Scribouillages : Et encore un peu de vampire!verse...

May 13, 2008 23:41

Et 1879 autres mots de crack... >.>


Je suis un vampire, pensa Sayara. Je suis un vampire et un incube, je peux me sortir de cette situation.
Le problème, c’était que sa nature même d’incube se trouvait la cause de tous ses soucis actuels. Il fallait vraiment ne pas avoir de chance : il se nourrissait d’énergie sexuelle deux à trois fois par an à peine, et l’un de ces soirs-là justement, un abruti de frustré décidait de s’invoquer une succube.
Invoquer un démon au hasard était déjà complètement suicidaire, mais en plus l’abruti en question n’avait rien d’un sorcier ou d’un invocateur, son sort avait été tellement faible qu’il n’avait pu que faire venir le démon sexuel le plus proche. Et même pas un démon entier.
Sayara l’aurait vidé de son sang pour la peine, ou presque du moins, si l’idiot n’avait pas gardé un minimum de bon sens : Sayara était apparu au milieu d’un cercle protecteur. Il ne pouvait ni en sortir, ni faire de mal à l’autre imbécile.
Ce dernier s’était imaginé qu’une fois prisonnier, la démone lui fournirait bien gentiment son Nom et qu’il se la garderait comme une poupée gonflable. Sa déception à l’apparition de Sayara n’avait égalé que sa panique au moment où il s’était rendu compte qu’il ne savait pas le renvoyer.
Au moins, il était au fond d’une cave et ne risquait pas de souffrir du soleil.
Sayara releva la tête lorsque la porte s’ouvrit et que des pas résonnèrent sur les marches de pierre. Ce n’était pas ceux de son geôlier. Il se pencha pour mieux voir.
« Oh, pitié non », gémit Sayara en reconnaissant le nouvel arrivant.
Gaël Le Pernaud, surpris, se figea un instant. Sayara ne l’avait pas vu depuis cette nuit, quelques années plus tôt, où il avait malencontreusement sauvé sa petite sœur. À l’époque, Sayara ne savait pas qu’il se trouvait face à l’héritier de la famille Le Pernaud, et lorsqu’il l’avait su, le fait de lui avoir échappé avait pris une dimension tout à fait autre.
Quatre années avaient terminé de changer l’adolescent en homme. Sayara aurait pu l’apprécier si, encore une fois, il ne s’était pas trouvé en position aussi désavantageuse.
« Deux fois en une vie, c’est trop. Pourtant j’ai toujours été un bon vampire », se plaignit-il à un ciel indifférent.
Gaël baissa les yeux vers le cercle magique qui maintenait Sayara prisonnier, regarda son occupant, le cercle, son occupant.
« … tu n’es pas le genre de démon que je m’attendais à trouver, remarqua-t-il.
- Tu n’es pas l’équipe de secours que j’espérais. Sans vouloir t’offenser. »
Gaël plissa les yeux.
« Pourquoi ? Tu attendais du secours ?
- … On peut toujours rêver. »
Gaël fit le tour du cercle et croisa les bras. Sayara sourit de son air le plus inoffensif.
« J’avais déjà entendu parler de cas d’hybride, mais c’est la première fois que je vois ça. Enfin, la seconde.
- Ne remue pas le couteau dans la plaie.
- Incube, de ce que je vois. Comment est-ce possible ?
- Oh, tu sais, la banale et tragique histoire d’amour d’un humain et d’une démone, fit Sayara du ton de circonstances.
- Les démons n’aiment pas. »
Sayara exécuta une révérence.
« C’est toi le spécialiste », ne put-il s’empêcher de se moquer.
Les humains et leurs visions étriquées des choses.
Gaël avait froncé les sourcils.
« Depuis combien de temps tu es là ?
- Trois ou quatre jours. »
Et il commençait à avoir un peu faim. Le pouvoir du cercle lui pompait une bonne quantité d’énergie.
Gaël lâcha un soupir exaspéré.
« Qu’est-ce que je vais faire de toi ?
- J’ai bien quelques suggestions, mais j’imagine qu’elles te plairont pas…
- Probablement pas. »
Le silence s’étira, Sayara commençait à devenir nerveux.
« Écoute, décide-toi, tue-moi, abandonne-moi mais fais quelque chose. »
Il savait qu’en principe, Gaël ne pouvait lui faire de mal tant que Sayara se trouvait dans le cercle, mais il n’était pas certain du tout que les règles classiques de la magie s’appliquent à l’héritier Le Pernaud.
« Et si je te sortais de là ?
- Quoi ? »
Sayara le dévisagea, incrédule. Gaël, l’air pensif, développa.
« Je te libère. À une condition.
- Je sens que je vais pas aimer. »
Le blond se rapprocha, désigna une des incantations dessinées.
« C’était un amateur mais pas un complet abruti. Tu ne peux sortir du cercle tant qu’une personne extérieure n’a pas invoqué ton Vrai Nom. »
Sayara écarquilla les yeux.
« Ah non, non, non ! C’est mon Nom ! Tu crois que je sais pas ce que tu peux faire avec ? Et d’ailleurs ce que je sais pas doit être encore pire !
- Alors tu préfères rester là à mourir lentement de faim ? »
Sayara garda le silence. Les jours passants, il avait espéré que sa nature vampirique prenne le pas sur son côté incube et qu’il réussirait à se libérer du cercle. Le problème, c’était qu’il ne savait pas à quel moment cela arriverait, il serait sûrement trop proche de la Frénésie, sinon en Frénésie. Sans même compter le massacre qu’il pourrait faire dans cet état, il n’y avait rien de mieux pour se mettre tous les Traqueurs sur le dos, et le Conseil qui ne le portait déjà pas beaucoup dans son cœur.
« Bon, j’ai autre chose à faire, déclara Gaël. Ma soirée est déjà bien chargée, mais je peux repasser, venir vérifier de temps en temps... »
Il haussa les sourcils d’un air significatif.
Sayara ferma les yeux. Même s’il prenait le risque de la Frénésie, Gaël l’attendrait à la sortie et aurait la meilleure excuse du monde, s’il en avait besoin d’une, pour l’achever.
Mais donner son Nom… Gaël finirait la cérémonie, il ne pourrait faire autrement, il allait falloir établir un Pacte, et Sayara serait probablement lié à lui, à ses ordres.
D’un autre côté, Gaël était humain. Il ne serait pas éternel, et il y avait la dette de sang que lui devait sa sœur. Peut-être… peut-être que cela valait la peine de prendre le risque. Gaël, après tout, devenait responsable de Sayara, la protection de l’héritier des Le Pernaud lui serait acquise.
Pas que Sayara se voyait la réclamer, mais…
Et au pire, il existait toujours, toujours un moyen de se sortir d’un pacte. Même lorsque vous étiez le démon. Surtout, lorsque vous étiez le démon.
« D’accord. »
Gaël hocha brièvement la tête. Sayara, lentement mais sûrement, repoussa le vampire tout au fond de lui, appela à la surface sa nature première, celle de sa naissance. Il ressentit une pointe d’amusement lorsque Gaël, soudain, perdit son attitude indifférente, se redressa, le parcourut du regard. Un bout de langue passa sur ses lèvres, ses doigts se crispèrent sur le tissu de sa chemise. Il ne bougea pas, impressionnante retenue, mais Sayara entendait le battement de son cœur s’accélérer, pouvait sentir l’odeur particulière dégagée par l’excitation sexuelle.
« Établissons les termes du contrat », déclara Gaël d’une voix ferme.
Ah, cette maîtrise… Sayara, léger sourire aux lèvres, envisagea mille façons de la lui faire perdre. Il s’étira.
« Ton Nom », commença Gaël. Ses yeux fixaient Sayara sans faiblir, mais il bandait douloureusement les muscles. « Et avec ton Nom, l’obéissance que tu me devras, et l’interdiction formelle de te retourner contre moi ou les miens.
- Mon Nom, acquiesça Sayara, sa voix comme un ronronnement. Pour mon Nom, ma liberté.
- Ponctuelle, intervint Gaël. Je te libère maintenant, ça ne signifie pas que tu seras libre de mes ordres. »
Sayara se mit à rire, se rapprocha des limites du cercle, offrit délibérément sa gorge aux instincts primaires qu’il savait éveiller. Gaël dessina rapidement un signe rituel sur son front, un garde-fou. Le sourire de Sayara se fit doucement moqueur, mais il recula.
« Pour mon Nom, ma liberté maintenant, accepta-t-il d’une voix aérienne. Pour mon obéissance, pour ne m’en prendre ni à toi ni aux tiens…
- Cela inclut tes pouvoirs d’incube et de vampire. Interdiction formelle de te nourrir d’eux, d’utiliser tes pouvoirs ou ton aura, quelle que soit ta forme, et cela même si cela ne leur fait pas de mal au final.
- Si suspicieux, Gaël, si suspicieux…
- Pas négociable. »
Sayara fit mine de bouder mais sans réticence, reprit :
« Pour mon obéissance, pour ne m’en prendre ni à toi ni aux tiens, ne me nourrir d’eux en aucune manière que ce soit, tu m’accorderas ta protection, en cela qu’aucun autre ne pourra m’invoquer et ni toi, ni aucun autre ne pourra me blesser…
- Dans la mesure de mes possibilités, et uniquement si tu n’es pas celui en tort.
- Dans toute la mesure de tes possibilité, et uniquement si je n’ai pas causé de bain de sang… »
Gaël donna son assentiment, Sayara continua :
« Ce contrat ne concerne que toi et moi, ces termes en sont secrets et non transmissibles à un tiers, qu’il soit vivant, mort, non-mort, esprit, palpable, animal, végétal, minéral.
- Informatique, électronique et tout autre support moderne qui pourrait survenir à compter de ce jour.
- Toute rupture des termes du contrat le rend nul et non avenu.
- J’accepte.
- J’accepte », répéta Sayara.
Solennel, il ajouta :
« J’accepte par le nom que m’a donné mon père : Louis Sayara Aimé Lefesvre. J’accepte par le nom hérité de ma mère, et que je confie à ton bon plaisir, s’il se trouve dans les termes du contrat. »
Sayara regarda Gaël dans les yeux puis émit les syllabes aux consonances démoniaques.
Gaël les reçut avec à peine une grimace, il enchaîna immédiatement :
« J’accepte, par le nom que m’a donné mon père : Gaël Jacques Yves Abeneg Le Pernaud. J’accepte par le nom hérité de mon Clan, et dont tu ne pourras jamais te servir, ainsi que le stipule le contrat. »
À son tour, Gaël prononça son nom, Sayara l’entendit avec indifférence. Enfin, le mage se rapprocha, tendit son poignet avec un mélange de réticence et de résignation.
« Le cercle fut créé dans le sang, qu’il soit détruit par le sang. »
Les yeux brillants d’une euphorie anticipée, Sayara n’attendit pas qu’il change d’avis et mordit allégrement.
Au moment de l’Étreinte, lorsque le sang coulait dans sa bouche avide, Sayara effleurait le souvenir de ce qu’avait été vivre. Mais Gaël… le sang de Gaël… ce n’était pas un souvenir, c’était la vie elle-même ; pendant quelques seconde Sayara sentit son cœur se remettre à battre, ses poumons s’emplir d’air. Gaël lui retira sa main et le gémissement de pure détresse qui naquit sur les lèvres de Sayara les surprit tous les deux.
Ils gardèrent le silence quelques instants, puis Sayara esquissa un sourire qui tremblait malgré lui.
« J’ai le droit de partir, maintenant ? demanda-t-il d’un ton faussement léger.
- Tiens-toi tranquille, je vais pas passer mon temps à te sauver », répondit Gaël.
Il avait l’air aussi secoué que Sayara, aussi peu enclin à l’admettre. Il tenait son poignet contre lui. Sayara arracha son regard à la veine qui battait dans sa gorge, lui offrit une révérence et un « Au plus tard possible, maître… », puis il s’éclipsa rapidement.
Une fois dehors, sous la lueur pâle d’une lune gibbeuse, il toucha ses lèvres du doigt, ferma les yeux.
Il disparut dans la nuit.

(fin)

*va se manger une crêpe*

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