Des espoirs (partie 14)

Nov 17, 2009 17:10

Titre: Des espoirs
Auteur: Sganzy
Bêta: Vicodinaddict
Disclaimers: pas à moi, pas de sous
Spoilers: Both Side Now et tout ce qu'il y a avant.
Genre: Drame, Friendship...et à peu près tout ce qui peut exister.
Résumé: Plusieurs mois après "Both Side Now", qu'est devenu House?

-

Il est entouré de professionnels, quelqu’un l’aurait remarqué s’il présentait des symptômes neurologiques, argua Foreman, sceptique.

- Pas forcément, se défendit Chase. Tu as dit toi-même que durant les premiers mois, il était sous Rispéridole. Ses premiers symptômes ont du être mis sous le coup des médicaments. C’est probablement encore le cas. Wilson, vous avez dit vous-même qu’il était étrange !

- Je…

Wilson haussa les épaules.

- C’est possible. Tout comme il est possible que ça soit juste le House qu’il est aujourd’hui.

Il avait mis beaucoup de temps à accepter que son ami ait changé, et maintenant, on venait lui dire que ce n’était pas ce qu’il était, qu’il était physiquement malade ?

- Je l’ai vu, insista Chase. Il était incapable d’attraper un simple bout de papier ! Aucun médicament utilisé en psychiatrie ne conduit à des troubles des fonctions motrices fines.

- Ils peuvent provoquer des tremblements, flouer la vue ou l’épuiser au point de ne pas réussir à accomplir des tâches simples, établit Thirteen avec un air désolé.

- OU il a besoin d’une IRM, insista fermement Chase. Qu’est ce que ça nous coûte d’essayer ?

Wilson se mordit la lèvre. Qu’est ce que ça lui coûtait ? De l’espoir. Il n’était pas sûr d’en avoir encore à gâcher. Tous les yeux se tournèrent vers Cuddy quand elle se dirigea d’un pas décidé vers le tableau blanc, le son de ses talons faisant écho dans le silence. Elle attrapa le feutre, l’ouvrit et attendit.

- Allez y, incita-t-elle.

- Déficit moteur, rappela Chase, Cuddy l’écrivit. Apathie, bien que ça puisse effectivement être dû aux médicaments, il faudrait se renseigner sur les doses administrées.

Cuddy écrit « apathie » entre parenthèses sur le tableau. Elle se tourna vers Wilson, l’incitant d’un regard à prendre la parole.

- Il…Aphasie de Broca, suggéra Wilson avec réticence.

Il se retourna et se frotta la nuque. A chaque symptôme écrit, l’espoir montait un peu plus comme une évidence. Il n’était pas sûr de le supporter.

Cependant, il devait avouer que ça faisait un moment qu’il suspectait une aphasie de Broca. Que House ne veuille pas parler était une chose, qu’il ait des difficultés à le faire quand il en avait envie était une autre. Il parlait trop lentement, trop…simplement. Il ne s’exprimait plus du tout de la même manière.

- Ca suggérerait une lésion frontale, réfléchit Taub.

- Vous ne croyez pas que House aurait dit quelque chose comme « espèce d’imbéciles, vous ne voyez pas que j’ai un truc au cerveau ! », ajouta Foreman, sceptique.

Sa mauvaise imitation fit grimacer à peu près tout le monde.

- Anosognosie, révéla Thirteen. Si le lobe frontal est touché, il est fort à parier qu’il soit incapable de reconnaître ses propres symptômes.

- Il nous a aidé à résoudre plusieurs cas, reconnut Chase à contre-cœur, c’était un argument de poids contre sa propre théorie.

- Ce qui signifie que sa mémoire et que sa réflexion ne sont pas touchées. Il n’est juste pas capable d’identifier et de reconnaître sa propre maladie, expliqua Thirteen.

Quelques paires d’yeux se tournèrent vers Foreman pour avoir confirmation. Ce dernier haussa les épaules.

- C’est possible. Si House a en effet, ce dont nous ne sommes absolument pas sûrs, précisa-t-il, autre chose que des problèmes mentaux, il a très certainement une anosognosie qui l’empêche de le réaliser.

Cuddy écrivit ce symptôme au tableau.

- Quoi d’autre ?, demanda-t-elle en vérifiant ce qu’elle avait déjà écrit.

- Des troubles du comportement paraissent évidents… d’après ce que vous avez dit, se rattrapa Taub, ne souhaitant pas insulter involontairement son ancien patron devant tous ses gardes du corps.

- La moitié de tout ça peut être expliqué par les médicaments et l’autre moitié n’est que suppositions, recommença à objecter Foreman.

- Eh bien, allez nous chercher son dossier médical pour qu’on s’en assure, répliqua Cuddy.

Foreman plissa les yeux et elle lui fit signe de sortir, le jeune homme s’exécuta avec un air exaspéré. Ils auraient peut-être besoin de ses connaissances de neurologue, mais elle ne supportait plus son scepticisme. Cuddy regarda le tableau et fronça les sourcils.

- Qu’est ce qui pourrait expliquer la disparition des hallucinations ?

- Les symptômes sont venus progressivement, ce qui impliquerait plutôt une maladie évolutive. Une tumeur ou une infection expliquerait la disparition des hallucinations sur le long terme.

- Ou alors, c’était la Vicodin, établit Chase.

Les regards surpris se tournèrent vers lui, il revenait sur ses propos ? Il leva une main pour se défendre.

- Une infection a pu affaiblir sa capacité à métaboliser la Thébaïne contenue dans la Vicodin. Une surdose dans son sang aurait pu causer délusion et hallucinations.

- Ca pourrait aussi être l’effet d’un problème hépatique…

- Et le problème hépatique pourrait être lié au problème neurologique, finit Taub.

- Ou aux abus de House. Il boit et avale de la Vicodin comme des Tic-tacs depuis des années. Ca ne serait pas étonnant que ses reins aient du mal à fonctionner.

- Depuis un an, on l’aurait remarqué si ses reins lâchaient. Je reste sur le problème neurologique.

Cuddy hocha la tête pour confirmer.

- Wilson ?, appela-t-elle gentiment en le voyant plongé dans ses pensées.

Il inspira profondément, se passa une main sur le visage et posa ses mains sur ses hanches.

- Je crois que vous pouvez ajouter une aboulie et un grasping reflex, déclara-t-il, décidant de jouer en faveur de ses espoirs.

Maintenant qu’il y réfléchissait, la majorité des symptômes de House pouvait avoir une explication neurologique. La fait qu’il reste assis des heures sans rien faire pour être le résultat d’une aboulie qui l’empêche d’entamer une distraction. Même son besoin d’avoir quelque chose entre les mains, qu’ils avaient considéré d’un point de vue psychologique, pouvait être la cause d’un grasping reflex altéré par une apathie. Il ne pouvait se retenir de tenir quelque chose, d’attraper ce qu’il voyait…mais tout ça paraissait à la fois fou et rationnel pour Wilson. Savoir que House pourrait être malade, aurait pu mourir sans qu’on reconnaisse les signes de son mal…Wilson se posa une main sur le front, la respiration soudain difficile.

Cuddy acquiesça et nota.

- Ca suggère toujours une lésion frontale.

- Pour ça, il aurait fallu qu’il subisse un traumatisme crânien frontal, explicita Taub en jetant un regard vers Wilson, lui demandant silencieusement s’il avait souvenir de quelque chose comme ça.

- Je ne sais pas, avoua ce dernier. C’était il y a un an ! Mais…je pense que House aurait mentionné un traumatisme quand il a commencé à voir ma défunte petite-amie, ironisa-t-il, sur les nerfs malgré lui.

- L’accident de moto, souffla Cuddy. Il a pu subir..

- Non, ils ont fait…

Wilson se tue brusquement, réalisant quelque chose.

- Une semaine avant que ses hallucinations commencent, il a fait un IRM. S’il y a quelque chose…

- Il y a de fortes chances pour que ça soit déjà visible. Je m’occupe de récupérer les images, annonça Thirteen en se levant.

- Apathie, aboulie, anosognosie, troubles du comportement, grasping reflex, et aphasie de Broca…Comment ils ont pu raté ça ?, s’étonna Chase.

Personne ne répondit. Et eux, comment avaient-ils pu rater ça ?

HHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH

- Je ne vois rien.

- Moi non plus.

- Cette IRM est clean, annonça Foreman en voyant les derniers regards plein d’espoirs se tourner vers lui.

Foreman et son équipe s’éloignèrent, se rasseyant en soupirant, alors que Cuddy et Wilson continuaient à fixer le cerveau de leur ami.

- Peut-être qu’une nouvelle IRM…

- Celle-ci date d’une semaine avant les premiers symptômes, s’il y avait quelque chose, on le verrait.

- On ne voit pas la totalité du lobe frontal…, commença à arguer Thirteen.

- Mais on voit la partie dorsolatérale qui nous intéresse. Une lésion plus profonde toucherait forcément les nerfs optiques…, soupira Foreman.

Il voulait bien admettre que certains éléments pouvaient conduire à suspecter que le problème de House était d’ordre neurologique, mais il ne voulait pas s’accrocher à de faux espoirs. Qu’espéraient-ils tous ? Qu’ils trouveraient un problème et que, malgré le fait que la plupart des tumeurs ou lésions du lobe frontal soient irréparables, ils tomberaient magiquement sur l’une de celles qui étaient soignables et ne laissaient pas de séquelles ? Il n’avait jamais été du genre rêveur. Il était réaliste, et la réalité était qu’ils ne pouvaient plus sauver House.

- Les choses ne sont pas comme elles sont, marmonna Cuddy en se retournant.

Elle releva la tête, convaincue.

- C’est ce qu’à dit House. « Les choses ne sont pas comme elles sont ». Je croyais qu’ils parlait de ses hallucinations, mais s’il voulait dire qu’il ne voit pas les choses comme elles sont ?

- Vous ne croyez pas qu’on a assez extrapolé jusqu’ici ? Une sédation devient de l’apathie, House change alors il a des troubles du comportement et maintenant, il parle par énigme ?, répliqua Foreman avec sarcasme.

- Personne ne t’oblige à être là, s’agaça Chase.

- C’est mon département.

- Dans mon hôpital, rappela Cuddy à l’ordre.

- Cécité périphérique, révéla Wilson.

Foreman ricana.

- Juste comme ça ? Ca vient de vous venir ? Il y a deux secondes il voyait bien et maintenant il a complètement perdu sa vision périphérique ?

- Foreman, fermez là, ordonna Cuddy.

Personne ne contesta.

- Il lui est arrivé plusieurs fois de paniquer quand quelqu’un se mettait à côté de lui ou ne lui parlait pas de face. Et…House insiste toujours pour porter un bandeau, expliqua l’oncologue. On croyait que c’était pour se protéger, mais si c’était parce qu’il sent que quelque chose ne va pas ? S’il a une peri-cecité sans le réaliser, il doit se sentir plus en sécurité en ne voyant rien plutôt qu’en ne voyant que partiellement, sans le comprendre.

- Vous disiez qu’il lui arrivait de vous ignorer…, nota Cuddy.

Wilson hocha la tête, comprenant son raisonnement. Peut-être ne l’ignorait-il pas, peut-être entendait-il seulement sa voix, sans le voir. Ca expliquerait pourquoi il était si convaincu qu’ils n’existaient pas. En y repensant, ça expliquerait aussi pourquoi il ne croisait que très rarement son regard. Toujours de face. Pourquoi il ne voulait pas regarder la télévision et le fait qu’il ait vomi en essayant de se forcer à lire ce dossier chez Cuddy. Quelque chose devait appuyer sur son nerf optique et effacer sa vision périphérique. Les objets en mouvement devaient provoquer migraines et nausées s’il les regardait trop longtemps, sans parler de la frustration de House s’il voyait que quelque chose n’allait pas sans pouvoir le reconnaître.

La culpabilité pour certains de ses reproches pesa soudain lourd dans l’estomac de Wilson.

- Je vais réserver l’IRM, annonça Chase en se levant.

- Pas besoin, l’arrêta Cuddy.

Chase se rassit, se souvenant que le boss était dans le coup. Pas besoin de réserver quand on était proprio. Wilson et Cuddy échangèrent un long regard, un dernier doute. Wilson ferma les yeux une seconde et inspira profondément.

- Chase, venez avec moi. On appellera Mayfield en route. Cuddy…

- L’IRM sera disponible quand vous reviendrez.

HHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH

Assis à l’arrière, les yeux bandés, House fabriquait l’esquisse d’un nœud coulant avec la cravate de Wilson, l’enroulant autour du cou du kangourou de Chase. Les deux hommes n’avaient pas encore osé lui dire ce qu’il se passait. House n’avait rien demandé, il était juste monté en voiture et persistait dans son silence.

Fréquemment, les deux médecins échangeaient un regard nerveux. Même avec une anosognosie, House réaliserait bien qu’il se passait quelque chose quand ils l’installeraient dans l’IRM. Pourtant…ils n’étaient pas sûrs de vouloir lui dire la vérité. Et s’ils donnaient de l’espoir à House et que leurs théories se révélaient fausses ? Il était déjà dur pour eux d’envisager avoir tort, qu’en serait-il pour House ? Et si ils découvraient quelque chose d’horrible ? Ils s’accrochaient à cet espoir que le mal de House ne soit pas dû à la folie, mais à quelque chose de médical, à quelque chose qui relevait de ce domaine qu’ils connaissaient si bien. Cependant, ils le connaissaient assez bien pour savoir que si House avait une affection neurologique, elle était là depuis plus d’un an, elle avait eu le temps de se développer, de se fortifier, et si elle n’était pas curable ? Si, en essayant de ramener leur ami, ils ne faisaient que découvrir que son temps était compté ? Cette pensée torturait Wilson, compressait ses poumons et brûlait ses yeux. Il pouvait s’avouer qu’il n’aimait pas ce qu’était devenu House, mais au moins House était toujours en vie.

- Musique, déclara subitement House.

Wilson l’avait entendu parler régulièrement ces derniers mois et pourtant, il sembla remarquer pour la première fois la déformation de son articulation. La phase du déni était belle et bien passée apparemment. Ne le voyant pas réagir, Chase alluma la radio. Il aperçut quelque chose du coin de l’œil et remarqua que House tendait le bras pour donner son ipod. Chase l’attrapa et le brancha au poste. Ironiquement, le son de « Song for a friend » s’éleva dans l’air de la voiture. Wilson inspira profondément et baissa le son.

- House, il faut qu’on parle.

Tout le monde ment, mais pas quand ça compte vraiment. Il lui devait bien ça.

HHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH

- House, calme-toi. Tout va bien, tenta de le rassurer Wilson.

Jusqu’ici, ils n’étaient pas parvenus à obtenir d’images claires. House avait accepté de faire une IRM, bien qu’il niait avoir le moindre problème, mais les sons et les lumières de l’instrument le rendaient nerveux. Il sursautait, tremblait et gigotait sans cesse.

- On n’y arrivera pas, déclara sceptiquement Foreman en soupirant.

Wilson fronça les sourcils. Il n’avait pas fait, cru, tout ça pour abandonner maintenant.

- Continuez d’essayer, annonça-t-il en sortant de la pièce.

Il s’avança jusqu’à l’IRM et glissa doucement une main sur celle de House, qui dépassait tout juste de l’appareil. House sursauta, mais sous la voix apaisante de Wilson, il parvint à se détendre. Du moins, à ne plus bouger, l’oncologue grimaça sous la poigne de fer dans laquelle House enfermait sa main, mais ne fit pas de réflexion. Il jeta un coup d’œil vers la salle des machines pour voir s’ils parvenaient à quelque chose. Sa respiration se coupa subitement. Chase se frottait les yeux avec cet air qu’il avait quand il découvrait une mauvaise nouvelle, il parlait à Foreman qui secouait tristement la tête. Wilson s’appuya contre l’IRM. Tout à coup, ses jambes ne semblaient plus capables de le porter.

TBC

fic: des espoirs, fic

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