Sep 27, 2009 18:16
Déjà l'automne, bientôt octobre, et pourtant le mercure atteint encore facilement les 25°c, allez comprendre. Moi je commence à avoir envie d'un peu de vrai froid pour savoir comment m'habiller. Je n'aime pas trop le frais le matin et le chaud l'après-midi. D'ailleurs, je suis déjà un peu enrhumée. Mais c'est peut-être aussi dû au fait que j'ai parlé à près de 3 000 personnes en quatre semaines en bossant à la scolarité de la fac. Et j'en ai même un qui est venu s'inscrire dans un état de crève avancée : il voulait payer la sécu pour aller faire soigner son angine chez le médecin. Il dégoulinait de sueur et frissonnait de fièvre, j'ai trouvé le procédé moyennement sympathique pour nous, surtout avec tout ce qu'on nous raconte sur la contamination en cette période de délire A-grippien : Keep your microbes at home, PLEASE!
Mis à part ça, le boulot est sympa, les gens avec qui je bosse très cool, ça fait du bien de rencontrer des personnes un peu intéressantes à la fac. Ce n'est pas si souvent le cas. Et ça ne va pas aller en s'arrangeant vu que 75% des gens qu'on a inscrits sont nés entre 89 et 92. Je n'ai rien contre les petits jeunes, mais je réalise bien les six ans qui me séparent de mon bac à leur contact. Depuis ce temps, j'ai obtenu tout un tas de diplômes plus ou moins utiles et je suis allée voir quelques longs mois ce qui se passait à l'autre bout du monde, ça change un peu sa façon de voir la vie. Ça et le fait que je me trouve, de mon point de vue, à une période charnière de ma vie : l'envie de basculer pour de bon dans le monde des adultes. Pour ce que ça vaut, je le sais bien. J'aimerais juste que tout rentre dans l'ordre, du moins l'ordre de ce à quoi j'ai toujours aspiré pour mon premier quart de siècle : un travail, une famille. Sauf qu'en ce moment, je flashe sur des petits flambeurs de 19 ans, mauvaise pioche. J'ai quand même bien rencontré un doctorant en neurosciences qui a fait deux ou trois ans de philo et du japonais en sus. Je lui ai envoyé un email hier avec de la documentation sur des bourses postdoctorales, mais j'ai l'impression que mes emails se perdent en ce moment. Enfin, j'ai bien peur de ne trouver ici qu'un intérêt intellectuel.
Bref, le boulot me crève, surtout que j'ai enchaîné deux semaines à suivre avec le colloque au milieu, donc environ une douzaine de matins de suite à me lever avant 7h. Gnuh. Le colloque, d'ailleurs, j'y ai survécu. J'ai rencontré des gens sympathiques. Un agrégé de japonais notamment, qui m'a gentiment traduit un long résumé de mon intervention en japonais pour que je projette ça en powerpoint tout en faisant ma communication en français. J'ai parlé 35 minutes et après il y a eu environ 20 minutes de questions. Beaucoup de gens me prenaient un peu pour une oie blanche avant mon intervention je pense, parce qu'un autre participant est venu me dire après que, je cite, "c'était pas mal du tout mon truc en fait". Je suis sure que peu de gens me donnaient mon âge et comme j'étais déjà la plus jeune et que je suis aussi à l'aise qu'une otarie à l'opéra dans ce genre de circonstances... Il y avait un prof japonais de Nagoya un peu spécialisé dans mon domaine et il avait l'air d'accord avec tout ce que je racontais, ça m'a soulagée. Et je me suis bien défendue pendant les questions, même face à une de mes profs de japonais de l'an dernier, ça m'a tuée d'ailleurs de la voir là à la fin de l'exposé, j'ai dû changer de couleur, je ne m'y attendais pas. Le gentil prof agrégé m'a fait de la traduction simultanée pour mes questions, j'étais bluffée, il répétait mes réponses en japonais bien mieux que ce que je m'étais exprimée en français.
Ce colloque a un peu modifié mon programme de l'année aussi. J'ai eu la joie de petit-déjeuner le samedi avec la directrice du département de japonais qui a passé une bonne demi-heure à me convaincre de faire un master. J'ai fini par accepter. Avec le recul, ça m'énerve d'être revenue sur ma décision de stopper à la licence. Je ne sais pas si un diplôme de plus me sera vraiment utile. Bon, pour l'instant je ne vais pas en cours (apparemment, une fois validées les UE déjà passées lors de mon premier master, je n'aurai que 4h de cours le mardi, je devrais survivre) et le mémoire portera sur un truc que je peux réutiliser pour ma thèse, donc ça ne va pas vraiment me donner beaucoup de boulot en plus, mais c'est le principe. Je voulais vraiment couper avec les études. Doctorat mis à part, mais c'est différent. Bon, en plus de ça, la même personne m'a proposé un 35h au centre d'études japonaises qui se trouve à 20 km de Colmar. Elle voulait ma réponse sur le coup, et vu comme j'ai du mal à dire non aux gens, j'ai failli accepter. Mais j'ai demandé un petit délai (j'ai eu jusqu'au soir...) et en discutant avec mon entourage, j'ai bien réalisé que c'était irréaliste. Déjà, j'aurais eu 3h de trajet par jour pour l'aller-retour, et je connais quelqu'un qui a bossé là-bas... Elle vient de démissionner pour se consacrer au master de japonais. Donc je me voyais mal avec deux cursus comprenant un mémoire et une thèse à rédiger d'ici la rentrée 2011 et ce travail pour lequel les heures supp' (non payées, rendues en jours de congé quand c'est possible) sont légions, les week-ends sont souvent consacrés aux colloques et le tout juste payé le smic (en enlevant le coût des transports qui m'en aurait déjà amputé un bon tiers). J'ai répondu non par mail, depuis aucune nouvelle de la prof. C'est pour ça que je deviens parano sur mes emails qui n'arrivent pas. Ou alors, elle m'en veut. Ça va être gai vu que c'est elle qui est censée me diriger pour le master.
Sinon, j'ai un entretien demain soir pour un mi-temps dans une boîte d'assurances. Pour trier les archives, je vous rassure. C'est un CDD de neuf mois et c'est à 15 minutes de tram de chez moi. Donc je croise les doigts. Gagner juste un peu d'argent pour me sentir moins dépendante de mes parents. Et pouvoir m'acheter une paire de talons Erotokritos pour André, sans m'endetter pour six mois. Je ne suis pas pour claquer 139€ dans une paire de chaussures, même assez contre par principe en fait, mais j'aimerais pouvoir le faire juste une fois. Pouvoir le faire, c'est le point clé. Je devrais arrêter les séries où les filles s'achètent des Jimmy Choo pour se remonter le moral. Mais j'ai presque 25 ans et je découvre seulement le plaisir d'assumer la pétasse qui est en moi : les robes trop courtes, le maquillage des yeux qui prend cinq minutes et quatre teintes, le vernis à ongles groseille... Des fois, comme si je sortais de moi-même, je me vois même passer la main dans mes cheveux comme la pire caricature de pouffe qui flirte... Le pire, c'est que je crois que ça fonctionne... Sur les mecs nés en 1991...
Et pour que tout le monde sache que j'ai atteint le fond, en ce moment je me délecte du spin-off de Beverly Hills (bien qu'ayant toujours abhorré l'original) et de the Vampire Diaries (je pense que ça vaut Twilight à ce niveau et j'ai honte). Mea culpa, mea maxima culpa.