Originale : Deux yeux grands et perçants

Oct 29, 2011 20:52

Deux yeux grands et perçants
Prompt : "I am the who when you call 'who's there?', I am the wind blowing through your hair." ("Je suis le qui quand tu demandes 'qui est-là?', je suis le vent dans tes cheveux." [Danny Elfman - This is Halloween] de apauliner pour marathon_prompt Spécial Halloween
Genre : Ne regardez pas sous le lit
Censure : k+/pg-13
4e de couv :
Connaissez-vous Croque-mitaine
Miton, miton, mitaine
Il a deux yeux grands et perçants
Une grande bouche, de grosses dents
(comptine populaire)
Date : 29 octobre 2011


Un courant d’air froid glissa sur sa nuque, Jil frissonna. Impatiemment, il enroula son foulard autour de son cou, reprit sa lecture. Une planche craqua au fond, un frôlement sous le lit. Jil pinça les lèvres et relit le paragraphe de son livre de cours.
Les lumières vacillèrent.
« Je travaille, », dit-il fermement.
Un soupir à ses côtés, puis une joue glaciale se colla à la sienne.
Je m’ennuie, souffla une voix râpeuse à son oreille.
« Trouve quelqu’un d’autre à embêter. »
Personne ne joue. Personne ne parle.
Et s’il avait su, Jil n’aurait jamais parlé cette nuit-là, jamais demandé : « Qui est là ? », jamais répondu : « C’est qui, moi ? » lorsqu’on avait murmuré dans le noir : C’est moi.
Jil avait sept ans, alors. N’importe quel gosse normal aurait hurlé et appelé ses parents. Mais non, lui n’avait jamais eu aucun bon sens, et il n’avait jamais réussi à se débarrasser de son étrange croquemitaine. Il n’était plus un enfant, pourtant.
… Non, songea-t-il avec un peu de lassitude, il ne regrettait pas cette rencontre. Il était simplement stressé et s’en prenait à proie facile.
« J’ai un examen, bientôt. Je dois être prêt. Je n’ai pas le temps de jouer. »
Parle. Lis.
« Ça ne t’intéresse pas, tu te souviens ? Ce sont des noms d’os et d’organes humains. »
Un nouveau soupir.
« Je jouerai avec toi quand j’aurai plus de temps, promis. »
Quand ? Quand tu auras plus de temps ?
« Quand je serais mort », marmonna Jil en songeant aux longues années d’études et de stages qui l’attendaient.
Le silence qui s’ensuivit dura si longtemps qu’il se crut à nouveau seul.
« Mitaine ? »
C’est quand, que tu meurs ?
Jil leva les yeux au ciel.
« Si tu me laissais travailler, je finirais plus vite, on pourrait jouer plus vite. »
Cette fois, le calme de la pièce ne laissait aucun doute quant à sa solitude. Il se remit au travail avec un sentiment de malaise inexplicable.

¤

Quelques jours plus tard, pour la première et dernière fois de sa vie, Jil eut peur de Mitaine.

(fin)

363 mots

originale, originale - couple : gen

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