Artiste :
little_meenoo Titre de l'oeuvre : Les maîtres de l'ombre
Fandom : Café Kichijouji
Rating : PG
Genre : Humour
Nombre de mots : ~1300
Disclaimer : Negishi Kyoko, Miyamoto Yuki
Une commande de :
drakys, sur les prompts : Café Kichi - Jun & Minagawa - Les maîtres du monde + Maki/Taro - Je ne l'embrassais pas *vraiment*...
Un observateur attentif aurait pu remarquer que quelque chose clochait chez Tarou. Voilà maintenant une bonne demi-heure qu’il astiquait le même carreau avec application. Oh, non pas qu’il soit rare qu’il passe une trentaine de minute à s’acharner sur un innocent coin de sol, mais jamais quand un joli tas de miettes le contemplait moqueusement du carreau voisin.
Jun et Minagawa s’étaient enfermés dans la cuisine depuis le début de la matinée. Et ça, ça n’augurait rien de bon. Quand ces deux-là s’associaient, même la fin du monde ne semblait plus si terrible.
L’esprit de Tarou ne cessait de se tourner et se retourner dans cette direction, imaginant sans cesse les scénarios les plus terribles, les réécrivants aussitôt pour y rajouter d’ignobles petits détails venant aggraver le tout.
Il faisait de son mieux pour surtout, surtout , ne pas repenser à la mésaventure de la semaine passée.
Depuis un certains temps, Minagawa semblait habité d’une fascination malsaine pour sa relation avec Maki. Le cuisinier n’avait pas l’air de vouloir comprendre que la la haine qu’il y avait entre eux n’était rien d’autre que de la haine, une haine pure et simple et une haine tout à fait saine.
Si Tarou se faisait un devoir de suivre discrètement Maki toute la journée, c’était uniquement pour le surveiller, pour s’assurer que ce grand crétin blond ne faisait pas une de ses habituelles conneries et surtout, pour être bien certain qu’il n’échappe à aucun des coups de balai qu’il méritait.
Mais cela, Minagawa ne voulait pas le comprendre.
Tarou eut un haut le cœur. La semaine dernière... La semaine dernière...
Maki et lui était lancés dans l’une de leurs éternelles disputes. Tarou, il devait bien l’admettre, s’était peut-être approché du blond d’un peu trop près - il avait toutefois veillé à garder une distance de sécurité réglementaire entre eux (la propagation des microbes allait vite, si vite). Mais il voulait tout de même être bien certain que ses hurlements pénètrent parfaitement le crâne épais du blond. Maki avait toujours été un peu long à la détente.
Minagawa les avait observés de loin, un sourire inquiétant (c’est à dire, plus inquiétant qu’à l’ordinaire) collé sur le visage. Ils eurent le malheur de ne pas s’en soucier.
Et soudain, le cuisinier fut à leur côtés, les agrippant chacun par la nuque et faisant miraculeusement disparaître cette distance qui les séparait.
Tarou pu sentir avec effroi ses lèvres s’écraser contre celles - répugnantes - de Maki. Horrifié, pétrifié, il n’eut même pas le réflexe de s’éloigner aussitôt de cette menace bactérienne. Maki, et son Q.I. bien inférieur à celui d’une moule, non plus. Ses réflexes de dégoûtant pervers le poussant même plutôt à tenter de glisser sa langue dans la bouche de l’autre garçon.
Heureusement, Jun avait fait irruption dans la pièce, un grand sourire innocent sur le visage et un appareil photo, qui l’était bien moins, à la main, mettant fin à cette abominable situation. Maki et Tarou avaient soudain repris le contrôle de leurs corps et s’étaient séparés avec précipitation.
«Ce n’est pas ce que vous croyez !» s’était exclamé le blond presque hystérique. «On ne s’embrassait pas vraiment !»
Le cerveau de Tarou, lui, semblait avoir disjoncté et ne pouvait plus se concentrer que sur la quantité de désinfectant qu’il allait devoir avaler pour se débarrasser de cette souillure - et peu importe s’il devait en mourir. Il lui était totalement impossible de formuler la moindre pensée cohérente. Tokumi avait même dû s’agripper à l’un de ses bras pour l’empêcher d’avaler son premier litre de produit ménager sur le champ.
Tarou fut dans l’incapacité de revenir travailler les trois jours suivants. Une aussi longue absence de sa part ne s’était jamais vue ; il fut choqué par la quantité de poussière qu’il retrouva à son retour.
Depuis, il évitait Maki avec soin, sentant pointer un malaise dès qu’il voyait apparaître la moindre touffe de cheveux blonds.
Et maintenant, voilà que Jun et Minagawa se cloîtraient dans la cuisine.
Comment savoir ce que ces deux esprits maléfiques allaient bien pouvoir manigancer. Jun avait beau se cacher derrière son gentil petit sourire, Tarou commençait à le percevoir tel qu’il était réellement. Depuis que Minagawa avait décidé de le prendre sous son aile, de le promouvoir “disciple”, il devenait plus dangereux de jour en jour. Et c’était sans compter sur Sukekiyo...
A eux trois, ils étaient bien capables de prendre le contrôle du café Kichijouji et de le conduire au désespoir et à la ruine (et, de l’avis de Tarou, les montants des recettes se chiffraient déjà bien suffisamment dans le négatif sans qu’on ait besoin de leur aide, merci bien).
Ensuite, c’était sans doute la Terre entière qu’ils planifiaient de diriger. Tarou se voyait déjà souffre-douleur en chef. Il fallait empêcher ça à tout prix !
En dépit des apparence, c’était encore lui, le responsable du personnel. Il était de son devoir de mettre fin à toute cette sombre machination. Il était de son devoir de savoir ce qui se tramait en cuisines.
Plus facile à dire qu’à faire...
«Maki !»
Son cri résonna dans tout le café. Le serveur surgit de la salle principale les bras chargés d’assiettes sales. Au lieu du regard noir qu’ils avaient l’habitude de s’échanger, le blond lui sourit de cet espèce de sourire embarrassé et vaguement rougissant qu’il lui servait depuis maintenant une bonne semaine.
Tarou déglutit. Affronter cette vermine de Maki n’était rien face aux deux maîtres de l’ombre. Il devait se montrer fort.
Ravalant son dégoût, il pointa la cuisine d’un mouvement raide, le doigt légèrement tremblotant.
«On commence à manquer de gâteaux. Va voir ce que fait Minagawa.»
Maki haussa un sourcil interrogateur, le temps que l’information parvienne jusqu’à son cerveau. Il sembla enfin comprendre que ce n’était rien de moins que sa vie qui était en jeu. Il perdit aussitôt toute trace de sourire.
«Où est Jun...?»
Tarou se contenta de désigner une nouvelle fois la porte du doigt. Était-ce là la réponse à sa question ou tout simplement une nouvelle incitation à entrer dans la cuisine ? Maki préférait ne pas le savoir.
«Hé, ça va pas la tête ?! Je vais pas là-dedans moi !»
«Tu n’as pas le choix.» grinça Tarou, serrant fortement le manche de son balai, montrant qu’il n’hésiterait pas à s’en servir.
Mais même le plus violent des coups de balai ne faisait pas le poids face à la menace qui se terrait dans la cuisine. Les neurones de Maki semblaient capables de se mettre en marche quand il s’agissait de leur survie.
Le blond alpagua Tokumi qui avait eu la mauvaise idée de passer par là.
«Toku ! Tu pourrais pas aller jeter un œil à la cuisine ?»
Le jeune garçon scruta ses deux aînés avec méfiance.
«Je t’offre un dîner...» ajouta Maki.
Quand il y avait de la nourriture à la clef, Tokumi, lui, perdait tout instinct de préservation (ce qui était fort triste car c’était, au fond, un bien brave garçon). Ses yeux brillèrent d’envie. Sans la moindre hésitation, il ouvrit la porte à toute volée. Et il se figea.
Tarou et Maki l’observèrent avec inquiétude.
«Waow ! Quel superbe gâteau !» s’exclama-t-il enfin.
Les deux autres se glissèrent discrètement derrière lui, Tarou s’agrippant toujours fermement à son balai, prêt à s’en servir à la moindre menace.
Mais en effet, il n’y avait rien d’autre dans la cuisine qu’une superbe pièce montée recouverte de crème, trônant fièrement sur la table. Minagawa et Jun s’affairaient à y appliquer les dernières décorations. Ils dévisagèrent les intrus avec une surprise feinte.
«Qu’est-ce que vous fabriquez ?» osa enfin demander Tarou.
«C’est pour l’anniversaire du patron.» expliqua Jun avec un adorable sourire.
«Mais chut...» susurra Minagawa en plaçant un doigt sur ses lèvres.
Tarou soupira de soulagement. L’anniversaire du patron. Bien sûr. Ça lui était complètement sorti de la tête... Il commençait à se demander s’il ne devenait pas complètement paranoïaque...
«J’espère que vous avez pensé à lui préparer quelque chose...?» demanda gentiment Jun.
«Oui, j’espère bien...» renchérit Minagawa, un sourire autrement plus inquiétant venant danser sur ses lèvres.