Note : Chocolat amer a été écrit y'a un an environ sur un coup de tête, juste parce que j'avais envie d'écrire un truc. Les personnages se sont un peu accrochés et désormais il y a un univers, je reposte donc le one-shot d'origine, pour l'accompagner des deux ficlets écrites à la demande. ^^
Chocolat amer : éclair au café
Genre : pointless domestique
Censure : K+
Date : septembre 2006
Post original Café, café, café. Pas café.
« PIERRICK BORDEEEEEL !
- Quoi encore ?
- T’as fini le café ! »
Un bruit dans le salon, et le visage de Pierrick, joues mal rasées, cernes sous les yeux et l’air aussi frais qu’un poisson après avoir passé l’après-midi dans le coffre d’une voiture noire garée en plein soleil, apparut dans l’encadrement de la porte. Il jeta un coup d’œil au placard ouvert.
« Mmmh. Possible. »
Possible ? Valentin sentit une envie de meurtre peu salutaire monter en lui comme un soufflé.
« Possible ? Et mon café ? Je fais comment, moi, sans mon café ? C’est pas parce que t’as des tendances de vampire insomniaque que t’es obligé de t’enfiler toute la caféine !
- Un vampire insomniaque ne dormirait pas le jour, fit remarquer Pierrick en se frottant la barbe naissante.
- Quel est le rapport ? Rends-moi mon café ! Va m’en chercher !
- T’as l’air bien assez excité comme ça, si tu veux mon avis.
- Je veux pas de ton avis ! Je veux mon café !
- Junkie, va. »
Et alors que Valentin croyait que la limace sous calmants qu’il avait pour colocataire allait se décider à enfiler un pantalon et descendre lui chercher sa ration de survie, après tout c’était lui qui avait tout fini, Pierrick ajouta nonchalamment :
« C’est à ton tour de faire les courses. »
ROUGE.
***
La porte de l’appartement claqua à faire trembler tout l’immeuble et les imprécations de Valentin se turent. Pierrick épousseta le plâtre imaginaire dans ses cheveux, s’étira, puis l’on frappa. Il se demanda si Valentin avait oublié ses clefs et venait de s’en rendre compte, alla ouvrir sans se presser, mais il ne s’agissait que de Sylvain qui semblait partagé entre le fou rire et la consternation.
« Je suis heureux que l’immeuble soit si bien isolé à chaque fois que votre porte s’ouvre, déclara-t-il.
- Tu le serais encore plus si tu savais ce que donne Valentin chantant du Prodigy à tue-tête, répondit Pierrick.
- Valentin chante du Prodigy ? À tue-tête ?
- Et du Ace of Base. »
Le fou rire avait l’air de commencer à gagner mais Sylvain réussit à se maîtriser.
« Tiens, je le rends avec un peu de retard… »
Pierrick attrapa ce qu’il lui tendait. Ses sourcils se haussèrent.
« J’avais emprunté un paquet à Val la semaine dernière, expliqua Sylvain.
- Toi, t’es comme la cavalerie, t’arrives après la bataille, s’amusa Pierrick.
- … hein ?
- Rien, merci.
- … ok, je crois que de toute façon je veux pas savoir. À plus ! »
Sylvain remonta chez lui et Pierrick referma la porte. Il regarda le paquet de café qu’il avait en main d’un air songeur avant de se diriger vers la cuisine.
Ce n’était pas qu’il se sentait vraiment coupable, mais la paix des colocataires comme celle des ménages était un compromis constant. Et comme Valentin n’en faisait pas sur le café… Il fallait bien que Pierrick se dévoue.
Je suis vraiment trop bon.
Mais c’était toujours drôle de voir Valentin s’affoler.
***
Lorsque Valentin rentra une demi-heure plus tard - il avait décidé de faire le reste des achats au passage en arrivant au magasin - une odeur de café absolument délicieuse avait envahi l’appartement.
Café ?
Traînant son sac de courses - encore un qu’il avait dû acheter, il oubliait toujours d’emporter ceux qu’ils avaient déjà - à la cuisine, il vit Pierrick verser de l’or noir dans son mug et le lui tendre. Valentin lâcha tout pour la prendre et leva un regard de gratitude absolue et d’incompréhension totale vers son colocataire.
Mais avant qu’il ne puisse poser de questions, Pierrick ramassa le sac et donna l’explication.
« Sylvain est passé remplacer le paquet que tu lui as prêté. Me suis dit que t’apprécierais d’en avoir du prêt à l’arrivée. »
C’étaient des excuses, ou du moins ce qui s’en approchait le plus et Valentin se sentait l’âme généreuse. Il s’assit à la table pour laisser Pierrick ranger les courses.
« Coup de chance que les œufs soient pas cassés… T’as racheté de la confiture ?
- Fraise et abricot, y’avait une promo. J’ai pris un pot de Nutella aussi, j’ai vu que t’avais presque fini l’autre.
- Tu vois, c’est pour ça que je supporte stoïquement ton sale caractère, déclara Pierrick. Tu seras une excellente femme au foyer un jour.
- Va te faire foutre », répondit Valentin par réflexe, le nez dans son mug, trop occupé à savourer pour s’abaisser à répondre aux provocations infantiles de son colocataire.
La journée ne serait peut-être pas complètement mauvaise.
Café fini et courses rangées, Valentin jeta un coup d’œil à l’horloge et se leva.
« Je passe vite sous la douche, je déjeune avec So.
- J’irais après toi.
- Quoi, tu te recouches pas ? s’étonna Valentin d’un ton moqueur.
- Ah, ah. Non, je vais bosser à la bibliothèque.
- Y va neiger !
- Couvre-toi bien, alors. »
Valentin leva les yeux au ciel puis partit envahir la salle de bain. La douche lui fit presque autant de bien que le café, à la sortie, il eut l’impression qu’il survivrait au déjeuner avec sa sœur sans être excessivement traumatisé.
Il termina de s’habiller, attrapa sa veste, vérifia que son portefeuille y était bien, puis sortit de sa chambre. Pierrick s’apprêtait juste à rentrer dans la salle de bain.
« Tu bouffes ici ce soir ? demanda-t-il.
- Normalement ouais. Amuse-toi bieeeeeen, ajouta Pierrick avec un sourire qui lui souhaitait tous les traumatismes possibles.
- Connard », marmonna Valentin en fusillant la porte qui venait de se fermer.
Comme il entendait la douche se lancer, un lent sourire naquit sur ses lèvres. Il retourna à la cuisine. Parfois, avoir un chauffe-eau unique pour tout pouvait être une vraie plaie.
Sans aucun remord, il ouvrit à fond le robinet d’eau chaude de l’évier. Au hurlement de fillette en provenance de la salle de bain, il se sentit enfin satisfait.
« Bonne journééééééée ! » claironna-t-il.
La réponse de Pierrick ne valait pas la peine d’être répétée.
(fin)
Chocolat amer : boîte de chocolats
Requête de :
chromo_2003 Prompt : « Qu'est-ce que TON pull fait dans MA chambre ? »
Censure : K+
Date : samedi 20 octobre 2007
Valentin rentra plus tard que d’habitude ce soir-là, il était presque minuit lorsque Pierrick entendit la clef tourner dans la serrure. Il ne prit pas la peine de lever les yeux de l’écran de la télévision mais lui accorda un « S’lut » distrait.
Valentin répondit à peine, Pierrick, du coin de l’œil, le vit étouffer un bâillement.
« Il reste du poulet froid dans le frigo, signala-t-il, ou de la bolo à réchauffer.
- Merci, j’ai attrapé un truc en sortant du boulot… »
Crevé, jugea Pierrick.
« Vais me coucher, marmonna Valentin de son ton de mourant.
- C’est ça. »
Pierrick se dépêcha de terminer sa partie, un combo et son adversaire était à terre. Valentin devait être vraiment fatigué car il mit plus de temps à réagir que Pierrick ne l’avait prévu. Deux bonnes minutes seulement après qu’il soit rentré dans sa chambre, il repassa la tête dans le séjour.
« Je peux savoir ce que ton pull fout sur mon lit ? Et le reste de tes affaires sur ma chaise ?
- Sarah vient de se faire plaquer, répondit Pierrick.
- Il était temps, ça m’étonne que ç’ait pas été le contraire, et quel rapport avec tes affaires ?
- Elle voulait pas rester toute seule, je lui ai filé mon lit.
- Et en échange tu t’empares du mien ?
- Deux places, Valentin. Deux places.
- Mon lit, Pierrick.
- Même toi tu peux pas me forcer à dormir sur le canapé.
- Tu passes les trois quarts de la nuit assis dessus, je vois pas pourquoi ça te gêne !
- Je te renvoie la question. »
Un court silence où Pierrick savoura sa victoire facile, presque déçu du manque de résistance de Valentin.
« T’as pas intérêt à me réveiller. »
La porte de la chambre se referma doucement. Elle aurait claqué en temps normal, mais la présence de Sarah, endormie dans le lit de Pierrick, retenait le bras de Valentin. Pierrick sourit malgré lui, puis appuya sur start pour relancer le jeu. Il l’aurait bientôt fini.
*
Valentin se réveilla lorsque Pierrick se glissa à ses côtés sur le lit. Il avait été discret, silencieux, mais la soudaine présence à ses côtés avait tiré Valentin de son sommeil. Il resta immobile, trop endormi pour même grogner, et se demanda quelle heure il était. Au moins deux heures du matin, Pierrick se couchait rarement avant.
Valentin referma les paupières et chercha à se rendormir sans succès. Il avait chaud, soudain, l’envie de s’étaler sans pouvoir le faire, et il entendait le rythme régulier du souffle de Pierrick comme amplifié. Bientôt, il eut les yeux grands ouverts, fixés sur la poignée de la porte du placard dont il percevait la forme grâce à la faible lumière qui filtrait de derrière le rideau.
Agacé, il se coucha sur le dos, puis tourna la tête vers Pierrick dont il ne voyait que la forme des épaules. Valentin avait à moitié envie de lui donner un coup de pied « involontaire » mais se retint.
Il n’avait plus l’habitude de dormir avec quelqu’un à ses côtés, réalisa-t-il.
On était le 27, non, le 28 novembre. Émilie l’avait quitté depuis quatre mois et cinq nuits. Quatre mois et cinq nuits qu’il se couchait seul tous les soirs. La pensée lui fit moins mal qu’il n’aurait cru. Penser à Émilie faisait moins mal.
Pierrick bougea dans son sommeil, s’allongea à son tour sur le dos. Valentin le regarda se réinstaller, une boule dans la gorge.
Quatre mois et cinq nuits. Il commençait à guérir.
(fin)
Requête de :
spookyronnyPrompt : « I fail at life today » :p
Censure : K
Date : 05 août 2007
post original Lorsque Pierrick entra dans l'appartement, Valentin était allongé sur le canapé, ou plutôt affalé. Il redressa vaguement la tête.
« Ben voyons, t'es rentré, grogna-t-il.
- Oook, content de te voir aussi... Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Rien. Je t'attendais que demain. Y'a rien dans le frigo. Je fais que des conneries aujourd'hui... »
En temps normal, Pierrick lui aurait demandé ce que ça changeait de d'habitude, mais il avait des principes et l'on n'abattait pas un homme déjà à terre.
« Du genre ? » s'enquit-il.
Il posa son sac par terre et se dirigea vers la cuisine, ouvrit le frigo. Des oeufs, un reste de salade, ça suffirait bien pour leur dîner.
« Me suis pas réveillé ce matin, planté de ligne de métro *et* de direction après, j'ai oublié mon rendez-vous chez l'ophtalmo, pété le plat à micro-ondes bleu... »
Valentin leva le pouce droit pour montrer son bandage.
« Et je me suis coupé en ramassant.
- N'en jetez plus, fit Pierrick. Je vais me mettre à pleurer. »
Son colocataire se laissa retomber mollement sur le canapé.
« Omelette aux champignons ? Avec de la salade... et miracle, de la ciboulette, ça t'irait ?
- T'es un mec bien, tu sais ?
- Je peux avoir ça par écrit ?
- Pas si bien que ça. »
Pierrick sourit malgré lui.
« Tu m'as manqué, Val ! » lança-t-il.
Le cri d'horreur qui suivit le satisfit pleinement.
C'était bon d'être rentré.
(fin)