[Rec] In Ruins, de Lanie Kay-Aleese

Nov 07, 2010 17:52


Titre : In Ruins
Auteur : Lanie Kay-Aleese
Média : anime-verse, post-série (n’inclut pas Best Wishes).
Statut : en cours
Nombre de chapitres : 19 au 28/10/2010.
Rating : T
Langue : anglais
Genres : « Adventure/Romance », mais je ne trouve pas ça franchement révélateur, donc :
Thèmes et motifs : recherches et légendes, isolation dans un autre temps, « amitié »-à-défaut-d’autre-mot et importance d’un autre, perceptions de l’évolution d’une relation au cours des années, introspections, essayer de recoller les morceaux, effet(s) cathartique(s), se libérer d’un poids du passé. Poteries, main et fruits : ça n’arrive que tardivement, mais c’est important.
Personnages/Couples : essentiellement Satoshi(/Sacha), Shigeru(/Régis). Kenji(/Jacky), puis plus ou moins Haruka(/Flora), Masato(/Max), Hikari(/Aurore), Takeshi(/Pierre), Kasumi(/Ondine). On s’achemine vers du palletshipping (Satoshi x Shigeru), mais très très très progressivement : jusqu’ici, « vraiment rien » sauf du tendancieux de plus en plus conscient.

Résumé : Satoshi est allé jusqu’au bout de son rêve de devenir Champion et est rentré de son voyage, sans trop savoir ce qu’il était supposé trouver ou ce qu’il est censé faire, désormais. Après être resté à Masara Town pendant un an, il retrouve Kenji et décide sur un coup de tête de le suivre jusqu’à Johto, où le Prof Ookido, assisté de Shigeru, conduit des recherches dans les Ruines d’Alph. Tout se passe comme prévu : Shigeru se crispe et anticipe les dégâts ; Kenji s’amuse avant que la sauce tomate n’ait raison de lui ; Satoshi compte les secondes et s’ennuie. Jusqu’à ce que le monde dérape, que Shigeru et Satoshi se retrouvent bloqués dans un autre temps, dans un endroit où, paradoxalement, quelque chose parvient peut-être à se remettre en marche.

Particularités : utilisation des prénoms japonais (à deux ou trois coquilles près), post-anime. Je précise que, même si la fic ne verse pas dans l’angst et le Darker and Edgier absolu, le traitement est résolument plus mature. Convainquant. Réaliste. Les actions des uns ont des conséquences chez les autres.
Une bonne connaissance de l’anime n’est pas fondamentalement nécessaire, mais le texte devient d’autant plus jubilatoire lorsqu’on l’a. Des références plus marquées sont faites sur quelques épisodes ou données particulières : l’histoire des deux moitiés de Pokéball qui clôturait la première série ; la présentation des Ruines Alpha dans l’arc Johto ; le DP085 et son « Shigeru fait des haïkus »… (j’insiste sur ce dernier point.) Il est également souvent question de l’affaire du film 3, ce qui concerne plus directement le Scénario (implications des Zarbi et théories sur ce qui arrive). Le tout s’insère très naturellement dans l’univers, forme un fond commun auquel il est souvent fait explicitement référence (ce qui permet quand même de comprendre les informations), qui apparaît comme nécessaire pour en arriver là où les personnages sont. En bref, un passé. Que les protagonistes assument ou portent, et sur lequel ils reviennent.
Les deux premiers chapitres apparaissent comme une sorte d’introduction avant le « problème ».

Il y a plusieurs raisons qui peuvent pousser à jeter un coup d’œil à une fanfiction. Ici, ma combinaison a été l’utilisation des prénoms japonais, la focalisation annoncée sur Satoshi/(Sacha) et Shigeru(/Régis). Pour le reste, les premières phrases ont suffi, j’ai su en une dizaine de lignes que je faisais confiance au texte et que je m’embarquais pour l’aventure, quelle qu’elle soit.
L’auteur venait de parler d’un but atteint qui n’apportait aucun accomplissement personnel, d’une réalisation qui brise quelque chose d’autre, qu’il n’y avait pas à se lamenter que la vie continuât, et tout était clair, l’univers était posé. « Comme ça ».


Raisons de lire :

- Parce que c’est comme si l’auteur avait regardé le même anime que vous, en conservait les faits objectifs, mais insufflait une toute autre vision, créait des passerelles pour relier des informations et en tirer ses propres conclusions. Le résultat a une dimension très intime, personnelle, et, le plus surprenant, ne se pose pas vraiment en désaccord avec le canon.

- La Cité d’Alph. Cette découverte des traditions, assez légère, soumise aux nécessités à court terme, mais qui n’empêche pas de comprendre que ces petits morceaux font partie d’un système. Alph, qui induit un rapport avec le réel/la réalité par les visages qu’elle contient, par ce qu’elle réveille, par sa façon d’enfermer Satoshi et Shigeru dans ses propres règles ; il s’agit d’intégration, de protection, de prison, et en même temps, trois fois non, et ils le ressentent pleinement.

- Le rythme global du texte, et les échanges verbaux en général. C’est varié, on passe de la discussion à l’introspection, qui peut simplement apparaître en filigrane, dans une façon de percevoir et décrire le monde. Idem au niveau des émotions insufflées au lecteur : une altercation verbale peut être agressive, violente, et cependant faire éclater de rire le lecteur pour la pertinence des attaques (jusqu’à ce qu’on réalise pleinement que ce sont des mots blessants, qui ont un impact sur celui qui les reçoit). Les dialogues ont des atmosphères variées, jonglant entre acidité, confrontation, explication(s) et complicité. Les images des réflexions ou des descriptions sont très belles, ont un côté fragile et tangible, et s’il y a des choses qui semblent posséder un caractère de mystère/fantastique extérieur, il est si bien rendu parce qu’il y a tout un jeu psychologique antérieur.

- Les caractérisations et le léger jeu des focalisations, qui n’a pas une incidence sur le Scénario jusqu’ici, mais permet très bien de comprendre (ressentir) qu’il y a deux regards différents au milieu de dizaines d’autres. Elle est très bien maîtrisée, les personnages sont clairement définis, ce qui est plus que plaisant. C’est vivant, tant au niveau des personnages que des thématiques : ce travail sur la nostalgie et le manque (de personnes, de compréhension) qui n’est pas tournée de manière sombre et dépressive, mais montre juste la nécessité de maîtriser un tant soit peu son passé. Et tout fait sens, tout semble tellement logique, tant au niveau interne du texte que dans son interrelation avec l’anime !

* Shigeru.
On retrouve l’adorable Shigeru qui mord de la première saison, sans les frasques et la grandiloquence d’alors (elles disparaissent canoniquement après la première série, de toute façon), comme si tout était devenu une forme d’automatisme. Mais, aussi, le Shigeru qui se soucie constamment de Satoshi, comme on a commencé à le voir petit à petit. Il est toujours dans la recherche, et l’auteur propose une très belle interprétation de son parcours.
Il sait quelles réactions auront ses mots sur les autres, et c’est délicieux. Il sait leur faire mal quand il en a besoin, et c’est terrible. Il a des rapports très spéciaux avec ses « collègues », et c’est gigantesque (un mot : blackmail ?). Il a toute cette tendance à l’analyse, réfléchit vite, essaie de conclure, refuse de se laisser avaler par une situation s’il ne peut pas la maîtriser. Ce qui dépend de quelle situation. Et c’est juste parfait.
Oh : et la série Diamond and Pearl a eu lieu, donc il fait des haïkus.

* Satoshi.
Sérieusement, vous allez l’adorer. Déjà, il y a ces premières lignes et cette sorte de résignation, de conscience du « vide » au-delà du but atteint, cette forme de lassitude qui ne demande qu’à être brisée, et qui n’est cependant pas présentée une fin du monde. Mais ça n’entre pas en contradiction avec ce que l’on connaît du personnage de l’anime, et, au final, les deux s’additionnent juste parfaitement.
Il est « naturel », il montre une forme d’acceptation envers tout ce qui peut arriver et se focalise sur le court terme ; ce qui apparaît pertinent et efficace, puisque c’est la seule chose sur laquelle il peut influer. Il a quelques difficultés à relier des éléments entre eux, et on (lecteur) devine parfois des choses qu’il ne voit pas, on sent d’autant plus que pour lui, les noter n’a pas d’importance, « parce qu’elles sont comme ça ». Il passe à côté des polémiques, réagit juste aux mots ou attitudes blessantes, est complètement et totalement oblivious, mais cette forme d’innocence ne le rend pas pour autant faible face aux autres : il est aussi (mais rarement) capable de calculer et de piéger. Il ne remet pas le monde en question, et sa simplicité n’est ici pas du tout écœurante. Il agit par instinct, avec plus de pondération mais toujours avec une forme de joie instinctive et sincère. On ressent très bien son petit côté impulsif et mauvaise herbe, son attrait pour le changement plus que pour l’aventure, et, en même temps, sa conscience qu’il ne peut plus se permettre certaines réactions, que, quelque part, l’expérience sur les routes l’a fait mûrir.

Je tiens de plus à signaler, pour avoir eu dès les deux premiers chapitres quelques appréhensions qui se sont révélées fausses, que l’auteur a évité le piège du Rape-As-Drama : elle s’est souvenue et montre qu’un traumatisme est lié avant tout à des perceptions, des sensations, des émotions.

Le reste de mes arguments n’étant qu’une succession de FFFFFFFFFF-, de ERGHIJFKZEF, JEZAZJIIIZIIID et de SQUEEEEEEE, je préciserais juste que je suis restée bloquée sur le texte de 17h à 3h du matin « cette nuit », et que j’en ai oublié de dîner. Parce que l’awesomeness pouvait disparaître du web, ou la connexion planter, ou l’électricité couper si je m’absentais.



***

Extrait 1 :

Satoshi didn't want anyone to misunderstand. He had never been stupid, he'd just been too naive to wonder why so few "adults" wandered across the countryside. He'd figured that they got boring at some point, that they just became mere shadows of has-beens of once-interesting people. He imagined that their backs started going out, and then, they'd just be stuck in that city where the arthritis hit, and they'd have to stay there - forever.

It was in his thirteenth year when he began to understand. It took two more years before he began the journey that would lead him home.

It was in his thirteenth year when he passed through the Orange Islands, to visit Lapras. When he was there for two weeks, and in that time, no one recognized him as their champion. When he went to visit Takeshi, and the boy looked right past him and straight to Kasumi, and never regained his focus. When he was walking down a country lane with Pikachu, and saw another pokemon battered and abandoned.

When he kept walking right past it.

When, in one instant, he nearly won the world, and at the last possible moment, realized that a million people had done that before. And in the million faces of the crowd, he saw all the people he'd met along his journey - seeing people who'd become his friends. People whom he could no longer remember. People who likely no longer remembered him. He'd crumpled, at the side of the battlefield on national television, at Indigo plateau, knowing that he'd spent the last six year of his life chasing a dream that was as transitory as himself.

When Satoshi came home on the eve of his 15th birthday, Hanako had jumped from the table and wept with him. That night, he went to bed and slept for three days. When he woke up, he was changed.

Time had passed since then, and Satoshi laughed less often - if at all - and by then Hanako was worried that she had been wrong in letting him cry with her. After all, she had been part of the throng that had gathered in Ookido-sensei's lab and watched the deciding battle. She, along with everyone else, had seen him win the championship and lose something else.

But time had passed.

It had been a year since Satoshi had slept with the stars above his head, and he didn't want anyone to misunderstand that he was still a child. That was the purpose of the pokemon journey, anyhow - to grow up and realize who you were. And Satoshi had grown into the beginnings of a man, without knowing who he was, and without knowing what dream could hold a lifetime of value. He'd finished with his childish dreams, but now he had nothing to support him.

He'd finished his journey too soon.

So Hanako did the only thing that she could: She sent him back.



***

Extrait 2 :

They were in the field of hibiscus flowers.

The sun was scorching, and he could smell the sea nearby. More than that, the pungent aroma of dying blossoms and rotting petals wafted towards him. Satoshi didn't seem to mind the overpowering scent, however; he was skipping among them like a pleased child. He was- that is, a child again, and of ten years precisely.

Satoshi waved at him.

"Shigeru," he cried out. "Come here. See this."

"Ah," said Shigeru, nodding. He moved several steps forward, and the flowers on the ground parted to bring them together; yet beneath his feet, vines coiled and uncoiled like living snakes.

"Look up, look up," Satoshi pleaded. Shigeru obeyed and saw the sun. And then he realized that it wasn't the sun; it was only Satoshi's face; a burning, blinding light. Shigeru threw his hands over his eyes and looked towards the winding, moving tangle at his feet. A shadow seemed to pass over at last, and everything grew cold. Shigeru rubbed his arms where goosebumps had gathered.

"Are you cold?" asked Satoshi abruptly.

"No," Shigeru lied. "I'm fine."

"You probably shouldn't stay here," the boy told him solemnly, as he reached for another flower. "In the past. It's isn't warm enough. It's really cold."

Shigeru stuck his hands in his pockets. "I don't see what that has to do with anything."

"Well, sometimes the present feels like the past. Doesn't it get cold on its own sometimes?"

Shigeru pinched the bridge of his nose. "No."

"Then why are you so cold, Shigeru? Why are you so cold?"

"I'm not going to answer that," he snapped. "And what's with all this talk about being cold - would you just stop speaking in riddles already? Can we... can we play, or something? Like we used to?"

A sharp wind whipped through the flowers and the vines and the two of them in the field. Shigeru knew how to recognize change, at least, and braced himself for an assault.

"I'd like to play. I want to be friends again. But you're too cold." Satoshi bent down to pick up another blossom, but Shigeru stopped him in time.

"Listen. It's not because I'm cold, it's because you're you; isn't that reason enough?"

"How can you say that? I haven't even seen you for years! You don't even know me anymore!" Satoshi's eyes were incredulous. He straightened. "It's not my fault that you're so screwed up! Why are you so angry? It wasn't me that made you this way!"

"You don't know what you're talking about."

"I don't? Then what am I supposed to know?" asked Satoshi. His voice was deceptively light as he brushed off Shigeru, broke off yet another stem and twirled it in his fingers. "What am I supposed to know, Shigeru?"

pairing: (anime) régis/sacha, format: fic à chapitres, personnage: (anime) régis, *rec, rec: écriture, avancement: en cours, média: anime, personnage: (anime) sacha

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