Four months in Tokyo

Jan 07, 2011 17:09

Je viens de réaliser que je n'ai rien posté ici depuis cet été, ce qui doit représenter ma plus grande pause depuis presque six ans que je tiens ce blog. A vrai dire, tout étant presque dit par facebook, le manque de courage me gagne quand il s'agit de poster plus longuement. A cela près que dans cinq ans, je ne pourrai pas relire tout mon mur facebook comme je relis parfois ce blog.

Il serait un peu long de résumer tout ce que j'ai fait depuis quatre mois (quoi que pas grand chose en fait), alors je vais juste mettre le lien du "blog familial" que j'essaye de tenir un peu plus à jour pour les membres de ma famille. Je suis un peu en retard dessus aussi vu que je n'ai toujours pas raconté la semaine que ma mère a passé avec moi pour Noël.

From Tokyo

Peut-être que je n'ai pas non plus posté plus tôt parce que le moral n'est pas au beau fixe depuis que je suis ici. Parfois, je me demande pourquoi je suis revenue. Je ne suis pas sure d'aimer vivre à Tokyo. Trop grand, trop de monde et trop de solitude à la fois. Trop de tentation aussi. Nagoya était une ville plus facile à vivre. Le contraste entre ce que je pourrais faire ici et ce que je fais réellement est désespérant. C'est tellement frustrant d'être dans cette ville et de se rendre compte qu'on ne peut pas faire tout ce que l'on veut. Je ne peux pas passer ma vie à Harajuku ou Shibuya, dans les musées ou aux concerts, à faire des excursions hors de Tokyo tous les week-ends, etc. Déjà parce que financièrement, c'est impossible surtout avec le cours actuel de l'euro. Et on a beau aimer des endroits, ce n'est pas pareil d'y venir en vacances et de les avoir constamment à vingt minutes de métro, cela perd un peu de son charme.

J'aime toujours autant le Japon, mais ses contradictions me sautent toujours plus au yeux. Des fois j'ai l'impression de bouillir et j'ai envie de secouer les gens autour de moi. Et le niveau misérable des cours à la fac où je suis n'arrange rien. Le niveau ne m'avait jamais semblé brillant à Nagoya, mais là c'est vraiment de la fac privée de seconde zone. Quand je vois ce que l'on nous demande, c'est limite du niveau collège pour les cours que je prends avec des Japonais. On n'apprend rien, les devoirs consistent à dire ce que l'on a pensé du cours, etc... Il y a un cours où j'ai quasiment 100% de moyenne pour l'instant. Quand le prof demande d'écrire un petit essai, je rends deux ou trois pages, ce qui me semble normal. Jusqu'au jour où j'ai découvert que certains rendaient, deux ou trois LIGNES. Pour les cours de japonais, je me retrouve avec des Chinois et des Coréens qui ont passé le concours de la fac, car mon niveau est déjà au-dessus de celui pour les étudiants étrangers normaux. En même temps, après cinq ans et demi de cours de japonais, heureusement. Les cours sont ennuyeux, j'ai l'impression de ne pas progresser. Pour la semaine prochaine, je dois écrire un report de deux pages sur l'alignement des produits dans les conbini. Celui d'avant, c'était une étude sur les couleurs des enseignes des fast-foods. Véridique. Huit ans d'études pour se retrouver à faire ça, ça fait mal. Du coup, je fais des petits jobs au noir pour des profs. Notamment, je corrige le mémoire de ma prof de kanji sur un vieux dictionnaire français-japonais du 19e siècle. Je vérifie les traductions de l'époque, corrige quand c'est nécessaire, etc. La prof ne parlant pas un mot de français, je me demande bien pourquoi elle écrit là-dessus. C'est affolant le nombre de coquilles que je trouve, et si je n'avais pas proposé mon aide (rémunérée bien sûr), ça aurait été publié en l'état. Ça fait vraiment peur. Du coup j'arrondis mes fins de mois et elle me laisse faire ce que je veux pendant son cours vu que là aussi, j'ai 100% de moyenne. Elle m'a même proposé de ne plus venir en cours et de lui faire un compte-rendu des kanji que j'apprends. Mais si je fais ça, je ne vais plus rien apprendre je me connais. Et dans le cas où j'obtiendrais le niveau 2 du JLPT que j'ai passé en décembre, je veux tenter le 1 en juillet, donc je dois quand même bosser un peu.

En fait, je manque gravement de stimulation intellectuelle. Bilan, à part pour les cours ou pour m'aérer, je sors peu. En arrivant ici, je suis allée à toutes les fêtes, toutes les sorties, j'ai fait un maximum d'efforts pour rencontrer des gens, mais après deux mois, j'ai un peu abandonné. La plupart des gens (les autres étrangers ou les étudiants Japonais) que je fréquente, je n'ai plus rien à leur dire au bout de cinq minutes, passé le "ça va bien, quoi de neuf?". J'en ai marre qu'on ne me parle que de bouffe ou du temps qu'il fait. J'en ai marre de voir leurs conversations sur facebook qui ne tournent qu'autour des pokemons ou autre jeux vidéos, de les voir s'appeler "slut" ou "bitch" en riant comme des baleines. Là ça me saute à la face d'un seul coup que je vais avoir 26 ans et que le lycée ça remonte déjà un peu alors qu'eux ont entre 18 et 21 ans pour la plupart et que rien ne les excite plus qu'une sortie à Disneyland le weekend.

J'ai envie de parler de politique, de cinéma, de musique, de littérature, etc. Heureusement, il y a Sophie, l'autre Française qui vient de Sciences Po' Strasbourg. Mais elle est rentrée pour un mois en France et je me sens bien seule sans elle. Je vois parfois Blanche qui était avec moi à Strasbourg en cours, et son mari Takami, mais ils vivent en dehors de Tokyo carrément de l'autre côté de la ville, donc ce n'est pas si facile de les voir souvent.

Et pour achever de me plaindre, je partage mon appartement avec une Chinoise qui me sort par tous les pores de la peau. En plus d'être niaise et de n'avoir rien à raconter à part "aujourd'hui il fait froid" ou "ils font des soldes sur la viande au supermarché à 23h, on y va ensemble?" (non, mais sans blague, quand je suis en pyjama, je vais vraiment me rhabiller pour aller en pleine nuit acheter de la viande 20 yen moins cher), elle a une notion de l'hygiène totalement incompatible avec la mienne, surtout en ce qui concerne les toilettes et la salle de bain et je n'en peux plus de passer ma vie à nettoyer pour ne pas vivre dans une porcherie. Le côté positif c'est qu'elle n'est pas bordélique vu qu'elle n'achète rien que de la bouffe (sa chambre est totalement vide au bout de quatre mois alors que la mienne est entièrement aménagée, ce qui va encore me coûter un bras en affaires à renvoyer en août) et elle a un côté ascétique donc elle fait rarement du bruit (à part le matin à 7h quand moi je veux dormir et qu'elle se prépare un repas complet de poisson grillé puant) et elle n'invite jamais personne. Je n'ai qu'une chose à dire, Khym tu es la meilleure coloc' au monde et je ne serai plus jamais désagréable en rentrant à Strasbourg... Enfin plus trop!!

Enfin voilà, j'espère qu'avec les vacances qui arrivent, je vais pouvoir me remotiver un peu. Même s'il n'y a définitivement plus l'enthousiasme de la nouveauté, il y a toujours plein de choses que je veux faire ici, plein de choses à découvrir. D'autant plus que je ne pense pas revenir vivre au Japon par la suite. Deux ans, c'est suffisant. Mon niveau de japonais devient satisfaisant et mon avenir n'est sûrement pas ici, j'en suis persuadée. Je ne sais pas ce que je vais faire en rentrant en France, à part retourner à la fac trois mois pour finir mon master de japonais. Ma thèse n'avance pas. Des fois j'ai envie de tout envoyer balader, mais j'ai du mal à abandonner quand j'ai commencé quelque chose. Même si je doute d'un avenir professionnel à la fac, j'ai besoin de finir pour ma satisfaction personnelle. Je pense qu'il va falloir que je passe plusieurs concours en 2012. Je veux juste enfin une vraie vie indépendante. Je jalouse un peu mon frère, depuis qu'il a eu le concours de la police, il fait enfin ce qui lui plaît. J'aimerais bien trouver ce qui pourrait me plaire.

Je vais arrêter ce long poste pas très positif, mais j'avais un peu besoin de m'exprimer. C'est difficile d'avouer que la vie n'est pas toujours exaltante ici. Certaines personnes ne comprennent pas que l'on a beau avoir voulu venir et aimer le Japon, cela ne rend pas la vie ici parfaite.

Je vais essayer d'être plus régulière maintenant que je me suis un peu remise à jour. Il faut que je poste mes lectures et les films vus en 2010, car pour une fois j'ai tenu la liste. Et que je parle peut-être un peu des concerts de Luna Sea et Dir en Grey!
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