« - […] C’est le mystère, San-Antonio. LE MYSTÈRE ! » San-Antonio «Le loup habillé en grand-mère»
San-Antonio «Le loup habillé en grand-mère» (1962)
Le 31 mars 2016 a vu le jour ma première critique sur l’œuvre san-antoniesque (voir «Du mouron à se faire»). C’était le 18e roman de la série consacrée aux fredaines du fils chéri de Félicie, du superbe, du suprême, de l’extraordinaire commissaire San-Antonio ainsi que de sa Dream Team incomparable.
Mais mon aventure à moi a commencé avant. D’abord, ça me prend une dizaine d’années pour accumuler toute la collection san-antoniesque en eBook et en digne qualité. Puis, en automne 2015, je commence à lire la série dans l’ordre de parution. Et ensuite, le 31 mars 2016, vient une autre étape (que je n’ai brûlée!) - mes critiques sur les romans lus.
Pour moi, chaque rencontre avec San-A, c’est la rencontre avec la joie et le bon humeur. Ces choses-là sont toujours en manque dans la vie humaine. Ainsi, chaque roman est ma source intarissable à prendre le dessus sur «les ennuis de l’existence», comme dirait l’écrivain russe Anton Tchekhov.
Je m’excuse pour ce long préliminaire (ou, comme aurait dit Béru, ce longuet «prélavable»). Il ne me reste qu’à vous annoncer que cette critique est un peu spéciale. Elle porte sur un volume jubilaire de la série, le 50e, dont le titre est «Le loup habillé en grand-mère». Soyez prudents, les Chaperons Rouges! Quand on parle du loup on en voit la queue…
[Spoiler (click to open)] ♦ Auteur : Frédéric Dard (sous pseudonyme de San-Antonio) ♦ Titre : Le loup habillé en grand-mère ♦ Série et situation dans la série: San-Antonio #050 ♦ Éditeur / publication: Éditions Fleuve Noir / 3e trimestre 1962 ♦ Date / lieux principaux de l’action : L’année 1962 / Région parisienne; quelque part en Allemagne orientale ♦ Personnages principaux : San-A, Félicie, sa brave femme de mère, Hector ; le Vieux, Bérurier, Pinaud, Magnin; Gérald Fouassa, Samuel Duchnock, Fräulein Elsa, etc.
La quatrième de couverture :
On ne peut jamais prévoir la réaction des gens ! Je vous prends à témoin, mes amis : si vous receviez par la poste 20 000 000 A.F. signés anonyme, quelle serait votre réaction ? J’en connais qui les convertiraient aussitôt en bons du Trésor…, d’autres qui s’offriraient illico une douzaine de danseuses…, d’autres encore qui se feraient construire un coquet pavillon à Créteil… Eh bien, le bonhomme qui vient d’entrer dans mon burlingue est d’un genre différent, lui : il veut porter plainte ! Comme dit Bérurier : « Une telle honnêteté, c’est pas honnête ! » I.
Il y a des gens qui vivent de peu. Et puis hop! Une aubaine! Une fortune!
Tel est Gérald Fouassa, asthmatique à la retraite. Il mène une existence sans histoire jusqu’au jour où il reçoit un colis contenant un paquet d’argent avec deux millions de francs. «Anciens! En billets de dix mille!» Et dès ce jour-là, ça se répète chaque semaine: une enveloppe anonyme avec 200 000 francs…
«- En bref, […] M. Fouassa a reçu quatorze millions d’anciens francs d’un inconnu qui désire le rester et il n’a pas la plus légère idée du pourquoi du comment de ces largesses?»
Finalement, tout inquiet, notre asthmatique enrichi, s’est adressé à la Pinaudère Agency Limited, agence privée ouverte quelques volumes plus tôt par Pinaud et Hector (voir «Fleur de nave vinaigrette»).
Après une enquête détaillée mais infructieuse, Pinaud donne sa langue au chat et amène son client pour «une consultation d’ordre strictement confidentiel et privé» au vaillant, superbe et courageux commissaire San-Antonio.
Qui aurait dit au début que cette histoire est beaucoup plus compliquée qu’on ne l’imaginait au départ, que cette affaire pécuniaire va devenir meurtrière, et pour trouver son secret notre brillant trio de fins limiers va renaître de ses cendres et va effectuer un périple express en Allemagne de l’Est… II.
«Le loup habillé en grand-mère», le volume jubilaire, le 50e, écrit par Frédéric Dard sous le nom de San-Anonio, a vu le jour à la fin de l’année 1962.
Le début du roman est prometteur - une belle intrigue, la narration démarre sur les chapeaux de roues, en rythme qui ne faiblit pas. Les marques de fabrique san-antoiennes sont toujours là: des renvois au bas de page, des énumérations loufoques, des digressions lyriques, des métaphores succulentes, ainsi qu’une «édition non expurgée du Kâma-Sûtra», comme se plaît à dire San-Antonio…
Tout à coup, vers le milieu du livre, le récit s’enfonce péniblement dans l’ennui… «L’enquête piétinait, et le livre aussi», comme a dit Frank Thilliez dans son thriller «Rêver». Nous autres, les lecteurs, on s’accoutume bien vite à l’intensité, l’hilarité et l’intégrité du style san-antonien, surtout, après ses derniers romans réussis. On est comme des accros en quête de fix - on exige des volumes à hurler de rire et en vitesse!
Mais cette fois, hélas, la mayonnaise n’a pas pris. On se gondole, mais c’est la légèreté qui est en manque…