Я думаю, все так или иначе слышали душераздирающие истории про то, что отсталая царская Россия почти не выпускала промышленного оборудования и была зависима от импорта, что зачастую подаётся как доказательство невозможности России победить в ПМВ - мол, как же можно победить, когда ты зависим от союзников?
Но, наверное, главное, что нужно знать о критике РИ в ПМВ - это то, что для «правильного» представления о ней нужно полностью игнорировать проблемы у других участников войны.
Ну, казалось бы, Франция - передовая промышленная держава. Там и правда до и во время войны были одни из самых больших выпусков автомобилей и авиамоторов в Европе - во всяком случае, в разы больше, чем в России.
Но, что там со станками?
«L'INDUSTRIE FRANÇAISE DE LA MACHINE-OUTIL par J. Bienfait»,1961 год:
«Les initiatives ne manquent pourtant pas. En 1896, le marquis de Dion a créé la Société Française de Machines-Outils pour répondre aux besoins de la nouvelle industrie de l'Automobile et, songeant à défendre les intérêts menacés d'une industrie indispensable, il fonde en 1907 le Syndicat des Constructeurs de Machines-Outils. En vain. Lorsqu'en 1913, Schneider, par la création de la S.O.M.U.A., se décide à absorber les usines Bouhev et la Société Française, réunissant leurs établissements jumelés de Saint[1]Ouen, ce groupe prend la tête d'une industrie moribonde»
Сами французы называют своё машиностроение в 1913-м «умирающей отраслью».
«Or, par la suite, les circonstances les plus favorables à la relance n'ont jamais pleinement été utilisées. Ainsi pendant la Première Guerre Mondiale Tandis que les usines de machines-outils, à commencer par la S.O.M.U.A., sont affectées à la fabrication du matériel de guerre, les machines indispensables à l'armement proviennent d'Outre- Atlantique. De 1915 à 1921, 274.000 tonnes de machines-outils entrent en France, où, cette dernière année, on ne recense que 38 constructeurs employant 3.000 ouvriers.»
Всего во Францию в 1915-1921 гг. поступило 274 000 тонн оборудования.
«Les effectifs ne paraissent pas dépasser 3.000 ouvriers, pour une production de l'ordre de 8.000 tonnes couvrant le quart des demandes de l'industrie nationale. La même année, près de 24.000 tonnes de machines-outils ont été importées, la moitié provenant d'Allemagne!»
В 1913-м в станкостроении было всего лишь 3 тысячи рабочих, выпустивших 8 тысяч тонн станков, при импорте 24 тысяч тонн, из них половина - т.е., 12 тыс тонн - из Германии.
«L'IMPACT DE LA GUERRE DE 1914-1918 SUR L'INDUSTRIE MÉCANIQUE DE LA RÉGION PARISIENNE, 1993»
«Une politique gouvernementale cohérente et systématique s'impose donc pour encourager la production nationale des machines- outils. Pour ce but, le Comité interministériel de l'outillage mécanique est créé en juillet 1917. Jusqu'en septembre, sur l'initiative, encore une fois, d'Henri Ernault, les membres discutent des mesures pour que les constructeurs français reprennent leurs propres activités. Mais au début d'octobre, l'autorité militaire riposte contre la réduction de l'effectif de la fabrication de guerre. Et à partir de novembre, le Comité s'incline définitivement pour les importations massives des machines américaines. Les constructeurs français, minoritaires dans le Comité, n'arrivent pas à persuader les autres membres, probablement à cause de la gravité de la situation militaire.
Les machines- outils américaines pénètrent ainsi dans les quatre coins du territoire français. Le marchand de machines-outils Glanzer, anciennement spécialisé dans les machines allemandes, élargit les importations américaines et réalise un chiffre d'affaires annuel de plus de 10 millions de francs. Moerch, même occupation, devient l'agent exclusif de plusieurs maisons américaines et prend un grand essor. Vers la fin de 19 17, le Ministère du Travail effectue une enquête sur l'emploi des machines étrangères dans l'industrie française. Les rapports sont rédigés par circonscription, précisant la pénétration des machines étrangères dans l'industrie locale. Le rapport de l'inspecteur de Saint-Etienne sur la construction mécanique (daté le 31 octobre 1917) est surtout intéressant : «D'une façon générale, on peut dire que presque toutes les petites machines-outils viennent de l'Amérique, de Suisse, et qu'un assez grand nombre de grosses machines sont achetées en Angleterre : il n'y a guère d'exception à indiquer que pour les tours Ernault de Paris et quelques types de fraiseuses fabriquées par la Société Française des Machines-Outils et par la maison Bariquand et Marre. [ ... ]/ Au cours de notre enquête, nous avons la conviction qu'un des moyens les plus efficaces pour enrayer les importations serait de permettre aux constructeurs français la fabrication en série avant commande ferme. Pour vendre, il faut, en effet, livrer dans des délais très courts ; or, actuellement, le métal n'est dispensé par le Service du Contrôle de l'Artillerie qu'après vérification de l'usage auquel est destiné la machine, ce qui ne permet de fabriquer qu'au fur et à mesure des commandes»"
Вкратце - «нам срочно нужно много станков! Давайте производить! - нет, это сложно, будем пока что закупать», и почти все «мелкие» станки - из США и Швейцарии, большинство крупных - из Британии. Нормально, да? Великомогучая французская промышленность выпускать кучу авиамоторов и автомобилей может, кучу взрывателей может, а станки - «на этом наши полномочия всё».
https://industrie-uoh.univ-tlse2.fr/03_industrie-francaise/1113_guerre-industrie.html "La mobilisation d’une main-d’oeuvre correspondant aux besoins de la Défense nationale impose à l’Etat de trouver des solutions inédites. La mécanisation et la taylorisation envers lesquelles les ouvriers spécialistes ont manifesté leur hostilité avant-guerre progressent. Le parc français de machines-outils estimé à 150 000 en 1913 s’accroît de 100 000 entre 1914 et 1918. De retour dans les usines, les ouvriers spécialistes sous les drapeaux restent mobilisés sur leur lieu de travail mais la mécanisation et la taylorisation permettent d’employer massivement une main-d’oeuvre sans qualification dont de nombreuses femmes - y compris dans la métallurgie où elles étaient quasiment absentes. Il faut encore faire appel à une main-d’oeuvre immigrée lointaine et coloniale. En novembre 1918, les industries d’armement emploient 1700 000 ouvriers dont 497 000 « militaires », 430 000 femmes, 425 000 ouvriers civils, 133 000 ouvriers de moins de 18 ans, 13 000 mutilés, 108 000 étrangers, 61 000 coloniaux et 40 000 prisonniers."
В 1913-м было 150 тыс станков, к концу войны парк увеличился на 100 тыс штук, т.е. в 1918-м там было порядка 250 тыс станков, т.е. увеличилось в 1,667 раз. В России кстати в начале войны было оборудования примерно на 2 млрд рублей, за время войны (14-18 гг.) суммарный ввоз и собственное производство были ещё примерно на 1 млрд рублей, и ещё куча оборудования была недополучена в 17-18 гг. с собственных заводов и по импорту из-за событий 1917 года, но в любом случае - количество оборудования выросло в 1,5 раза.
И вот ЭТА промышленность выставляется чуть ли не как эталон по сравнению с русской. И вот с ЭТОЙ промышленностью Франция вошла в число победителей в войне. А по факту громадная часть французской продукции по сути держалась только на том, что Франция закупила кучу оборудования.