Escaflowne - Les Ombres de Gaia Partie 2 (B)

Feb 22, 2006 17:18



Les Ombres de Gaia
Genre : romance
Rating : PG
Année : mars-avril 2001

A Fanélia, c’était la panique. Merle, au lieu d’aller directement voir Allen, entra dans la ville en appelant au secours et en hurlant que le roi était en danger. Les gens eurent peur, certains crurent à une nouvelle invasion, les autres prirent les armes pour aller à la Forêt des Dragons où ils ne trouvèrent que les traces d’un vaisseau.

Lorsque Allen apprit enfin ce qu’il se passait, la colère grondait dans les rues agitées de Fanélia. Entre ceux qui croyaient au retour de l’empire Zaïbacher, ceux qui accusaient Astria, Bazhram ou les Morphs, Merle affolée qui le suppliait de retrouver Van et Hitomi, et surtout Elianor complètement hystérique qui l’accusait de ne pas avoir protégé le roi, il ne savait plus où donner de la tête, et au lieu de partir lui-même à la poursuite des kidnappeurs, il put seulement envoyer le Croisé, et réunir les trois autres généraux et les conseillers pour une consultation d’urgence.

Comme Allen était l’ami de Van et son plus proche général, il fut implicitement considéré comme le premier d’entre eux, et, généraux comme conseillers, tous lui laissèrent le champ libre pour gérer la crise.

Il demanda à Iran de faire une déclaration pour expliquer ce qu’il se passait et rassurer la population, en disant que ni Bazhram, ni Astria, ni les Morphs n’étaient impliqués, qu’ils devaient avoir confiance en leur roi et que tout allait être mis en œuvre pour le retrouver. La vie devait continuer comme si de rien n’était. Les habitants de Fanélia se calmèrent, mais l’atmosphère de la ville était à la bataille : on avait osé s’attaquer à leur roi, Van Slanzar de Fanel lui-même, dernier des Fanel. Et Allen savait que ça ne pourrait pas rester aussi calme tout le temps, si on ne retrouvait pas très vite le roi, la population s’échaufferait de nouveau et réclamerait des victimes, et il y aurait peut-être une nouvelle guerre. Mais une guerre contre qui ? Allen devinait que cette disparition avait un rapport avec les Sorciers, mais personne ne savait où ils se cachaient.

Lorsque Luhm vint aux nouvelles, Allen lui confia Merle après avoir promis à la fille-chat qui n’arrêtait pas de pleurer de la prévenir dès qu’ils auraient des nouvelles.

Elianor était sur le dos de tout le monde, et lorsque, exaspéré, Allen lui demanda de les laisser travailler, elle alla s’enfermer dans sa chambre, furieuse, après lui avoir rappelé qu’elle était la future reine.

Le Croisé revint tard dans la soirée, et Gadès vint faire son rapport.

- On les a suivi à la trace pendant quelques heures, dit-il, mais on a fini par les perdre. Leur vaisseau est beaucoup plus rapide que notre vieux Croisé. Par contre, on est descendu dans les village environnants, et on a découvert que les Sorciers avaient déposé une énorme prime sur la tête du roi et d’Hitomi.

- Des chasseurs de primes ! s’exclama Allen, révolté.

Comme beaucoup de chevaliers, il désapprouvait ces chasses à l’homme qu’il trouvait dégradantes, et indignes.

- Qu’est-ce qu’on fait, maintenant, commandant ? demanda Gadès. On peut pas les laisser aux mains de ces espèces de rats !

- Demain, vous repartirez à leur recherche. Essayez de rejoindre Zaïbacher. Mais surtout n’oubliez pas d’éviter Astria.

- Vous inquiétez pas pour ça, commandant ! répliqua Gadès avec une grimace ironique. On n’a pas l’intention d’aller se jeter dans les prisons de Pallas !

Il sortit. Seul, le général soupira. Maintenant seulement, il pouvait donner libre cours à son inquiétude. Que pouvait faire Van sans Escaflowne ? Et Hitomi, de nouveau en danger, décidément, elle attirait les ennuis sur elle ! Sans compter Séréna à Fleid ; et lui, avec pour mission de protéger et diriger Fanélia pendant l’absence de Van ! Il fit la grimace. A cet instant, il aurait tout donné pour n’être de nouveau plus qu’un Chevalier Céleste, simple commandant d’un petit fortin sur la frontière d’Astria…

Hitomi fut jetée par l’homme-chien dans une cellule obscure et froide.

- Qu’est-ce que vous allez lui faire ? s’inquiéta Van d’une voix furieuse.

- Tu ferais mieux de t’inquiéter de ce qu’on va te faire à toi ! répliqua le deuxième homme avec un rire déplaisant.

En entendant ses mots, Hitomi courut à la porte qui se referma devant elle. Elle tambourina contre le bois dur, en criant « Laissez-le ! Ne lui faites pas de mal ! ». Elle n’eut pour toute réponse qu’un rire sardonique. Ils s’éloignèrent et lorsqu’elle fut fatiguée de s’acharner contre la porte, elle alla s’asseoir contre le mur et y appuya la tête en fermant les paupières, soudain désespérée. Elle serra son pendentif dans sa main. « Shinji… » murmura-t-elle. Puis elle bondit d’un coup au milieu de la pièce, et leva les yeux vers le plafond, furieuse. « Varie ! Folken ! appela-t-elle. Qu’est-ce que je dois faire, maintenant ? J’ai essayé de suivre vos conseils. J’ai toujours espéré, j’ai toujours cru que tout irait bien. Mais regardez où nous sommes maintenant ! Qu’est-ce que je dois faire ? Répondez-moi ! Répondez-moi ! »

Une lueur apparut dans l’obscurité de la prison, une chaleur réconfortante l’envahit. « Garde confiance », murmura dans sa tête la voix tendre de la mère de Van.

« Garder confiance » répéta Hitomi. Dans un coin de la pièce, elle crut voir Folken lui sourire. La porte s’ouvrit derrière elle, et un homme armé entra. « Suis-moi », dit-il. Hitomi obéit sans discuter. Ils traversèrent de longs couloirs aussi sombres que la prison, avant de déboucher dans une immense salle, pleine d’étranges machines. Au milieu de la pièce, Van était entourée par deux hommes et les quatre Sorciers de Zaïbacher qui les regardaient arriver. Au fur et à mesure qu’elle s’approchait d’eux, une sourde angoisse l’envahissait.

Curieusement, ils avaient rendu son épée à Van, mais évidemment, il ne pouvait pas l’utiliser. Le garde qui tenait Hitomi mit une lame sous la gorge de la jeune fille. L’un des Sorciers se tourna alors vers Van.

- Serez-vous plus coopératif, maintenant, majesté ?

- Non, Van ! dit Hitomi. Ne les écoute pas, ne joue pas leur jeu !

Mais le jeune roi, sans dire un mot, retira son tee-shirt, et quelques secondes plus tard, la lumière douce des ailes de Van éclairaient un peu la salle. Une plume s’envola vers Hitomi.

Les Sorciers sourirent. « Parfait », dit l’un d’eux.

- Qu’est-ce que vous nous voulez encore ? s’écria Hitomi. Pourquoi vous ne nous laissez pas tranquille ?

- Dornkirk n’a pas répondu à toutes les questions, répondit calmement l’un des Sorciers. Vous ne le savez peut-être pas, mais vous êtes tous les deux l’avenir de Gaia. En fait, vous êtes Gaia. Cette planète n’existe que par vos décisions, et les choix que vous faites. Nous désirons tester les différents destins que vous créez. C’est pourquoi nous avons déclaré cette guerre, sachant que par un moyen ou un autre, la fille de la Lune des Illusions l’apprendrait et reviendrait pour aider ses amis. L’esprit humain est si prévisible.

- Vous êtes fous, fit Van en secouant la tête.

- Notre étude se base sur vos réactions face à différentes situations, continua un autre Sorcier sans faire attention à l’intervention de Van, et les nouveaux futurs qu’elles entraînent. Depuis que la fille de la Lune des Illusions est de nouveau sur Gaia, il s’est formé des centaines de futurs différents. Ils changent très fréquemment. L’un d’eux prévoyait même la destruction pure et simple de Gaia.

Van et Hitomi se regardèrent, consternés, incapables de savoir si les Sorciers étaient aussi fous, sinon plus, que Dornkirk, ou s’ils disaient la vérité.

Le reste se passa très vite. L’un des Sorciers fit signe à un garde qui s’approcha de Van par derrière. Avant qu’Hitomi n’ait pu seulement crier pour l’avertir, l’homme avait sorti une espèce de machine qui se greffa aux ailes du jeune roi. L’instant d’après un horrible et sinistre craquement résonna dans l’immense salle, et le garde reprit la machine.

Les pupilles de Van s’étaient figées dans une expression de douleur insoutenable, fixant Hitomi dont les yeux horrifiés s’emplissaient de larmes silencieuses, incapable de prononcer autre chose que le nom du jeune homme. « Van… » murmura-t-elle dans un souffle.

Les ailes du dernier descendant des Atlantes s’affaissèrent lentement dans un bruissement léger de papier froissé.

« Tes ailes…dit enfin Hitomi, bouleversée. Il…tes belles ailes…il les a brisées ! »

Comme si les derniers mots de la jeune fille l’avaient achevé, Van tomba à genoux, les mains au sol, terrassé par la douleur.

« Bande de monstres ! hurla Hitomi en se débattant, folle de rage et de chagrin. Comment vous avez pu… ? Je vous tuerai ! Je vous tuerai ! »

Elle pouvait ressentir la souffrance de Van au plus profond d’elle même, cette souffrance qui le déchirait la déchirait aussi. Elle continua à hurler sa haine, jusqu’à ce qu’elle sente une piqûre dans son cou. L’instant d’après, un froid glacial la transperça, et elle se sentit envahir par une torpeur artificielle. Elle tomba au sol, endormie.

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, Hitomi eut la sensation étrange de remonter à la surface de l’eau, et inspira profondément. L’esprit embrumé, elle regarda autour d’elle. Une immense grotte… d’étranges machines…Elle se souvint soudain et se releva brusquement. Il faisait sombre, elle était apparemment seule. « Van ! appela-t-elle, angoissée. Van ! »

Pas de réponse. Prise d’un sentiment de panique croissant, elle avança instinctivement vers le fond de la grotte.

Une pâle lueur semblait suspendue au mur. Hitomi, avec appréhension, leva la tête.

Un ange aux yeux fermés était pendu à la paroi ses bras écartés, attachés par des cordes. Ses ailes blanches dont la lumière avait pâli tombaient tristement le long de son corps recouverts de blessures encore sanglantes, de traces de coups de fouet.

Hitomi, tétanisée, regarda longuement l’ange avant d’accepter ce qu’elle voyait. « VAN ! » hurla-t-elle. D’un bond, elle sauta sur l’échafaudage et monta les marches quatre à quatre. Arrivée sur la dernière plaque, elle se pencha dangereusement sur le bord, les bras tendus pour le détacher. Les larmes lui brouillaient la vue, et elle s’énerva vite. Alors elle prit l’épée à la taille de Van et d’un coup sec, trancha les liens de la première main, attira le jeune homme à elle, et coupa le deuxième lien. Déséquilibrée, elle tomba en arrière avec le corps. Un instant sonnée, elle se reprit vite et s’agenouilla près de Van sans faire attention aux larmes qui continuaient de couler sur ses joues. Avec un soulagement indescriptible, elle vit la poitrine du jeune roi se soulever faiblement. Il n’était pas mort, juste inconscient. Elle prit sa tête sur ses genoux. « Oh Van, mais qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? Ne lâche pas, Van, on va s’en sortir, tu entends ? Tiens bon, on va sortir d’ici, te soigner, tout ira bien, je te le promets ! »

Levant les yeux vers le plafond de la grotte, à travers ses pleurs, elle hurla d’une voix rageuse, sans qu’on puisse savoir à qui elle s’adressait : « Vous entendez ? On va s’en sortir ! »

A cet instant, le pendentif d’énergist se mit à briller, et une lumière bleue apparut soudain, venue de nulle part, et les enveloppa. Les deux corps se soulevèrent doucement, éclairés par la lueur céleste, et disparurent.

Alors les quatre Sorciers sortirent de l’ombre.

- Ils ne sont plus sur Gaia.

- Elle a emmené le Dragon sur la Lune des Illusions, le futur a encore changé.

- Mais ça n’a pas de conséquence sur notre plan. Tout se déroule comme prévu. Nous possédons l’Essence du Dragon.

- L’expérience peut continuer.

L’un des Sorciers se tourna vers un homme-chien. « Allez chercher un Morph. Nous allons commencer la transmutation. »

Amano Susumu ramassa sa serviette, essuya la sueur sur son front et la posa autour de ses épaules. Seulement alors, il regarda son temps sur le chronomètre. Avec une grimace, il effaça le résultat si décevant. Aujourd’hui, il ne tenait vraiment pas la forme. Il se tourna alors vers la piste déserte éclairée par le soleil couchant et prit la direction des escaliers. Ce soir, il avait rendez-vous avec Yukari.

Un bruit le fit sursauter. Amano se retourna, pour voir descendre du ciel une colonne de lumière bleue, qui déposa sur le sol deux silhouettes imprécises avant de disparaître. Amano s’étrangla et courut vers elles. « Kanzaki ! »

L’esprit affolé d’Hitomi les avaient déposés là où elle savait qu’elle aurait de l’aide : sur la piste d’athlétisme où Amano s’entraînait chaque soir. Lorsqu’il l’appela, elle ressentit un intense soulagement. Amano ralentit en arrivant près d’eux.

- Hitomi ! Tu es rentrée ! Mais qu’est-ce que c’est que ces vêtements ? Et…un ange ? Attends ! Ce n’est pas… ?

- Si, c’est Van ! Aide-moi, Amano, il risque de mourir ! supplia la jeune fille.

Amano regarda l’ange ensanglanté et inconscient, et décida de remettre les explications à plus tard. « Je vais l’emmener à ma voiture. Toi, cours au vestiaire, prends mon sac, la clef y est et rejoins-nous. »

Hitomi partit en courant vers le bâtiment des vestiaires, le cœur battant à tout rompre, sûre maintenant que tout irait bien. Elle était sur Terre, il y avait des gens pour l’aider. Par réflexe, elle entra dans le vestiaire des filles, puis, se rendant compte de son erreur, pénétra dans celui des hommes, attrapa le sac d’Amano et courut le plus vite possible au parking. Amano l’attendait, portant Van toujours inconscient, ainsi que l’épée. Hitomi, nerveuse, prit la clef et ouvrit la voiture. Amano déposa Van sur la banquette arrière avant de monter à la place du conducteur. Hitomi s’assit à côté de lui, et il démarra.

- Ramène-nous chez moi, demanda Hitomi.

- La maison est fermée, tes parents sont repartis après ton départ.

- Ce n’est pas grave, Maman a dû laisser la clef.

- Est-ce que tu peux m’expliquer…

- Plus tard, Amano…Je te jure que je te raconterai tout, mais plus tard !

Le jeune homme acquiesça et ne dit plus rien, jetant juste un coup d’œil de temps en temps dans le rétroviseur pour s’assurer qu’il ne rêvait pas.

Lorsque Hitomi était rentrée trois ans plus tôt, apparaissant de nulle part sur la piste d’athlétisme, ils avaient été obligés de la croire. Elle leur avait parlé, à lui et Yukari, de la boucle temporelle. Lui-même avait rencontré Van deux fois, mais ne se souvenait que de la seconde…Malgré tout, certains des récits de la jeune fille le laissaient un peu perplexe, notamment cette histoire d’Atlantes, et le fait que Van puisse avoir des ailes. Maintenant, il ne pouvait plus douter.

Amano se gara devant la maison de Hitomi qui bondit hors de la voiture. Elle courut à la porte, et dans un pot de fleur dénicha la clef. Elle ouvrit la porte en grand pour laisser entrer Amano portant Van. « Tu peux fermer la voiture ? Et j’ai laissé son épée sur le siège. »

Hitomi alla prendre l’épée et rentra chez elle. Amano l’attendait en haut des escaliers : « Je l’ai posé sur le lit de la chambre d’amis. »

Hitomi monta les escaliers quatre à quatre et entra dans la chambre en lâchant l’épée. Lorsque Amano la rejoignit, elle s’était agenouillée devant le lit et tenait la main de Van.

- Ses blessures sont superficielles…Mais je ne sens pas son esprit ! On dirait…on dirait qu’il est parti…répondit Hitomi d’une voix inquiète.

Amano haussa les sourcils. Tout ça était incompréhensible pour lui. « Je vais appeler Yukari » dit-il. Hitomi ne répondit pas, et il sortit, un peu inquiet pour elle, bizarrement aussi pour Van, mais surtout pour Shinji.

Cid marchait dans un des longs couloirs du Temple de Fortuna. Il s’arrêta devant une porte, et hésita à entrer. Des pleurs se firent bientôt entendre.

- Calmez-vous, dit la voix du Seigneur Arul. La crise est fini.

Mais Séréna n’y arrivait pas. Sa crise avait duré plus longtemps que d’habitude et elle était désormais en possession de tous les souvenirs de Dilandau.

- Il faut que vous acceptiez Dilandau, dit encore Arul. Si vous ne l’acceptez pas comme une part de vous-même, il reviendra toujours.

- Mais comment voulez-vous que j’accepte ce monstre avec toutes les horreurs qu’il a faites ! hurla Séréna, au bord de la crise de nerf. Que j’ai faites…Oh mon Dieu, je le hais ! Je le hais !

- Il faut que vous ayez pitié de lui.

- Pitié…de lui ? Ce…ce monstre, ce…cet être inhumain ?

- Il est vous. Et vous avez beaucoup souffert. Si vous vous haïssez vous-même, comment pouvez-vous être en paix ? Dilandau ne disparaîtra jamais, car sinon vous disparaîtriez aussi. Acceptez-le. Acceptez-vous. Pardonnez-lui. Pardonnez-vous. Rien de ce qu’il s’est passé n’était de votre faute.

- Mais je…il…a fait tant de mal ! Tant…de mal…

Il y eut un silence, les pleurs de Séréna séchèrent.

- Vous ne devriez plus avoir de crise avant quelques jours, annonça le Seigneur Arul. Vous êtes en bonne voix de guérison.

On frappa à la porte et Cid entra, bouleversé par ce qu’il venait d’entendre et par la souffrance morale que devait éprouver Séréna, mais il n’en laissa rien paraître.

- Si vous n’êtes pas trop fatigués, je vous propose de dîner avec moi, dit-il après les avoir salués.

Séréna accepta l’invitation, mais Arul la déclina, et la jeune fille rejoignit le petit Duc dans la salle à manger royale du temple. Les premières minutes furent incroyablement longues, lourdes et gênantes, et ce fut Séréna qui prit l’initiative de parler du sujet qui les dérangeait tous les deux autant.

- Pardonnez-moi, altesse, mais…êtes-vous en colère contre Allen ?

Cid sursauta.

- Je ne sais pas, dit-il en baissant la tête. C’est difficile de perdre un père et d’apprendre qu’on en possède un autre…D’autant plus accusé d’un double meurtre !

- Allen n’est pas coupable, répliqua Séréna avec sincérité. Comment pouvez-vous en douter ?

- Je ne sais pas. Ma mère avait confiance en lui, mais…

- Van Fanel a aussi confiance en lui, Hitomi Kanzaki de même. Tant de gens lui font confiance, croyez-vous réellement que ce soit sur du vent ? Et comment aurait-il pu assassiner la famille de celle qu’il aimait ? Pour quel motifs se compromettre ainsi ? Il est innocent.

Cid releva ses yeux limpides et purs vers celle qu’il commençait, malgré les difficultés et les doutes, à considérer comme sa tante.

- Je vous crois, dit-il. Mais il n’y a pas que ça. La vérité c’est que je n’ai aucune prétention au trône de Fleid, je ne descend pas de la famille royale. Mais que se passera-t-il si je dévoile mon origine ? Le peuple de Fleid n’acceptera pas d’avoir un…bâtard à sa tête. Le pays risque de plonger dans le chaos.

- Je ne suis pas d’accord, répliqua doucement Séréna. Vous n’avez pas à vous sentir coupable de ce que vous êtes, et le peuple de Fleid ne peut pas vous le reprocher. Malgré votre âge vous avez reconstruit votre pays et en peu de temps il est redevenu ce qu’il était. Ils le savent tous. De plus, le duc de Fleid vous a désigné comme son successeur.

Cid eut l’air d’acquiescer.

- Alors, dit-il d’une voix hésitante et intimidée, est-ce que je peux vous appeler ma tante ?

Le visage triste de Séréna s’illumina d’un sourire. « Oui, répondit-elle. Bien sûr. »

Hitomi retira doucement les gants de Van, et prit ses mains dans les siennes. Le pendentif se mit à luire doucement, et l’énergist, toujours dans la poche du jeune roi, brilla en réponse.

Van, le front appuyé contre la fenêtre, regarde la Lune des Illusions avec tristesse. « Van ! » appela Hitomi. Merle entre, et il se retourne. « Tu m’as appelé, maître Van ? » « Oui, Merle. Je vais me fiancer. » Merle ouvre la bouche de surprise, regarde autour d’elle comme si elle cherchait quelqu’un « Mais…avec qui… ? » « Elianor d’Alana. » « Quoi ? La fille qui vient de Vidarus ? Mais Maître Van…» « La vie continue, Merle, et je suis le roi de Fanélia. » Merle baisse la tête tristement, fait demi-tour et s’enfuit. Van regarde longuement la porte, et se tourne de nouveau vers la fenêtre. Un nuage cache la Lune des Illusions.

L’univers sombre réapparut autour d’Hitomi, prenant la place de la vision. Au loin, elle crut voir un ange s’envoler. « Van ! » cria-t-elle en courant vers lui.

Debout dans la salle de cérémonie, l’air impatient Van, voit s’approcher la procession aux couleurs de l’empire Vidarus. Une jeune fille s’en dégage. Elle a de longs cheveux noirs, des yeux bleu pâle, et un sourire sur les lèvres. Elle fait une révérence parfaite. « Bonjour, votre Altesse, je suis Elianor d’Alana, nièce de l’Empereur. J’ai été envoyée afin de vous exprimer notre reconnaissance pour l’aide apportée lors de la guerre contre Zaïbacher. »

Van a un sourire de remerciement indifférent et lui propose de rester quelques jours à Fanélia avec sa suite.

Un éclair blanc éblouit Hitomi, laissant place à une autre vision.

Elianor coure dans un couloir du palais, l’air désespéré. Elle s’arrête devant une porte, frappe. « Entrez », fait la voix de Van. Elianor ouvre la porte. Van et Allen la regardent un peu surpris. Le jeune fille baisse les yeux. « Pardon, votre altesse…général…Je…je viens d’apprendre qu’il est temps pour moi de rentrer à Vidarus…et…pardonnez-moi…mais… » Elle lève des yeux embués vers Van. « Je n’ai pas envie de vous quitter. »

Allen se recule un peu, l’air de se sentir de trop, et regarde Van qui n’a pas bougé. Le jeune roi tourne la tête vers la fenêtre, son regard se perd dans le ciel. Elianor étouffe un sanglot. Van, lentement, pose ses yeux sur elle. « Eh bien, dit-il d’une voix parfaitement calme, fiançons-nous. » Elianor fixe Van comme si elle n’y croyait pas. Allen a pris un air sidéré. Elianor se jette dans les bras de Van en pleurant de joie.

Hitomi mit fin d’elle-même à la vision. Elle en avait vu assez. Mais l’univers noir disparut encore dans un nouvel éclair blanc.

Van s’arrête devant Escaflowne. « Il est dans la clairière, murmura Hitomi. La guerre n’est pas encore déclarée. » Il grimpe sur l’épaule de son guymelef, et, lentement décroche le pendentif autour de son cou. Il le regarde un instant, et l’attache à Escaflowne. « Tout a une fin, dit-il. Au moins vous serez ensemble. »

« Van… » fit Hitomi, bouleversée.

Van entre en courant dans la clairière, l’air furieux. Devant la tombe de son frère, il hurle : « La guerre, Folken ! Encore une fois ! Ces foutus Sorciers ! Qu’espèrent-ils ? » Le roi se tourne vers Escaflowne, sort de sa poche une drag énergist. Il a sur le visage un air dur. « On est reparti, Escaflowne, dit-il en mettant l’énergist dans le cœur du guymelef. Réveille-toi, honore le pacte du sang et reviens-moi ! »

Le cœur d’Escaflowne se met à battre. Van regarde le pendentif, toujours accroché au guymelef. Sans un mot, il monte dans Escaflowne qui se change en dragon. Le guymelef et son pilote s’éloignent dans le ciel.

De nouveau l’univers sombre. Des images de guerre, de batailles…Escaflowne se battant, et Van hurlant sa rage. Hitomi sentit des larmes glisser sur son visage.

Allen soupire, lève les yeux vers la Lune des Illusions. « Ce serait tellement plus simple si Hitomi était là, dit-il sans y penser. Au moins elle remettrait les idées en place à tout le monde, et on reprendrait courage. »

Van se tourne violemment vers Allen, l’air furieux. « N’y pense même pas ! prononce-t-il d’une voix dure. Laisse-la tranquille, qu’il y ait au moins l’un de nous avec le cœur en paix ! Elle n’a pas à sacrifier sa vie pour nous. »

« Tu l’aimes encore, Van ? » « Hors sujet. Où en est l’avancée de la frontière nord ? » Allen n’insiste pas. Derrière eux, la petite silhouette de Merle s’éloigne discrètement.

Hitomi essuya ses larmes, et avança dans l’univers sombre, cherchant la présence de Van. Elle sentit soudain son énergie, mais étrange, diffuse, comme si elle était divisée, et une porte apparut devant elle. Avec hésitation, elle l’ouvrit.

Dans une chambre semblable à celle où Gho de Fanel était mort, quatre Van semblaient attendre quelque chose. A son entrée, ils levèrent la tête vers elle, et elle les reconnut.

Dans l’armure de leur première rencontre, furieux et impatient, Van le guerrier, le Dragon.

Vêtu normalement, mais portant fièrement l’épée royale de Fanélia, avec dans les yeux une lueur sérieuse et responsable, Van Slanzar de Fanel, le roi.

Dans un coin, haut comme trois pommes et tremblant de peur, Van l’enfant abandonné.

Et appuyé au mur du fond, bras croisés, farouche et silencieux, Van l’adolescent blessé.

L’Enfant fut le premier à avancer vers elle.

- Tu es venue me chercher ? demanda-t-il de sa voix fragile.

- Oui, répondit Hitomi. Je suis venu te chercher.

Un sourire éclaira son visage, et il se plaça près d’elle. Le Dragon sourit à son tour et les rejoignit. Le roi sembla hésiter, mais finit par prendre place près d’elle aussi. Alors tous se tournèrent vers l’Adolescent, le quatrième, qui les avait regardés rejoindre Hitomi sans un sourire, sans un geste.

- Viens, Van, appela Hitomi. Rentrons.

Il haussa les épaules.

- Pourquoi ? Pourquoi je rentrerai ? Je suis bien, ici. Je suis en sécurité. Je n’ai plus de problèmes. Je ne souffre plus.

- Je viens parce qu’avec Hitomi je n’ai plus peur, et je ne suis plus seul, dit l’Enfant.

- Je viens parce que je sais que je ne risque rien avec elle, et je dois la protéger, dit le Dragon.

- Je viens car je ne peux pas laisser Fanélia et que je sais qu’elle peut m’y ramener, dit le Roi.

Ils regardèrent tous l’Adolescent, semblant attendre une parole.

- Viens, Van ! supplia Hitomi. Tu ne peux pas rester là ! Tu ne peux pas mourir !

- Pourquoi ? demanda l’Adolescent en la regardant.

Hitomi se tût un instant.

- Pense à tous ceux qui t’attendent, Merle, Allen, Luhm…Tu ne peux pas les laisser.

L’Adolescent eut un sourire d’ironie douloureuse.

- Tu vois, dit-il, toi non plus tu ne sais pas le dire.

Mais il s’avança à son tour vers elle, et se plaça près des autres qui le regardaient, attendant qu’il parle. Mais l’Adolescent prit un air farouche. « Puisqu’elle refuse de dire la véritable raison pour laquelle je reviens, je ne la dirais pas non plus. »

Une lueur bleue les entoura tous les cinq.

Quelques secondes plus tard, Hitomi rouvrit les yeux, la tête sur le lit. Elle se redressa. Van était toujours inconscient, mais cette fois elle sentait sa présence. Il prenait juste le temps de se reposer avant de s’éveiller.

Elle lissa les plumes douces et de nouveau lumineuses de ses ailes, puis se releva. « Repose-toi, Van, murmura-t-elle. Tu en as besoin. »

Elle referma la porte de la chambre silencieusement, et descendit. Amano qui n’avait pas osé la déranger l’attendait en bas. Il faisait nuit.

- Il va mieux, dit-elle avec un sourire.

- C’est bien. Yukari ne va pas tarder à arriver.

- Je vais faire du thé.

Hitomi disparut dans la cuisine, laissant Amano seul dans le salon. Il était un peu inquiet sur la suite des évènements. Il avait été heureux qu’Hitomi et Shinji soient ensemble, surtout que la jeune fille semblait aller mieux. Mais après avoir vu l’air avec lequel Hitomi regardait Van, il commençait à se demander comment tout ça allait se terminer. Bien sûr Shinji était son ami, mais Hitomi comptait plus pour Amano, et avant tout il voulait qu’elle soit heureuse. Et puis, quand elle était heureuse, elle courait plus vite.

Hitomi revint avec le thé et des tasses. Elle les déposait sur le table lorsqu’ils entendirent la porte d’entrée s’ouvrir et se fermer, et Yukari débarqua en courant dans le salon. « Hitomi ! »

Yukari prit son amie dans ses bras, puis la regarda sous toutes les coutures.

- Ça va ? Tu n’es pas blessée ? Tout va bien ? Ta robe est superbe, dommage qu’elle soit déchirée et toute tachée. Ce n’est pas ton sang, au moins ? Ah non puisque tu n’es pas blessée. Ça doit être le sang de Van. Il est où, celui-là ?

- En haut. Il dort, répondit Hitomi, un peu étourdie par le flot de paroles de son amie.

- Tu me le montres ? S’il te plaaaaaaaaaaaaiiiit !

Hitomi acquiesça. Yukari se tourna alors seulement vers Amano, lui sourit et l’embrassa rapidement avant de suivre son amie dans l’escalier. Hitomi ouvrit doucement la porte de la chambre, et Yukari passa la tête à travers l’embrasure.

- Wouah, j’adore ses ailes, chuchota-t-elle. En plus il est mignon ! C’est la première fois que je vois un prince d’aussi près !

- Van est roi, répliqua doucement Hitomi en refermant la porte. Et c’est la deuxième fois que tu le vois.

- Ouais, prince, roi, bah ça revient au même ! Et puis vu que je me rappelle pas de la première fois, ça compte pas !

Redevenant soudain sérieuse, elle regarda son amie.

- Et Shinji ? demanda-t-elle.

- Je vais l’appeler, répondit Hitomi. On dînera tous ensemble ce soir.

- Et sa majesté, il a pas le droit de manger ?

- Je ne pense pas qu’il se réveillera avant demain.

Hitomi fit demi-tour et s’apprêta à entrer dans sa chambre, lorsque Yukari ajouta avant de descendre rejoindre Amano : « A propos…Shinji est au courant, pour Van. Il nous a entendu parler, et après il voulait que je lui raconte tout. Je lui ai dit de voir ça avec toi. »

La main d’Hitomi se crispa sur la poignée, une panique irraisonnée la prit. Elle ouvrit la porte de sa chambre, un peu perturbée. Sur son lit, une lettre de sa mère.
Ma petite fille, tu es encore partie. Je ne sais pas pour combien de temps. J’ai peur pour toi. Promets-moi de ne pas te mettre en danger. Ton père est en voyage d’affaire en Europe. Je lui ai dit que tu étais partie chez une amie. Ton frère et moi sommes chez ta grand-mère paternelle. Appelle-moi quand tu rentres. Je t’aime, Maman.

Hitomi décrocha le téléphone, la gorge serrée, tapa le n° de sa grand-mère paternelle et tomba sur le répondeur. « Maman, c’est Hitomi. Je suis rentrée, tout va bien. Je pense que je vais repartir dans pas longtemps, mais ne t’inquiète pas, je ne risque rien et je reviens vite. Embrasse tout le monde pour moi. »

Elle raccrocha, le cœur battant, et composa ensuite le n° de Shinji. « S’il ne répond pas à la troisième, je raccroche », pensa-t-elle, crispée. Mais la voix de Shinji se fit entendre dès la première sonnerie.

- Allô ?

- Shinji…c’est moi.

- Hitomi ! Tu es rentrée ! s’écria-t-il, fou de joie. Tu es chez toi ?

- Oui. Tu viens ? Amano et Yukari sont là. On dînera ensemble.

- Pas de problème, je prends un taxi, je suis là dans cinq minutes.

Hitomi raccrocha, et se changea. Elle sortit de sa chambre, vérifia que Van ne bougeait pas et descendit. Yukari, enthousiaste, s’était mise à la cuisine et donnait des directives à Amano pour qu’il mette la table. Hitomi l’aida jusqu’au moment où elle entendit la porte d’entrée s’ouvrir. Elle se précipita, et se jeta dans les bras de Shinji.

- Je suis tellement heureuse de te voir, murmura-t-elle.

- Moi aussi, répondit-il, ému.

Il se pencha pour l’embrasser. « Shinji, il faut que je te dise, j’ai ramené… »

- A TAAAAAAAAAAAAAAABLE ! ! ! hurla Yukari.

Hitomi leur raconta dans les grandes lignes ce qu’il s’était passé sur Gaia. Shinji n’arrivait pas à en écouter la moitié, obsédé par l’idée que Van Fanel était au premier étage, et il crevait de jalousie sans raison réelle, Hitomi avait été comme d’habitude avec lui, rien ne montrait que quoique ce soit avait changé.

Le reste de la soirée fut plus agréable. Yukari se passionnait à tout ce qui touchait Allen Schézar, à un tel point que Amano finit par faire semblant de se fâcher. Ils rirent, et Shinji se sentit plus à l’aise. Il aurait seulement voulu se retrouver seul avec Hitomi pour pouvoir mettre les choses au clair à propos de Van.

Yukari déclara qu’elle resterait dormir chez Hitomi, et Amano raccompagna Shinji.

- Est-ce que tu crois que je dois craindre quelque chose de Van ? demanda-t-il à son ami.

- Euh…fit Amano, mal à l’aise. Je ne sais pas si tu dois avoir peur de Van, mais il faut que tu aies confiance en Hitomi.

Yukari était déjà couchée, sur un matelas dans la chambre d’Hitomi. Celle-ci alla vérifier que Van allait bien avant de la rejoindre.

- Bon, maintenant qu’on est toutes les deux, raconte-moi ! demanda Yukari, impatiente.

Hitomi s’allongea sur son lit.

- Raconter quoi ?

- Oh, allez, tu ne vas quand même pas me faire croire qu’il n’y a rien eu. Tu crois que Van t’aime encore ?

- Yu, il est fiancé !

- Ça veut rien dire du tout ! Elle est comment, sa fiancée ?

Hitomi, d’abord réticente, se mit à parler d’Elianor. D’abord objectivement, puis, de plus en plus, en faisant ressortir ses défauts.

- Tu es jalouse, fit remarquer Yukari.

Hitomi, interdite, se tût un instant, puis cacha son visage dans ses mains.

- Oui ! cria-elle soudain avec désespoir. Je crève de jalousie ! Je ne supporte pas de la voir près de lui ! Je ne supporte pas l’idée qu’il va l’épouser !

- Hitomi…Tu es toujours amoureuse de Van…

- Non ! Si ! Je ne sais pas, je ne sais plus, j’en ai assez de tout ça !

Hitomi se mit à pleurer dans son oreiller. Alarmée, Yukari la prit dans ses bras.

- Eh…calme-toi, c’est pas si grave…

- J’aime Shinji…mais je ne supporte pas que Van s’éloigne de moi…Qu’est-ce que je dois faire, Yukari ?

- Arrêter de réfléchir. Et ne t’inquiète pas, Hitomi, ça s’arrangera.

Puis reprenant son ton joyeux, elle ajouta :

- Enfin, personnellement, j’aime bien Van. Il est moins baraqué que Shinji, c’est sûr, mais il a des ailes et il est roi, ça compense largement ! Je rêve de pouvoir dire à tout le monde que ma meilleure amie est reine ! Ouais, ça, ça crée des relations !

Hitomi sourit et lui envoya son oreiller dans la figure. « Qu’est-ce que t’es bête ! »

Elles éclatèrent de rire ensemble, et Hitomi se sentit mieux. Yukari posa les coudes sur le lit d’Hitomi, et lui demanda d’un ton rêveur :

- Parle-moi d’Allen !

- Encore ? Mais enfin, Yukari, je t’ai déjà tout dit.

- Ah, mais tu ne comprends pas ! Amano dimension chevalier, moi ça me rend dingue !

Elles parlèrent longtemps, rirent beaucoup. Lorsque Hitomi s’endormit, Yukari reprit son sérieux et la regarda. Le visage de son amie paraissait plus calme, et elle souriait un peu dans son sommeil. Yukari se demanda à qui elle rêvait…Elle se leva, et entra dans la chambre d’amis. La lueur des ailes la guida, elle se pencha sur le visage de Van, l’observa dans les moindres détails. Puis elle se redressa, sortit en silence et se recoucha. « Van Fanel, pensa-t-elle, je crois que je t’aime bien. »

Amano revint tôt le matin pour apporter des vêtements propres pour Van. « Ils sont un peu petits pour moi, je me suis dit que ça lui irait peut-être. »

Pendant qu’Hitomi et Yukari préparaient le petit déjeuner, il monta déposer les vêtements dans la chambre. Il allait sortir quand Van bougea.

Van émergea de son sommeil avec l’impression d’avoir mal partout. Il ouvrit les yeux, et vit un visage penché vers lui.

- Allen ?

- Non, moi c’est Amano.

- Amano ? Hitomi m’a ramené sur la Lune des Illusions ?

- Tu vas rire, mais je comprend rien du tout à ce que tu racontes. J’ai laissé des vêtements propres. Change-toi, et puis rejoins-nous en bas pour le petit déjeuner. Hitomi sera contente que tu ailles mieux.

Amano sortit, laissant Van seul et un peu sonné.

- Sa majesté s’est réveillé, annonça Amano.

- Van ! s’écria Hitomi, prête à monter.

- Si j’étais toi j’attendrais un peu. Il va descendre. Je suppose qu’il se change.

Hitomi, impatiente, tournait en rond lorsque Van descendit l’escalier. En le voyant, elle se figea. Jean, chemise et il n’avait pas remis ses gants.

- Quelque chose ne va pas ? demanda-t-il, intrigué par l’attitude d’Hitomi.

- Non, rien, fit-elle en secouant la tête. C’est juste que c’est étrange de te voir habillé comme ça. J’ai pas l’habitude.

Yukari émergea de la cuisine, les mains sur les hanches.

- Ouais, bah t’es plus impressionnant avec tes ailes ! lança-t-elle.

- Tes ailes ! se souvint Hitomi. Comment…

- Ne t’inquiète pas, elles se répareront automatiquement la prochaine fois que je les utiliserai. Mais…comment est-ce qu’on est arrivé ici ?

Hitomi lui raconta le voyage.

- Je te dois encore la vie, Hitomi, dit Van gravement.

Elle haussa les épaules, et lui proposa de s’asseoir. Yukari trouvait très agaçant de ne pas comprendre les paroles de Van.

Après le repas, Hitomi lui proposa de lui faire visiter la ville. Amano et Yukari les laissèrent seuls, et la jeune fille parlait tout le temps, commentait chaque chose pour qu’il n’y ait pas de blanc. Elle lui montra les rues, le parc où Merle avait atterri…

Au moment où ils arrivaient dans la rue de la maison d’Hitomi, Van dit, songeur :

- Ton monde est très intéressant. Je comprends que tu aies voulu y revenir.

Hitomi s’arrêta net.

- Ce n’est pas ça du tout, Van ! La Terre me paraît beaucoup moins extraordinaire que Gaia, tu sais que ce n’est pas ça ! Je devais rentrer, mes parents et Yukari et…

Elle se tût. Van avait posé une main sur son épaule et lui souriait.

- Eh, ne t’inquiète pas, Hitomi. Je ne voulais pas te blesser.

Elle hocha la tête, la gorge serré, lorsqu’elle vit Shinji, devant chez elle, qui les regardait. « Viens, on rentre », murmura-t-elle.

Arrivée devant la porte, elle sourit à Shinji, crispée, et se tourna vers Van.

- Van, je te présente Shinji.

La tension monta d’un cran, les deux jeunes hommes se saluèrent de la tête d’un air glacial, et Hitomi, de plus en plus nerveuse les fit rentrer. Pendant qu’ils s’asseyaient près d’Amano et de Yukari, Hitomi s’enfuit dans la cuisine pour préparer du thé. Yukari la rejoignit quelques minutes plus tard.

- Ouh l’ambiance ! fit-elle en faisant la grimace. Ça n’a jamais été aussi lourd ! Shinji a des airs de meurtrier et Van joue les indifférents superbes !

- Qu’est-ce que je fais ? paniqua Hitomi. J’aurais jamais dû ramener Van sur Terre !

- Eh, reste calme ! T’as rien à te reprocher.

Les deux jeunes filles rejoignirent les garçons dans le salon avec le thé. L’atmosphère d’abord tendue devint plus légère une fois que la conversation fut lancée. Yukari interrogea Van sur le vie à Fanélia, et finit par lui demander, enthousiaste :

- Et tu voudrais pas m’y emmener, histoire de savoir ce que ça fait d’être invitée par un roi ?

- Merle n’aime pas que je ramène des filles à la maison, répondit Van avec un sourire, traduit par Hitomi.

Puis il ajouta, l’air de s’amuser :

- Et puis je ne me sentirais pas en sécurité avec une fille qui veut m’assassiner.

Hitomi, comprenant seulement ce qu’elle venait de traduire, le regarda d’un air stupéfait, de même que Yukari. Puis soudain les deux filles éclatèrent de rire, et Van sourit. Il n’avait pas l’habitude de jouer ce genre de jeux de parole, mais curieusement, cette fois il avait eu envie de provoquer Hitomi…et Shinji. Le jeune roi croisa le regard pétillant d’Hitomi, furtivement, elle détourna les yeux presque aussitôt, avec une légère rougeur, comme si elle avait fait quelque chose d’interdit. L’échange n’avait pas échappé à Shinji.

« Je pourrais te parler ? » demanda-t-il à la jeune fille. Elle acquiesça, et ils montèrent.

Van resta un instant immobile. Yukari et Amano le regardaient avec tension, se demandant ce qu’il allait faire. Avec lenteur, il monta à son tour l’escalier. En passant devant une porte, qu’il devina être celle de la chambre d’Hitomi, il entendit des éclats de voix

-…amener ici !

-Mais puisque je te dis qu’il n’y a plus rien entre Van et moi ! Nous sommes justes amis ! Je n’allais pas le laisser mourir !

Le jeune roi eut un sourire oscillant entre le cynisme et l’ironie. Il entra dans sa chambre, et remis son pantalon taché de sang en vérifiant que l’énergist y était toujours . Il enfila ses gants, attacha son épée à sa taille et ressortit. Il descendit les escaliers et se tourna vers Yukari et Amano. Il s’inclina devant eux en remerciement et sortit sans un mot.

Yukari se leva d’un bond, mais Amano la retint par le bras.

- Mais il s’en va ! On ne peut pas le laisser partir !

- Attends ! Ne bouge pas.

Yukari, tendue, ne comprenait pas où il voulait en venir. A cet instant, Hitomi sortit de sa chambre, suivie de Shinji. Tous les deux avaient l’air encore fâché l’un contre l’autre.

- Où est Van ? demanda Hitomi.

- Parti, répondit calmement Amano.

La jeune fille le regarda sans comprendre. « Parti ? » répéta-t-elle. Puis soudain, elle bondit vers la porte. « Mais qu’est-ce qui lui a pris ? Van ! »

Elle sortit en courant dans la rue. « Hitomi ! » cria Shinji avant de partir à sa poursuite. Amano et Yukari se regardèrent, et à leur tour, rejoignirent Shinji qui cherchait Hitomi. « Elle coure vite, hein ? » fit remarquer Amano, très fier.

Hitomi courait à toutes vitesses, s’arrêtant seulement pour demander si personne n’avait vu Van. Heureusement, habillé comme il était, il ne passait pas inaperçu, et au bout d’un moment, la jeune fille comprit qu’il se dirigeait vers le parc où Merle était arrivée. « Quel imbécile ! pensa-t-elle. Pourquoi est-ce qu’il est parti ? Il ne se débarrassera pas aussi facilement de moi ! »

Elle arriva enfin au parc, s’arrêta de nouveau pour demander si on ne l’avait pas vu. « Hitomi ! » appela derrière elle la voix suppliante de Shinji. Elle ne ralentit pas, encore trop furieuse après lui. Elle avait été le plus honnête possible avec lui, lui avait raconté son aventure sur Gaia, la guerre de Zaïbacher et le lien magique qui l’attachait à Van, en précisant qu’il n’y avait plus d’amour entre elle et Van, seulement ce lien magique dont elle ne pouvait pas se défaire, même si elle l’avait voulu. Et Shinji n’avait rien trouvé de mieux que de faire une crise de jalousie sans fondements.

Enfin, dans un coin isolé, elle aperçut la silhouette du jeune roi. Il brandissait la drag énergist, et la lumière bleue commençait à l’entourer.

« VAN ! » hurla-t-elle se précipitant vers lui.

Il la regarda, étonné. Elle paraissait assez en colère.

- Comment tu as pu partir sans me prévenir ? !

- Je ne pensais pas que tu voulais venir, dit-il avec une lueur étrange dans les yeux.

- Van ! Arrête de penser et de tout faire à ma place ! J’ai dit que je resterai sur Gaia tant que tout ne serait pas redevenu normal, et je tiendrai parole !

- Mais…

Van hésita, partagé entre le désir qu’elle vienne avec lui et sa raison qui lui disait, non seulement qu’elle ne serait en sécurité que sur Terre, mais aussi qu’il aurait moins mal si elle était loin de lui, plutôt qu’à ses côtés mais tout aussi inaccessible...

Hitomi crut qu’il allait encore argumenter, en lui disant qu’elle n’y serait pas en sécurité ou autre chose, et s’apprêtait à lui répondre.

- Allons-y, dit-il simplement.

Surprise mais heureuse, elle prit sa main et entra dans la lumière bleue. Leurs deux corps s’envolèrent lentement.

« Hitomi » ! hurla Shinji.

Elle lui sourit, pour lui faire comprendre qu’elle ne lui en voulait pas, et qu’elle reviendrait le plus vite possible.

Shinji ne vit pas son sourire, aveuglé par sa jalousie et sa peur de perdre Hitomi, il ne vit que leurs mains liés, et leur corps l’un contre l’autre.

Hitomi et Van disparurent tous les deux dans le ciel, et Shinji sentit monter en lui une sourde douleur mêlée de colère jalouse et de désespoir.

Yukari et Amano arrivèrent à l’instant où la colonne de lumière s'effaçait.

« Cette fois, je l’ai vraiment perdue », murmura Shinji.

Ni Amano ni Yukari n’osèrent le contredire.

Fin de la seconde partie

escaflowne, escaflowne : les ombres de gaia

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