions ça n'aide généralement pas, sauf quand on arrive à les dompter. Quelques illusions avec lesquelles je reste pourtant un peu sur le fil du rasoir, à la frontière, hmm ?
D'abord en amour. Je sais que rien ne fera à nouveau approcher ce que fut mon premier amour, un coup de foudre irraisonné qui faillit me perdre. On devrait bannir le romantisme et toutes ces foutues histoires de princes et princesses, ça déteint à la fois sur les filles ET les mecs, ma bonne dame. Du Bradbury en école y'a que ça de vrai. Et puis ça nourrit la créativité ce genre de lecture en plus (*****). Cette private joke pour Dilly évacuée, redevenons sérieux. Je ne suis pas sorti avec beaucoup de filles, je me suis le plus souvent pris plein de râteaux. Mais qu'y puis je ? Si j'attends trop, je perds espoir, envie, attirance. Je suis trop franc, évidemment trop bourrin en quelque sorte mais c'est revendiqué. Je fonctionne plus ou moins au coup de foudre en sachant que je n'atteindrais plus l'intensité éprouvée il y a de ça quelques années. Sur ce point je me suis considérablement assagi.
Reste les pulsions sexuelles. C'est sans doute ce qui reste encore de plus vrai et palpable (sans mauvais jeu de mot --désolé la Babe, je n'irais pas sur le terrain du graveleux). Pas forcément ce qui me fait tenir non plus constamment mais, sans être trop désespéré non plus, il me faut remarquer que mon besoin d'affection et de confort sexuel reste important. Pourquoi croyez-vous que les docteurs en parlent ? Parce que c'est vital pour l'équilibre psychologique et physique quand même. Sinon on a plus qu'a se ligaturer les trompes, se scotcher la bite au nombril, s'introniser dans une secte et mener une vie médiocre de moine au rabais (au balais ? au Rabelais ? au Barré ? Ok j'arrête), shooté au petit livre de la religion dans une formidable vie ascétique (et pleine de tiques. Et toc !). Alors on a tous nos petits exutoires pour survivre consciemment ou inconsciemment, certaines écrivent des fics, d'autres dessinent des filles nues. Mais j'ai pas l'impression que ça aide vraiment. Hier soir, je matais un film où deux garçons qui s'aiment décident de partir ensemble ailleurs pour reconstruire leur histoire. Durant tout le film, j'étais parfois consterné. Quand l'histoire ne virait pas slash tendre (alors que l'ouverture c'est quand même l'un qui grimpe sur l'autre en noir et blanc et le biiiiiiiiiiiip par derrière oui oui), c'était disputes continuelles et mauvaise foi de l'un ou de l'autre. En gros pas d'histoire. Sinon dans ce domaine, autant se revoir les grands films de Douglas Sirk ou de Bergman. Heureusement la mise en scène était fabuleuse. Quand leurs parcours respectifs les séparent, le film prend des airs de road-movie à la Wenders, ça devient enfin intéressant, voire riche. A ce moment là malheureusement il ne reste plus qu'une demi-heure de film. Heu, je parlais de quoi là déjà ?
Ah oui, je parlais fesses. Un constat un peu désabusé de ma part sur moi-même. Bah, ça va passer... Ou pas, malheureusement.
Et comme je n'ai pas envie de faire chier les gens là-dessus, voilà, j'en parlais là. Mais ça me déprime assez grave tout ça...
Ensuite le travail. Sur ce point j'ai conscience d'être plus ou moins encore en "sécurité" si l'on peut dire. Mais la situation me pèse là aussi terriblement (moins que ma solitude affective mais quand même). D'après ce que je sais, ma route est encore longue et pleine de galères. Quelle joie. Et pleine d'embûches vu que je procède à l'aveuglette en suivant des idées, des pistes. Au moins je peux me raccrocher à mes idées, mes projets, mes illusions. Je reste par contre gêné quand je dois aider les autres, les conseiller : mon avenir est lui-même maculé de blanc. Incertitudes, incertitudes.
VII.
Allez destin, vieux capitaine, appareillons, il n'est plus que temps.
Si d'emblée du neuf il y avait,
ce post aussitôt j'éditerai.
A la lisière des mondes, contre marées et vent,
Continuer mon chemin je dois,
Sans me soucier de qui de droit.
Chaque îlot signalé par l'homme de vigie
Est un Eldorado promis par le Destin;
L'imagination qui dresse son orgie
Ne trouve qu'un récif aux clartés du matin. (******)
(*) Yi-King : livre des transformations, oracle chinois.
(**) Tao-tö king, "livre sacré de la Voie et de la Vertu". Texte fondateur du taoïsme.
(***) Verset LXVIII du Tao-tö King de Lao-Tseu.
(****) Je n'ai pu m'empêcher de reprendre une structure liée au défunt Charles. Eh oui ! Les Fleurs du mal étant l'un de mes livres de chevet.
(*****) Et si ça donne à nos chères têtes blondes le goût de la SF, ça fera un heureux, moi en l'occurrence !
(******) Baudelaire, Les Fleurs du mal : Le voyage, extrait du II.
rateau,
fesses,
Un mâle des maux,
pluie,
rêves,
amour,
Forcément narcissique,
solitude